Chapitre XIV - Face à face

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Cécile regarde Bertrand manger.
Elle le trouve vraiment beau. Il est habillé de façon décontractée. Jean, polo.
Il fait très homme mur. A l’aise et sûr de lui.

L’expérience de la vie sans doute.

Après l’amour, ils sont descendus au restaurant de l’hôtel.
Elle sait qu’ils regagneront la chambre. Le match n’est pas fini.

J’en veux encore. C’est trop bon !

Elle a encore en tête les mots qu’il lui a glissés sur l’oreiller. Des « je vous aime », « Je ne pourrai plus vivre sans vous »
Des mots qui l’ont flattée, qu’elle a aimé entendre dans la frénésie de l’acte sexuel. Elle était dans les nuages.
Mais qui maintenant la perturbent.

J’ai ma vie ! J’aime un homme et mes enfants !

Mais une vie trop rythmée par les taches quotidiennes et qui finit par devenir monotone.
Romain est-il responsable ?
Ses soucis actuels l’ont éloigné un peu et il pense qu’une sortie cinéma ou théâtre de temps en temps peut servir de socle indestructible à un couple.
Mais la monotonie a gagné aussi la chambre à coucher…

Et moi, suis-je responsable ?

Cécile n’a pas la réponse pour l’instant. Et elle ne serait pas objective. Cela demanderait une confrontation avec Romain.
Parler.

Elle a aimé prendre sa douche avec Bertrand tout à l’heure. Un moment de très grande proximité.

J’ai été émue par l’amour que j’ai lu dans ses yeux

Les attouchements étaient très intimes et tendres.

Sa queue n’est pas restée insensible quand je l’ai savonnée !

Quand cela lui arrive de prendre la douche avec Romain, c’est maintenant uniquement pour gagner du temps, le matin, au moment des préparatifs. La complicité a disparu. La relation sexuelle est convenue.

Elle n'est plus désirée avec passion.

Elle est mère.
Elle est épouse.

Putain de vie !

Cécile et Bertrand ont commandé un repas léger, ils ne veulent pas perdre de temps à table.
Mais c’est aussi un moment de découverte.
Cécile a couché avec un inconnu. C’était excitant. Maintenant elle veut apprendre à le connaître.

Je vais le revoir

Ils parlent de leur vie de couple respective.
Peu.
Les prochaines rencontres, ils pourront progressivement dérouler le fil de leur histoire.
Aujourd’hui ils ne sont pas là pour se faire des confidences.

Pour baiser… mais il me trouble

Cécile est séduite maintenant par la conversation de Bertrand. Ils échangent sur leur goût en matière de littérature, de cinéma, mais aussi cuisine, vacances, et même politique.
S’ils se retrouvent parfois sur certains terrains, d’autres les opposent.
Et ils s’en amusent.
Il a de l’humour.

Il y a longtemps que Cécile n’avait pas pris autant de plaisir à discuter.
Le temps passe vite.

Il me devient familier

Bertrand n’a pas posé de question sur le jeune homme qu’il a aperçu embrasser Cécile ! Elle lui est reconnaissante de sa discrétion.
Il envisage l’avenir. Il pourra descendre régulièrement à Lyon.

Régulièrement ?

Cécile avait une appréhension certaine avant de venir à ce rendez-vous avec Bertrand, dans cet hôtel.
Et elle reçoit le mot « régulièrement » avec un pincement au cœur.

Régulièrement cela veut dire que cette soirée va avoir une fin !
Régulièrement cela veut dire pas souvent.

Régulièrement ?
Quand ?

Me devient-il indispensable ? Danger.

Il lui a parlé d’amour aussi.
Un murmure.
Une voix qui la berce.
Une voix qui l’émeut.
Une voix qui accompagne les mots de gestes doux.

Une main qui caresse une joue.
Des doigts qui croisent les siens sur la nappe.

Elle est désirée.
Elle est femme.
Elle est amante.

J’ai envie de lui, de ses mains sur mon corps.

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