Mâyâ

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Suivant la plage, Yoshitérù rencontra une tortue qui marchait rapidement quand le monde dormait. C'était l'urgence du moment qui la faisait avancer ainsi. Sa carapace ressemblait à un énorme joyau brillant, au sommet d'un dôme de jade, serti de pierres précieuses

— Où vas-tu Mâyâ ?

— À la ville, chercher ma cousine.

— Que fait-elle ta cousine ?

— Elle m'accompagnera à Ouagadboudidou. Nous nous rendrons au mariage de notre arrière-petite-fille l'année prochaine, nous devrons cheminer sans tarder.

— Veux-tu que je te porte ?

— Merci mon ami, mon allure me convient. Ton aide risquerait de bousculer mes habitudes.



À tant vouloir poursuivre le temps, ne risque-t-on pas de le perdre ?



— Je vais avec toi, progresser à reculons. J'arriverai sûrement à gagner en endurance.

— Mauvaise attitude freluquet. Ne tourne pas le dos. Ne crains rien, ni personne. Si la hache qui doit trancher ta tête s'abat sur ton cou, tes bras entravés ne pourront l'arrêter. Adresse-toi au porteur de l'arme, en lui proposant cette réflexion :

Eh ! Toi ! Mon bourreau ! Ma vie dépend de cette illusion bancale par laquelle tu crois diriger la hache contre moi, alors que c'est moi, victime, qui te commande de le faire.

Il te répondra sûrement

Que me dis-tu là vermine ?

Comprends-moi idiot : si je te dis de ne point me frapper, tu le ferras par contrariété. Ai-je raison ?

Le bourreau interpellé restera immobile.

Te sentiras-tu grandi si tu me coupes la tête ?

Sûrement ! De toute façon, je fais ce que je veux.

Bravo bourreau ! Tu portes la hache de fort belle manière. Par contre, si moi, la victime, je te commande de me trancher, la tête, m'obéiras-tu ? Si oui, tu es sous mes ordres, bourreau. Sinon, laisse-moi partir. N'est-ce pas là, la preuve de mon pouvoir ?

Interloqué, l'idiot prendra alors la position de l'homme qui se gratte le menton, puis le sommet du crâne en posant pour cela, l'outil tranchant, trop lourd. Sache alors, l'ami, user à bon escient du proverbe : celui qui n'a pas de tête a certes de bonnes jambes, mais que celui qui craint de la perdre devant la folie des imbéciles, rive les jambes à son cou et court sans se retourner.

Peu convaincu, Yoshitérù cessa sa progression et suivit Mâyâ la tortue à petits pas, le temps de vider sa gourde.

— Bonne route, lui lança-t-il fatigué.





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