Yoshitérù longe l'eau

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Yoshitérù amorça une longue très longue descente vers la mer.

— J'ai le désir de découverte, la volonté de savoir, alimentée par la nécessité de cheminer. N'en rien retenir sera mon plaisir à consommer à outrance.

Éprouverai-je le plaisir d'accéder à cet aboutissement marquant l'ultime quête du désir inassouvi ?

Yoshitérù s'adonnait sans retenue aux appels fiévreux que sa chair sexuée lui commandait. Ivresse débridée où l'âme fornique, les étreintes se forment, se frottent aux spasmes et excrétions de glaires.

Yoshitérù assouvit ses pulsions sans autre échange que celui d'accomplir ses commodités ordinaires, procurées à peu de frais.

À chaque baiser, il cherchait la complicité d'un regard, la surprise de la douceur d'une entente courtoise, la délicatesse d'un silence apaisé.

En vain.


***


Des algues sèches en forme de masques gisaient sur la plage mue par une multitude de crabes nains. Ce théâtre couché représentait la part active d'une pièce jouée en plein air. Réjouissance désordonnée, le peu de distraction enjolivait la quête de cette cohérence qui se présentait en lui.

— J'ai vu au fond de la mer les corps mutilés d'hommes et de femmes lestés par un bloc de ciment. Tels drapeaux funestes animés par les remous du courant de fond, les poissons petits et grands piquaient, déchiraient la viande se détachant par lambeaux.


***


Yoshitérù parvenu sur la plage, s'empara d'une barque, tomba à l'eau.



La tempête retourne avec le coquillage donner au roi sa découverte.

Laisse tomber l'air du temps, l'air de rien,

car la fille convoitée n'est autre qu'une illusion



Yoshitérù poursuivit sa route plus au nord,

Resquilleur du rocher froid, ton emprise sur le monde béatifié par tant de silence austère, aucune adresse ne semble préjuger du mal à conduire face à cette platitude désormais commune, survivant les caps frontières. Sans lire Rabelais donne à l'ambiance un feutre délicat, au léger voyageur qu'il fut autrefois.

Arrivé au ras des vagues déferlantes, il s'étendit sur la plage.

Pensées volages

Étirées.

Retour au calme.

Il désirait à nouveau la conquête de l'inutile, l'inquiétude de l'improbable, la dérive des hasards, le ballottement des indécisions.

N'être qu'un grain de sable bousculé chaviré avec pour seule envie la découverte des horizons nouveaux.

Longtemps, le temps ne dura qu'un temps.

Dans l'instant, il évolua tout le temps.

Sur la plage des princes ou dans la chaussure d'un enfant triste,

Quelque soit son emplacement

Un grain de sable reste un grain de sable.



Yoshitérù suivit le vent porteur en n'ayant point de lendemain.

Yoshitérù avait peur à présent des monstres sournois qui hantaient ses nuits.



***



Yoshitérù navigua en pleine terre marécageuse à bord d'un véhicule sur coussin d'air.

Son travail consistait à comptabiliser les alligators la nuit visibles grâce à leurs yeux phosphorescents.

Une fois, il s'endormit malgré lui. La chaleur rendant encore plus moite son poste d'observation, il sombra dans un sommeil profond que la fatigue rendit plus accessible.

Les crocodiles craintifs s'approchèrent doucement de l'embarcation immobile.

Le plus téméraire de la bande se hissa gaillard lui mordit la main gauche.

L'inattention lui révéla la bêtise du surmenage.

Autant vivre que de survivre !





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