Chapitre 22

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Il est tombé amoureux de moi. Ashton ne le laissera jamais tranquille. Il est tombé amoureux de moi. Ashton veut le tuer. Il est tombé amoureux de moi ...

Ces paroles résonnes dans ma tête depuis que je les ai entendus discuter dans le couloir hier. J'étais trop curieuse pour leur révéler ma présence alors je me suis cachée dans un coin et j'ai écouté. Je n'aurais pas dû. Simplement parce que je suis encore plus perdue qu'avant. Je croyais avoir pris la bonne décision en me séparant de lui, mais lorsque je l'ai entendu dire qu'il était tombé amoureux de moi, mon cœur à manqué un battement. Je n'aurais jamais cru qu'une chose pareille pouvait arriver. Il m'avait bien dit un jour qu'il n'était pas réfractaire à l'amour mais je n'aurais jamais imaginer qu'un tel spécimen puisse tomber amoureux de moi. Moi la grosse dégueulasse qui peu à peine croiser son reflex dans le miroir et dont le corps flasque me dégoûte. Qu'est-ce qu'il peut me trouver au point de tomber amoureux de moi ? Et qu'est-ce que je dois faire maintenant que je possède cette information ?

-Romy dort ?

-Quoi ? Oui je l'ai mise à la sieste il y a une petite demi heure.

-Elle se remet bien de son séjour à l'hôpital ?

-Oui ça va. Elle était contente de rentrer mais elle a un peu de mal à remanger. Je dois lui faire des soupes parce qu'elle ne veut rien avaler de solide. Je vais y aller petit à petit avec les morceaux parce que j'ai l'impression que cette crise l'a vraiment traumatisé.

-Toi aussi on dirait.

-Concentrons nous sur Romy, elle seule compte.

-C'est la où tu te trompes Cha. Elle a besoin d'une maman en pleine forme et surtout sereine et heureuse. Il ne faudrait pas qu'elle ressente ton anxiété. Ça serait néfaste pour sa guérison.

Knox commence à sérieusement me gonfler avec ses petites leçons de morale.

-Ecoute, je sais que tu t'inquiète pour moi mais je vais bien et le plus important pour moi c'est que Romy aussi. Excuse moi mais je dois travailler un peu. J'ai pris du retard avec tout ce drame et Ashton m'a envoyé quelques mails à traiter avant lundi alors je vais en profiter tant que Romy dort.

Je sors du salon en passant juste à côté de lui et Knox me retient immédiatement par le bras.

-Je dois t'avouer quelque chose : j'ai entendu leur conversation aussi. Si tu veux en parler, je suis là, princesse.

-De quoi est-ce que tu parles ?

-Quand Ashton et Julian sont partis pour discuter, tu es sortie au moment ou Ash tirait ton mec par le bras, tu les as suivis et moi je t'ai suivis. J'ai tout entendu, exactement comme toi.

-Donc tu m'espionnais en train de les espionner ?

-C'est ça. James Bond n'a qu'à bien se tenir, les Moreau sont dans la place.

Son clin d'œil et ses pouces et index qui miment un pistolet on raison de ma contrariété et je souris de toutes mes dents. Je ne sais pas faire la tête à mes frères. Malgré toutes les fois où il ont pu m'énerver ou me rendre chèvre je suis incapable de leur en vouloir longtemps. Je suis comme ça, j'ai tellement peur de les perdre que je pourrais accepter n'importe quoi venant d'eux.

-T'es bête.

-Je sais, tu me le dis tout le temps. Donc j'ai entendu la conversation ...

-Grand bien te fasse. Tu as une très bonne audition, félicitation.

-Tu veux qu'on en parle ?

-Pour t'entendre me dire que j'ai fais une connerie et que je dois y mettre fin immédiatement ? Si tu as vraiment entendu toute la conversation rappel toi que Julian à dit que c'était finit. Je vous ai écouté. Nous ne nous verrons plus en dehors du travail. Tu es content ? J'imagine que tu as fait un résumé à TIC et TAC comme ça toute la famille est au courant de mon nouvel échec. Un de plus un moins tu me diras... Mais tu vois, je ne regrette pas d'avoir mis fin à tout ça. En entendant la réaction d'Ashton, j'ai compris ce que vous vouliez dire. Il nous ferait vivre un enfer et à vous aussi. Je ne peux pas être aussi égoïste. Je dois me concentrer sur le bonheur de ma famille. C'est le plus important pour moi. Si c'est pour vous rendre heureux alors j'ai pris la meilleure décision possible. Fin de l'histoire.

-Nous sommes des connards égoïstes et surprotecteurs.

-Ce n'ai pas moi qui l'ai dis.

-Je suis désolé pour tout ça.

-Tu n'as pas à l'être. Ce n'est pas de ta faute si je me mets toujours dans des situations qui vous poussent à intervenir.

-"Le cœur à ses raisons que la raison ignore" ...

Je pose le dos de ma main sur son front et prend son poignet dans mon autre main avant de lui rétorquer inquiète.

-Tu veux un Doliprane ? T'es malade ? Je te trouves bien romantique pour un vendredi après midi.

-T'es nulle.

-Je n'ai jamais prétendu le contraire.

-Bon viens t'asseoir cinq minutes avec moi. Je voudrais qu'on parle sérieusement.

-Là je vais vraiment finir par faire intervenir les pompiers, tu me fais peur.

-Arrête de te servir de tes blagues pourris pour essayer de t'échapper. C'est mon truc ça .

-Oh ... tu pourrais me le prêter, je suis ta sœur préférée après tout.

-C'est pas difficile, t'es ma seule sœur banane. Bon aller ça suffit l'humour maintenant. J'ai entendu ce mec dire qu'il était amoureux de toi ! J'ai aussi entendu ton connard de frère dire que c'était impossible et je te jure que j'ai faillis me jeter sur lui pour lui faire la peau ! Comment a-t-il pu dire une chose pareille ? Et puis Iron Man t'a défendu et j'ai trouvé ça cool de sa part. Finalement il est un peu remonté dans mon estime.

-Aussi facilement que ça ?

-Quiconque est capable de défendre ma sœur peut avoir une partie de ma considération.

-N'importe quoi ! Arrête ton char Ben Hur ça ne marche pas avec moi. Je vous connais par cœur ne l'oubli pas ! Je sais que lorsque vous avez quelqu'un dans le nez c'est pas si facile pour que vous changiez d'avis. Vous êtes comme ça les garçons. Mais je t'ai dis que ce n'étais pas grave. Je suis prête à tout pour que vous ne me parliez plus jamais comme vous l'avez fait la dernière fois.

-Tu te trompes je t'assure. Alors comprend moi bien je ne vais pas te dire qu'il sera mon meilleur pote d'ici demain mais je dois avouer que j'ai apprécié qu'il tienne tête à Ashton comme il l'a fait.

-Super. Tu n'auras qu'à lui envoyer un bouquet de fleurs pour le remercier.

-Ou tu pourrais t'en charger toi !

-Je ne crois pas que ce soit une si bonne idée. Je viens juste de lui dire que je ne voulais plus être avec lui pour vous protéger alors je me vois mal aller le voir comme une fleur et lui dire « coucou, j'ai entendu la conversation où tu avouais à Ash que tu étais amoureux de moi, je voulais te remercier aussi d'avoir empêcher de balancer une saloperie sur moi...! Tiens des fleurs pour de remercier ! Bon ba salut ! ». Ça serait ridicule. Tu ne crois pas ?

-Tu lui as vraiment dis que c'était pour nous protéger ?

-Pourquoi mentir ? Je ne l'ai pas fait pour moi mais pour vous...

Knox se lève et marmonne des gros mots presque inaudibles en creusant une tranchée dans le salon. Je ne sais pas à quoi il réfléchit mais il a l'air vraiment contrarié.

-Tu m'expliques ce qu'il se passe ?

-Non. Pas encore. Il faut que je réfléchisse.

-Ok. Ça va prendre longtemps ?

-J'en sais rien...

Son petit manège dure encore au moins 10 minutes avant qu'il ne s'arrête net.

-Tu dois te remettre avec lui.

-Pardon ?

Il vient se rasseoir à côté de moi et prend mes mains au creux des siennes.

-Tu dois te remettre avec lui. Tu ne peux pas te sacrifier pour nous. C'est injuste et totalement dégueulasse que tu fasses ça. Attention, comprend moi bien, je ne l'aime pas et je suis contre le fait de te voir avec lui mais je ne veux pas non plus que ma sœur soit malheureuse juste parce que nous avons décidé pour elle d'avec qui elle doit être ou non. Je ne suis pas comme Ashton et je ne veux jamais le devenir. Je serais prêt à tout pour vous protéger toi et Romy, mais il est hors de question que ce soit au détriment de ton bonheur. Alors tu dois te remettre avec lui.

-Pourquoi tu ne l'aimes pas ?

-Cha tu as entendu ce que je viens de te dire ?

-Oui. Je ne suis pas sourde. Tu viens de me dire que tu ne l'aimais pas. Mais pourquoi tu ne l'aimes pas ? Tu ne le connais pas. Tu ne t'es jamais intéressé à lui. tu n'as même jamais discuté avec lui alors comment tu peux dire que tu ne l'aimes pas.

-Charlie ce n'est pas le propos.

-Si au contraire et je voudrais que tu me répondes s'il te plaît.

-Ok. Je ne l'aime pas parce qu'il t'a fait pleuré. L'autre jour quand nous sommes rentré du sport Jay et moi, tu étais entrain de pleurer. Ne me dis pas le contraire, j'ai vu tes yeux gonflés et rougis par les larmes. Et tu avais ce pot de glace aux chocolat réservé aux gros bobos.

-Tu sais pourquoi je pleurais ? Parce que je venais de dire à Julian que je ne pouvais pas être avec lui, que je privilégiais le bonheur de ma famille plutôt que mon bonheur personnel. Et j'ai eu le cœur brisé. Tout ça parce que vous veniez de me faire une scène pour ne pas que je sois avec lui. Juste parce qu'Ashton allait péter un câble s'il l'apprenait. Et tu sais quoi ? Ashton à effectivement péter les plombs. Tu as entendus la conversation comme moi. Tu sais comme il a réagit. J'ai donc pris la bonne décision. Et maintenant tu me dis que je dois me remettre avec lui pour être heureuse ? Tu sais quoi ? Va te faire foutre. Allez tous vous faire foutre.

Je suis en larmes. Les mots ont du mal à sortir et ils me brûlent la gorges mais je dois les sortir pour ne plus avoir ce poids sur le cœur. Knox ne comprend pas et semble choqué par ma réaction.

-Tu penses sincèrement que vous avez le droit de tout décider pour moi ? Est-ce qu'à un moment donné je vais avoir le droit de choisir ou je vais éternellement vous demander la permission ? Tu sais quoi ... je commence à en avoir marre. Quand c'était juste Ashton, je pouvais encaisser. Après tout, c'est lui qui nous a élevé. Mais maintenant vous pensez que vous avez aussi voix au chapitre sur ma vie ? Je ne crois pas non. J'en ai assez de chercher toujours à vous satisfaire coûte que coûte. Je vais commencer par enfin ne vivre que pour moi. Finalement tu sais quoi ? Tu as quand même raison, je vais essayer de rattraper le coup avec Julian. Mais ne te fais pas d'illusion ça n'aura rien à voir avec ta bénédiction.

Je me sauve dans ma chambre en claquant la porte. Heureusement que ma fille à un sommeil de plomb, je ne risque pas de la réveiller comme ça. Je ne suis pas vraiment en état de m'occuper d'elle et je n'ai absolument pas envie de devoir demander à Knox qu'il l'a gère. J'ai tellement mal au cœur. Et en plus je viens de me disputer avec mon cher petit frère adoré. Je suis vraiment une garce. Il pensait bien faire et moi je lui ai jeté toute ma rancœur au visage. Je suis trop égoïste. Mais ce qui ai certain c'est que je vais tout faire pour récupérer Julian, pour avoir une chance de retrouver une part de bonheur. Et si mes frères m'aiment vraiment alors ils seront simplement heureux pour moi. Après tout c'est ça la famille ... non ?

*****

J'ai réfléchis tout le weekend et malgré des heures à y penser je ne sais toujours pas comment je vais faire pour le récupérer. En arrivant au bureau je suis toute tremblante, je sais que je vais le croiser ce matin mais qu'est-ce que je vais bien pouvoir lui dire ? Est-ce que je dois y aller franco ou au contraire en douceur ? Est-ce que je dois lui présenter mes excuses ou directement lui sauter dessus ? Et Ashton ? Qu'est-ce que je vais bien pouvoir lui dire à lui ? Il va surement vouloir me parler, il m'a harcelé de coup de fil ce weekend. Andrew m'a même envoyé un SMS pour me dire qu'il était à la maison et qu'il m'attendait. Comme je ne voulais voir aucun de mes frères, je suis partie m'exiler chez Emma pour deux jours prétextant que Romy et elle voulaient passer un peu de temps ensemble après l'hospitalisation. Emma n'avait pas pu se libérer beaucoup pour lui rendre visite et je ne mentais pas en affirmant que sa marraine voulait la chouchouter pendant ses deux jours. Ça m'avait permis aussi de tout lui raconter. En partant de l'appartement vendredi soir, bagages et enfant sous le bras, je n'avais pas recroisé Knox. J'entendais seulement la musique trop forte à travers les murs de sa chambre, signe qu'on ne devait pas le déranger. J'avais donc laisser un mot sur la table à manger pour avertir de notre absence. Quand les jumeaux avaient essayé de m'appeler, je m'étais contentée de leur envoyer un texto groupé pour leur dire que je voulais prendre un peu de recule et que j'avais besoin d'air. Ils avaient bien compris le message puisqu'ils m'avaient laissé respirer sans me prendre la tête. Celui qui m'inquiétait le plus, c'était mon petit frère avec qui j'avais eu une terrible dispute. Je devais m'excuser auprès de lui mais je ne l'avais pas croiser non plus en revenant dimanche soir et il était hors de question pour moi de le harceler. Après tout je n'étais pas en tort à cent pour cent. Mais il va quand même falloir que je règle la situation avec Knox et le plus vite possible. Nous ne pouvons pas rester en froid comme ça, il est trop important pour moi pour que je laisse une telle situation s'éterniser.

Nadine m'attend sagement assise à son poste. Un thé fumant est posé devant mon ordinateur accompagné d'un petit muffin qui semble être au chocolat. Elle sait bien que ce sont mes préférés.

-Bonjour jeune demoiselle, tu vas bien ? Non ne me répond pas, tes cernes parlent à ta place. Pour te la faire courte, Ashton est parti pour la journée. Julian s'est enfermé dans son bureau et nous ne devons le déranger sous aucun prétexte. Il s'est abstenu de me donner la raison.

-Merde. Tout est de ma faute. Nadine, qu'est-ce qu'il m'a pris de mélanger travail et passion ? Julian va probablement passer son temps à me fuir et Ashton m'en veut à mort. Je te jure des fois je me mettrais des claques pour m'apprendre à réfléchir correctement. Ils faut que j'arrange le coup, au moins entre eux.

-Ecoute ma belle, ils se sont déchirés vendredi, si fort que j'ai bien cru qu'ils en viendraient aux mains et puis à un moment le ton est redescendu et je crois qu'ils ont pu avoir une discussion un peu plus sereine. Ne va pas rajouter de l'huile sur le feu en te mêlant de leur dispute.

-Même si elle me concerne directement ?

-Hum Hum. Je pense que tu devrais les laisser régler ça. Je vais t'avouer un secret : ces deux hommes sont de vrais contradictions ambulantes. Ils se disputent, ils se déchirent même parfois pour prouver que c'est eux qui ont la plus grosse. Mais une fois que la tornade est passé, ils finissent toujours par ce réconcilier. Laisse leur digérer la chose et tout reviendra à la normal.

Ce qui impliquerait que je laisse la situation dans l'état. Mais il est hors de question que je renonce à Julian, même pour préserver sa relation avec Ashton. Vous me trouvez égoïste est c'est probablement le cas. Mais je ne peux pas laisser passer cette chance. Après tout je n'ai jamais demandé à Ashton de rompre avec Maya juste parce que je ne l'a supportait pas ...

-Je dois aller lui parler.

-Je t'ai dis qu'il était partie pour la journée.

-Je ne parlais pas de mon frère.

-Soit prudente, les bobos du cœur sont les plus dures à guérir.

-Alors je dois souffrir de remords plutôt que de regrets ?

-Le mieux serait de ne pas souffrir du tout.

Je ne répond même pas. Il est trop tard pour moi de toute façon.

Arrivé devant sa porte j'hésite quelques instants avant de frapper. Et puis non, je rentre directement, si je frappe je lui laisse une chance de me refouler avant même que j'ai d'avoir pu apercevoir son visage. C'est à moi de prendre le taureau par les cornes.

-Julian, je sais que tu ne voulais pas que je te dérange mais je dois absolument te parler.

-Ce n'est pas le moment Charlie. J'ai beaucoup de travail et je dois me concentrer.

-Ne me fuis pas s'il te plaît.

-Je ne te fuis pas, j'essaye juste d'avancer et tu devrais faire de même.

-Alors quoi ? On va laisser les choses comme elles se sont terminés à l'hôpital ? Tu ne veux vraiment pas entendre ce que j'ai à te dire ? Je suis désolée de la façon dont je t'ai parlé lorsqu'on était au café de Maryse. Je me suis emportée et je n'aurais pas du. Mais entre l'inquiétude pour Romy et mon chagrin d'amour je n'étais pas capable de raisonner correctement. Alors s'il te plaît, laisse moi une chance de te parler et de te dire ce que j'ai au fond du cœur.

Julian se lève et se dirige vers moi. Ses yeux ne quittent pas les miens, mais il reste absolument silencieux. La tristesse vient s'emparer un peu plus de mon cœur.

-Tu ne veux même pas avoir des nouvelles de Romy ?

-Ashton m'en a déjà donné. Je suis content et soulagé qu'elle se remette de cette mésaventure. Maintenant j'aimerais que tu retournes travailler. J'ai besoin de calme et de silence, s'il te plaît Charlie, ne complique pas tout plus que ça ne l'ai déjà.

Il m'ouvre la porte, signe que je ne dois pas m'éterniser. Je sort de son bureau, tête baisser. Ok j'ai compris, il est trop tôt pour une conversation en tête à tête. Il faut que je trouve une solution pour lui faire passer mon message. Une solution qui n'implique pas de contact entre lui et moi.

Je n'avais pas écris de lettre depuis des lustres. Quand papa et maman sont partis de la maison, j'ai commencé à leur en écrire pour leur avouer mes peines et mes peurs. Je leur en adressais une par jour, sur certaines je leur exprimais toute ma rage de nous avoir laissé tombés et d'autres ou je leur suppliais de revenir avec nous pour que nous formions une famille à nouveau. Je ne les ai jamais envoyés. Celle de Julian m'a pris un temps fou lundi soir. Les mots se bousculaient dans ma tête mais je n'arrivais pas à coucher quelque chose de correct. Et puis j'ai pris une bonne inspiration, et je me suis laissé allé à mes émotions.

« Julian,
je ne sais pas pourquoi je t'écris cette lettre. C'est d'ailleurs un peu ridicule de ma part. J'ai l'impression d'être au collège et d'envoyer une missive à mon amoureux. Mais je prend le risque de passer pour une ado attardée, étant donné que tu n'accepte pas de discuter avec moi. Alors comme tu ne me laisse rien te dire, j'ai décidé de te l'écrire. Mon cerveau a retourné la situation en long en large et en travers et je suis parvenue à la même conclusion à chaque fois. Je n'arriverais jamais à contenter tout le monde. Quand je veux que mes frères soient heureux, alors je dois me priver de mon propre bonheur. Il est temps que je soit heureuse pour moi et uniquement pour moi. Je n'aurais pas du leur donner autant de pouvoir sur ma vie amoureuse, je le regrette aujourd'hui et j'espère qu'il n'est pas trop tard. Mais George ELIOT à dit "Il n'est jamais trop tard pour devenir ce que nous aurions pu être". Je ne sais pas qui est ce monsieur ELIOT, mais je le remercie de me donner la force par ses mots de t'avouer que j'aimerais retirer tout ce que je j'ai pu déclarer l'autre soir à ton hôtel. Laisse moi la chance de te le dire en face.
Sur ce, tu sais ou me trouver, je suis la petite blonde un peu bizarre assise en tailleur sur sa chaise, avec un crayon dans la bouche et l'air de toujours rêvasser.
Tendrement,
Charlie. »

J'ai déposé la lettre sur son bureau mardi matin. Nous sommes mercredi soir et je n'ai toujours pas de réponses. Deux jours c'est suffisant pour lire une lettre non ? Surtout que je ne lui ai pas écris un roman de six cent pages. Après une heure au téléphone avec Emma, qui s'est transformée en Docteur Love rien que pour moi, nous en sommes arrivées à la conclusion que je devais lui envoyer un texto. C'étais ma dernière chance d'entamer une conversation avec lui. J'étais passé en direct en face à face, par le poète romantique avec ma lettre, maintenant je devais essayer le digital pour parvenir à le reconquérir. Plus pathétique tu meurs mais il était hors de question que j'abandonne. Je ne demandais rien de plus qu'une discussion après tout. Maintenant le plus dure étais de trouver un message pas trop pitoyable ni trop rentre dedans.

Parlons toi et moi.
J'ai des choses à te dire.

Effacer. Non trop direct.

S'il te plaît, tu voudrais bien
qu'on discute toi et moi ?

Effacer. Et puis quoi encore, j'ai pas cinq ans !

Je suis passée devant le restaurant
ou tu m'as emmener la première fois.
J'aimerais revenir à ce moment ou
tout ne faisait que commencer ...

J'efface à nouveau. Je ne peux pas lui envoyer un truc aussi tarte. Finalement l'idée du texto n'est pas forcément la meilleure de la terre. Je pourrais peut être juste lui envoyer un cœur ? C'est simple court et efficace. Oui ça serait parfait ... si j'avais 15 ans!

Je serais prête a tout
pour que tu me pardonnes.
S'il te plaît reprends moi ...

Effacer. N'importe quoi. La féministe qui est en moi vient de m'asséner une gifle monumentale. Le récupérer oui mais pas au détriment de mon amour propre, hors de question. Je ne risque certainement pas de tomber si bas. Non mais Charlie, ressaisie toi bon sang. C'est pas si compliquer d'envoyer un message. Aller, un peu de courage ma vieille.

Tu me manques ...

Message envoyé. Merde. Qu'est-ce que j'ai fait?

*****

-Charlie ? Tu es disponible ?

-Bien ... bien sûr. Tout de suite ?

-Quand tu auras cinq minutes, rien ne presse.

-OK. C'est pour une bonne ou une mauvaise nouvelle ?

-J'ai simplement besoin de te parler, c'est tout.

-D'accord, laisse moi juste terminer ce mail et je suis à toi. Enfin, je viendrais dans ton bureau ... pour discuter de ce dont tu veux qu'on parle toi et moi ... puisque tu veux me parler ...

-Parfait.

-Sinon, vu l'heure, vous pourriez peut être aller déjeuner tous les deux ?

L'intervention de Nadine est vraiment bienvenue. Effectivement, en regardant ma montre je remarque qu'il est presque l'heure de la pause déj. Ça serait l'idéal pour que l'on discute tous les deux. Et puis mon ventre gargouille depuis un petit moment déjà, il vaut mieux parler quand je serais rassasier, sinon je peux devenir agressive quand j'ai faim. Quoi ? Pas vous ?

-Déjeuner ? Oui ça me paraît être une excellente idée. Julian ?

-Euh. Oui. Je n'avais pas prévu ça mais pourquoi pas. Mon prochain rendez-vous est à quelle heure Nadine ?

-Treize heure trente. Maître PERROT a téléphoné ce matin pour prendre un rendez-vous. Elle à de nouveaux éléments à vous montrer.

-Maître PERROT ? Pourquoi n'a-t-elle pas pris rendez-vous avec Ashton, c'est lui son interlocuteur principale d'habitude.

-Je ne sais pas. Mais elle m'a bien précisée que c'est avec vous qu'elle voulait s'entretenir.

-Étrange ... Peu importe. Charlie, dans dix minutes c'est bon pour toi ? Je ne voudrais pas être en retard, ce rendez-vous est très certainement important pour la suite.

-Oui oui, j'aurais terminé. Je n'en ai plus pour longtemps de toute façon.

Julian Retourne dans son bureau et je reste à fixer la porte fermée, bouche ouverte. Il veut me parler. Après tous les efforts que je fais depuis quelques jours pour lui faire comprendre que je voudrais qu'on se retrouve il s'est enfin décidé à me parler. La pression monte et je commence à avoir les mains moites ... Mon dieu, que veut-il me dire ? Pitié, pitié, pitié !! Faites que ce soit pour qu'on reparte à zéro lui et moi ...

-Si j'étais toi, je commencerais par fermer la bouche et je me dépêcherais de finir ce que j'ai à faire.

-De quoi ? Ah oui. Je vais terminer tout de suite.

Mes doigts courts sur le clavier et j'envois le mail sans même le relire, tant pis pour les fautes. En rangeant mes affaires pour me préparer à rejoindre Julian, une partie de la conversation entre lui et Nadine me revient en mémoire.

-Au fait. C'est qui maître PERROT. Je n'ai jamais entendu parler d'elle.

-C'est la nouvelle avocate de la partie adverse dans l'affaire SINNER. Je pense qu'ils commencent à comprendre que notre dossier est en béton alors ils ont demander du renfort. Elle vient de Marseille je crois. Tu ne l'as jamais croisée au bureau ? Elle est pourtant venue voir ton frère l'autre jour. A mais non je suis bête, c'était vendredi dernier, tu étais chez toi avec la petite princesse après votre sortie de l'hôpital.

-Elle ressemble à quoi ?

Nadine ne me répond pas tout de suite et baisse les yeux sur son clavier.

-C'est une bombe c'est ça ?

-Disons qu'elle est agréable à regarder.

Et merde.

-Charlie, on peut y aller ?

-Je suis toute à toi. Non, c'est pas ce que je voulais dire. J'ai terminé, on peut y aller. A plus tard Nadine.

Pourquoi faut-il toujours que ma bouche parle avant mon cerveau ? C'est dingue ça ... Je dois me contrôler un minimum si je ne veux pas encore me ridiculiser. De cette discussion découle mon avenir, soit je reviens au bureau malheureuse comme les pierres soit au contraire je vis un des plus de beaux moments de ma vie amoureuse. Je dois rester silencieuse, après tout c'est Julian qui avait quelque chose à me dire donc c'est à lui d'entamer la conversation. Et puis j'ai suffisamment fait de pas vers lui pour que ce soit à Julian de faire le dernier.

-Tu veux manger quelque part en particulier ?

-Je n'ai pas d'envie précise, tant que je suis avec toi...

Je ne viens pas juste de dire qu'il fallait que je pense plus et parle moins ?

-Tout me va. Tu n'as qu'a choisir toi.

Voila, c'était ça la bonne réponse, plutôt que ce truc complètement cucul.

-OK, suis moi, je connais un petit bistro très agréable qui est très rapide niveau service.

Ouille, très rapide au service. Ça ne s'annonce pas bon signe tout ça. J'ai compris, il veut expédier la chose. Il va me rembarrer et pour éviter que ça ne soit trop long, il choisit un restau ou il est sûr qu'on ne va pas passer des heures à table, comme ça plus vite on a mangé, plus vite il m'a jeté et plus vite il peut passer à autre chose.

-Tu marmonnes encore, et en plus de ça tu fais de drôles de grimaces. Arrête de réfléchir aussi fort tu vas finir par te déclencher une migraine.

-Excuse moi mais j'ai pleins de choses en tête et j'avoue que mes pensées se mélangent. Je crois que mon cœur est sur le point d'exploser aussi.

-C'est à cause de moi ?

-Non, c'est à cause du prince charmant. Je lui ai envoyé un texto hier soir et il ne m'a toujours pas répondu.

Nous continuons à marcher côte à côte en silence. Mais c'est trop pesant, je ne le supporte plus. J'attrape Julian par la manche et le force à s'arrêter.

-STOP. Dis moi ce que tu as à me dire maintenant.

-Charlie nous sommes bientôt arrivé.

-Je m'en moque. Dis moi tout de suite ce que tu as à me dire. Ça fait des jours que ça dure. Je suis venue te voir dans ton bureau, je t'ai écris une lettre, je t'ai même envoyé un message comme une harceleuse pré-pubère. Je ne me reconnais pas. Ce n'est pas moi tu comprends ? Je n'ai jamais fait ce genre de chose. Alors je t'en supplie, met fin à mon calvaire maintenant. Dis moi que c'est bel et bien terminé entre nous. Dis moi que la conversation avec Ashton t'a fait comprendre que nous n'avions pas d'avenir. Dis moi que tu t'es rendu compte que je te ne plaisais pas et que tu me trouvais moche et grosse et ... moche. Dis moi que je ne suis pas assez bien pour toi. Que tu ne m'as fait l'amour que parce que je te faisais pitié. Dis moi que je ne suis qu'une fille insignifiante et que tout ce qu'on a vécu n'était qu'une erreur. Dis moi que tu me trouves dégueulasse et que je te dégouttes et ...

Mes larmes coulent, mon cœur explose. Je ne sais pas si je finirais cette conversation sur ce bout de trottoir ou aux urgences tellement ma tête tourne dans tous les sens.

-Dis moi ce que tu penses vraiment Julian. Je ne peux plus continuer à vivre dans cette incertitude ... Achève moi je t'en supplie ...

-Je t'aime.

Mon cœur s'arrête. Un milliard d'émotions traverse mon cerveau et mes poumons ne semblent plus se souvenir comment respirer.

-Qu ... quoi ?

Nous sommes au milieu de la rue, mais rien ni personnes ne pourrait perturber ce moment. Est-ce que j'ai bien entendu ? Julian se frotte les cheveux et le visage avec tellement de force que j'ai peur qu'il finisse par s'arracher un bout de peau.

-Bordel ! Merde ! Charlie je ... Damn it ! Je ne voulais certainement pas te le dire comme ça en pleine rue. Tu ... tu ne mérites pas qu'on te le dire en pleine rue ...

-Tu m'aimes ?

-C'est si surprenant que ça ?

-Comment tu pourrais m'aimer ?

-Comment ? Je n'en sais foutrement rien. Mais oui je t'aime, toi, tes débordements d'émotions, tes incertitudes, tes crises de folies ... Je suis fou de toi.

Dans un mouvement aussi rapide que gracieux, Julian vient me plaquer contre son corps et me serre de toute ses forces contre son cœur.

-Charlie, je t'aime. Je le sais depuis longtemps mais je n'ai pas eu le courage de te l'avouer avant. Et tu m'as quitté pour cette raison absurde et moi je t'ai laissé faire parce que je ne savais pas comment réagir à ce moment là. Mais j'aurais du te rattraper, t'empêcher de mettre fin à notre histoire. Puis Romy est tombé malade. Quand Ashton m'en a parlé, j'ai immédiatement eu l'envie d'être près de toi. C'est pour ça que j'ai insister auprès de lui pour l'accompagner à l'hôpital. Je voulais être l'épaule sur laquelle tu te reposerais, je voulais être là pour te consoler et être l'homme qui t'aide à supporter cette épreuve. Charlie, plus jamais je ne veux avoir le cœur serré comme lorsque je t'ai vu avec Valentin.

-Valentin ? Qu'est-ce qu'il vient faire là ?

-Je n'ai pas supporter de te voir dans ses bras. L'autre jour à l'hôpital, quand tes frères et moi sommes arrivés dans le couloir, Valentin te serrait dans ses bras pour te consoler. J'ai cru devenir fou. Je savais parfaitement que c'était irrationnel de ma part parce que tu venais de vivre un moment terrible mais je te jure que ce jour la j'ai compris que je voulais être le seul homme à avoir le droit de te réconforter dans les mauvais moments et le seul à avoir le droit de partager les bons. Puis Ashton est venu me mettre en garde, et j'ai cru que se serait mieux de l'écouter, qu'il avait sans doute raison et que je ne pourrais jamais me mettre entre ton frère et toi. C'est pour ça que je t'ai renvoyé de mon bureau l'autre jour et que je n'ai rien répondu à ta lettre. Elle m'a pourtant retourné le cœur. Mais j'ai tenu bon. Je me suis dis que tu finirais par te lasser et que je pourrais te regarder t'épanouir. Mais je me suis rendu compte que je ne pourrais jamais me contenter de te regarder faire ta vie loin de moi.

Il m'écarte doucement de lui, comme si j'étais la chose la plus fragile qu'il n'ai jamais tenue dans ses bras.

-Maintenant c'est à moi de te supplier ... Alors je t'en supplie Charlie, ne me laisse pas dans cet état. Met fin à mon calvaire et...

Je le coupe immédiatement. Je n'ai pas besoin qu'il me supplie. J'ai entendu tout ce que je voulais entendre de sa bouche et même plus encore.

-Je t'aime aussi. Je ne suis pas en mesure de te dire ni pourquoi ni à quel point. Mais je t'aime Julian. Comment je pourrais faire autrement ? Tu es ma perfection ...

Dans un élan d'amour, nos bouches se scellent, nos corps se serrent et nos cœurs se percutent. L'intensité de notre baiser dépasse de loin tous les précédents. Pas tant par sa passion, mais plutôt par la puissance du moment que nous venons de vivre. Plus rien n'existe autour de nous, seuls trois mots résonnes au creux de nos âmes : "Je t'aime".

Nous rentrons au bureau main dans la main. Pour ma part j'ai le ventre vide mais le cœur remplis de bonheur. J'ai l'air d'une bécasse amoureuse je le sais. Mais je m'en moque. Si être heureuse de tenir la main de l'homme que j'aime fais de moi une niaise sortie d'un roman à l'eau de rose alors soit. Arrivés au bureau, nous n'avons clairement pas envie de nous séparer, mais c'est notre lieu de travail et nous sommes suffisamment professionnels pour marquer la différence entre le travail et le plaisir. Enfin pour cette fois-ci du moins. Nadine n'est pas à son bureau, elle a du sortir elle aussi pour déjeuner.

-Charlie. Toi et moi dans mon bureau. IMMÉDIATEMENT.

Nous nous tournons tous les deux dans la même direction. Ashton nous observe rouge de colère. Ses yeux lancent des éclairs et ils ne me lâchent pas. Il n'est pas question pour moi de me défiler. Je dois assumer mes choix et Ashton n'a pas son mots à dire. Maintenant je n'ai plus qu'à le convaincre que tout va bien se passer. Souhaitez moi bonne chance, j'ai rendez vous avec Lucifer ...

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