La pluie tombait à grosses gouttes. Lumi semblait émerveillé par ce spectacle. Jamais il n'avait vu autant de diamants étincelants tomber du ciel parsemé de nuages gris.

Éphémères, les gouttelettes s'écrasaient doucement au sol et émettaient un merveilleux son cristallin.

La belle fourrure blanche du chiot paraissait plus belle que jamais. J'hésitais à le laisser là, seul. Je repensais à mon voyage en Amérique que j'avais déjà préparé. Lumi ne pouvait pas venir avec moi, et, de toute manière, il devenait trop coûteux de s'occuper de lui. Le chien était en trop. Et, quand quelque chose est en trop, on le jette.

Ne serais-ce qu'envisager la possibilité de l'abandonner me transformait en monstre. Mais je n'avais pas le choix. À quoi bon remplir encore plus les refuges pour animaux ?

L'idée que Lumi soit adopté par une autre famille m'emplissait de rage. Je m'étais trop attaché à cet animal. Il devenait encombrant, coûteux et... Adorable.

Le chiot aboya joyeusement en sautillant dans les flaques d'eau. Cela me fendait le cœur de l'abandonner, tel un lâche.

Un lâche. Voilà ce que j'étais. Mais si je ne disais rien, personne ne le saurait. Rien ne m'arriverait, si ce n'était que la tristesse et la honte d'avoir abandonné quelqu'un qui comptait sur moi.

Et, sans réfléchir, je claquai la portière de ma voiture et filai en laissant Lumi dans les flaques d'eau. J'entendis des aboiements derrière moi, je vis mon chiot qui essayait vainement de courir après ma voiture dans le rétroviseur. Je ne me retournai pas. Je continuai de rouler.

Ni vu, ni connu.