Chapitre 13

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Dix jours après notre retour des États-Unis, les choses ont un peu changés au bureau. Vous allez trouver ça dingue mais depuis quelques temps, j'ai vraiment plaisir à venir travailler. Et ce n'est pas uniquement grâce à mon très beau mais très intouchable perfect boy. J'aime ce que je fais, trier, ranger, classer des dossier, taper des rapports ...Pour certains ça pourrait être chiant à mourir mais moi je m'éclate. Ma relation avec mon frère s'en est vu améliorée aussi. Il me dispute moins et tolère même mes légers retards. Je le soupçonne toute fois d'essayer de se contenir lorsque ma langue dérape et que ma verve ne lui convient pas. J'imagine qu'il ne veut pas faire trop de vagues devant nos collaborateurs. Typique de lui, il a horreur de laver son linge salle en public. Je ne doute pas qu'un jour ou l'autre il finisse par me faire une jolie petite leçon de morale lorsqu'on se retrouvera tous les deux. Mais passons, je ne vais certainement pas me plaindre. J'ai la paix au travail, Romy occupe toutes mes fins de journée d'une façon adorable, et Julian lui, occupe toutes mes nuits d'une façon érotique. Je suis sacrément dans la merde. Je fantasme tous les soirs sur cet homme. ll faut dire qu'il est particulièrement excitant comme mec. Tous les matins lorsque j'arrive, il est déjà à son bureau, le téléphone collé à l'oreille, un crayon dans la bouche. C'est tellement sexy. Je le surprends tous les jours lorsque je passe la tête à travers sa porte pour le saluer. Et chaque matin il me répond avec le même sourire en coin et un petit clin d'oeil. Mon dieu je meurs ! Je ne rêve que de sa magnifique bouche. J'imagine son souffle dans mon cou, ses mains qui glisseraient le long de mes bras, laissant une trainer de frissons sur leurs passages. Et puis sa tête se dirigeant doucement vers le bas de mon corps jusqu'à ce que ses lèvres atteignent enfin leur but. Je sentirais sa bouche chaude et humide caresser le haut de mes cuisses pour finir par enflammer mon entrejambe . Il sucerait, mordillerait mon bijou et me ferait voir les plus belles étoiles...

-J'en connais une qui ne s'est pas réveillée du pays des fantasmes ce matin.

Ma main ripe de mon menton et je secoue la tête pour chasser cette image de la bouche de Julian sur moi.

-Je quoi ? Qu'est-ce que tu racontes Nadine ... je suis totalement réveillée !

Nadine, 51 ans, cheveux grisonnants, lunettes rondes et colorées, comme son aura. C'est la nouvelle secrétaire de Julian. Elle est très professionnelle et ses gâteaux sont à tomber. Même mon frère raffole de ses petites douceurs maison. Il n'arrête pas de lui faire des compliments sur sa pâtisserie. C'est un vrai miracle, elle a réussit à tous nous conquérir en à peine quelques jours. Il faut dire qu'elle nous a materné dès le début en nous gavant de sucre et de sagesse. C'est un tout petit bout de femme qui a de l'amour à revendre. Et elle est aussi pleine de vie ! C'est ma dose de vitamine quotidienne. Avec elle pas besoin de jus d'orange, je n'ai qu'à l'écouter rire pour avoir la pêche. Je crois que c'est pareil pour les garçons. Elle m'a confié qu'elle n'avait malheureusement jamais eu d'enfant et pour pallier au vide qu'elle à au fond de son coeur, elle aime traiter les jeunes qu'elle rencontre comme si c'était ses propres enfants. Lorsque je lui ai parlé de Romy, un après midi ou les garçons avaient un rendez-vous à l'extérieur, elle s'est jetée sur moi pour le plus gros câlin de ma vie. Elle a essuyé nos larmes et m'a promis qu'elle me soutiendrait autant qu'elle le pourrait. Quitte même à s'occuper d'une partie de mon travail si un jour j'avais un soucis avec la petite. Je crois bien que cette femme est une sainte. C'est totalement dingue, je l'a connais depuis moins de 15 jours et pourtant je souhaite de tout mon coeur qu'elle fasse partie de ma vie à tout jamais. Elle m'inspire tellement de choses positives, c'est presque troublant d'ailleurs ! Je sais, n'importe quel étudiant en première année de psycho pourrait m'analyser facilement : je fais un transfert parce que je n'ai pas reçu assez d'amour maternel, du coup je compense se manque par l'affection que me porte Nadine ... Et alors ? Tant pis, si ressentir autant d'amour de la part d'une inconnue fais de moi un cas d'école, soit ! Je prends le risque de finir zinzin et d'appeler notre nouvelle recrue "Maman".

-Je t'en pris ma jolie petite fleur, je ne suis pas née de la dernière pluie. Je sais très bien de qui tu rêvassais et au vue de ton air extatique, j'imagine que tes pensées étaient loin d'être chastes. Ose seulement me dire que je me trompe et je me charge de t'apprendre à ne pas mentir en te lavant la bouche à la javel, mademoiselle la rêveuse.

Son ton faussement autoritaire me fais sourire. S'il elle savait que je n'ai absolument aucune envie de lui mentir. Si je pouvais, je lui raconterais les moindre détails de mes sentiments. Mais étant donné la confusion dans laquelle je me trouve concernant cet homme, je suis bien incapable de lui avouer quoi que ce soit. Pourtant j'ai besoin de savoir comment elle à pu deviner ce qui se passe dans ma tête !

-C'est si évident que ça ?

Je me sens rougir en lui posant la question.

-Disons que j'ai un certain don pour remarquer ce genre de chose. Et puis il m'a suffit de faire quelques recoupements !

-Tu veux bien préciser ? J'aimerais savoir à quel point c'est limpide s'il te plait.

-Oh c'est très facile.

Elle se retourne vers moi, relève ses lunettes sur sa tête et lève le pouce. J'ai peur ...

-Petit 1 : Lundi tu as inondé de bave ton clavier d'ordinateur lorsque tu as vu les garçons torses nus en FaceTime. Etant donné que l'un des deux est ton frère, il a été facile pour moi de voir pour qui tu craquais !

Je me souviens parfaitement de ce moment. J'avais appelé Ash pour lui mettre une brasse. Son bureau était en bordel et résultat je devais fouiller pour trouver le dossier dont il aurait besoin pour son rendez vous de l'après midi. Il était hors de question que je me tape le rangement de son bureau en plus du foutoir qu'il laissait habituellement sur le mien quand il finissait le travail. Etant impossible de mettre la main sur ce que je cherchais, j'avais décidé de l'appeler en vidéo pour q'il me guide à travers tout ce bordel. J'étais tombé en plein milieu de leur séance de squash. Quand l'objectif m'avais montré le torse parfait de Julian, il brillait comme un diamant. Surement à cause de la sueur du à l'effort, enfin bref, je crois que mon coeur avait cessé de battre pendant une minute. Je n'avais même pas été capable de réciter le petit discours de réprimande que j'avais préparé dans ma tête. Au final j'avais bafouillé un truc incompréhensible puis lui avait raccrocher au nez. En y repensant, c'est vrai que Nadine avait pouffé à son bureau. Malheureusement si elle avait vu ce petit détail, la suite promettais d'être salée pour moi.

-Petit 2 : tu te remaquilles tous les midis quand on a finis de manger, après avoir passer une demie heure à te brosser les dents. Petit 3 : Tu vérifies ton reflet dès que tu peux, aussi bien sur l'écran d'ordinateur que sur celui de ton portable. Petit 4 : Tu te proposes toujours pour faire les cafés et les apporter aux garçons. Et enfin petit 5 : Tu passes de longues minutes à fixer la porte de son bureau, comme si ça allait le faire sortir par magie. Ça te suffit comme ça ou tu veux que je continu ?

Je crois qu'a se moment précis, mes joues virent au cramoisie. Je suis morte de honte de m'être fait pincée aussi rapidement par ma collègue. Ma tête plonge entre mes deux mains. Je suis grillée de chez grillée.

-Ça va aller, je crois que j'ai compris merci. Je suis si transparente que ça ?

Je sens une goute de sueur courir le long de mon échine. Mince, et si Julian avait vu quelque chose ? Je m'empresse de poser la question à Nadine.

-Ne me dis pas qu'il l'a remarqué lui aussi ? Et Ashton ? Non c'est pas possible si Ashton l'avait remarqué je serais déjà morte et enterrée.

Ma poitrine se serre. S'il a remarqué quoi que ce soit je suis sérieusement dans le pétrin.

-Ne t'inquiète pas. Ton frère ne remarquerais rien même si on lui mettais les preuves sous le nez. Il est beaucoup trop occupé à te dicter ta conduite. Quand à Monsieur muscles, il à l'air tellement sur de lui que même s'il avait vu quelque chose, il ne dira rien de peur de perdre le piédestal sur lequel tu l'as érigé. Et si je l'entends se moquer ou faire la moindre remarque la dessus je lui file un coup de pied au derrière. Je ne laisserais personne être cruel avec mon petit canard.

Sa main est posée sous mon menton et nos yeux ne se lâchent pas. Mon coeur gonfle d'amour pour cette femme. J'ai hâte de la présenter à Romy. D'ailleurs le plus tôt sera le mieux.

Après un clin d'oeil et un petite caresse sur la joue, elle retourne à son poste et se replonge dans la lecture d'un dossier. De mon côté je laisse échapper un sourire. Cette femme est merveilleuse. Je viens de me prendre un coup de flip total et elle m'entoure de douceur et de bonne humeur. Elle est incroyable. Par contre il faut sérieusement que j'arrête de réfléchir avec mes hormones et commencer à raisonner avec mon cerveau sinon je vais finir à l'asile !

*****

-Je comptais me rendre au nouveau restaurant Thai au bout de la rue, vous êtes intéressé mesdemoiselles ?

Julian sort de son bureau en desserrant sa cravate. Il a l'air particulièrement détendu ce matin. Il est même allé nous chercher des cafés au starbucks du coin pour accompagner les délicieux muffins de Nadine. Cette dernière baisse ses lunettes sur le bout de son nez et fronce les sourcils en lui répondant :

-Vous êtes de bonne humeur monsieur Wright. C'est très plaisant de vous voir comme ça. Ne me dite pas qu'une jolie jeune fille se cache derrière cet adorable sourire ! Je ne suis pas encore prête à vous partager.

-N'ayez crainte ma chère Nadine. Vous avez conquis mon coeur au moment même ou mes lèvres on touché pour la première fois un de vos gâteaux. Aucune femme au monde ne pourra jamais égaler tout l'amour que j'ai pour vous depuis ce moment la !

-Vous êtes vraiment mignon tous les deux mais vous pourriez aller flirter dans une autre pièce ? Mon pauvre petit coeur de célibataire endurcie ne supporte pas autant de roucoulades.

Cette remarque de ma part leur fait tourné la tête dans ma direction et nous rions de bon coeur tous les trois lorsque Ashton sort à son tour et vient s'immiscer dans la conversation.

-Quoi ? Une réunion au sommet et je ne suis même pas invité ? Vous êtes tous licenciés !

-Aïe tu es tellement rigide parfois.

Je mets ma main sur mon coeur et fait mine d'être vraiment triste.

-Même moi ?

Julian intervient avec sa moue de petit garçon. Il a l'air tellement innocent quand il fait cette tête qu'on lui donnerais le bon dieu sans confession. Malheureusement pour lui, Ashton n'est pas sensible aux jérémiades de son associé.

-Surtout toi ! Je te rappel que tu n'es pas sensé distraire nos secrétaires pendant leurs heures de travail !

-Je ne me permettrais jamais de telles fantaisies, tu me connais mieux que ça. Je leur proposais juste de faire une pause et d'aller déjeuner. J'allais te rejoindre dans ton bureau pour te convier à notre petite sortie mais vu que tu es une fois de plus ronchon, je crois que je vais m'abstenir.

C'est marrant, c'est la première fois que j'assiste à un tel échange entre les deux hommes. Je ne pensais pas que Julian pouvait se montrer taquin et encore moins que mon frère puisse répondre sur le même ton. C'est agréable de le voir si détendu et beaucoup moins rigide. Je suis seulement un peu déçu qu'il n'arrive pas à l'être plus avec moi quand nous sommes tous les deux. Lorsque je me rend dans le bureau de mon frère, il y a encore une certaine froideur, comme s'il ne voulait pas mélanger le travail et notre lien de famille. Ou peut être tout simplement m'en veut-il encore pour ce qu'il s'est passé à New York. Je chasse cette pensée négative pour me concentrer sur le duo que forme ces deux beaux garçons. Ils sont encore en train de se chamailler et c'est à mourir de rire, mais mon ventre qui gargouille me pousse à mettre un terme à leur échange.

-Et si nous terminions cette charmante conversation autour d'un délicieux Wok ?

-Ah ! Voila des paroles sensés. Merci Charlie vous êtes la voix de la raison.

J'entends Ashton ricaner.

-Ma petite soeur ? La voix de la raison ? Aurais-tu oublié la fois ou elle s'est jetée dans une piscine en plein hiver pour récupérer un autographe ?

-Tu ne lui as pas raconter ça j'espère ?

Son petit sourire en coin le trahit.

-Ashton !!!

Je me retourne vers Julian.

-Est-ce qu'il vous a vraiment raconter cette histoire ?

Il semble embarrassé et se pince les lèvres avant d'oser répondre.

-Sachez seulement que même si j'ai beaucoup ri, ce n'était absolument pas dans le but de me moquer de vous.

Je vais étriper mon frère. C'est une honte absolue, j'espère qu'il n'est pas rentré plus dans les détails. Lorsque j'avais 16 ans, Ashton nous avais emmené à un défilé de mode d'un nouveau créateur en vogue. Il avait été choisit parmi un grand nombre de beaux jeunes hommes, et la famille soudée que nous étions l'avait accompagné avec grand plaisir pour le soutenir et l'acclamé. Ce jour la, grâce à mes hormones d'ado, j'avais flashé totalement sur un des autres mannequins qui défilait. Je bavais littéralement devant ce minet tout juste sorti de l'adolescence. A la fin du défilé, j'avais pris mon courage à deux mains pour aller lui parler dans les loges. Prétextant de venir voir mon frère, je m'étais presque jeté à ses pieds pour lui déclarer ma flamme. Après les cinq meilleures minutes de toute ma vie de vierge, j'avais réussit à obtenir son autographe. Bien évidemment les garçons se sont moqués de moi lorsqu'ils m'ont vu arrivé, les joues rouges et tenant mon papier bien serré entre mes deux mains. En sortant du château ou se déroulait la soirée, nous avions longés une grande piscine et Knox avait fait semblant de me pousser dans l'eau. Bien sûr au dernier moment il avait retenu ma chute, mais sa mauvaise blague m'avait fait lâcher mon papier qui s'était retrouvé au milieu du bassin. Il était inconcevable pour moi que je laisse mes rêves couler au fond de l'eau. Malheureusement nous étions en plein mois de novembre et l'eau était totalement glaciale. Lorsque j'avais sauté dans la piscine tout habillé Ashton et Andy s'était précipités près du bord en m'engueulant tandis que Jayden et Knox éclataient de rire. Ash m'avait menacé de me punir sévèrement en rentrant à la maison mais qu'importe, j'avais besoin de ce bout de papier. Ce qu'il n'a jamais su, c'est que ce Nicolas avait laissé en plus de son autographe, son numéro de portable. Il m'avait d'ailleurs glissé à l'oreille qu'il aurait bien aimé boire un verre avec moi un de ces jours. Tout ça accompagné d'un sourire mielleux et d'un clin d'oeil. C'est pour ça que c'était si important pour moi de récupérer cet autographe.

-La Terre appel la Lune ! Tu reviens parmi nous mon petit canard ?

Je viens encore une fois d'être prise en flagrant délit de rêvasserie. Je tousse pour me redonner un peu de contenance et souris à Nadine.

-Euh oui pardon, donc ? On y va du coup ? Ou peut être qu'Ashton à une histoire bien embarrassante à raconter à mon sujet ?

-Tu te vexes princesse ? C'est pourtant pas dans tes habitudes ! Désolée mais je rejoins Maya pour le déjeuner. Elle doit me parler des fleurs aujourd'hui ! Donc bon appétit et soyez sage.

Il se retourne et pointe son index dans ma direction.

-Je parle surtout pour toi, Charlie, au cas ou tu en doutais.

Je lui tire la langue alors qu'il récupère son blouson sur la patère .

-N'oubliez pas de prendre un parapluie Ashton, sinon vous risquez de vous mouillez.

-Nadine, en plus d'être une vraie maman gâteau vous devenez une vraie maman poule. Je ne suis pas sur qu'on puisse un jour se passer de vous. Prends en de la graine frangine. Balance-t-il en claquant la porte derrière lui.

Je ne sais pas si c'est son échange avec Julian ou Nadine ou même le déjeuner avec l'autre, mais je suis prête à remercier mille fois la personne qui le rend d'aussi bonne humeur. J'adore le voir heureux et taquin, ça me rappel beaucoup notre enfance ou il savait s'amuser et simplement être heureux. Julian se frotte les mains en prenant lui aussi son Trench.

-Le roi est parti, qui m'accompagne ?

-Présente ! Répondis-je en levant haut la main.

-J'ai un coup de fil à passer à ma soeur et je dois le faire absolument pendant ma pause déjeuner. Je crois que vous devriez y aller tous les deux.

Je me lève en fronçant les sourcils. J'ai du mal à croire son histoire.

-Tu es sûre que tu ne veux pas que nous t'attendions ?

-Non, non ! Ca risque de durer de longues minutes et je ne voudrais pas vous retarder trop. Allez y, j'ai pris à manger de toute façon. Ne vous inquiétez pas pour moi, ça ira.

Elle se lève à son tour et m'aide à mettre mon blouson en cuir. Une fois le manteau enfilé, elle me claque légèrement la fesse en me murmurant à l'oreille:

-C'est ton moment ma biche, profite !

Elle me pousse en direction de Julian avec un petit clin d'oeil puis s'adresse directement à lui.

-Je vous la confit pour le repas, tâchez de vous comporter correctement sinon je vous met au coin en rentrant, compris ?

-Je l'a traiterais comme une reine promis. A tout à l'heure Miss.

Je la salue de la main, impossible d'aligner la moindre phrase. Elle l'a fait exprès. Je suis persuadée qu'elle n'a pas de coup de fil à passer ! Si ça se trouve, elle n'a même pas de soeur !

Arrivez en bas de l'immeuble, je suis surprise par la pluie glaciale qui vient fouetter mon visage. En reculant d'un pas je me colle involontairement contre le torse musclé de Julian. Je frissonne. Je ne saurais vous dire si c'est de froid ou de désir.

-J'ai oubliez mon parapluie en haut.

-Ne vous inquiétez pas, le mien est assez grand pour nous abriter tous les deux.

Il ouvre un élégant parapluie noir et effectivement il est immense. Julian m'offre son bras et je m'agrippe à lui en le laissant me guider vers le restaurant. Quand nous arrivons devant, il m'ouvre la porte et me laisse passer avant de replier le parapluie. Une très jolie asiatique vient nous accueillir. Heureusement pour nous, il lui reste une seule table de disponible. Elle nous guide vers un coin reculé du restaurant. Julian se glisse derrière moi au moment ou je compte m'assoir pour me tirer la chaise et m'aider ainsi à m'installer. Plus je prends conscience de ses gestes et plus je me dis que j'ai peut être tout faux à propos des gentleman. Peut être bien qu'il en existe encore un après tout.

Le restaurant à l'air très chic, je ne suis pas habituée à ce genre de lieu. Je regarde furtivement la décoration, les tables et chaises sont en bois très foncés et le métal argenté des couverts ressort magnifiquement bien en contraste. Entre eux, une serviettes en tissus beige est pliée en forme nénuphar et au milieu de la table trône un pot en verre avec des bambous. Tout est sobre et épuré, j'aime beaucoup. Mais je n'ai pas envie de me focaliser sur la déco. La seule chose qui m'intéresse sont ces deux billes transparentes posées sur moi et l'homme magnifique qui les possède. Notre regard s'accroche et ses yeux ne quittent pas les miens. Si nous n'étions pas à midi et entre collègues de travail, je jurerais que ça ressemble à un rencard hyper romantique. Je ne sais pas pourquoi mais cette idée me met mal à l'aise. Il ne devrait pas venir ici avec moi. Julian semble remarquer mon trouble.

-Ça vous plait ? Nous pouvons aller ailleurs sinon.

-Je trouve l'endroit vraiment très chic. Je n'ai pas l'habitude de déjeuner dans des restau comme celui là. A vrai dire j'ai presque toujours apporter mon repas depuis que je travail avec Ash. Ou sinon j'allais me chercher un sandwich à la boulangerie. Mais il est vrai que c'est très agréable de me retrouver ici avec vous. J'espère que vous ne regrettez pas que nous soyons seuls ici ? Même si j'apprécie beaucoup le lieu, j'ai l'impression de ne pas être à la hauteur. Vous comprenez ?

Il commence à se relever et je l'arrête en lui attrapant le bras.

-Non, s'il vous plait. Je ne disais pas ça pour qu'on parte. En fait c'était une manière très indélicate de vous remercier de me faire découvrir ce genre d'endroit.

-Donc vous voulez rester ?

-J'aimerais beaucoup.

Nous nous rasseyons tranquillement lorsque que la jolie serveuse vient nous tendre à chacun un menu. Son regard s'attarde sur le visage de mon charmant accompagnateur. D'ailleurs elle s'y attarde un peu trop à mon goût. Je ne suis absolument pas jalouse, non pas du tout. Rien à voir, je remarque juste que cette demoiselle préfère mater mon boss plutôt que de s'occuper des autres tables. Est-ce que ça m'énerve ? Bien sur que non. Enfin, si elle continu à le manger des yeux avec autant d'insistance, je ne vais pas tarder à lui proposer d'échanger nos places.

-Voulez-vous prendre un apéritif messieurs dames ?

-Non merci pas pour moi. Mais peut être que vous aimeriez commencer par une flute de champagne Charlie ?

Son petit clin d'oeil me fais chavirer malgré moi.

-Vous êtes à mourir de rire, vous en avez conscience ?

-Cela rajoute à mon charme vous ne trouvez pas ?

Je ne peux pas m'empêcher de pouffer. Mais quel idiot !

-Une coupe de champagne alors ?

Je l'avais presque oublié celle la. Je secoue la tête pour décliner la proposition.

-Pour moi ça sera une carafe d'eau s'il vous plait.

-Apportez plutôt une grand bouteille d'Evian, je prendrais de l'eau moi aussi. Merci mademoiselle.

-Très bien , je vous laisse regarder le menu, je prendrais la commande en vous rapportant votre bouteille.

La serveuse nous laisse en tête à tête. Je prends le menu et commence à regarder les plats. Je suis choquée par le prix qu'ils pratiquent. Mon dieu, ce restau va me couter une blinde !

-Je ne veux que le meilleur pour vous.

Pardon ? Je baisse mon menu pour le regarder. Lui est concentré sur le sien et ne remarque pas que sa phrase vient de frapper mon être en plein coeur. Je sais que c'est ridicule, c'est une simple phrase balancé comme ça, mais elle me touche particulièrement.

-Merci mais je me serais contenter de l'eau du robinet vous savez.

-Je sais. Vous savez ce que vous allez prendre ?

Je scrute à nouveau des yeux les différents plats qui s'offre à moi. Je ne compte pas lui dire mais je regarde surtout le prix. Je n'ai pas envie que ce petit repas fasse un gros trou dans mon budget.

-Absolument pas. Laissez-moi encore cinq minutes s'il vous plait.

-Voulez-vous que je choisisse pour vous ?

-Vous prétendez me connaître suffisamment pour en être capable ?

-C'était présomptueux de ma part, excusez moi. Je vous laisse libre choix bien évidemment.

Il est vraiment parfait ce type. Même lorsque je me montre grossière avec lui, il trouve le moyen de s'excuser.

-Je ne voulais pas me montrer aussi sèche. Pardon. Vous avez le don de faire sortir la bagarreuse qui est en moi. Ne souriez pas comme ça, je ne suis pas sûr que ce soit un compliment.

La serveuse revient avant que Julian n'est pu répondre quoi que ce soit. Je n'est toujours pas fait mon choix, je décide de prendre ce qu'il y a de moins cher sur la carte. Julian prend un filet de loup au gingembre et au citron vert tandis que je commande un potage de poulet au lait de coco. Cette soupe tombe à pic. C'est le parfait repas chaud pour aller avec cette pluie déprimante

-Et en plat principal ? me demande la serveuse.

-Je me contenterais de ça.

-Vous n'avez pas faim ? S'enquière Julian à son tour.

Il semble inquiet, voir même contrarié. Je lui souris pourtant chaleureusement.

-Ça me suffira amplement, ne vous inquiétez pas.

Un silence de plomb s'installe alors que nous attendons nos plat. Je ne suis pas à l'aise avec le silence, j'ai toujours peur que la personne qui se trouve avec moi s'ennuie. Surtout que Julian est plongé dans la contemplation de son téléphone qui n'arrête pas de vibrer. Je tente donc ma chance avec la première chose qui me vient en tête.

-La déco de la table est très sommaire. Vous ne trouvez pas qu'il manque quelques chose ? Des origamis par exemple, c'est joli ça les origamis.

-Les origamis sont d'origine chinoise Charlie, pas Thaïlandaise.

Evidemment, il fallait qu'il connaisse l'origine précise des origamis ! O.K.

-Oh je vous pris de m'excuser. Loin de moi l'envie d'offenser l'art du pliage de papier. Vous êtes maître en la matière peut-être ?

Ma remarque le fait sourire. Lorsque qu'il relève la tête, son regard s'est transformé. Ses yeux sont comme enflammés.

-Je suis maître en beaucoup de chose ma belle, mais rien a voir avec l'origami.

Ma belle ? C'est la première fois qu'il m'appelle autrement que par mon prénom. Ça ne lui va pas je trouve. Il est beaucoup trop subtile pour utiliser ce genre de banalités.

-Je vous en pris, ne vous dévalorisez pas en utilisant ce genre de grossièretés. Je suis certaine que vous pouvez être beaucoup plus inventif, Perfect Boy.

Je lui fait un petit clin d'oeil et un sourire aussi charmeur que je le peux.

-Décidément Charlie vous êtes un vrai mystère pour moi. Je ne sais jamais ce que je dois dire ou faire pour être dans vos bonnes grâces. Je ne sais pas si je dois la jouer cool, ou protecteur ou même autoritaire. Chacune de mes tentatives fait choux blanc avec vous.

-Soyez simplement vous même et ça me suffira. Est-ce que je peux vous poser une question un peu "intime" ?

Je mime les guillemets avec mes doigts pour accentuer mon dernier mot.

-Vous avez carte blanche Charlie.

-Pourquoi vouloir être dans mes bonnes grâces ? Je ne suis que la secrétaire de votre associé. Pourquoi ne pas simplement me traiter comme tel.

-Parce qu'à mes yeux vous n'êtes pas juste une secrétaire Charlie. Vous êtes une jeune femme, pleine de vie et d'amour. Ça émane de vous avec une telle force que j'en suis presque bouleversé . Chaque matin lorsque j'arrive au bureau, que je m'installe et commence à travailler, je guette l'heure de votre arrivé. Et puis vous passez votre jolie petite tête dans l'embrasure de la porte et vous me saluez avec ce magnifique sourire qui vous es propre. Vous avez les joues délicieusement rougis. Je ne sais pas si c'est parce que vous avez montez les marches au pas de course pour ne pas être en retard, mais je me plais à croire que c'est simplement l'effet que je vous fais. Mais ce que je trouve le plus troublant mademoiselle Moreau, c'est que vous n'imaginez absolument pas l'effet que vous me faite.

Je déglutis péniblement. Nos yeux ne se sont pas lâchés une minutes. Avant même que je puisse ouvrir la bouche, la serveuse vient briser ce moment en nous apportant nos assiettes. Après les avoir déposé devant nous, elle nous souhaite bon appétit. Julian me quitte des yeux le temps de la remercier et je profite de ce répit pour prendre une grande inspiration. Je crois que s'il en avait dit d'avantage, j'aurais manqué d'air.

Nous commençons à manger dans le silence. Ma soupe est très bonne et j'en apprécie chaque saveur. Je ne suis pas vraiment fan des plats exotique, mais j'apprécie vraiment celui-ci. Je crois que je préfère me concentrer sur mon assiette plutôt que sur l'homme en face de moi. Pourtant je ne cesse de me remémorer en boucle chaque mots prononcés. Le miel qui est sorti de sa bouche est venu se poser directement dans mon esprit et dans mon coeur. Je lui fait de l'effet. La bombe atomique qui se cache tout au fond de moi est en train de s'octroyer une petite danse de la victoire, pourtant ma raison me pousse à la calmer. Je ne comprends pas comment un mec aussi beau peut me trouver .. quoi ? Attirante ? C'est impossible, je suis affreuse ! Je suis grosse et moche. Même avec tous les efforts que je fais le matin pour me préparer, je sais très bien qu'on ne peux pas transformer un utilitaire en décapotable simplement avec de la peinture. Pourtant, à force de ressasser les paroles de Julian, je tiens à revenir sur un point en particulier.

-Je prends l'ascenseur le matin. Je tenais à vous le dire. Je trouvais ça important que vous le sachiez. Je ne monte pas les marches au pas de course, vu que de toute façon je suis en retard quoi qu'il arrive. Voila.

Son regard est incandescent. Merde qu'est-ce que j'ai dis pour qu'il me regarde comme ça.

-Intéressant. Vraiment très intéressant Charlie.

Je jurerais que des flammes viennent illuminer ses pupilles. Lorsqu'il me dévisage avec cette intensité dans les yeux, je le trouve bestial, sauvage. Je ne pensais pas qu'un homme puisse me regarder comme ça un jour. Ma culotte commence à ressentir elle aussi le poids de cette véhémence. A ce moment précis, je me rend compte que j'ai envie de lui comme jamais je n'ai pu avoir envie de quelqu'un auparavant. Je voudrais qu'il se jette sur moi pour m'arracher mes fringues et me faire l'amour comme si c'était la dernière chose qu'il devait faire sur cette terre.

-A quoi pensez vous Charlie ?

-Je ne pense pas que je devrais vous donner le fond de ma pensé. Je ne suis pas encore prête pour ça.

Heureusement pour moi la serveuse vient me donner une bouffée d'oxygène en nous interrompant.

-Vous avez terminez ?

Une lueur de déception passe sur le visage de Julian. Mais le charme n'est pas rompu pour autant. J'ai l'impression qu'il à simplement été mis sur pause.

-Oui merci. Charlie ?

-Oui, oui. C'était délicieux.

-Je peux vous apporter la carte des dessert ?

Julian m'interroge du regard. Je refuse poliment. Je ne peux pas me permettre un dessert. Il faut que j'achète de nouvelles tenues pour Romy. Le temps commence à se réchauffé et elle ne peux pas continuer avec ses affaires d'hiver. Chaque fois que je fais les magasins de vêtements pour elle, je dépense des fortunes. Il lui faut aussi de nouvelles chaussures. Je trouve ça impressionnant à quel point elle grandit vite. J'ai la perpétuelle impression que le temps nous échappe.

-Un café peut être ?

-Non merci, je le prendrais au bureau. Vous pouvez en prendre un Julian, ça ne me dérange pas de vous attendre.

-Je vais faire comme vous. Apportez moi l'addition s'il vous plait nous réglerons par carte.

Je récupère mon sac qui repose sur la chaise et glisse la main dedans pour en récupérer mon porte feuille. J'en sors ma carte bleu et attend patiemment de pouvoir régler ma note. Julian aussi fouille la poche intérieur de son costume pour en sortir un porte carte noir en cuir. La serveuse reviens au bout de quelques minutes et dépose la note devant Julian.

-On divise par deux ?

Cette fois-ci sont regard est tout sauf sexy. Il est remplis de fureur. J'ai l'impression d'avoir insulter sa mère. Il aurait voulu que je paye entièrement la note ? Non. Il sort sa carte et la tend à la serveuse en lui précisant qu'il règle entièrement la note. Il refuse lorsqu'elle lui demande s'il à besoin d'une facture et récupère sa carte sans un regard dans ma direction. Je ne sais pas ce que j'ai fais de mal. Nous nous levons sans dire un mot. J'enfile ma veste et frissonne d'avance en regardant par la fenêtre. Même si la pluie à cessé, l'air extérieur à l'air humide et j'ai horreur de ça. En plus mes cheveux vont frisotter ce qui risque de faire regretter à Julian ses paroles.

Une fois dehors, Julian entame la marche vers le bureau. Je le suis tranquillement en imaginant comment le remercier sans me montrer trop condescendante.

-Merci d'avoir régler la note, mais vous n'étiez pas obligé de payer pour moi.

Il se tourne vers moi l'air encore plus furax qu'au restaurant.

-Vous pensiez vraiment que je me montrerais si peu élégant pour vous laisser payer ? Vous savez que pour moi, c'est encore pire que si vous m'aviez insulté ? Jamais je ne vous laisserais sortir ne serait-ce que de la monnaie pour le pourboire.

Il lâche un rire mauvais.

-C'est pour ça que vous n'avez commandé qu'une entrée pas vrai ? Et que vous n'avais pas pris la peine de regarder la carte des dessert. Vous aviez peur d'une addition trop salée ?

-Oui, ça et les nombreux kilos en trop qui me rappel que je dois éviter les dessert.

Tout à coup, il semble peiné. Et moi honteuse, je ne pensais pas que ce repas pourrait se terminer sur un tel désastre.

-C'est ma faute, j'aurais dû vous pousser à prendre autre chose et vous dire que je m'occupais de la note. La prochaine fois que je vous ramènerais au restaurant, et comptez sur moi pour que ce soit le plus rapidement possible, je commanderais pour vous. Vous n'aurez pas d'autre choix que de me faire confiance. Et je nous commanderais la totale : entrée, plat ET dessert. Maintenant rentrons, la pluie à cessé mais ce n'est sûrement qu'une accalmie.

Nous rentrons au bureau sans prononcé le moindre mot. A un moment, nos mains se sont effleurées. A un autre, il m'a pris par les épaules pour me protéger d'un skater qui se prenait pour Tony Hawk. J'ai apprécié ces différents contacts et j'ai frissonné à chaque fois. Mon cerveau est en ébullition totale. Je ne sais plus quoi penser de cette homme. Malgré tous les sens interdit qui grouillent autour de lui, je dois pourtant essayer de raccourcir l'espace entre nous et voir jusqu'à quel point ses actes peuvent refléter ses paroles.

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