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Le mariage. Ah ! Quel heureux évènement pour le peuple, l’union de deux contrées, de deux richesses, de deux cœurs. Au village, tout le monde ne parlait que de ça, et au château, le personnel travaillait sans relâche. Le gâteau aux multiples étages était sur le point d’être terminé et le buffet était prêt à entrer en salle. Méline, de nouveau dans la chambre de Célénia, trépignait de nervosité. La robe pendue sur le mannequin était d’une rare beauté. Finement tissée, d’un blanc pur, le corset était cousu avec une rare délicatesse. A la vue de cette œuvre d’art, Méline pâlit.

« Je n’en suis pas digne, Votre Altesse. »

Ce par quoi Célénia répondit :

« Sottises ! Tu seras divine, le prince Louis ne pourra résister. »

Alors, Méline se revêtit de la robe ainsi que du voile. Parée d’un nombre excessif de bijoux, elle brillait de mille feux.

A l’Eglise, toute la famille royale était présente. Le roi et la reine, au courant de la supercherie, ne pouvaient contenir leur sourire. Près de l’autel se tenait Louis de Cherbourg, le prince au charme puissant, à la magnificence et au charisme invétéré. Lorsque Méline s’avança, tous furent frappés par sa beauté légendaire. Dans l’allée, on chuchotait le nom de Célénia dans toutes les conversations, bien que personne ne sache la vérité. Caché un peu plus loin, Amaury observait la scène avec une tristesse absolue. Le prêtre prononça alors le début de la cérémonie, et les noces furent prononcées.

L’alliance au doigt, Méline se rendit au banquet. La cuisine était excellente mais le gâteau à la cannelle n’était à pas à son goût. La saveur était comme celle d’une imposture. Louis, ressentant son malaise, lui proposa de prendre l’air. Demande qu’elle accepta volontiers.

Sur le chemin, à son bras, Méline s’arrêta devant une fleur de lys blanche et murmura :

« Ô, pétales qui jadis eut été le symbole de ma famille, que ta douceur me manque. »

— Qu’as-tu dit ? » demanda le prince, étonné.

Mais Méline ne répondit pas. Alors, ils continuèrent leur marche. Plus loin, longeant la rivière, elle chuchota :

« Toi, eau qui est si pure, si fluide et si sage, m’as-tu guidé jusqu’ici ? »

— Qu’as-tu dis, cette-fois ? » répéta Louis, déconcerté. 

Méline garda le silence et poursuivit la promenade. Une fois encore, à la rencontre d’un pommier, elle souffla :

« Que tes branches sont belles ! A chaque pâtisserie que je crée, le goût de tes fruits l’embellit. »

— Cesse donc de marmonner ! Que disais-tu ? » dit le prince d'une voix lasse. 

Les joues rougies, elle répondit enfin :

« Je pensais à la princesse Méline. »

— Est-ce que tu la connais ? » lança-t-il avec stupéfaction. 

— Comment le pourrais-je ? Elle est enfermée dans une tour depuis des années ! »

Peu convaincu, Louis préféra ne rien rétorquer. Alors, les deux jeunes mariés retournèrent à l’église .

Lorsque le banquet se termina, Méline se sentait plus heureuse que jamais. Louis de Cherbourg, le prince pour qui sont cœur battait chaque jour durant, était à ses côtés, plus beau que jamais. Celui-ci, les yeux brillants d’amour, lui donna rendez-vous l’heure d’après pour terminer cette journée mémorable. Pétillante, Méline sortit de la salle et se rendit aux cuisines, sautant dans les bras d’Amaury.

« As-tu vu ce qu’il s’est passé ? » avait-elle lancé, chantante.

— Oui, tu as volé la place de la princesse Célénia, et tu t’es moquée de moi. » répondit tristement le cuisinier. 

Pourtant, Méline ne voyait pas les choses de la même façon.

« Mais non enfin ! Tout était prévu. Demain, tout reviendra à la normale. »

Amaury, déçu, lui tourna le dos et revint à ses tâches.

Trottinant dans les couloirs du château, Méline retrouva le prince dans la suite d’invités. Ils se prirent par la main, yeux dans les yeux, comme si leur amour n’avait jamais cessé.

« Dis, Célénia, quel était ta lettre préférée parmi celle que je t’ai envoyé ? »

— Les lettres ? Oh ! Un instant. » rétorqua-t-elle, confuse. 

Puis elle s’échappa dans l’autre chambre pour avoir la réponse auprès de la véritable Célénia.

« La toute première. » répondit celle-ci.

Méline s’empressa de le répéter au prince Louis.

« Vraiment ? » Il sembla ravi. « C’est également celle que je chéris le plus. Te rappelles-tu ce poème que je t’ai écrit ? »

Gênée, Méline dit :

« Le poème, bien sûr ! Je reviens. »

Et elle retourna de nouveau auprès de Célénia, qui lui chuchota la réponse :

« Je rêve chaque nuit de votre visage qui m’est inconnu

Ô princesse, si seulement attendre n’était pas si ardu !

L’amour n’a point d’yeux

Il n’est l’œuvre que de Dieu. »

Sous le charme, Méline retourna voir le prince pour lui répéter ces mots.

« Je suis étonné que tu t’en souviennes ! Qu’en est-il de la dernière lettre ? L’as-tu reçu ? Tu n’as rien répondu. »

Embarrassé, elle devint écarlate.

« Vraiment ? Quelle sotte je fais. Je serais de retour dans un instant. »

— Cesse donc de me tromper ! Tu n’es pas la vraie princesse, qui es-tu ? » l'interpella Louis avant qu'elle ne s'échappe de nouveau. 

Alors, elle fut forcée d'avouer la vérité.

« C’est vrai, je ne suis pas Célénia. Mon nom est Méline de Belaine, et l’amour que je vous ai porté m’a coûté sept ans dans une tour. Me pardonnerez-vous ? »

Derrière la porte, Amaury qui s’était approché pour vérifier que celle dont il était amoureux était redevenue elle-même, lâcha une larme, le cœur brisé.

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