Untitled

7 minutes de lecture

^°> Lui
*^> Elle

^°> "Tu sais quoi ? Ecoute-moi 'faut que je vide mon sac. Ne me réponds pas, ne m'interrompt pas. Merci.


Tu es loin d'être le genre de personne que j'affectionne particulièrement : ce style bien particulier mais à la fois si courant, ce côté "j'ai une vie tellement triste" alors que tu es une petite européenne née au bon endroit avec ses deux parents, des amis, tout ce qu'il faut en somme.


Toi non, tu te plains. Tu trouves toujours les mauvais côtés, tu retournes la réalité objective, pour quoi faire ? Seule toi sais. Surement augmenter l'intérêt que les autres ont pour toi ? Non ? En fait j'en sais rien, peut-être n'y as-tu pas réfléchi et fais cela d'instinct. Mais peu importe en fait. Ce côté-là chez toi, je ne le supporte pas.


Tu penses savoir plein de choses, mais il faut toujours se rappeler qu'on ne sait rien et qu'on est au fond que l'interprétation que les autres ont de notre vie. Fuire cette interprétation est inutile, elle te rattrapera.


M'enfin, je t'ai suivie. Mais quel con... Pourquoi ? J'ai une vie moi, j'ai plein de choses dont je dois m'occuper, des liens à tisser, d'autres à maintenir, un Amour à maintenir... Je vais te parler un peu de mes moi. En fait je les connais bien. Ils sont trois. Il y a celui qui veut des trucs immédiats, sans réfléchir aux conséquences, celui qui me fait procrastiner plutôt que d'avancer. Il y a celui qui veut maximiser mon bonheur, et celui qui veut toujours changer les choses. Ce dernier est incroyablement puissant chez moi, je pense que c'est une particularité. Tellement que je n'ai plus peur du changement. Encore moins quand celui-ci ne vient pas de moi, c'est ainsi je n'y peux rien.


Bref, pourquoi je te raconte ça ? Mes trois "moi" ont comploté contre moi, je n'ai pas su les maitriser, je me retrouve là avec toi, à créer et à penser, à écrire et à chasser. Mais je ne peux pas tu le sais, rester indéfiniment. Il est évident que cette aventure trouble mon quotidien, car en réalité, j'ai du mal à penser à autre chose. Lorsque je suis projeté dans ma réalité, je pense toujours à notre aventure : je n'arrive pas à me rattacher à la réalité du monde. Tu n'y es pour rien effectivement, je suis là de mon propre grés, du moins par la volonté du moi immédiat. Tant que tu le voudras je serai donc là dans la mesure de mes possibilités.


Revenons donc à toi. Continuons... Ce style donc, que je n'aime pas. Cette façon d'être pénible, puis ce manque de charme certain par rapport aux filles que j'ai connu. Mais nous sommes tellement "en phase". Je me suis toujours dit que cette expression, c'était juste de la merde. En fait je comprends un peu mieux. C'est lorsque l'on est certain que le prolongement de notre relation avec une personne ne pourra être que le fruit d'une joie longue et forte. Avec de la compréhension, des rires, des pulsions, des pires, des fusions, des bonheurs, des fictions, des penseurs, des chansons.
Bref, il m'est devenu compliquer de faire un pas, de voir une feuille, de voir un pétale de fleur, sans penser à toi. Alors que tu es juste là, tout près.


Tu sais, il y a un avenir que je veux rendre meilleur, des mondes à changer, des champs à cultiver. Un tas de choses à créer. Et je ne sais plus si tu es la personne qu'il me faut pour ça. J'ai du mal à le penser quand je vois que tu restes bloquer au stade de savoir si tu es la bonne personne pour toi-même ou pour le monde. La fuite devra s'arrêter, un jour. L'éphémère ne devient éternité que dans les rêves. Les paroles d'une musique me reviennent :
"J'aurais aimé t'aimer
Comme on aime le soleil
Te dire que le monde est beau
Et que c'est beau d'aimer
J'aurais aimé t'écrire
Le plus beau des poèmes
Et construire un empire
Juste pour ton sourire
Devenir le soleil
Pour sécher tes sanglots
Et faire battre le ciel
Pour un futur plus beau
Mais c'est plus fort que moi
Tu vois je n'y peux rien
Ce monde n'est pas pour moi
Ce monde n'est pas le mien"
En résumé, tu es une sorte de parasite. Un parasite si étrangement enjaillant et inspirant. Mais un parasite quand même."

*^> Je l'observe et l'écoute avec fascination. Sa franchise me paraissait presque irréelle. Un parasite dis-tu ? Ce n'est pas la première fois que l'on me dit cela, mais venant de lui, je me sentais presque mal. C'est la dernière personne dont j'aurai souhaité qu'il me voit comme tel. Même si je sais très bien qu'il n'a pas tort il y avait tant de point ou j'aurai voulu le reprendre. Certes, je suis pessimiste mais non, je ne me plains pas. Lorsque l'on me pose une question, j'y réponds simplement et si la réalité est triste, je n'y peux pas grand-chose. Il me regarde, je crois qu'il a fini et attend une réponse, alors je lui réponds sur le deuxième point auquel il a eu faux : "Je ne te demande pas de rester, tu sais. J'ai conscience qu'un jour tu partiras rejoindre ceux que tu aimes, et que ce jour pourrait être demain. Je me suis même toujours demandée pourquoi tu m'avais suivi." Mon cœur me fait mal, je crois que je me mens à moi-même. Je sens qu'une partie de moi s'est attachée à lui, et que j'aurais souhaité plus que tout au monde qu'il reste à jamais à mes côtés, dans ce nouveau monde.

^°> Je ris, ce petite rire mi-nerveux mi-ironique. "Toujours garder la façade, hein ? C'est parfois bien plus simple que la sincérité. J'aimerai te préciser une chose. Je t'ai vu tiqué sur mes derniers mots. J'avais besoin d'être parasité, d'être renversé, de voir les choses différemment. Et au final, cette nouvelle vision sur les choses, je l'ai obtenu à ton contact, et jamais je ne l'oublierai."

*^> Je ferme longuement les yeux et soupire. Mes mains croisées entre elles se dirigèrent instinctivement sur mon cœur. J'attends que mon cerveau réagisse, qu'il se mette à l'insulter, à le frapper de nouveau. Mais rien. Je ne bouge pas, et repense seulement à la fois où j'ai été violente envers lui. Ne pas recommencer. Non. Je m'avance d'un pas, et je vais calmement et simplement dans ses bras. Une main dans son dos, l'autre sur sa nuque. Lorsque je ressens sa main se poser dans le bas de mon dos, je me met sur la pointe des pieds afin de poser mon visage dans son cou et profiter de son agréable odeur masculine...

*^> Il ne réagit pas vraiment, je le sentais perdu. J'ai envie de le serrer très fort contre moi, le garder comme cela durant des heures mais la seule impression qu'il me donne en cet instant était d'avoir le pouvoir d'empêcher ses connexions neuronales et ainsi, le désemparer de ses capacités de mouvement afin de le maintenir en otage. Les minutes passèrent, et je me sens de plus en plus mal, alors je fini par lui dire "J'ai faim, je vais me cueillir quelques cerises. Tu en veux ?" Je le lâche et m'éloigne de lui avant même d'avoir eu une réponse.

^°> Je m'effondre. Je ne sais pas pourquoi, ça aurait peut-être dû être l'inverse, mais c'est moi qui lâchais toutes ses forces à ce moment-là, pour atterrir au milieu des feuilles, des pétales et des branches. Je savais pertinemment qu'elle était déjà trop loin, et qu'elle s'en foutrait maintenant. Je ne fais pas ça pour l'apitoyer, je sais que c'est exactement ce qu'elle pense pourtant. C'est juste ma façon de m'abandonner, de retrouver le sens de mon existence, de voir si vraiment je vaux encore la peine de marcher sur cette planète. Je pleure en constatant ce que je suis actuellement, juste un être inutile, qui ne vaut pas mieux qu'une mouche, et qui a cru pouvoir devenir un objet différent au contact de cette fille qui ne vaut en fait pas bien plus que lui-même. Son monde est si stable dans son instabilité... Je ferme juste doucement mes yeux en pensant à tout le temps qu'il reste de ma vie pour en faire quelque chose de bon. Je me pose la question du choix, est-ce que mon attachement est un choix ou juste comme pour cette cerise, je prends ce fruit délicieux qui s'offre à moi ?

Je me lève et sprinte dans sa direction en m'abandonnant totalement à ce que mon corps voulait de moi à ce moment. Je la rattrape vite. Elle se retourne inquiète. J'arrive sur elle rapidement mais je m'arrête, aidé par son bras. Elle m'examine et voit mes larmes qu'elle juge avec mépris. Alors je m'essuie le visage rapidement avec le bras. De toutes ses forces, elle me met une claque qui me fait vaciller. Nous nous enlaçons avec force.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 2 versions.

Vous aimez lire Lucas Dalva ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0