Chapitre 22 : Jagger

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Posé sur le transat, j’allume une clope et prie de tout cœur pour que la bosse compressant le tissu de mon boxer finisse par reprendre sa taille initiale.

Alors pourquoi est-ce que je bande depuis un petit bout de temps ?

Je passe une main sur mon visage et dévie mon regard vers le carrelage antidérapant.

Mon esprit est complètement submergé par une silhouette à la chevelure blonde vêtue d’un simple bikini blanc. Ses formes épousent à la perfection, les coutures de son maillot de bain à deux-pièces.

Ensuite, Andrew arrive et déverse son cocktail glacé sur la butte raide comme un piquet.

— Qu’est-ce qu’il te prend à toi ?

Il me donne une claque derrière la tête.

— Je pensais que tu avais besoin d’une douche froide pour calmer tes ardeurs, dit-il en affichant une grimace au coin de ses lèvres et il s’assit sur la deuxième chaise longue.

Mauvaise idée, c’est encore pire, Andrew !

Les filles reviennent avec deux plateaux de viandes grillées entre leurs mains, s’installent autour de la table du jardin et nous invitent pour que nous venions manger avec elles.

Sans bouger, je reste à ma place tandis qu’Alteanne décide de quitter la table pour me rejoindre. Elle me tend une main que j’accepte volontiers et m’emmène loin de tout le monde, dans un endroit un peu reculé de son père.

Lorsque nous montons les marches, je ne la lâche pas. Je la tiens fermement comme si elle allait disparaître d’une minute à l’autre.

Dès que nous franchissons le seuil de sa chambre, elle se retourne et ferme la porte à clé, derrière elle.

Je ne comprends pas ce qu’elle manigance, mais je pense que ce n’est pas pour se regarder dans le banc des yeux.

D’autant plus que je ne sais pas ce qu’elle mijote, mais un rictus sournois s’affiche sur son visage.

Je n’ai pas eu le temps de dire quoi que ce soit, qu’elle me pousse sur son lit puis se positionne au-dessus de moi, mordillant sa lèvre inférieure.

En appuyant sur mes coudes, je me redresse pour être à sa hauteur.

C’est encore plus excitant que dans mon propre rêve.

— Jagger…

La façon dont mon prénom roule sur sa langue me donne des milliers de frissons. Elle l’a prononcé d’une manière bien à elle, suave et délectable que même certains hommes n’ont jamais réussi à se dresser contre les barrières auxquelles elle s’était fixée jusqu’à présent. Cette femme a le talent de me rendre fou juste en scandant avec rythme mon nom.

Du bout des doigts, j’abaisse le bandeau rose qui recouvre sa poitrine et glisse une main derrière la nuque d’Alteanne pour qu’elle ne tombe pas du lit par ma rapidité si soudaine.

Lorsque je regarde ses seins, je manque de m’étouffer avec ma salive.

J’empoigne ses cheveux, viens me nicher contre son cou et laisse une trace pour marquer mon territoire.

Les filles — que je me tape — sont d’une autre gamme différente de celle d’Alteanne. Elle pousse un gémissement plaintif puis colle son entrejambe au mien qui n’a pas débandé depuis des heures.

Nos souffles s’entremêlent, je l’attire vers moi et pose mes lèvres chaudes sur les siennes alors qu’une de mes mains dessine le contour de sa poitrine, pincer ses tétons puis jouer avec eux, elle s’attaque à ma virilité.

Elle baisse mon boxer, attrape mon sexe entre ses doigts et commence à s’amuser avec lui.

Ma main se fraie un chemin dans son string, frôle doucement son intimité puis mon index vient caresser son clitoris, humide.

Nous lâchons des grognements de satisfaction avant que je n’allonge Alteanne sur le matelas.

Je suis soulagé de retrouver les rênes de notre échange. Je n’aime pas quand c’est la fille qui fait tout le travail. Enfin, avec elle, c’est totalement différent, elle sait comment s’y prendre avec les hommes, pas comme les autres. Notre débat est doux et tellement intense.

— Putain !

— Chut…

Je l’embrasse à nouveau, retire d’une main habile sa culotte et joue en profondeur avec son intimité qui demande à ce qu’on éteigne ce brasier qui s’est allumé en lui.

Alteanne mord encore une fois sa lèvre pour éviter que son père ne l’entende crier dans la chambre.

Si seulement elle n’était pas devenue aussi belle avec le temps, j’aurais pu résister.

Bordel de merde !

Heureusement que j’enlève sa main, sinon j’aurai semé tout mon plaisir dans la paume de cette dernière. Être excité pendant quelques longs moments, ça peut aller très vite. Sauf que je remarque que je suis à poil et que je n’ai pas de préservatif sur moi.

— Tu prends la pilule ? lui demandé-je au cas où, si je devais continuer notre débat ou l’arrêter.

— J’ai un implant pourquoi ? me questionne-t-elle en relevant la tête.

Elle n’a pas eu le temps d’enrouler ses jambes autour de ma taille que je me plante en elle avec ardeur. Elle se cambre du mieux qu’elle le peut pour accueillir mes va-et-vient qui sont lents puis je modifie ce rythme pour le rendre un peu plus féroce.

D’un seul coup, elle enfouit sa tête contre mon épaule pour ne pas hurler sous mes coups de boutoir, elle tente de n’émettre aucun bruit, mais elle me demande d’y aller plus fort.

Je plaque une main sur sa bouche pour étouffer ses gémissements qui se font de plus en plus forts.

À deux doigts de jouir, je me laisse guider dans ce tourbillon d’excitation, mélangeant interdit et passion. J’embrasse divinement cette femme qui ne cesse de repousser sur mon torse pour que je prenne une cadence, légèrement agréable.

Il ne fallait pas que tu t’amuses à me rendre fou depuis sept mois. Et dire que la première fois, j’avais juste effleuré ses seins. Maintenant, j’ai son corps à ma disposition. J’ai l’impression que je me suis retrouvé. Enfin, pas en elle. Mais me retrouver en train d’échanger un vrai moment avec une fille qui a une grande importance dans ma vie et non avec des nanas avec qui je n’ai pas vraiment eu de plaisir. Juste une envie de me vider en elles, sans plus.

Je savoure la dernière ligne droite et parsème une pluie de baisers aussi doux que des plumes sur le visage de la blonde qui plonge ses mains dans mes cheveux ébouriffés par mes coups de reins.

Pourquoi me suis-je retenu depuis tout ce temps ? Pourquoi suis-je resté dans les mêmes schémas ? Ne pas la toucher ni coucher avec elle.

Jamais je n’aurais cru qu’une femme puisse me donner autant de plaisir pendant un rapport.

Son excitation l’a fait hurler, plantant ses ongles dans ma chair et je lâche un grognement rauque puis augmente la rapidité de mes va-et-vients afin que mon bien-être me fasse tourner la tête à mon tour. J’avais oublié la violence de cet orgasme poussé au summum.

Avec Alteanne, je recommencerai encore et encore jusqu’à la fin de mes jours.

Une fois fini, je prends une douche avec Alteanne, mais cette dernière est distante et devient tout à coup froide avec moi. Le silence s’abat entre nous. Je brise la glace, n’aimant pas cette situation pesante.

— Viens, Alteanne, lui dis-je en tentant qu’elle soit contre moi.

Elle ne bouge pas d’un poil puis recule d’un pas quand je m’avance vers elle.

Son dos heurte la vitre et elle croise ses bras pour cacher sa poitrine.

— J’ai joué avec eux tout à l’heure, tu ne devrais pas avoir honte de ton corps.

— Je n’ai pas peur, Jagger, réplique-t-elle

— Bah pourquoi t’éloignes-tu alors ? Je ne comprends pas, t’as pas aimé, c’est ça ?

Elle secoue la tête et soupire d’exaspération avant de me foudroyer d’un regard noir.

— Ça fait quoi d’avoir que des plans cul et que tu te fasses prendre à ton propre jeu ? m’avoue-t-elle sérieusement.

La phrase d’Alteanne tourne en boucle dans mon crâne. Mon cœur rate plusieurs battements en repassant ses mots qui persistent dans mon esprit comme des milliers d’aiguilles qui piquent la peau.

Se faire prendre à son jeu ?

Subitement, je me rends compte que ce moment de douceur auquel j'ai passé n'était qu'une idéalisation que je me suis faite au cours de notre échange.

C’est moi qui ai été le coup d’un soir, ce soir.

Putain, elle n'a pas osé me faire ça ? Je n’ai même pas mis de capote, car j’avais confiance en elle.

Mon sang ne fait qu’un tour dans mes veines et la colère s’empare de moi,

Je la hais !

— T’es qu’une putain de salope !

— Je sais. Mais quand j’en aurais envie, je ferais appel à tes services, m’affirme-t-elle avec un sourire en coin.

— Va bien te faire foutre, connasse !

Je la déteste !

Je quitte les lieux et me dirige vers ma chambre avec une boule qui se forme progressivement dans ma gorge, saisissante et brûlante.

Allongé dans mon plumard, j’enfonce les écouteurs dans mes oreilles et défile l’écran de mon portable pour trouver une musique qui pourrait me faire oublier ce souvenir qui ne veut pas s’effacer de ma mémoire.

Cette sensation dévastatrice détruisant tout sur son passage et se déchaînant parmi les tempêtes, les plus violentes et les plus terrifiantes.

Las, je m’empare de la balle de baseball que j’avais mise dans ma valise. Celle que mon père avait attrapée lors d’un match, c’était, une journée, incroyable avant que ma mère ne brise ce lien qui nous réunissait.

J’étais con de lui en vouloir alors que c’est elle, le monstre dans l’histoire. La première personne qui a éclaté mon existence en une fraction de seconde.

Je ressens cette impression d’avoir été trahie pour la deuxième fois de ma vie.

Je me relève et regarde mon reflet dans le grand miroir qui est en face de moi.

Putain, mais qu’est-ce que je fous !

Pourtant, Alteanne est au centre de mes pensées, cette fille dont je passais mes journées à être auprès d’elle. Constamment, régulièrement, tout le temps.

Je n’arrive toujours pas à croire qu’elle s’est jouée de moi, alors que j’étais sincère.

Je chasse cette réflexion et lance une musique au pif pour m’endormir.

À ce qu’on dit, la nuit porte souvent conseil.

***

Évidemment le lendemain, la colère ne s’est pas dissipée et je me suis réveillé avec une idée en tête : oublier et reprendre ma vie qui s’était arrêtée le premier jour où j’ai mis les pieds, ici. Le vrai salaud que tout le monde apprécie. Le capitaine des Vikings. Le fiancé de cette pouffiasse qui doit m’attendre impatiemment que je retourne vers elle, comme un putain de chien qui s’est perdu en chemin et revient au point de départ. Le mec qui n’en a rien à foutre des autres, surtout des gens de Cambridge.

Je n’ai jamais donné une chance à aucune fille donc je ne vois pas pourquoi Alteanne aurait un traitement de faveur. Elle a raison quand elle dit que je vais la tirer vers le bas. Cela ne sert à rien, je suis un frein pour son avenir qui est déjà tout tracé tandis que moi, je le cherche encore.

Je me relève du lit, me dirige vers la boîte en métal posée sur le meuble, sors mon trousseau de clés et prends la plus petite pour l’introduire dans la serrure pour ouvrir le coffre. Des tonnes de souvenirs s’élancent dans mon champ de vision. Je détruis tous ses objets qui avaient encore de l’importance jusqu’à hier et ses images que je déchire sans hésiter.

Ensuite, je descends des escaliers et j’enfile ma veste et mets mon sac sur le dos pour aller à l’université, qu’Andrew m’interpelle de sa voix rauque.

— Hé, Jagger, tu ne veux pas prendre un petit déjeuner.

— Non, j’ai pas envie et arrête de venir me casser les couilles, j’ai pas le temps, tu vois !

Andrew lâche un gros soupir et me demande si je peux déposer Cameron et l’autre.

— Je suis pas un taxi ! Tu emmèneras ta charmante fille qui a chevauché ma queue cette nuit, dis-je avant de sortir en fermant la porte.

Terminé, le mec qui fait des efforts pour une nana qui ne me mérite pas.

Je monte dans ma voiture, démarre le moteur et claque un dérapage contrôlé avant de rejoindre le campus.

On m’a pris pour un con, c’est mort !

Je ne lui pardonnerai jamais ce qu'elle m'a fait.

J'ai hâte que cette histoire avec ma famille se finisse au plus vite et qu'on puisse tous revenir à Londres.

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