Chapitre 9

18 minutes de lecture

Julian me rejoint au moment où je vais raccrocher.

-Je t'embrasse mon petit coeur. Soit sage avec papa et amuse toi bien avec les animaux. On se revoit dans deux dodos. Je t'aime de tout mon coeur chérie.

Elle me répond qu'elle m'aime aussi et que je lui manque. Ca me pince le coeur mais je sais très bien que dès qu'elle aura raccrocher elle n'y pensera même plus. J'ai tout de même les yeux qui piquent.

-Tout va bien Charlie ?

-Oui oui ça va. C'était Romy, ma fille.

Il acquiesce en pinçant les lèvres.

-Oui, j'imagine que ça aussi vous devez le savoir. Je ne l'avais pas encore eu au téléphone depuis quatre jours et je m'inquiétais. Donc c'est bon je suis rassurée, tout va bien! Bref vous avez réglé ?

Mains dans les poches, il lève les yeux aux ciel avant de me répondre. Petit effronté!

-Malheureusement je ne suis pas tellement adepte du restau basket alors oui j'ai payé.

-C'est sur que vous n'avez pas le profil type du voyous de bas étages. Ça m'étonne même que vous connaissiez ce terme. Je vous doit combien ?

-Ne soyez pas ridicule. Allez avancé, je dois vous faire voir Times square n'oubliez pas.

-On va devoir reprendre un taxi ?

-Non nous pouvons nous y rendre à pieds, c'est juste à côté.

Je le suis sans bronché et me cale à son rythme. Je ne peux pas m'en empêcher et l'observe du coin de l'oeil en détaillant un peu plus sa tenue cette fois ci. Il porte un jean noir plutôt serré et un petit pull fin gris clair retroussé au manche. A ses pieds des baskets noires viennent contempler son look casual. J'ai cru voir une semelle rouge en dessous. A mon avis ses chaussures valent plus que mon salaire du mois. Il est vraiment canon. Ça lui va bien, c'est plus décontracté que son costume d'hier mais il reste tout de même ultra chic. J'ai l'air d'une plouc avec mon pull marinière à manche longue et mon jeans bleu délavé et déchiré au genoux. Heureusement, mes converses blanches sont neuves, ça rattrape un peu.

-Vous savez que ça n'est pas poli de dévisager son voisin. Je vous l'ai déjà fait remarqué subtilement ce matin, mais je vois que mon message n'est pas passé correctement.

-Je ne vous dévisage pas. Bon d'accord dans le taxi tout à l'heure, je vous ai dévisagé. Mais pas ici. Je compare nos style c'est tout. Vous avez l'air tellement parfait avec votre tenue superbement bien repassée et hyper BCBG. Moi à côté on dirait une adolescente. Les gens qui nous croisent doivent penser que vous trimballez votre petite sœur.

Techniquement, c'est un peu ce qu'il se passe. Sauf que je suis la petite sœur de son pote.

-Il est beaucoup trop tôt dans la journée pour déblatérer autant d'inepties Charlie. Et cessez de nous comparer, nous sommes deux entités complètement différentes et je ne tolère pas que vous vous dévalorisez autant à mon profit.

Qu'est-ce qu'il parle bien ! Son vocabulaire est toujours soutenu et jamais je n'ai entendu le moindre gros mot. Il doit faire partie de la classe aisée de New-York. Il m'a posé pleins de questions quand nous étions en train de prendre le petit déjeuné et Valentin nous a intérompu avant que je puisse à mon tour l'interroger. Je me risque à lui poser une question personnel :

-Vous êtes né ici ? Je sais que vous avez fait vos études avec mon frère en France mais avant cette période vous viviez aux États-Unis ?

-Vous êtes bien curieuse Charlie.

-C'est ce qu'on appel l'égalité. Vous m'avez extorqué des informations pendant que je mangeais, il est normal qu'à mon tour je vous pose des questions ...

-C'est le principe du donnant donnant ?

-En quelque sorte. A moins que vous n'ayez vécu une histoire tragique, dans ce cas là, je préfère ne rien savoir. Je ne veux pas avoir de la peine pour vous avant de découvrir Times Square. Ça gâcherais mon moment.

Il se marre doucement.

-Vous êtes un vrai rayon de soleil !

Je sais qu'il se moque un peu de moi en disant ça. Il n'a pas l'air d'apprécier ma façon de lui parler. Mais je ne compte pas changer pour ses beaux yeux.

-Merci. Alors ? Tragique ou pas tragique ?

-Désolé de vous décevoir mais il n'y a rien de tragique dans ma vie. Je suis effectivement né ici. Vous avez devant vous un pure produit New-Yorkais miss. J'ai eu une enfance parfaite. Mes parents se sont toujours aimés, ils ont passé leur vie à essayer de me rendre heureux et ils y sont parfaitement arrivés. Je suis fils unique et c'était un choix de mes parents, ma maman voulait faire de moi un enfant roi et me gâter autant qu'elle pouvait.

Ça se sent qu'il a toujours été quelqu'un de choyé et d'aimé. Je ne saurais pas vous expliquer pourquoi exactement, mais il dégage une aura bienveillante que seules les personnes entourées d'amour peuvent avoir. Je le laisse poursuivre sans l'interrompre.

-On voyageait pas mal quand j'étais petit et j'ai toujours éprouver une admiration particulière pour Paris. Les musées, les cathédrales, les galeries d'art ... C'est pour ça qu'après le lycée je suis parti faire mes études à Paris. Mes parents me rendaient visite tous les hivers et moi je les rejoignais ici en été. Quand j'ai obtenu mon diplôme d'avocat j'ai pensé m'installer définitivement en France. Mais ma mère est tombée gravement malade et j'ai dû rentré en urgence. Elle est décédée il y 2 ans.

Il y a une certaine fragilité dans sa voix quand il me raconte son histoire. Au début, il paraissait heureux d'évoquer ses souvenirs et puis quand il a commencé à parler de sa maman, j'ai sentis l'émotion le submerger. Ça n'a duré qu'une demi seconde, mais pour tout vous avouer cette fragilité m'a attendrie.

-Ne faites pas cette tête Charlie, je sais que vous devez être désolée pour moi mais vous n'y êtes pour rien. On m'a expliqué à son enterrement que Dieu rappelait les meilleurs en premier, le prêtre devait avoir raison. J'ai fais mon deuil tout seul et même si elle me manque beaucoup j'ai appris à ne garder que les meilleurs souvenirs.

Pincez moi, cet homme ne peux pas être réel c'est pas possible. Il est beau, il à l'air foutu comme un dieu et en plus il arrive à me toucher avec sa douceur et sa sagesse ! Il y a un truc qui cloche chez lui, ce n'est pas possible qu'il soit à ce point parfait. Je dois me ressaisir, il est totalement hors de question qu'il remarque que son petit discours m'a touchée.

Je n'avais pas vu que nous étions arrêter, son histoire a dû me troubler plus que prévue. Il faut que je fasse diversion. Je croise les bras et adopte la même moue boudeuse que quand j'étais gamine.

-Voila c'est malin maintenant j'ai de la peine pour vous. Je vous avais pourtant prévenu de ne pas gâcher mon moment.

-Ne vous inquiétez pas je n'ai rien gâcher du tout. Fermez les yeux.

-Pourquoi ?

-Pas de discution, fermez vos yeux maintenant. Et ne trichez pas je vous surveille.

Je décide de lui faire confiance et exécute son ordre. Je dois avoir l'air ridicule les yeux fermés en plein milieu de la rue. Je sens un corps chaud se plaquer contre mon dos et deux mains géantes se poser sur mes yeux. Son odeur empli mes narines et ma chaleur corporelle augmente légèrement. Il me donne chaud mais il va ruiner mon maquillage avec ses conneries.

-Euh Julian ? Je peux savoir ce que vous faites ?

-Chut Charlie, laissez vous faire.

Je le sens me pousser dans le dos et mes jambes se mettent en marche toutes seules. Je ne commande plus mon propre corps et je n'ai conscience que de celui de Julian qui me porte vers notre destination inconnue. Enfin je sais ou il m'emmène, mais ça doit être vraiment spéciale pour qu'il décide que je le découvre ainsi. Après quelques minutes de marches je sens son souffle contre mon oreille.

-Dans quelques secondes je vais libérer votre vue. Vous allez d'abord vous sentir perdue et vous ne saurez plus où regarder. Ne cherchez pas à fixer votre regard tout de suite. Ressentez l'endroit Charlie. Laissez le lieu imprégner chacun de vos sens.

-D'a-D'accord ...

Je ne sais pas ce qui me trouble le plus, le fait que je vais voir en vrai ce qui m'éblouie dans mes rêves ou la voix chaude et suave qui vient de me susurrer tous ces conseils. Il enlève délicatement ses mains de mes yeux. Je garde encore quelques secondes les yeux fermer histoire de savourer ce moment pleinement. Son contact me manque mais lorsque j'ouvre les yeux je n'ai plus du tout envie de penser à lui. Tout ce qui m'intéresse à l'instant c'est cette éblouissante lumière qui provient de partout où je pose les yeux. Mon regard parcours les différents écrans géants sans même comprendre ce qu'ils diffusent. On me bouscule de tous les côtés, il y a un monde fou. Je suis impressionnées, l'immensité du lieu mêlé â la proximité des personnes me donne le tournis. Je me tourne et me retourne sur moi même, coincés entre des businessman et des touristes aussi émerveillés que moi. Au bout de quelques minutes d'observation extatique, Julian me tire par le bras pour m'inviter à avancer. Mon regard se pose partout et heureusement que Julian me tient parce que sinon je me ferais manger par l'affluence exceptionnelle de la rue. Nous croisons Maryline et Chaplin bras dessus bras dessous, qui envoient des baisers à toutes les personnes qui les prennent en photo. Je m'accroche à mon tour à Julian en lui attrapant le haut du bras. Nous rions tous les deux en voyant un cow-boys en slip gratter sa guitare. Son chapeau et ses santiages complètes merveilleusement son costume parfaitement ridicule. Il me fait un clin d'œil quand nous passons à côté de lui et m'accompagne sur quelques mètres avant de trouver une autre jeune femme à qui jouer sa sérénade. Tout ce mélange dans ma tête, les odeurs de hot dog, les éclairs des écrans, la musique joué par des artistes de rue ! C'est apocalyptiquement magique. Je n'en reviens pas de faire partis de ce décor hors norme.

-On dirait bien que j'ai trouvé un moyen de vous clouer le bec. Qu'est-ce qu'il se passe Charlie ? Vous n'avez plus rien à dire ?

-Ne me tentez pas, si je commence à parler de tout ce que je vois, je ne vais jamais m'arrêter. Donc il vaut mieux pour vous que je la ferme.

Nouveau sourire de sa part. Je commence vraiment à apprécier nos échanges. J'aime le faire sourire. Je continue d'avancer et Julian m'emboîte le pas. Je fais du lèche vitrine pendant au moins 20 minutes lorsque mon regard est attiré par un poteau ou des pastilles coloré sont accrochées. Je lève les yeux et aperçois l'immense panneau lumineux M&M'S. Je me jette sur le passage piéton pour traverser et rejoindre la boutique mais Julian me rattrape par le bras.

-Vous n'avez pas de feux pour piétons en France ? Bon sang Charly vous voulez vous tuer sous les roues d'une voiture?

Il me gronde comme une petite fille. C'est vrai que je n'ai même pas penser à regarder avant de traverser. J'étais tellement obnubilée par le paradis du chocolat qui m'attendait que je n'ai pas fait attention que des dizaines de personnes attendaient également de pouvoir traverser. Je secoue mon bras afin que Julian lâche prise. Je n'aime pas le ton qu'il vient d'employer et je ne me cache pas pour lui faire comprendre.

-C'est bon j'ai compris vous pouvez me lâcher maintenant. Et je vous demanderais de me parler sur un autre ton, je ne suis pas une gamine.

-Alors comportez vous comme une adulte. Vous n'apprenez pas à votre fille a regarder avant de traverser la route? Quel genre d'éducation vous lui donnez si vous n'êtes même pas capable de respecter vous même le b.a.-ba ?

Je ne supporte pas que quelqu'un mette en doute l'éducation que je donne à ma fille. J'y arrive très bien toute seule sans avoir besoin qu'un inconnu se charge de me faire remarquer que je ne suis pas la meilleure mère du monde.

-Mêlez vous de vos fesses et arrêtez de me donner des ordres.

Le feu piéton passe au vert et je me jette dans le flux pour accéder au magasin. Sa réflexion m'a contrarié et je ne m'occupe même pas de savoir s'il m'a suivi ou non. Je fonce pour atteindre mon but. Je me faufile entre des clients qui entrent et qui sortent. Et lorsque j'arrive enfin à l'intérieur, une explosion de couleur me saute aux yeux. Je vois du vert du jaune du bleu de l'orange du rouge ... Je n'arrive pas à croire que je m'extasie devant autant de bonbons au chocolat. Les garçons seront jaloux ça s'est sur. Je marche à travers les allées et touche à tout comme une enfant. Le sourire aux lèvres j'ai vraiment l'impression d'avoir 8 ans! Je m'arrête devant un mur remplis de boîtes en plastiques transparentes ou les M&M's sont triés par couleur. Il y a des sachets à disposition et je décide de me servir, remplissant mon sac des couleurs que nous ne trouvons pas en France. Je compte ramener le sac pour les garçons, comme un présent pour me faire pardonner mon absence. Avec un cadeaux comme celui là je vais être dispensée de ménage pendant au moins un mois c'est sur !!

-Je ne savais pas que des bonbons pouvaient rendre quelqu'un aussi heureux. Je suis ravie de savoir que je pourrais me faire pardonner à l'avenir en vous offrant un simple paquet de M&M's.

-Vous comptez me mettre hors de moi à nouveau ? Parce que je vous préviens qu'au bout d'un moment les sucreries ne seront plus capable de vous excuser.

-J'ai été méchant, je m'en excuse. Mais je vous avoue Charlie que vous me déstabilisez. Je ne sais jamais comment me comporter avec vous. Je ne sais pas si je dois être sympa ou paternel. Reconnaissez que depuis que je vous ai rencontré vous n'arrêtez pas de faire des bêtises. D'abord le plateau, puis la fuite dans la rue, seule et sans veste. Et maintenant vous ne faites absolument pas attention à votre propre sécurité.

-Et ça ne fait même pas un jour que nous nous sommes rencontrés ! Imaginez quand nous allons travailler ensemble. Vous allez passer votre temps à me rabrouer et moi à vous provoquer. C'est déjà ce qui se passe avec Ashton. L'ambiance est parfois électrique au bureau, j'espère que vous avez les épaules assez solides monsieur Wright.

Son rire est franc et lui mange le visage. Je ne m'en lasse pas. Mais il faut que j'arrête de fantasmer. C'est pas possible je ne suis pas une gamine de quinze ans.

-Je suis pardonné ? Encore une fois ?

Je hausse les épaules et détourne le regard.

-Je délibère encore.

Il me prend les mains et me force à relever les yeux.

-Je suis sérieux Charlie. Je n'aurais pas dû m'emporter comme ça sur vous. Je suis désolé de vous avoir jugé sur l'éducation de votre enfant. Je n'aurais jamais dû me comporter comme ça. Ce n'est pas digne d'un gentleman.

Cette fois c'est à mon tour de rigoler.

-Un gentleman sérieusement ? Julian on est pas dans un film des années 60. Les gentlemans n'existent plus. Ils ont été remplacés par des bobos prétentieux persuadés d'être des hommes exceptionnels alors qu'en faite ce ne sont que de pauvres con dénués d'intérêt. Je ne vous connais peut être pas beaucoup, mais je suis sur que vous n'avez rien à voir avec ce genre de type.

Je termine ma phrase par un clin d'oeil et retourne remplir mon sac. Il ne me répond rien et me suis à travers les allées en silence. Je le vois plusieurs fois lever les yeux au ciel lorsque je remplis mon panier à raz bord. J'ai même trouvé un petit tee-short trop mignon pour Romy, elle va adorer. Nous faisons la queue pendant au moins 15 minutes. Je suis hallucinée par le nombre de personnes dans ce magasins. Ça n'arrête pas d'entrer et de sortir. Après avoir payer une somme exorbitante pour des chocolats nous nous dirigeons vers la sortie. Une fois dehors le portable de Julian se met à sonné et il décroche en s'excusant poliment.

-"Julian Wright".

-...

-"Oh Marc c'est toi. Non je suis occupé pour l'instant".

-...

Je ne devrais pas mais je le suis discrètement. Je sais qu'il ne faut pas écouter aux portes, c'est malpoli. Mais dans ce cas précis il n'y a pas de porte et je ne veux pas me retrouver toute seule au milieu de cette foule, alors je trouve que mon excuse est totalement valable pour faire ma petite curieuse. Je n'entends pas très bien, mais j'arrive à choper des morceaux de phrases.

-"Quoi quelle petite grosse de la soirée ? J'espère que tu ne parles pas de la soeur d'Ashton la "

-...

-"S'il t'entend parler comme ça de sa soeur il va te pendre par les bijoux de familles. Je croyais que tu avais compris qu'on ne s'attaque pas aux membres de la famille Moreau sans risquer la peine de mort."

-...

Ce que j'entends me fait mal, très mal. J'ai l'impression de chuter du 50 ème étage, de prendre un crochet du droit en plein visage. Ils parlent de moi. "La petite grosse de la soirée". "La soeur d'Ashton". Oui c'est sûr ils parlent de moi. J'hallucine c'est pas possible, qui se permet de m'insulter comme ça ? C'est qui ce Marc ?

-"Arrête tes bêtises, je joue juste le baby-sitter pendant qu'il prend du bon temps avec sa fiancée. C'est de l'altruisme espèce d'idiot."

-...

-"Oui oui on se voit ce soir au bar. Je vous ai réservé une table dans le coin VIP avec les gars. Je dois retourner auprès d'elle. A ce soir Marc".

Mon coeur se serre et gonfle de honte et de dégout. "La petite grosse de la soirée". Voila comment les personnes qui ne me connaissent pas, parle de moi. Ils ont raison après tout je suis effectivement petite et grosse. J'ai beau savoir qu'ils ne viennent pas de lui, ça me flingue d'entendre ces mots dans la bouche de Julian. Et puis il ne m'a même pas défendu, il à juste dit qu'Ashton serait en colère. C'est probablement parce qu'il est d'accord avec lui. "La petite grosse de la soirée". Ils tournent en boucle dans ma tête et me donne la nausée. Je me détourne rapidement de lui et me dirige vers l'endroit ou il m'a laissé pour prendre son appel. Je ne veux pas qu'il s'aperçoive que j'ai entendu une partie de la conversation. J'ai l'air suffisamment pathétique, pas besoin d'en rajouter.

Je ne sais plus ou me mettre. Je sens que mes joues sont rouge et j'ai un gout de bile qui me remonte dans la bouche. Finalement je ne suis pas sûr que cet endroit me plaise tant que ça. Ce n'est pas aussi bien que dans les films. L'air commence à être irrespirable et les lumières me donnent mal à la tête. Je veux partir d'ici et m'éloigner de tout ces gens qui me collent et me bousculent. Julian me retrouve et m'attrape par le bras. Je dois ressembler à une folle à regarder partout et dans tous les sens.

-Charlie vous vous sentez bien ?

-Non. Vous pouvez me ramenez à l'hôtel s'il vous plait ? Je veux rentrer.

-Déjà ? Mais je voulais vous montrer d'autres endroits encore plus fascinant que celui là. Vous savez New-York regorge de recoins secrets et mystérieux. Vous ne pouvez pas manquez ça, je vous promets que vous allez adorer. Faites moi confiance.

-Non merci. Je veux rentrer, je ne me sens pas bien. J'ai la tête qui tourne et je voudrais me reposer.

C'est un affreux mensonge. Je veux simplement rentrer et pleurer, mais il me reste juste ce qu'il faut de fierté pour ne pas lui avouer.

-Très bien. Je vous raccompagne jusqu'à l'hôtel. Mais vous ratez quelque chose.

-Je m'en fiche je veux rentrer je vous ai dis. Vous êtes sourd ?

Il s'écarte légèrement de moi et je vois à son expression qu'il est choqué et étonné de mon comportement. J'imagine qu'il ne doit pas savoir pourquoi, tout d'un coup, je ne veux rien voir de la ville. Moi qui n'arrêtais pas de lui dire que je voulais tout découvrir de cet endroit merveilleux. Il reprend une expression inquiète et me demande gentiment :

-Vous êtes toute pâle tout d'un coup. Vous êtes sûr que vous allez bien ? Je peux vous emmener chez le médecin si vous le désirer. Peut être n'avez vous pas assez manger ce matin et vous faite une crise d'hypoglycémie. Nous pouvons aller acheter des hot dog et nous assoir quelques temps sur un banc pour que vous puissiez reprendre des forces.

Ce n'est pas juste pour lui car il ne comprend pas mon changement total d'humeur, mais je m'en moque. Après ce que je viens d'entendre je n'ai qu'une seule chose en tête, le fuir au plus vite et retrouver un cocon de sécurité. C'est à dire emmitouflé sous ma couverture. La ou aucune paroles ne pourra venir me briser le coeur à nouveau. Il a du comprendre l'importance de ma demande puisqu'il ne cherche plus à m'imposer une nouvelle promenade.

-Très bien. Allons chercher un taxi.

Le trajet du retour se fait dans un silence de plomb. Je m'interdits de lui parler ou même de le regarder. Je ne suis pas capable d'affronter son regard alors que je sais parfaitement de quoi il parlait avec son ami. "La petite grosse de la soirée". Je ne connais pas ce Marc et pourtant je le déteste déjà. Quel connard. C'est lui que je devrais trouver immonde et dégueulasse. Mais ses mots résonnent encore et toujours dans ma tête. Si j'avais eu plus de force mentale, j'en aurais rigoler à coup sur. Mais la vérité c'est que je me préoccupe beaucoup trop de ce que pense les autres de moi, et que chaque critique à le pouvoir de me détruire un peu plus. Je joue les femmes fortes et mon côté fofolle arrive très bien à détourner l'attention. Mais derrières les apparences, je suis meurtrie.

Le taxi nous dépose devant l'hôtel. Je sors précipitamment et manque de me ramasser par terre. Même le portier vient à ma rencontre pour savoir si tout va bien. Décidément je vais finir par me casser une jambe avant la fin du séjour. Julian se précipite vers moi et je lis l'inquiétude dans ses yeux. Peu importe, je veux le fuir le plus vite possible.

-Bon et bien merci pour la balade. A un de ses jours Julian.

-Je crois que nous dinons ensemble ce soir. Je suis ravi d'avoir passer ce moment avec vous Charlie, et je suis content de pouvoir vous revoir ce soir. J'espère que vous irez mieux et que nous pourrons discuter à nouveau.

-Je ne pense pas descendre diner avec vous. Je vais surement rester dans ma chambre et préparer mes bagages, nous partons demain matin.

Comme si plier quatre tee-shirt et deux jeans allait me prendre toute la soirée.

-Je ne suis pas sûr que votre frère sera du même avis que vous. Il insistera sûrement pour que vous soyez là.

-Et bien sachez que je me moque bien de ce que mon frère veut. Je suis adulte et si je n'ai pas envie de descende c'est mon choix.

-Je, ..., très bien. Vous avez sûrement raison. Je suppose que nous nous reverrons à Paris dans ce cas. Je ne sais pas encore quand je vais arriver. Il me reste quelques affaires à régler ici mais je ne devrais pas en avoir pour longtemps.

-Parfait, vous n'aurez qu'à voir directement avec Ash. Bonne après midi et à bientôt.

Je me détourne de lui sans un regard et fonce droit dans ma chambre. Je ne sais absolument pas quelle heure il est et je m'en moque. Je veux rentrer chez moi, retrouver ma fille, ma chambre et mes frères. Ceux qui me traitent encore comme une princesse. C'est stupide, je sais d'avoir besoin de sa famille pour se sentir bien. Je devrais trouver assez de courage en moi pour affronter n'importe quel obstacle. Mais ma véritable force ce trouve dans l'amour que je porte à mes proches. Seul ce sentiment arrive à me faire oublier pour un certains temps que je me déteste au plus profond de moi.

Deuxième jour ou je suis ici et c'est déjà la deuxième fois que je m'effondre sur mon lit en pleurant. Décidément cette ville n'est pas mon amie, elle m'a replongé dans mes tourments d'autrefois. Je ne pensais pas que de simples
mots pouvaient encore me faire autant de mal. Avec Valentin déjà mon coeur s'était brisé en milles morceaux et je ne supportais plus mon reflet. Pourtant petit à petit, grâce à mes frères et ma fille, j'avais réussi à passer outre le dégout que j'avais de mon propre corps. Je crois que je me suis trompée puisque six petits mots ont réussis à gacher ma journée et à me replonger deux ans en arrière quand j'avais envie de me couper le gras du ventre aux ciseaux. "La petite grosse de la soirée". Mes sanglots commencent discrètement à franchir la barrière de mes lèvres. Lorsque je m'autorise enfin à pleurer pour de bon, je n'arrive plus à m'arrêter. Je finis tout de même par m'endormir, épuisée par le chagrin qui me terrasse en silence depuis deux ans maintenant.

Annotations

Vous aimez lire Camiiillle ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0