Chapitre 4

6 minutes de lecture

 Le voyage avait beau avoir rempli nos esprits de souvenirs nos estomacs restaient vide et plus les minutes passaient plus les grondements provenant du ventre d’Elliot résonnaient dans toute la rue. Nous observions tous notre ami avec amusement quand je me rendis compte que, moi aussi, j’avais faim et quand je pris en compte cette sensation mon propre ventre se mit à résonner. Un résonnement bien plus fort que tous les gargouillements que j’avais connu, comme si mon estomac reprenait vie loin de la routine que m’avait créée ma mère. Chacune de mes sensations, de mes sentiments se décuplaient en fonction de la distance qui se créait entre ce voyage et ma vie d’avant. Je comprenais déjà que tout cela allait être pour moi une grande rupture. Me perdant dans le fil de mes pensées mon ventre s’était remis à s’exprimer et à réclamer qu’on le nourrisse. Les yeux ahuris d’Elliot se posèrent sur moi :

     -Tu ne nous avais pas habitués à ça miss bonne manière qui a toujours refusé de participer à mes supers concours de rots, dit-il en riant.

     - Je crois que j’ai faim.

Le son de ma voix semblait éteint depuis que nous étions partis. Parler était devenue inhabituel et difficile pour moi, les mots étaient comme assoupis mais leur réveil me faisait un certain bien.

     - Je savais bien que je n’étais pas seul, viens on va se chercher un bon burger avant que maman Sam ne fasse des siennes et veuille manger bio.

     - Elliot ! Ne me fais pas passer pour la méchante ! J’ai juste dis qu’on pourrait attendre de retourner au parking pour manger dans le van histoire de ne pas tout dépenser le premier jour, répondit Sam en lançant une petite tape derrière la tête d’Elliot.

Après une courte réflexion, se rendant compte que nous étions 5 à avoir faim, nous décidions de nous acheter un typique Hot Dog New-Yorkais. Ce nouveau goût se emplissait chacune de mes papilles gustatives comme si je n’avais pas mangé depuis des années. Tout en dégustant nos étranges sandwichs dont le gout m’était tout à fait nouveau, Phoebe proposa son idée pour la suite des événements :

     -Je sais pas vous mais moi venir à New York sans faire les boutiques c’est inenvisageable. Alors qui m’aime me suive !

     - HORS DE QUESTION, hurla Elliot. Je ne vous suivrais pas femme dans des magasins de …, il mima une soudaine nausée. De vêtements !, lâcha-t-il finalement en tremblant de dégoût.

     - Pfff, ce que tu peux être macho toi.

     - Pas de disputes si tôt dans l’aventure, dit Liam en finissant son hot-dog. Elliot tu viens avec moi on se promène tout les deux, dans les ruelles les plus étranges de New-York.

     - De notre côté on passe un moment entre fille ! s’enthousiasma Sam.

     Sam attrapa mon bras et créa deux groupes distincts. Cette scène me parut plus clichée que toutes autres mais elle m’amusa plus qu’autre chose. Je ne comptais pas m’acheter quoique ce soit mais l’idée de passer un moment avec Sam et Pheobe ne pouvait que me faire sourire. Nous étions alors en route vers l’immensité de Times Square : 3 filles bras dessus, bras dessous et deux garçons se prenant déjà pour Spider-Man a lancé des toiles imaginaires sur les bâtiments. Cet après-midi promettait d’être extraordinaire.

     Pheobe courut, plus rapidement que Voldemort après un nez, vers le magasin Levis. Elles me firent essayer une robe-salopette en jean que je trouvais terriblement infantilisante mais plutôt drôle à essayer. Puis, elles me promenèrent dans toute sorte de magasin dont l’existence m’était totalement inconnue. Je ne m’autorisais pas un seul achat malgré la jolie somme que je possédais. Ma mère avait insisté pour me laisser de l’argent et il me restait l’entièreté de ma tirelire brisée. Avec moi je n’avais que les restes de mon cochon et je ne voulais les investir que dans un vrai achat. Les vêtements pouvaient attendre. Elles finirent par m’emmener, non sans un sourire en coin, chez Victoria Secret. Phoebe nous guida vers les articles les plus léger du magasin, c'est-à-dire devant ceux où l’on trouvait le moins de tissus possible. Phoebe attrapa un article dont le sens m’échappait :

     - Je veux essayer ça les filles.

     - J’aimerais bien connaître l’heureux élu alors, ricana Sam.

     - La lingerie c’est aussi pour soi Maman Sam, je n’ai personne dans ma vie pour le moment mais je veux ce body.

     - Ok chef c’est comme tu veux.

     - Par contre je n’essaie pas toute seule, vous devez choisir quelque chose à essayer aussi. Ne te défile pas Elyne toi aussi tu vas faire ressortir la femme en toi ! Sortons les griffes mes lionnes !

     - Tu n’es pas obligé d’accepter Elyne. Moi je vais essayer ce petit ensemble.

Sam avait prit une brassière et une culotte en dentelle simple mais très esthétique. Elles étaient déjà parties en direction des cabines d’essayages sans même attendre mon choix.

     - Les filles attendez je n’ai pas encore choisis.

     - Tu compte réellement le faire Elyne, s’étonna Pheobe.

     - Elyne tu n’as pas à faire ça pour nous faire plaisir, on sait bien que ce n’est pas ton truc, voulu me rassurer Sam en souriant.

    - Je pense être assez grande et mature pour essayer ce que je veux, même de la dentelle.

     - J’adore ce qui est train de se passer ! Choisis on t’attend, me dit Phoebe.

   Un sourire aux lèvres je m’attelais à ma tâche. Je pris d’abord entre mes mains un soutien-gorge en dentelle noire assez opaque. Phoebe continuait de sourire et Sam me fixait l’air étonné et inquiet. Pendant un instant je ne vis plus Sam mais ma mère. Ma mère qui pour la millième fois ne me laissait pas grandir et décider seule. Ma mère qui m’avait toujours surprotégé et qui continuait de me voir comme un être fragile et faible. Ma mère que je détestais en cet instant précis. C’est pendant cet instant que je laissais le soutien-gorge à sa place pour prendre un ensemble très transparent noir avec un soutien-gorge et un string. Alors que je me dirigeais vers les cabines j’aperçu le regard inquisiteur de Sam et j’en fus fière.

   Alors que j’essayais mon ensemble je remarquais quelque chose d’étonnant : j’avais perdu beaucoup de poids. Certes il me restait des poignets d’amours et un petit bourrelet. Mais mon ventre était relativement plat. Je pris conscience soudain qu’après avoir reçu la lettre de Sam et après l’arrivée de l’ouragan je n’avais presque plus mangé, refusant la plupart des plats « fais avec amour » de ma mère. Dans cette dentelle je me sentis étrangement sûre de moi comme je ne l’avais jamais été. Je me sentais plus adulte que jamais. Je me surpris même à sourire à mon reflet, à prendre la pose en me mordant la lèvre me prenant soudain pour un mannequin lingerie. La petite Elyne boulotte et apeurée me semblait bien loin de la femme assurée dans le miroir.

Les filles étaient déjà sorties de leurs cabines et Sam avait reposé ses articles.

    - Repose tout ça Elyne et laissons Phoebe se payer son cadeau, m’ordonna Sam.

    - Je passe en caisse aussi.

Je faisais déjà la queue et Phoebe me rejoignit avec le regard amusé d’une enfant ayant trouvé un nouveau jouet. Sam, quant à elle, nous attendait perplexe. Nous sortions du magasin sans un mot et pour la première fois de la journée je me sentais vraiment à l’aise.

    - Les filles avant de retrouver les deux autres je dois passer m’acheter quelque chose, leur annonçais-je.

    - Pas de soucis on te suit, me sourit Sam.

    - Oui madame la séductrice où vous allez nous irons, dit Phoebe en m’attrapant le bras.

                    ***

    Je savais déjà dans quoi je voulais dépenser le reste de ma tirelire. Le dépensé dans un objet ayant une signification particulière pour moi. Un objet qui me permettrait de voir la vérité telle qu’elle était, et me laisserai l’opportunité de marquer des instants pour toujours. Ce voyage devait se trouver figé dans le temps. Il était hors de question de laisser ces instants ici sans les emporter avec moi au retour.

    Après un petit moment à marcher je trouvais enfin l’objet de ma quête : un magasin de photo. Je passais dans les rayons en sachant précisément ce que je voulais quand soudain le Saint Graal m’apparut. Je m’avançais fièrement vers un polaroid noir, basique. Il était fait pour moi. Aucune fioriture, un simple appareil photo mort qui ne cherchait qu’à vivre. Je pris avec lui un paquet de feuilles pour le nourrir et paya mon achat avec joie. Les filles m’avaient soutenues, heureuse de pouvoir avoir une photographe dans le groupe.

    En sortant du magasin je me sentais heureuse et, pour la première fois il me semblait, apaisée. En passant devant la vitrine d’un magasin je vis un immense sourire sur mon visage. Ce voyage commençait bien, et cette première journée promettait une suite des plus étonnantes.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire the-books-travelers ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0