Chapitre 3

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Howl's Moving Castle _ Miyazaky

  Nous avions tous attendu l'avion assis autour du piano de l'aéroport. Il y a toujours un piano dans les aéroports, dans les gares aussi. J'adore passer dans une gare et entendre les gens chanter ou faire du piano, du violon ou du saxophone. Au début on entend un écho lointain et puis on tends l'oreille, attentif aux sons que dégage l'instrument. Est ce du Chopin, Vivaldi ou du Charles Trenet ? Le son sort de l'instrument et se répercute dans tous les tunnels, dégringole les escaliers et arrive jusqu’à chatouiller nos oreilles.

  En attendant devant ce piano, nous étions tous joyeux. Un homme s'était installé peu après nous avoir vu tous nous asseoir sur les sièges devant le piano. Il avait commencé à jouer d'une main peu assurée mais en voyant nos visages ravis comme de jeunes enfants, il avait prit confiance et tapait maintenant sur les touches noires et blanches du piano avec entrain et vivacité. Je n'avais pas reconnu le morceau mais il était joyeux et lorsque le pianiste nous quitta, nous étions tous émerveillé par la musique qui résonnait encore dans nos cœurs. Je regardais autour de moi. Sam avait un grand sourire sur le visage, elle avait toujours aimé la musique, au collège, elle nous avait raconté qu'elle avait créé une playlist pour chacune de ses émotions. Lorsqu'elle était heureuse, elle écoutait des chanson joyeuse, lorsqu'elle était maussade, elle préférait les chansons tristes et douces. Elliot et Elyne avaient interrompu leurs grande conversation pour écouter la musique et revenaient maintenant à leur propos. Quand à Phoebe, elle avait toujours été réservée et détestait montrer ses sentiments mais je voyais qu'elle n'avais pas pu réprimé des sourires tout le long de la musique.

  Les gens qui s'étaient attroupés pendant qu'il jouait repartaient progressivement à leurs sièges et le silence revenait. Sam et Elliot avaient proposé d'aller nous acheter quelques friandises qui nous aideraient à attendre les deux heures qu'il nous restaient avant d'embarquer dans l'avion. Nous nous étions regroupés dans un petit cercle Phoebe, Elyne et moi et commencions à discuter amicalement. Cette atmosphère joyeuse et paisible m'avait manquée, il ne s'était pas passé un moment depuis que je les avait retrouvé devant la voiture ou je ne m'étais senti seule ou triste. Ce groupe, comme tous les groupes d'amis avait connu des hauts et des bas mais nous avions toujours été soudés face au autres lycéens. Lorsqu'Elyne s'était faite agressée au collège, nous avons tous été à ses cotés pour l'aider à aller mieux, quand Elliot je faisait prendre à faire une autre bêtise, on l'accompagnait en colle pour ne pas qu'il reste seul. L'incident de la douane avait renforcé cette idée dans mon esprit : nous étions une sorte de petite famille, nous avions des différents et des pensées divergentes mais nous étions tous les uns pour les autres et nous ne laissions aucun d'entre nous porter un fardeau seul.

- Liam ? T'es toujours là ?? Avait dit Phoebe tout en agitant sa main de droite à gauche devant mon visage.

- Non je crois qu'il est dans la lune. Il doit vagabonder dans ses pensées nietzschéennes.

- Hé !! Avais je répondu en revenant au présent. C'est pas parce que je vais faire des études de lettres que je suis forcément adepte de la philosophie de Nietzsche ou de Pascal.

- Je sais même pas qui c'est ton Niche de toute façon... dit Phoebe en faisant la moue.

- C'est pas si important Phoebe, tu n'as pas raté grand chose dans les cours de philosophie. Affirma Elyne.

- Comment cela ? Commençais je à m'esclaffer ironiquement. Qui êtes vous et qu'avez vous fais d'Elne ? Je ne puis imaginer notre si tendre et pure Elyne dormir pendant des cours ! Démon, sortez de ce corps !!

 Et je commençais à faire des incantation sortant de mon imagination. Ce qui reviendrait à dire que je me dandinais tout autour de mes deux amis en balançant mes bras dans tous les sens et chuchotant des mots au hasard d'une voix très aiguë. Autant dire que mon image venait d'en prendre un coup. Mais ma danse imbécile avait eut son effet, Elyne et Phoebe se tordaient de rire, des larmes dans les yeux.

 Elliot et Sam avaient fini par revenir, s'ensuivi un grand débat sur l'utilité des bonbons au réglisse dans les boites Haribo.

- Non mais sérieusement ! Avait fini par hurler Elliot. C'est dégueulasse les réglisses ! Ils nous font chier, à chaque fois il mettent ces bonbons noirs immondes dans leurs boites, mais moi je veux pas payer pour des réglisses dégueulasses qui laissent leur goût sur tous les autres bonbons !!

- Oui bah c'est bon, lui répondait avec emportement Phoebe. On a compris que t'aime pas les réglisses alors fais pas ton raciste des réglisses et laisse moi les manger sans m'emmerder !

 Sur ce, elle avait attrapé la boite de bonbons et en avait renversé le contenu en réunissant d'un coté les réglisses et remettant dans la boite tous les autres bonbons colorés.

 Les disputes de Phoebe et Elliot qui m'avaient énervé lorsque nous étions au collège me remplissaient de bonheur à présent. J'avais oublié tous ces éléments qui faisaient de vous une famille, tous ces petits traits d'attention, ces choses quelquefois agaçantes, ces réflexions moqueuses mais jamais réellement méchantes.

 Une heure avant l'embarquement, une jeune femme s'était installée devant le piano. Elle était petite et mince, une asiatique. Ses habits étaient impeccablement repassés et son carré noir était aussi bien coiffé que sur les publicité de coiffure dans les salons. Elle avait sorti une partition de son sac à main, l'avait posé sur le pupitre et posa ses mains sur les touches. Des les premières notes, j'avais reconnu l'air doux et enchanteur d'un Miyazaki. Le Château ambulant était le premier film que j'avais fais voir au groupe, il y a 5 ans. On avait fait un calendrier: tous les vendredi soirs, chacun d'entre nous devait proposer un film qu'ils avaient aimé et nous étions obligé de le voir tous ensemble. Ça avait été une idée de Sam et même si au début Elliot avait été un peu réticent, il avait vite pris goût à nos petit rendez vous hebdomadaire. Ils avaient tous été déçu que je leur apporte un dessin animé. Les dessins animés, c'est pour les enfants ! C'est puéril ! Ils furent donc très agréablement surpris lorsque le film avait commencé et que les premières notes de musique avait déchiré le silence. Les semaines suivantes, ils avaient tous ramenés des films d'animation de Miyazaki pour qu'on les vois ensemble et la musique du château Ambulant était devenu notre musique, celle qu'on ne peut pas entendre sans penser aux autres, celle qui ne peux pas nous laisser indifférent.

 Je n'étais pas le seul à me souvenir de ce morceau, Elliot, Elyne, Sam et Phoebe s'étaient tous arrêtés de parler et regardaient tous la jeune asiatique, les yeux grands ouverts et puis nous nous sommes tous regardés et nous avons souris comme des imbéciles. Nous avons commencé à murmurer l'air de la musique que nous connaissions si bien, et puis de plus en plus fort, ce qui fit sursauter la pianiste. Elle nous souri, un peu surprise et continua a jouer pondant qu'on chantait l'air joyeusement. Quand le morceau fut terminé, au lieu de prendre sa partition et la ranger dans son sac, elle tourna une nouvelle page et recommença a jouer. Cette fois, elle jouait la chanson d'Arrietty. Elle nous pria de se joindre à elle. Nous connaissions plus ou moins les paroles mais celles ci étaient écrites sur la partition et nous pûmes la suivre. Pour mon plus grand bonheur et celui de mes oreilles, personne ne chanta faux. D’ailleurs, le résultat était assez beau et les gens commençaient à s’amasser autour de nous. Certains avaient pris leurs téléphones et prenaient de vidéos, un homme est sorti de la foule avec un Ukulélé et a commencé a jouer avec nous. C'était tellement joyeux ! Je ressentais dans ma cage thoracique mon cœur s'emballer et tambouriner au rythme de la musique.

 A la fin de la chanson, nous dûmes partir pour l'embarquement. Nous remerciâmes la jeune pianiste qui continuait à jouer et nous allâmes faire la queue dans la fille d'attente devant la porte d'embarquement C27. Quelques dizaines de minutes plus tard, nous entrions dans l'avions. J'étais déjà entré dans un avion mais je n'avais jamais été préparé à ce que j'étais en train de voir. Qui disait Etats Unis disait tout en plus grand : les burgers, les voitures, les cinémas et même les avions...

 Ça n'était pas un avion normal, avec deux rangées de 3 sièges. Non ! C'était un avion a 3 rangées d'au moins 5 sièges chacun, avec deux étages et des télévisions immenses !

 Il y avait une rangée entière pour nous tous et nous nous installâmes. Elliot était au bout de la rangée, assis à coté d'Elyne. Puis venait Phoebe, moi et Sam au bout de la rangée du coté du second couloir. Nous étions tous un peu fatigués, nous nous étions levés tôt et pour la plupart d'entre nous, le sommeil avait été dur a trouvé a cause de l'adrénaline qui coulait dans nos veines. Sam, à coté de moi s'était roulée en boule sur son siège et avait commencé à sucer son pouce. Elle n'avait jamais arrêté. Quand je la voyais dormir, il me semblait qu'elle devenait quelqu'un de totalement différente. Quand elle dormais, elle paraissait frêle, calme et enfantine, tout au contraire de la Sam qu'elle était éveillée. Sam était une sorte de Gremlins inversé : la journée, elle était inarrêtable, énergique et forte, la nuit, elle est calme, immobile. Quant à Elliot et Elyne, ils s'étaient déjà endormis, leurs têtes tournée l'une vers l'autre. Phoebe avait rabattu sa tablette devant elle et commençait a en sortir des magazines people. Je la regardais quand, se sentant observée, elle me demanda :

- Oui ?

- Non, rien. C'est intéressant ?

- Pas vraiment, répondit elle avec un air de désolation. C'est les seuls livres que j'ai pu dénicher chez moi. J'avoue que ça craint un peu...

- Tu veux que je te prête un livre ?

 D'un coté, Phoebe me mettais mal a l'aise. Je crois que c'est celle du groupe que je connaissais le moins. Non pas que je ne l'aimais pas, mais je n'arrivais pas a trouver de points communs entre nous. Il ne nous était pas souvent arrivé de nous retrouver seuls tous les deux mais il m'avait semblé que le temps avait pris un malin plaisir à s'étirer, transformant les minutes en interminables heures.

- Je sais pas, je lis pas souvent.... Qu'est ce que tu as ?

- Eh bien, avais je commencé, tout en sortant de mon sac à dos une pille de livre, voyant les yeux de Phoebe s'agrandir. Tu préfère quel genre de livre ? Du fantastique ? Un roman policier ? Long ? Court ?

- Oula, je sais pas moi. Quelque chose d'assez court, simple à lire mais pas un livre pour enfant. Je voudrais quelque chose qui fasse réfléchir et qui, quand tu le ferme, te fais te dire "Mais c'est quoi ce livre ??!!!". Tu vois le genre ?

- Tout à fait, tu veux un livre qui te déglingue totalement le cerveau, qui te défonce le crane à coup de pelle pour en faire de la compote .

Je fouillais dans mon sac, cherchant LE livre. Il était tout au fond, la couverture était noire, un peu déchirée, parsemée de taches rouges sang. Je le sortais, fière de moi.

- J'ai ce qu'il te faut ! Je te présente l'un des premiers romans du roi du roman à suspens, j'ai nommé SSSSTEFEN KKKING !!!!

- Marche ou crève ? Ça à l'air super gaie ton truc dit donc !

- Ouai, c'est vrai que quand tu lis ce livre t'as parfois envie de te pendre mais il est vraiment génial, crois moi.

- Bon, avait elle dit, faisant la moue tout en prenant le livre que je lui tendais, à contre cœur. Je te fais confiance.

 Et la voila partie dans sa lecture. Peut être qu'après tout, j'avais fais naître une passion commune.

 Les huit heures de vol ne furent as de tout repos. Sam, réveillé, avait voulu changer de place avec Elyne pour faire des nattes à Elliot qui se débattait dans tous les sens, agonisant. À ma grande surprise, Phoebe resta calme une bonne partie du vol, les yeux fixée sur les pages de son livre. Elyne avait un peu pleuré à l'idée de recevoir des appels de sa mère tous les jours pendant un mois et j'avais du la consoler tant bien que mal. Un homme, au fond de l'avion avait fait une crise car le jus d'orange que lui avait apporté l'hôtesse était tiède et non froid comme il l'avait demandé. Un enfant avait pleuré pendant près de vingt minutes et une vieille dame avait fait tomber son dentier par terre, faisant pousser des cris à toutes les filles des rangées alentour. Il avait alors fallu laver le dentier qui avant roulé sur au moins dix mètres dans l'appareil. La vieille dame avait du remonter tout l'avion pour le laver dans les toilettes, ses béquilles dans les bras.

 Quand l'avion s'était enfin posé sur la terre ferme, nos jambes étaient engourdies et marcher fut à la fois une délivrance et un supplice. En sortant de l'avion, j'eue l'impression de rentrer dans une immense fournaise, la chaleur me bloqua l a respiration et déjà, de la sueur perlait sur mes tempes. En sortant de l'appareil,nous étions tous d'accord pour récupérer nos valises le plus vite possible et aller se changer aux toilettes de l'aéroport. Malheureusement, nous n'avions pas pris en compte la doine américaine et leurs testes antiterroristes sans queue ni tête. Une demie heure plus tard, nous étions enfin sur le territoire américain et nous pûmes nous délester de nos pantalons et t-shirt manches longues pour s'habiller de shorts et robes légères.

  Les pirates étaient enfin prêts à pourchasser leur merveilleux trésor.

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