Chapitre 9 : Alteanne

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J’arrive à peine à y croire ! J’ai passé une demi-heure à le chercher et aucun étudiant ne savait où il se réfugiait avant que les cours ne commencent.

De retour à l’université, je déambule à grandes enjambées dans l’allée principale du campus et remets l’une de mes mèches derrière mon oreille.

Je me dirige vers un groupe de filles qui sont en pleine discussion. Sans gêne, je les interromps.

— Salut les meufs, il est où ?

L’une d’entre elles saisit aussitôt où je veux en venir et désigne l’autre bâtiment, paniquée. J’acquiesce de la tête pour la remercier et décide de reprendre ma marche pour me rendre à la patinoire.

En arrivant devant l’édifice, je remarque que la porte est entrebâillée. Je la pousse doucement et jette un coup d’œil furtif dans la pièce froide.

Il est là, seul sur la glace, en train d’améliorer ses tirs et son jeu pour ses prochains matchs.

Je me faufile à travers les sièges, descends les escaliers et passe par-dessus la rambarde pour le rejoindre en faisant attention de ne pas m’éclater la tête la première sur le sol glissant.

Lorsque j’arrive à sa hauteur, celui-ci sursaute et se retourne brusquement avec sa crosse à la main que je rattrape sur le coup en évitant d’être amoché par le bâton.

— Pourquoi t’es là, toi ? Tu peux pas faire comme tout le monde ? Me foutre la paix ? T’es venue me montrer ton joli corset pour essayer de me faire culpabiliser ? Ça marche pas avec moi !

En quelques secondes, il réussit déjà à me mettre hors de moi. Je garde mon calme.

— Je ne suis pas ici pour parler de l’accident ni pour recevoir des excuses de ta part.

— Bouge de là, connasse ! réplique-t-il, méchamment.

Je réprime un soupir avant même que je ne le pousse brutalement.

— Tu n’es qu’un imbécile, Jagger ! Je voulais savoir comment tu allais. Finalement, j’aurais dû m’abstenir !

Il arque un sourcil suivi d’un fou rire qui s’échappe de sa bouche.

— C’est de l’ironie, pas vrai ?

Je secoue la tête, désespérée.

Cet énergumène m’exaspère ! Comment ai-je fait pour être ami avec cet homme ?

Je fais demi-tour et traîne mes pieds sur la glace revenant dans les gradins pour sortir.

Juste avant que je ne parte de la patinoire, je regarde une dernière fois Jagger qui est retourné à son occupation et je dis à voix haute :

— J’aimais mieux l’ancien que le nouveau ! Celui-là, il me dégoûte !

***

Tandis que je suis concentrée pendant la conférence du professeur Muñoz, nous sommes vite interrompus par des bruits qui ébranlent le calme de l’amphithéâtre. Tous les élèves se demandent pourquoi il y a un tumulte assourdissant dans le couloir.

Monsieur Muñoz déteste les meneurs de troubles et n’aime pas qu’on le dérange surtout quand il explique des sujets importants.

Il se résout à vouloir faire taire ses éclats de voix incessants qui perturbent le déroulement du cours et il est déterminé à découvrir ce qu’il se trame dehors.

Au même moment où il envisage d’ouvrir la porte, celui-ci se la prend violemment en pleine face, mais il ne réplique pas pour le coup qu’il vient de recevoir.

— Encore en retard à ce que je vois. Vous vous êtes égaré dans la patinoire, monsieur Sullivan ? Je vous prie également de vous asseoir, cela m’évitera de perdre mon temps.

Je relève mes prunelles et cherche du regard une place autre que celle qui est juste à côté de moi. C’est la seule chaise de libre. Un souffle s’échappe de ma bouche, les paumes de mes mains s’appuient sur mes deux joues et retiennent ma tête qui devient de plus en plus lourde.

Par pitié, achevez-moi !

Jagger monte les escaliers, jette mon sac à terre comme un vulgaire kleenex qu’on fout à la poubelle après s’être mouché dedans et s’installe en grommelant avec férocité.

Pourquoi le malheur s’abat-il toujours sur moi ?

Le professeur nous demande de faire un travail sur l’ordinateur.

Assise entre les deux jumeaux, je ne dis rien et me focalise sur l’exercice avant qu’une pichenette ne finisse par atterrir sur le lobe de mon oreille.

Je darde une œillade meurtrière à Adam.

— Je fais une fête chez moi ce soir, tu viendras ?

— Non, réponds-je sans hésiter.

— Pourquoi refuses-tu toujours ?

Je soutiens son regard pour lui faire comprendre pourquoi je n’ai pas envie de participer à sa festivité.

La première fois qu’il m’a invitée, on a failli coucher ensemble alors que c’est mon meilleur ami. J’ai décidé de ne plus jamais aller à une réunion avec les étudiants ni de vider les bouteilles.

— Je me suis excusé pour ça, Alteanne !

— Même si tu l’as fait, je ne veux pas assister à l’une de tes parties, chuchoté-je, car son frère est tout ouïe.

— Ouais, t’as raison ! Tu serais devenue ma sexfriend si on avait continué.

— Vous pouvez fermer vos gueules une bonne fois pour toutes ! J’essaye d’être attentif, mais avec vous, c’est clairement impossible ! rétorque Jagger d’un air faussement agréable.

Mon regard dévie subitement sur la silhouette de la personne concernée. Mes yeux se noient dans ceux de Jagger. Je dois tirer une grimace pour qu’il me fixe méchamment. Je m’efforce à me souvenir de lui, mais rien. Il n’y a que cette photo de famille qui me revient en mémoire.

Pourquoi ne me rappelle-je pas de lui ?

Soudain, quelque chose m’échappe, comment se fait-il que ceux d’Adam soient toujours là, mais pas de Jagger ? Je ne comprends plus rien !

Interloquée, mon visage s’est subitement tourné vers Adam et Jagger. Mes pulsations cardiaques s’accélèrent à une vitesse démesurée. Je plaque ma main sur ma bouche pour éviter de lâcher un gémissement, complètement éberluée. Je me lève de la chaise et demande à monsieur Muñoz si je peux aller aux toilettes. Il accepte au vu de mon accident.

J’ai besoin de me rafraîchir et de mettre toutes mes idées en place.

***

L’eau du robinet coule depuis plusieurs minutes, je plonge mes mains dedans et asperge mon visage du liquide frais.

Ensuite, mon dos s’appuie contre la paroi froide, je me laisse glisser jusqu’au carrelage. L’arrière de mon crâne se colle au mur et je ramène mes jambes contre ma poitrine en soupirant lourdement.

Putain !

À l’heure actuelle, si j’étais dans ma chambre, je me serais déjà emparé de mon oreiller contre moi et j’aurais hurlé de toutes mes forces pour évacuer cette anomalie qui cogite dans la réflexion que je viens d’avoir.

Non, impossible… Ça ne peut pas être ça ?

Je me rends compte de plusieurs choses à la fois. Je sors du petit coin et entends la sonnerie indiquant que le cours avec monsieur Muñoz s’achève. Je me précipite dans le couloir et entre dans la salle pour ranger mes affaires dans son sac.

Adam m’interroge du regard, mais je l’ignore et me dépêche pour me rendre à la cafétéria.

— Alteanne, t’es bizarre aujourd’hui ! Il y a quelque chose qui va pas, ma belle ?

— Le souci : c’est toi ! Maintenant, laisse-moi tranquille ! déclaré-je d’un ton agressif.

Adam semble perdu.

Enfoiré ! Quelle idiote je fais ! Il s’est bien foutu de ma gueule, ce mec !

— Vas-y Alteanne, tu déconnes totalement en ce moment, je te reconnais plus. T’es sûre que tu n’as pas repris de la drogue ?

— Pour ton information, je me porte très bien ! m’écrié-je, furieuse. C’est toi, le problème. Tu t’es bien foutu de ma gueule depuis bien trop longtemps !

Toute la foule a les yeux braqués sur nous, stupéfaits de voir deux copains en train de se disputer devant eux. Si seulement, c’était un pote.

— Tu sais ce que je fais aux personnes qui prennent une situation dramatique à leur avantage et qu’elles me font passer pour une cinglée ? Je les abandonne !

— T’as besoin de consulter un spécialiste, t’es peut-être en train de faire une dépression avec tout ce qu’il t’arrive, Alteanne.

Sur le coup, sa maladie cachée de toute l’université revient dans mes pensées.

— Tes crises d’épilepsie vont bien ? lui demandé-je pour en avoir le cœur net.

Il hausse soudainement le sourcil en écarquillant ses iris.

— Je n’ai jamais été souffrant, Alteanne ! Putain, meuf tu délires !

Ce mec est un enfoiré ! J’hallucine ou quoi ? Il m’a dupé. Il faut aussi dire qu’avec l’accident que j’ai vécu avec ma mère, j’étais la petite fille, la plus paumée de la vie. Résultat des courses : Adam m’a menti…

En colère, je tourne les talons et déserte l’amphithéâtre pour me calmer.

Mais qu’est-ce qu’il lui a pris de me faire ça ?

Je dois régler cet inconvénient et au plus vite.

Lorsque je suis dans la cour, je remarque que Jagger marche vers un modeste restaurant au lieu de manger à la cafèt’.

Je fouille dans mon sac et me munis de la carte dorée qu’Alberto Suan, le grand président de direction de l’entreprise Suan, m’avait offerte lors d’une cérémonie avec plusieurs hommes d’affaires. Cependant, j’envoie un message à Cameron pour la prévenir.

[J’ai un truc à faire en dehors

de la fac

donc, m’attends pas de suite

à la cantine <3.]

Elle me répond.

[Pas de soucis, mais tu as mis

Adam, hors de lui. Je ne sais pas

ce qui se passe, mais je te fais

confiance, ma chérie <3.]

Sans plus attendre, je décide de traverser la route et de rentrer dans le restaurant à la recherche de Jagger. Il zieute tous les menus disponibles.

D’un pas rapide, je vais à sa rencontre et attrape immédiatement son bras pour l’arrêter.

— Hé, Jagger. T’as une minute ?

— Ouais, bah pas pour toi ! Dégage au lieu de me coller.

Je soupire d’exaspération en le voyant dans cet état. Il n’a jamais été méchant. C’est quelqu’un qui a toujours été repoussé par les autres et j’étais la seule à l’accepter comme il était.

— Je ne partirai pas, Jagger !

Pour couper court à notre conversation, il appelle le vigile qui me vire aussitôt du fast-food.

***

— Bon, j’ai fait ma petite enquête et il s’avère qu’Adam n’a jamais aimé le hockey de toute sa vie et il en a jamais fait, m’avoue Cameron. Ton histoire est carrément dingue !

Sa révélation me fait tomber sur le canapé, choquée. Mes proches m’ont manipulé pendant toutes ses années. Adam a joué avec mes défaillances et mes faiblesses !

Finalement, je ne suis pas folle !

Je me rends compte que je serre un peu trop fort mon gobelet en plastique. Je le relâche aussitôt et prends mon mobile pour envoyer un texto à Jagger.

[J’ai besoin de te parler,

c’est urgent. Ce n’est

pas négociable !]

Il me répond, mais pas comme je l’aurais espéré.

[C’est dans ta nature

d’être aussi casse-couille ?

Je suis avec une nana,

va voir ailleurs et

arrête d’envoyer

des messages sur ce compte, Alteanne.]

Je vois que c’est perdu d’avance. Mais peut-être qu’il ne sait pas ce que je sais sur lui !

Je risque de l’avoir sur le dos, mais qui ne tente rien n’a rien.


[Pas de soucis, Monsieur

L’Épileptique !

Bonne soirée à toi.]

Cameron et moi, nous décidons d’aller au snack-bar de Jack, mon beau-père, pour manger quelque chose et pour voir comment Jack s’en sort. Une petite discussion familiale s’impose et Jack est facilement manipulable quand on le cuisine bien. C’est l’une de mes qualités de prêcher le faux pour savoir le vrai.

En arrivant à destination, nous nous retirons du véhicule et nous introduisons dans le restaurant.

Je m’installe directement sur le tabouret en regardant Jack nettoyer le comptoir. Jagger a vu mon message, mais il n’a jamais répondu.

— Salut, Alteanne. Tu as quelque chose à me demander ?

Je ne peux jamais rien lui cacher, il devine tout.

Je discute sérieusement.

— Je vais être honnête avec toi. Peut-être que j’ai eu un accident, mais le fait qu’on reprenne le rôle de quelqu’un, ça me dégoûte ! commencé-je à hausser le timbre de ma voix.

— Explique-toi calmement, Alteanne, me lance-t-il en me donnant un verre de limonade.

Mon soda préféré.

Après avoir bu une gorgée, je continue :

— Pourquoi Adam s’est-il fait passer pour son frère à mon égard ?

Jack n’en revient pas, lui-même.

— Comment ça ?

Pourquoi m’emporté-je aussi facilement ?

— J’ai toujours cru qu’Adam était mon ami, sauf que ce n’était pas lui ! Comment ai-je fait pour ne pas m’en apercevoir avant ? Et il a joué sur ma perte de mémoire !

— Ce jour-là, tu étais entre la vie et la mort et les médecins ont affirmé que tu aurais de lourdes séquelles. Ne t’en veux pas pour ça, ce n’est pas de ta faute, ma puce. Je vois pourquoi tu lui donnais de l’importance alors qu’avant, ce n’était pas le cas, tu l’évitais.

Je mords fermement ma lèvre inférieure, incapable de prononcer un mot de plus.

D’un seul coup, je me sens conne.

Lorsque je finis la boisson, je me dirige dehors pour prendre l’air et tombe sur Adam et ses potes, sûrement bourrés.

— Je suis passé à la villa, mais tu n’y étais pas. Donc je suis venu dans l’espoir de te trouver ici. J’ai besoin qu’on ait une discussion.

— Je n’ai pas envie d’avoir une conversation avec toi ! Tu t’es bien servie de moi pendant toutes ses années !

Il s’empare de mon bras, me ramène derrière le restaurant et me plaque contre le mur, me laissant une douleur amère qui s’élance dans ma colonne vertébrale. Nos corps collés, je sens son érection à travers son jean.

Je n’y crois pas !

— Je sais que c’était plutôt égoïste de ma part, mais je n’avais pas le choix.

Il passe sa main sur son cou et masse sa nuque mal à l’aise.

— Tu te rends compte du mal que tu viens de me faire ? Et moi qui pensais que tu étais différent… S’approprier le rôle de son frère, c’est vraiment dégueulasse pour un mec comme toi !

Je le toise d’un regard noir avant que ses lèvres ne se déposent sur les miennes. Je le repousse aussitôt.

— T’es un grand malade, toi ! hurlé-je en le giflant de toutes mes forces.

— J’ai toujours été fou de toi, mais tu m’as souvent rejeté pour mon connard de frangin !

Alors c’était pour ça qu’il l’avait remplacé ? Par jalousie…

Je secoue la tête et retourne au restaurant, sidérée avant de m’apercevoir que Jagger est entré dans le bar puis est assis au comptoir avec sa conquête.

Pourquoi suis-je déçue qu’il rigole avec elle alors qu’avec moi, il ne fait que de me repousser et de me dégager de sa vie ?

En franchissant le seuil de la brasserie, je ravale mes larmes. Une boule de feu se forme au creux de ma gorge et descend petit à petit jusqu’à atterrir dans mon bas-ventre quand je repense à Adam.

Adam vient de bousiller ma soirée et mon existence.

À l’âge de onze ans, on a autre chose à faire que de courir après une gamine de neuf ans dans l’espoir qu’elle nous aime.

Cette attitude est attitrée pour les hommes toxiques !

J’ai eu raison de couper les ponts avec cette personne.

Je slalome entre les clients qui quittent le restaurant et décide de monter sur le comptoir afin de passer de l’autre côté pour me servir un bon remontant.

Vais-je partir en vrille après ça ? Certainement pas ! Je sais les limites à ne pas franchir.

J’attrape la chope et fais un petit mélange entre la vodka et la grenadine. Je l’abreuve d’une traite puis me resserre juste après avant que la voix d’Adam ne s’ébruite dans la salle.

— Je t’ordonne de ne pas le boire, celui-là ! s’écrie Adam.

D’un geste rapide, je lui présente mon majeur et vide le verre.

— Tu disais quoi ? Ne picole pas ? Je fais ce que je veux. Si tu n’es pas content, tu dégages et tu vas voir ailleurs.

— Alteanne, arrête de faire la conne ! Je t’aime.

Folle de rage, je retourne face à lui.

— Tu sais à qui tu me fais penser quand je te regarde ? lui dis-je droit dans les yeux. À ta mère ! Les personnes comme vous qui se réjouissent du malheur des autres pour profiter de la faiblesse d’autrui.

Sans crier gare, il répond.

— Pourquoi être ami avec un homme qui est haï par les gens et qui est malade ?

Voilà le vrai visage de ce garçon : hautain, arrogant, méprisant, aucun amour-propre.

Tout ce que je déteste…

Je ne suis pas choquée, juste il me donne envie de vomir.

— Ne t’avise pas de me rayer de ta vie, si tu tiens à la tienne, Alteanne. Et ne me compare pas avec une traînée.

— Sauf que la mienne est morte depuis l’accident et tu l’as détruite à petit feu.

— C’était un plaisir, de me faire passer pour lui pour t’avoir.

Soudain, je vois Jagger qui attrape Adam par le colback et le claque aussitôt sur le sol pour le rouer de coups.

Les quelques personnes présentes dans le restaurant hurlent, tétanisées, d’autres abandonnent le navire aussi rapidement que possible.

Je saute par-dessus le comptoir, me rue vers Jagger, enroule mes bras autour de sa taille en le ramenant fortement contre moi.

Mon palpitant s’excite à une allure folle et une petite bulle de stress grossit de plus en plus vite dans mon ventre.

Aussitôt, il arrête de le frapper et son pouce froid caresse tendrement ma main tandis qu’Adam se relève difficilement en s’enfuyant en quatrième vitesse hors du bistro.

Toujours collée contre son dos, je ne le lâche pas. Je pose mon front contre son omoplate et hume son odeur en fermant les yeux.

— Je suis désolé ! rétorque-t-il subitement.

Jagger se dégage rapidement de mon étreinte. Il fait volte-face et attrape mon visage en coupe en formant un sourire au coin de sa bouche.

— Je ne t’ai pas fait mal ?

— Non, fais-je en plantant mon regard dans le sien.

Il hoche la tête et repart voir sa dulcinée en me laissant en plan.

Mais qu’est-ce qu’il vient de m’arriver ?

En faisant abstraction autour de moi, je me relève complètement perturbée.

Un rictus factice sur mes lèvres, je reviens à mes occupations.

Décidément, être contre un homme, ce n’est pas si mal.

Non mais, oh ressaisis-toi, Alteanne ! On avait dit : pas de sexe et encore moins se mettre en couple avec un mec ou d’être attirer par les hommes.

Ouais, très mauvaise idée !

Quand je me dirige derrière la caisse, je me fais interrompre par Jack qui me demande ce que je fabrique.

— Je rembourse les deux verres que j’ai bu. Deux vodkas grenadines et la boisson de Cameron, ça fait 45 $, m’esclaffé-je en sortant mon moyen de paiement.

Jack semble étonné que je détienne une carte bancaire dorée.

— Je vais quand même dire à Andrew qu’il est dingue de t’avoir offert un truc pareil.

— Alberto Suan, le reprends-je.

— T’as volé cette carte à ce bourgeois fortuné jusqu’aux couilles ? Mais tu te rends compte des problèmes qu’on va avoir ?

Je ris à gorge déployée et je lui montre notre échange par mail. Il est abasourdi.

— Tu as fait quoi ? Tu l’as menacé ? Tu lui as demandé une rançon ? Tu t’es fait passer pour une femme héritière ? me questionne-t-il, ahuri.

Je tapote doucement sur l’épaule de Jack.

— Non, il s’est excusé de la conduite médiocre de son petit-fils. Il m’a envoyé des tonnes de cadeaux et une lettre pour me présenter à lui, lors d’une cérémonie à Midsummer House. Après, il m’a remis cette carte quand je suis arrivée là-bas.

— Et une sacrée audacieuse pour avoir traité Alberto de vieux, rectifie mon amie. Il en a rigolé et a adoré sa franchise. C’est complètement dingue, mais c’est la vérité.

Nous nous marrons et je paye l’addition avant que Cameron et moi ne retournions à la maison.

De retour à la villa, j’écoute des petits sons qui proviennent de l’autre côté du portail.

— Tu n’as pas entendu des miaulements ?

— Si depuis que je suis descendue, réponds-je en me précipitant sur le trottoir.

Je regarde partout et discerne les bruits émanant de la benne.

Sans hésiter, je relève le rabat et trouve un paquet blanc bien fermé et les tumultes viennent de ce dernier.

Les gens sont d’une cruauté inhumaine ! Comment peut-on enfermer des chats dans un sac ? Ils vont être en manque d’oxygène !

J’arrache le plastique et ce que je découvre me laisse sur le cul.

Deux bêtes poilues sur huit sont toujours en vie, contrairement à leurs semblables.

Ils ont l’air d’être sevrés.

Je porte les deux survivants dans mes bras et les ramène à la maison. Alors que, pour les autres, je décide de prendre la pelle qui se trouve dans le cabanon en creusant dans la cour.

Lorsque je rebouche le trou, Andrew arrive au même moment et me voit avec l'ustensile de jardinage à la main.

— Je ne veux pas savoir ce que tu fais avec ça.

— Je viens d’enterrer des chatons. Les gens ont eu le culot de les jeter dans ma poubelle. Et les deux survivants sont à la maison.

— Oui et après tu vas me dire, papa, je peux les garder ?

— C’est exactement ça !

Il lâche un soupir.

Je rentre et signale à Cameron que mon père vient d’arriver.

Elle se précipite avec le petit bébé blanc entre ses bras.

— Bonsoir, mon amour. Ta journée s’est bien passée ?

— Pas terrible, mais le moment où je suis heureux, c’est quand je te retrouve le soir, ma chérie. Alteanne, choisis l’animal que tu veux. Et l’autre, je le prendrai.

Cameron, aux anges, sourit timidement.

— Andrew, tu n’es pas obligé de faire ça.

— Tu m’as saoulé pour en avoir un, la semaine dernière.

Cameron a adopté le minet blanc et moi, le crème.

Ils finissent par quitter la demeure.

Me retrouvant seule, je décide de faire une petite toilette à mon nouvel animal de compagnie.

Demain, je vais aller lui acheter quelques jouets, de la nourriture et un coin douillet pour Rainbow.

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