Chapitre 12 : Alteanne

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Mon rencard m’a laissé en plan à la dernière minute sans me prévenir. J’ai attendu une demi-heure de plus avant de revenir à la maison sous l’averse.

Je suis tout simplement contrariée qu’il m’ait fait un coup pareil ! Je croyais qu’il n’était pas comme ça… pensé-je en serrant la mâchoire.

Toute la journée, j’ai échangé un nombre incalculable de messages avec lui et c’est lui qui voulait aller au cinéma avec moi.

Allongée sur mon baldaquin, je soupire et m’aperçois qu’il est connecté sur le réseau, mais il n’a pas l’intelligence de me prévenir.

Quelque chose vient de se casser entre lui et moi. Je le vois plus de la même manière.

Je me glisse sous les couettes, la gorge nouée. Rainbow se cale contre ma joue et je m’endors grâce à ses ronronnements.

J’espère que ma nuit va me donner un bon conseil…

Le lendemain, je me suis levée à l’aube avec une pointe d’amertume qui pesait sur ma conscience.

Je n’arriverai pas à lui pardonner. Quand on me trahit une fois, c’est mort.

Je me relève et tire méticuleusement les draps sur moi pour les valser au pied du lit.

Je prends ma douche et me prépare rapidement avant de faire couler un bon café pour que je me réveille.

Quand l’horloge m’indique qu’il est presque l’heure de partir à la faculté, Cameron fait interruption chez moi.

Cameron est une femme qui adore devenir une commère quand elle apprend des nouvelles sur certaines personnes, qu’elle déteste.

Sur le chemin du trajet, elle fait un débriefing sur la cérémonie que Bethanie a organisé lors de la victoire de Vikings contre les Stars.

Évidemment, être conforté avec une équipe qui n’est pas du tout performante, il ne faut pas se vanter d’avoir gagné contre eux.

Je roule des yeux au ciel et m’arrête subitement sur l’allée en gravier lorsqu’elle me dit que Jagger était présent à la soirée et qu’il s’est remis avec son ex.

Alors il a préféré me mentir pour être avec elle… Génial venant d’un ami !

La moindre des choses serait d’informer sa pote pour éviter qu’elle ne poireaute pendant une éternité dehors.

Je secoue la tête, outrée. Je sors mon portable qui vibre dans la poche de ma veste en jean, mes prunelles restent figées sur la notification du SMS de Jagger. Je le lis.

[Désolé, ma belle.

Hier, je suis tombé malade.

Ce soir, on se rattrape ?]

Je n’y crois pas de mes propres yeux, il ose encore me mentir ? Je lui réponds.

[Pas la peine, j’ai

autre chose à faire

que de passer du temps

avec un mec comme toi.]

[J’étais vraiment malade.

S’il te plaît, ma belle

m’en veut pas ! J'ai envie d'être

avec toi et près de toi.]

Comment peut-il me faire ça ? Je n’ai pas signé pour avoir un ami malhonnête ni toxique dans ma vie ! Il joue bien la comédie…

[Non. Je sais très bien que tu étais

à la soirée. Je n’aime pas ceux qui

se foutent de ma gueule et qu’ils

me mentent ! Oublie-moi !

Bonne continuation.]

En arrivant dans la salle des communes, tous les athlètes échangent sur le déroulement de la fête à laquelle ils ont été invités. Sans plus attendre, je me rue vers mon casier et ouvre la petite porte métallique puis récupère toutes mes affaires pour laisser le compartiment vide à un autre étudiant qui rejoindra l’une des équipes. Surtout celle d’Adam. Le capitaine recherche un nouveau remplaçant pour l’intégrer dans sa bande, car Ethan s’est blessé lors d’un entraînement.

Je distingue que certains des deux groupes – composés d’hommes – bavardent entre eux.

De toute façon, cela ne sert à rien de rester… Je ne fais plus partie de la section « pom-pom girl ».

J’ai l’impression qu’ils ont manigancé leur coup pour me pénaliser afin de me virer définitivement pour que Bethanie accède au trône des cheerleaders. Même si nous savons qu’elle n’a rien d’une meneuse, cette nana.

Je m’en fous si elles prodiguent une bonne image, c’est les gestes et les actes qui comptent !

Je m’empare de mon portable et envoie un message à Adam, assez loin de moi pour lui informer quel gars fera l’affaire pour substituer la place d’Ethan, le temps qu’il se rétablisse de son accident. Comme ça en donnant la mienne à quelqu’un, à partir d’aujourd’hui, j’en aurais fini de voir cette foule sournoise et hypocrite dans mon champ de vision.

Adam se fraye un chemin entre les types pour venir à ma rencontre puis pose ses mains sur mes épaules en chuchotant au creux de mon oreille.

— Tu devrais réfléchir à ce que tu fais, me déclare Adam en haussant le ton de sa voix rauque.

— J’ai déjà pris ma décision. Je ne reviens jamais sur les choix que je fais et tu me connais assez bien ! Je n’ai qu’une parole.

— Tu sais que notre amitié prendra fin si tu t’en vas de cette salle en emportant tout ton bordel avec toi ? m’informe froidement Adam.

Je hausse les épaules.

— Très bien ! Au revoir, lui craché-je en pleine figure.

Je déserte les lieux, referme la porte derrière moi et hume cette odeur de liberté en contemplant les autres élèves moins populaires.

Enfin, terminé ! Je vais me consacrer entièrement à mes examens et à mon parcours scolaire. Je ne suis pas ici pour enfiler des perles !

Je me réfugie vers le distributeur de snack en m’achetant deux cannettes de soda.

Je remets correctement la lanière de mon sac prête à glisser de mon épaule, reprends ma marche pour aller dans la cour et réintègre la tribu des intellos et des geeks qui sont assis sur le muret comme à leurs habitudes puis m’installe à côté d’eux.

— Une revenante, me lance Hailee avec un sourire au coin.

— Eh ouais les gars  !

La sonnerie nous indique qu’il est temps d’aller rejoindre notre pièce respective. Je me contente de me redresser et essaye de regagner ma salle de théâtre avant qu’une personne ne m’interpelle sur le perron du campus, d’une voix radieuse.

Je me retourne à la hâte et découvre qu’il s’agit de mon ex. Adam a dû lui passer l’information sur mon départ et le fait que je lui ai sûrement dégoté un nouvel équipier qui vaut le coup. J’ai toujours été quelqu’un qui observe le monde qui m’entoure et j’arrive plus au moins à cerner certains comportements comme celui de Caleb qui est aux anges.

Il a un très bon jeu, mais il n’a pas eu la chance d’être choisi par Adam, car ils sont plus d’une centaine à se pousser pour avoir une faveur de la part du quaterback. Adam me demandait souvent de voir qui avait du potentiel et il n’avait jamais été déçu de moi. À chaque fois qu’on me donne un travail à effectuer ou rendre un simple service, je m’applique et m’investis à cent pour cent dans ma tâche. Je n’ai pas peur de me salir les mains quand il le faut.

— Hé beauté ! s’écrie Caleb. Adam m’a avoué ce que tu as fait et je voulais te remercier, car le football américain, c’est un rêve qui vient de se réaliser et cela grâce à toi.

— De rien, dis-je en regagnant mon cours, mais ce dernier ne me lâche pas la grappe.

Je ne suis plus avec les gens importants de cette fac et il arrive à m’emmerder !

— Alteanne, tu sais que je ne me suis pas mis avec toi, car tu faisais partie des Cheers.

— Et alors ? Tu veux que ça me fasse quoi ?

Mes pensées miment à la perfection une sérénade de violons. Il va encore me sortir qu’il est fou de moi et quelques minutes plus tard, il va dire que je suis une pute, comme hier au téléphone.

— Bon Caleb, je vais réfléchir entre nous, mais je ne te promets rien !

— Je suis dégoûtée que tu continues de courir après cette looseuse ! annonce Bethanie qui s’est réfugiée dans les bras de Jagger.

— T’en as pas marre de lui pourrir la vie constamment ? lui demande Caleb. T’es jalouse parce qu’elle t’a larguée comme une merde pour moi ?

Bethanie minaude d’un air déconcerté et passe ses mains autour de la taille de Jagger pour me dire que c’est sa propriété.

***

Malgré moi, je lutte pour ne pas m’endormir en plein cours bien qu’il soit très monotone. J’ai eu vaguement la sensation que le professeur nous énonce un sujet dans une langue étrangère que je ne connaissais pas. Impossible pour moi de me concentrer plus d’une seconde.

Soudain lorsque j’extirpe un stylo dans ma trousse pour me remettre dans le bain, le haut-parleur de l’université retentit et la voix de la secrétaire répète plusieurs fois « Alteanne Miller, veuillez rejoindre rapidement le bureau du proviseur. »

Putain ! Mais qu’est-ce qui se passe encore ? On va me foutre la paix, un jour ?

Tous les regards sont braqués sur moi. C’est donc la tête haute que je décide de quitter le club de théâtre.

C’est la première fois que le proviseur fait une annonce à mon égard, il m’a toujours félicité pour mon travail assidu au sein d’Harvard.

L’assistante m’ordonne de m’asseoir sur la chaise de la salle d’attente tandis que je discerne que trois personnes sortent du bureau du directeur.

Kim, Ruby et Bethanie avec une attelle autour de son poignet, elles ricanent comme des bêtasses et s’enfuient à toute vitesse juste avant que je ne voie Andrew qui arrive en courant, complètement essoufflé.

Il me darde d’une œillade meurtrière.

Bon, on va me dire ce qu’il se passe ? Pourquoi est-il là ? Pourquoi me regarde-t-il comme s’il allait me trucider sur-le-champ ?

Je m’agrippe fermement à mon pantalon noir alors que le proviseur fait son apparition dans le couloir et nous demande de rentrer. Pas rassurée, j’obéis sans réfléchir.

Une boule se forme dans mon bas-ventre lorsqu’il ferme brutalement la porte.

— Mademoiselle, vous êtes une très bonne élève, mais je suis profondément déçu de votre comportement vis-à-vis de vos camarades. J’espère que cette exclusion de trois semaines vous fera réfléchir sur l’incident que vous avez provoqué à l’une des membres des cheerleaders.

— Quel accident ? dis-je sans comprendre. On m’accuse de choses que je n’ai jamais commises.

— Mademoiselle Sparke n’est pas tombée toute seule dans les escaliers et il y a plusieurs témoins qui vous ont vu la pousser.

Sous le choc, je ne réplique pas.

Au début, j’ai cru que c’était une vaste plaisanterie, mais la prestance du directeur m’affirme que je ne nage pas dans un rêve.

Maintenant, on va m’appeler « casse-poignets ou la briseuse de poignets ».

Le silence s’est abattu dans la voiture et continue de s’inviter jusqu’à la villa.

Andrew m’a fait le signe de me la fermer une bonne fois pour toutes.

Il s’est quand même arrêté au McDo pour me commander un menu salade à la grecque au lieu de salir la cuisine.

— J’aimerais savoir ce qu’il t’est passé par la tête, Alteanne. Tu te rends compte que tu es virée ?

— Non, mais je n’avais pas réalisé, hein ! Venant de toi, c’est décevant que tu m’imagines capable de pousser quelqu’un dans les escaliers.

— Je n’ai pas dit que je ne te croyais pas !

— Tout prouve le contraire ! haussé-je le timbre sonore de ma voix.

— Baisse d’un ton, je ne suis pas encore sourd !

Je me souviens de la promesse que j’ai faite à Andrew concernant les bagarres… Mais de là à tout mettre sur le dos alors que je n’ai rien à voir avec l’accident de Bethanie, je bouillonne de rage.

J’en ai marre de cette fille qui essaye de bousiller ma vie et que son cher toutou dit amen à tout ce qu’elle fait.

Je fulmine et m’en vais de la cuisine pour me calmer, mais Andrew m’ordonne de ne pas m’éloigner.

— Est-ce que tu as acheté une caisse de transport pour ton chat ?

J’arque un sourcil ne comprenant pas où mon père veut en venir.

— Pourquoi souhaites-tu savoir un truc pareil ?

— Alors bouge tes fesses, on va s'en procurer une et d’autres choses qui vont nous servir.

***

— Papa, tu me caches quelque chose ou quoi ? Pourquoi as-tu pris une énorme valise en plus de la caisse pour Rainbow ?

— Quand ta mère me disait que tu étais chiante pour poser autant de questions, j’aurais dû la croire ! Ne discute pas encore et prépare tes affaires. Nous allons à l’aéroport puis n’oublie rien, Alteanne.

D’un seul coup, je ne me sens vraiment pas bien. La première fois que j’ai pris l’avion avec Cameron, j’étais malade à en crever.

Le regard dur d’Andrew m’informe que je n’ai pas vraiment le choix que de le suivre à cause de ce qu’il se trame au campus à mon égard.

— La vengeance est un plat qui se mange froid, ma chérie. Je ne laisserai jamais personne te toucher ni te démolir.

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