Chapitre 10

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Un homme me tourne le dos. Il est grand, élancé, habillé uniquement de noir. Ses petites fesses musclées se dessine à travers son jean, ça me donne envie d'y laisser traîner mes mains. Il avance et se met à marcher de plus en plus vite, je le suis sans parler. Au bout d'un moment je suis même obligé de courir. Je ne sais pas pourquoi mais je veux le rattraper. J'essaye de l'appeler mais je ne me rappel pas son nom, je ne suis même pas sur de le connaître vraiment. C'est bizarre d'ailleurs. Je ne sais même pas pourquoi je le poursuit aussi avidement. En regardant autour de moi je ne reconnais pas l'endroit. C'est flou. Il m'entraîne vers un coin plus sombre que le reste du décor. Il s'arrête net et je manque de lui rentrer dedans. Je suis à bout de souffle. Cette course m'a épuisée . Quand il se retourne je reconnais enfin son visage. C'est Julian qui me regarde droit dans les yeux. Son regard limpide me donne des frissons. A moins que ce ne soit le sourire mordant qui dessine ses lèvres. Je n'aime pas ce sourire. Il a l'air hostile, je m'en méfie. Une vague de peur inonde ma tête et mon coeur. Ses lèvres bougent mais je n'entends pas ce qu'il me dit. Je le force à répété et il éclate de rire. C'est froid et totalement dénué de bienveillance. Qu'est ce qu'il lui prend. Je tends l'oreille et essaye tant bien que mal de comprendre la phrase qu'il a l'air de répéter en boucle. Je ne saisie toujours pas. J'ai de plus en plus peur. Et puis d'un coup un son me parvient. Comme un murmure. Je crois discerner de mieux en mieux ce qu'il baragouine. Sa voix ce fait plus distinct jusqu'à ce qu'il se mette à crier en répétant encore et encore la même phrase. « La petite grosse de la soirée ». J'ai envie de pleurer mais je n'y arrive pas. Je voudrais le faire taire en plaquant mes mains contre sa bouche, ou même le gifler de toute mes forces pour oser prononcer cette phrase horrible. Mais mon corps refuse de bouger. Soudain il s'arrête, son sourire disparaît et une expression remplie d'inquiétude transforme son visage. Il se jette sur moi et m'attrape par les bras. Il me secoue puis me grogne au visage « Réveille-toi Charlie ».

J'ouvre les yeux en grand et me redresse aussi vite que je peux. Manque de bol, ma tête vient heurter violemment une surface aussi dure que mon crâne.

-Aïe !! Mince Charlie tu as faillis me casser le nez.

Je porte ma main à mon front. J'ai mal moi aussi sur le dessus du crâne, à la limite entre ma peau et mes cheveux. Je suis un peu déboussoler mais je reconnais tout de suite le lieu. Je suis assise sur mon lit, dans ma chambre d'hôtel. Je regarde la personne que j'ai manqué de défigurer, c'est Ashton. Qu'est-ce qu'il fiche ici ? Pourquoi et comment il s'est retrouvé dans ma chambre ? Ça m'énerve de le savoir la sans mon autorisation.

-Putain mais qu'est-ce que tu fais la Ash ?

Je suis sèche, presque agressive. Mais entre mon cauchemar et la présence de mon frère, rien ne m'oblige à être de bonne humeur. Je le regarde frotter son nez avec sa main. Je crois qu'il n'a pas apprécié le coup de boule. Je m'en veux un peu en voyant sa grimace de douleur.

-Excuse moi, je t'ai fais mal?

Il secoue la tête pour me signifier que non. Ok c'est déjà un bon début. L'expression de son visage change elle aussi, il à l'air de se radoucir.

-Mais ça aurait pu être pire ...

Il me dévisage avec inquiétude, au point qu'il vient poser ses mains autour de mon visage. Ça me rappel quand j'étais plus jeune et qu'il avait quelque chose d'important à dire. Il me regardait toujours droit dans les yeux en déposant ses mains en coupe sur mes joues. Il captait mon regard avec le sien. C'est exactement ce qu'il fait en ce moment.

-J'ai frappé plusieurs fois à la porte et n'ai pas venu m'ouvrir. Je savais que tu était déjà rentré de ta balade avec Julian donc tu devais forcément être dans ta chambre. Comme tu ne répondais pas je suis entré dans ta chambre et je t'ai entendu gémir. J'ai cru que tu pleurais alors je me suis précipité vers toi. Et puis je t'ai vu étalé sur ton lit avec le visage crispé mais les yeux fermés. Je t'ai attrapé par les bras mais tu refusais de te réveiller. Et d'un coup tu as ouvert les yeux et tu m'as presque éclaté le nez. Quelques centimètre plus à gauche et tu aurais dû appeler une ambulance.

Rien dans son petit discours ne me montre qu'il est en colère contre moi bien au contraire. Il fronce les sourcils et essaye de déchiffrer mon regard. Je le rassure du mieux que je puisse.

-Pardon j'ai fais un cauchemar mais je crois que tu m'as réveillé au bon moment. Merci.

-Tu veux me le raconter ?

Je lui souris tendrement. C'est marrant mais parfois, j'aime qu'il me traite encore comme une enfant. Je sais ce que vous pensez, que je ne sais pas ce que je veux parce que j'attend de lui qu'il me traite en adulte responsable. Mais quand il s'occupe de moi comme si j'étais une petite poupée fragile, ça me rappel mon enfance. Par contre il ne doit rien savoir, ni pour mon cauchemar, ni la raison de ce cauchemar.

-Non c'est bon t'inquiète. De toute façon je ne m'en souviens plus. Par contre, je suis assez curieuse de savoir comment tu es arrivé dans cette chambre. Ne me dis pas que j'avais laissé la porte ouverte ou que tu l'a défoncé.

Je regarde par dessus son épaule pour essayer de voir quelque chose. Mais il se relève et glisse la main dans la poche de son jean, il en ressort une clefs magnétique identique à la mienne. Il l'a tapote contre la paume de son autre main.

-Tu oublies que j'ai des relations.

Ça réponse me fais sourire. Il a l'air d'être de bonne humeur. Soit il a oublié le fiasco d'hier, soit son humeur risque de tourner au vinaigre au moment ou nous allons aborder le sujet. Je regarde par la fenêtre et remarque que le soleil est couché. Merde c'est déjà le soir ? Je ne sais même pas combien de temps j'ai dormis. Je me jette sur mon téléphone posé qui repose sur l'oreiller d'a coté. 19h30. Je ne me rappel pas de l'heure à laquelle j'ai plongé dans les bras de Morphée mais ça devait être en début d'après midi. Ça veux dire que j'ai passé la moitié de la journée à dormir. Je suis une piètre touriste. Les évènements de ce matin et mon cauchemar me reviennent douloureusement en tête. Je me replonge dans mon lit et colle un oreiller contre mon visage.

-Je ne sais absolument pas pourquoi tu es venu, mais ce qui est sûr c'est que tu peux t'en aller. Je vais bien, je n'ai pas besoin de toi. Merci pour la visite mais au revoir.

Mon comportement est totalement injustifié. Mais je n'ai aucune envie de discuter avec lui. De quoi que ce soit d'ailleurs.

-Alors la tu rêves ma petite. Tu vas t'habiller et venir avec moi au restaurant. On nous y attend dans 30 minutes.

Je me redresse à nouveau et le fusille du regard.

-Hors de question. Je n'ai pas envie de sortir d'ici. Je compte me reposer pour être en forme pour le vol retour.

-Menteuse. Tu veux te cacher dans cette chambre. De quoi as-tu peur Charlie ?

-De Godzilla ! On m'a dit qu'il trainait dans les rues de New York le soir.

-Ma petite soeur la comique! Aller bouge tes fesses je ne vais pas t'attendre toute la soirée.

-Je te le répète : je ne vais nul part.

Il a l'habitude de mes bouderie. C'étais ma spécialité quand j'étais adolescente. Ça ne l'impressionne pas le moins du monde. Il croise les bras sur sa poitrine.

-Je te laisse deux options : Soit tu te lèves, tu te débarbouilles et tu te prépares correctement. Soit je te lève et je te trimbale jusqu'au restaurant tel que tu es. Et tu peux me croire, vu la tête que tu te payes, tu ferais mieux de choisir la première option.

Je tourne la tête sur la droite et aperçois mon reflet dans le miroir accroché au mur. Je suis affreuse. Mes cheveux sont tout emmêlés, on dirait un vrai nid d'oiseaux et mon maquillage a tout dégouliné sous mes yeux. Je ressemble à un panda zombie cette fois-ci.

-C'est la deuxième fois que tu me vois comme ça en moins de 24h. Félicitation Ashton, je crois que tu fais ressortir le pire en moi.

-C'est ça. Aller mets toi en marche jeune fille.

-Et pourquoi je suis obligée de venir manger avec vous. Vous pourriez profiter de ce moment pour faire un diner en tête à tête avec Maya.

-Pas une fois dans ta vie tu ne comptes exécuter un ordre sans avoir besoin de l'ouvrir avant ?

-Désolée mais j'ai été élevée en démocratie !

Il rigole à ma réponse. Je suis très forte pour lui balancer des piques, mais il sait très bien que ça ne dure jamais longtemps et que je finis souvent par plier. C'est comme ça que ça fonctionne entre nous.

-D'accord, alors je vais le formuler autrement. Ce soir Mademoiselle Moreau, nous avons un diner d'affaire. Mon associé et moi même voulons nous entretenir avec notre secrétaire afin de définir les nouvelles dispositions qui seront mises en place au moment de l'arrivé de M. Wright. Vous n'avez pas le choix et votre présence est obligatoire. Compris ?

Je crois que je n'ai pas d'autres choix que d'abdiquer cette fois. Et puis si le diner est vraiment un diner de travail, je suis effectivement obligé de m'y rendre. Même si j'ai de forts doutes concernant cette excuse pour me trainer hors de mon lit. Mais soit, je me lève et lui offre un joli salut militaire.

-A vos ordres mon capitaine.

Je me dirige vers la salle de bain et me retourne avant d'y pénétré.

-Tu m'attends ici ?

-Oui, comme ça je pourrais te presser si tu traines trop. Je m'en voudrais que tu sois encore en retard comme hier.

Merde, j'ai intérêt à faire profil bas si je veux que tout ce passe en douceur pour moi. C'est étrange qu'il ne m'ai pas parlé d'hier encore. Je lui retourne un petit sourire crispé et attrape mes affaires dans le placard ou j'ai rangé ma valise.

-Vous êtes trop gentil avec moi votre altesse.

La douche doit être rapide et même si je dois me laver les cheveux, je me presse un maximum pour ne pas trop le faire attendre. Je le connais, il s'impatiente vite et je risque de me faire disputer toutes les cinq minutes si je ne mets pas un peu la gomme. Après m'être séchée les cheveux, j'opte pour une tresse lâche sur le coté. Ils ne sont pas très longs et ressortent de la tresse un peu partout mais ça me donne un style coiffé/décoiffé que j'aime beaucoup. Un bon coup de maquillage et je suis prête à enfiler mes fringues. J'avais pensé à une tenue de secours au cas ou je n'aurais pas trouver de robe sur place. Elle fera parfaitement l'affaire pour ce soir. Je commence par enfiler mon jean skinny noir. C'est un vrai parcours du combattant. Il est tellement serré que je suis obligée de me dandiner dans tous les sens pour arriver à le monter jusqu'en haut. J'aurais du prendre une taille de plus me direz-vous mais une fois placé correctement, ce jean devient mon meilleur ami. Il me fait un cul d'enfer. Je met ensuite ma blouse à fine bretelles recouverte de sequins noirs. On dirait une vraie boule à facette mais j'adore ce haut. Il cache un peu la misère au niveau de mon ventre et on ne voit pas les bourrelets grâce à la réverbération des paillettes. Parfait. Je sors de la salle de bain après m'être parfumé et apprêté de bijoux. Ashton m'attend tranquillement, assis sur mon lit. Une jambe poser sur son genou opposé. Il regarde son téléphone avec beaucoup d'intérêt. Je le sort de ses pensées.

-J'ai terminé. On peut y aller si tu veux. J'ai juste à mettre mes chaussures et prendre mon sac dans l'entrée.

Il se lève et me montre la porte avec son bras. Je lui passe devant, glisse mon portable dans mon sac à main et enfile mes escarpins acheté la veille. Il me retiens par le bras avant que je ne franchisse la porte.

-Tu ne prends pas ton manteau ?

-Pour aller au restaurant en bas ? Non ce n'est pas la peine.

-Tu risque de prendre froid Charlie.

-Tu sais quoi ? Tu as raison. Passe moi ta veste.

Je ne lui laisse pas le temps de me dire non et commence à le déshabillé. Il se laisse faire, son regard emplis de curiosité. J'enfile le vêtement et mes narines sont envahies du parfum de mon frère. J'adore son odeur, ça m'évoque la sécurité de mon chez moi.

-Tu n'as jamais finis de me surprendre Charlie.

-Et heureusement.

Je lui fais un clin d'oeil et part en direction des ascenseurs. En me regardant dans le miroir, je vois que sa veste de costume est longue, comme je l'imaginais. Comme il à des épaules larges et un torse solide, elle tombe droite sur moi. J'adore ce total look noir un peu masculin sur les bords. Je remonte les manche de la veste pour me l'approprier d'avantage. Je n'ai jamais été fan de mon reflet dans les miroirs mais je dois avouer qu'habillé comme ça, je me sens presque bien. Ashton comme à son habitude reste très élégant en bras de chemise. C'est d'ailleurs surement pour ça qu'il m'a autorisé à prendre sa veste, son côté très tiré à quatre épingle n'est absolument pas entaché par mon vol de vêtement.

Nous entrons dans le restaurant et Ash me conduit jusqu'à notre table ou Maya et Julian nous attendent déjà. Il ne se parle pas, ne se regarde même pas et chacun d'eux est plongé dans la contemplation de la carte. Lorsque nous arrivons à la table, Julian redresse la tête et se lève en nous apercevant. Je prends la place resté libre entre Maya et Ashton, Julian en face de moi. Il me sourit en se rasseyant et reprend la carte dans les mains. Tout ce passe bien au début du repas, nous discutons de tout et de rien. Julian et moi racontons notre matinée passé ensemble. J'omet volontairement la fin de notre rendez vous, Julian aussi. Je lui souris franchement au moment d'évoquer sa façon de me faire découvrir Times square. Le repas et le vin sont excellents. Je commande un verre de Chardonnay à l'apéritif et le déguste tranquillement jusqu'à ce qu'on nous serve le plat. Le serveur arrive avec une bouteille de vin rouge, il l'ouvre, en fait gouter un peu à Julian qui le valide puis commence à servir Maya. Au moment ou il approche le goulot de mon verre, mon frère pose sa main dessus.

-She will be content with water from now.

Puis il me regarde.

-Tu bois de l'eau maintenant.

Je lui rend son regard et hausse les sourcils.

-Excuse moi mais il me semble que je suis une adulte et que je suis capable de décider toute seule de ce que je bois. Merci.

Le pauvre serveur ne sait plus ou se mettre. Il sert rapidement les garçons et part vers d'autres tables.

-Excuse moi mais après le fiasco d'hier, je crois que tu n'es pas capable de te tenir correctement quand tu as un coup dans le nez, et j'aimerais que le repas se déroule sans que tu ne renverse quoi que ce soit.

Je ricane, il fallait bien que ça sorte à un moment donné. Je suis d'ailleurs étonné qu'il est tenu jusqu'à maintenant.

-Tu penses que j'étais bourrée hier ?

-C'est une évidence non ?

Julian et Maya nous regarde tour à tour, n'osant plus ouvrir la bouche. Ils ont raison, c'est entre Ashton et moi.

-Je suis désolé de te dire ça Ash, mais je n'étais absolument pas soule. Et si j'ai fais tombé ce plateau c'est uniquement dû à ma maladresse. Tu sais très bien que j'ai toujours été maladroite.

-C'est un peu facile comme excuse tu ne crois pas ?

-Ce n'est absolument pas une excuse, c'est la vérité. J'ai effectivement bu...

Je n'ai pas le temps de finir ma phrase qu'il me coupe la parole.

-Stop. Tu t'es donné en spectacle parce que tu t'es enfilé une bouteille à toi toute seule. Ça ne sert à rien de mentir, Maya t'as vu. Elle est venue me prévenir mais je n'avais pas le temps de m'occuper de toi. Tu peux d'ailleurs la remercier, c'est elle qui a veillé sur toi après tout. Je trouve ça vraiment dommage que tu lui ai donné des raisons de le faire. Tu veux que je te traite en adulte ? Alors commence par te comporter comme une adulte.

J'ai un mouvement de recul sur ma chaise.

-Attends, veiller sur moi ? Maya ? Excuse moi mais j'ai du louper un épisode la.

Elle se racle la gorge et s'adresse à moi sur un ton méprisant.

-Je t'ai vu arriver et te jeter sur le premier serveur qui passait. J'ai suivis de près ta consommation et lorsque j'ai estimé que c'était beaucoup trop je suis allée en parler à ton frère. Quand je t'ai vu partir en courant vers les toilettes, je pensais que tu ne te sentais pas bien. Après tout ce que tu as bu, je me suis dit que peut être tu avais envie de vomir. Alors j'ai dis à Ash que j'allais m'occuper de toi.

-Tu es venue dans les toilettes pour me dire que les discours commençaient, que je devais être présente et bien me tenir pour ne pas lui faire honte.

-Et on voit comment ça s'est terminé. Tu t'es ridiculisée devant tous les invités. Excuse moi mais je n'y suis pour rien si tu ne tiens pas bien l'alcool. La prochaine fois, je te conseil de boire plus d'eau. Surtout que ça ne te ferais pas de mal.

Attend mais je rêve ou quoi ? Elle ose se faire passer pour ma sauveuse alors qu'elle à juste été odieuse. C'est une grosse blague la. Je ne compte pas me laisser faire.

-Je ne t'ai rien demandé moi, j'étais absolument capable de me débrouiller toute seule.

-La preuve que non Charlie. Tu t'es pris une cuite et tu as renversé ce malheureux serveur.

Le ton monte entre elle et moi.

-Arrête de dire n'importe quoi, je ne me suis absolument pas pris de cuite, donc si tu voulais bien t'occuper de tes affaires, je discute avec mon frère là et on ta rien demandé.

-Et moi je t'interdis de lui parler comme ça.

Il a beau chuchoter, la voix d'Ashton me fait taire immédiatement. Ses yeux lancent des éclairs dans ma direction.

-Ça suffit maintenant Charlie. Je ne veux plus en discuter. Tu t'es comporté comme une gamine irrespectueuse. Je ne veux plus jamais que ça se reproduise sinon, je serais obligé de te licencier. J'espère que tu m'as bien compris.

J'acquiesce, dégoutée de la tournure de la conversation. J'aurai beau essayer de me justifier autant que je peux, je n'aurais jamais gain de cause. Il a pris sa décision et pour lui je suis coupable, point final.

Le repas prend fin dans un silence absolue pour ma part. Personne ne se regarde vraiment et les discussions entre Ashton et Julian restent très professionnelles. Maya quand à elle, saisit chaque occasion pour se faire mousser auprès de mon frère, nous bassinant avec toutes les conversations qu'elle à pu avoir avec la femme d'un adjoint du procureur ou celle d'une ancienne star de la NFL. Je triture le reste de mon dessert que je n'arrive pas à terminer. Je suis un peu écœurée par tout ce que nous nous sommes dis. Encore une fois, Ashton ne m'a pas cru. Il a préféré écouter cette garce qui à très bien réussit à me faire passer pour une mauvaise personne. Elle a dû se régaler du spectacle qui s'est offert à elle. Ashton m'a descendu devant Julian. Je l'ai vu sourire en coin tout le long du diner. J'ai faillis m'en aller quand je les ai vu roucouler tous les deux. Comme si nous ne venions pas de nous déchirer avec Ashton.

Je suis surprise quand Julian prend la parole juste après le café. Ça faisait un moment qu'il n'avait rien dit, sûrement par respect pour Maya qui n'arrêtait pas de parler des préparatifs du mariage. Ou peut être que, comme moi, il n'était pas vraiment intéressé par la couleur des cravates des serveurs qui devait absolument être en raccord avec celle des serviettes !

-Comme tout le monde à terminé, je vous propose de finir la soirée au French. Il n'y a aucune discussion houleuse qu'un bon verre ne peut apaiser. Qu'est-ce que vous en dites ?

Personne ne répond. Pourtant Julian insiste.

-Ashton ?

-Ashton et moi avions prévu de passer la fin de la soirée ensemble. J'aimerais qu'on aille se promener tous les deux du côté de Times Square. Tu t'en souviens mon amour ? Tu m'avais promis.

-Bien sûr chéri.

Julian me pose alors la question.

-Et vous Charlie? Vous êtes intéresser par un dernier verre ?

J'avoue que cette proposition me tente bien. Je n'ai aucune envie de me retrouver toute seule dans ma chambre et après ma sieste de cette après midi, je sais très bien que je n'arriverais pas à trouver le sommeil tout de suite. Pourtant je ne peux pas accepter sans balancer une petite pique. Je sais que c'est totalement gratuit et probablement très immature, mais je suis incapable de m'en empêcher.

-Je ne sais pas, laissez-moi demander à mon père.

-Arrête tout de suite Charlie.

Ashton se relève et tend la main vers Maya qui sort de table à son tour. C'est avec un regard plein de colère qu'il me lance :

-N'oublie pas de te lever demain pour prendre l'avion. C'est tout ce que je te demande. Tu en es capable ?

Je hoche la tête et ils s'en vont tous les deux. Je m'essuie la bouche avec ma serviette et la jette un peu trop fort sur la table. Mon verre d'eau , que je n'ai pas touché de la soirée se met à valser. Pendant une demi seconde j'ai cru qu'il allait tombé. Ce n'est pourtant pas le moment de me faire remarquer. Julian s'est levé et m'attend à côté de sa chaise. Je me lève à mon tour et le regarde droit dans les yeux avec un sourire triste.

-Bon, je crois que j'ai la bénédiction de papa !

J'essaye de garder un ton joyeux mais je vois bien que Julian n'est pas dupe. Peu importe, il a la décence de ne pas me le faire remarquer.

Nous nous dirigeons côte à côte vers l'accueil. Julian demande quelque chose à la réceptionniste et puis me guide vers la sortie. Nous patientons quelques minutes dans le calme quand une berline s'arrête devant nous. C'est une sublime Audi noire aux vitres teintées. Un homme en sort et vient nous ouvrir la porte arrière. Julian me fait avancé en me poussant dans le bas du dos. Il laisse sa main trainer jusqu'à ce que je monte dans la voiture, puis le chauffeur démarre. Ce repas n'était vraiment pas des plus agréable. J'aurais du m'écouter et rester bien au chaud sous les couvertures dans la chambre. Oh je sais bien que nous aurions automatiquement fini par en parler. Mais j'aurais préféré que ça se fasse dans l'intimité plutôt que de déballer notre linge salle devant Julian.

****

Le trajet jusqu'au French est assez rapide. Julian a discuté avec le chauffeur et comme je ne comprenais pas un traitre mot, je me suis terré dans le silence. Regardant par la fenêtre les lumières des rues défilées devant mes yeux. Il a juste eu le temps de m'expliquer que le French lui appartenait. C'est le bar qu'il a ouvert il y a quelques temps et dont Maya s'est occupé de décorer.

La voiture nous dépose dans une ruelle. Julian sort le premier et me tend la main pour m'aider à m'extirper du véhicule. Sa main est chaude et douce, c'est très agréable de la tenir. Lorsqu'il me lâche, d'ailleurs trop rapidement à mon goût, mon point se serre. Comme s'il voulait emmagasiner la chaleur laisser par le contact de la paume de Julian. Je ne m'en était pas rendu compte mais mon corps apprécie particulièrement son contact. Chaque fois que nos peaux se frôlent ou qu'il vient poser sa main sur moi, une chaleur diffuse vient réchauffer ma peau et laisser une toute petite trace dans mon coeur. Ça fait longtemps que je n'avais pas été réceptive au toucher d'un homme. Pourtant il ne faut pas que j'oublie que son seul intérêt pour moi réside dans le fait qu'il travail avec mon frère. Il me sort de mes pensées en m'attrapant par le bras. Encore un nouveau frisson. Décidément je n'ai aucun contrôle sur mes réactions à son contact.

-Nous allons passer par derrière. A cette heure-ci il doit déjà y avoir du monde. Je n'ai pas envie de vous faire attendre dans le froid, le temps que je serre quelques mains dans la file d'attente.

-C'est très chevaleresque de votre part.

-N'oubliez pas que je suis un gentleman.

Il rigole, sûrement en repensant à ce que je lui ai dit tout à l'heure.

-Non, je vous en pris, ne dites rien. Personnellement j'ai encore besoin de croire que les gentlemans existe. Fierté personnelle.

L'index devant la bouche pour lui répondre, je suis incapable de dissimuler mon sourire.

-Je ne dirais rien, promis. Je ne voudrais pas être celle qui ose briser vos espoirs.

Décidément j'adore nos échanges. J'aime le fait que je peux être naturelle avec lui et que je ne suis pas obligé de tenir ma langue. Je sais que parfois mes propos le choque, mais je suis sur qu'il apprécie particulièrement ma spontanéité verbale.

Nous nous dirigeons vers une grande porte métallique. Il tape un code sur un boîtier attenant et la porte s'ouvre automatiquement. Un vigile se tient juste derrière et salut Julian d'une poignée de mains. Leur échange est court et nous avançons rapidement dans le couloir. Nous traversons plusieurs pièces comme la cuisine ou ce que je suppose être une salle de repos. Arrivez derrière le bar, Julian interpèle un homme.

-Max ?

Un beau brun se retourne et nous sourit de toutes ses dents. Il est très mignon dans son pantalon à carreau et son gilet assortis, ou dépasse une chemise blanche dont les manches sont relevées aux trois quart. Il s'avance et tape sur l'épaule de Julian.

-Welcome Boss, we weren't expecting you so early.

Max se tourne vers moi, attrape ma main et se penche pour me saluer.

-Madame.

-Max je te présente Mademoiselle MOREAU.

-Vous êtes française ?

Son adorable accent me fait sourire. J'acquiesce en hochant la tête, puis Julian reprend immédiatement la parole.

-Informe les autres que Mademoiselle MOREAU peut avoir tout ce qu'elle désire. C'est mon invité personnelle et je tiens à ce qu'elle passe une bonne soirée. Dis aussi aux videurs de jeter un oeil sur elle si je dois m'absenter. Je ne tiens pas à ce qu'elle se fasse importuner par n'importe qui. Je suis suffisamment clair ?

-Propriété privée de Julian Wright c'est ça ?

Il lève les sourcils frénétiquement en disant ça. Mais quel abrutis ! Il se retourne en direction du bar pour parler aux serveurs.

-Guys, here is the boss's girl. Don't touch, understood ?

Je ne suis pas une lumière en anglais mais la j'ai bien compris. Je suis choquée par ce qu'il vient de dire. Comme si moi j'avais la moindre chance de sortir avec ce genre d'homme. Julian ne leur laisse pas le temps de cogiter sur ce que dit Max.

-Ce n'est absolument pas ma propriété. C'est la sœur d'Ashton un point c'est tout.

C'est marrant mais je crois déceler une pointe d'agacement dans sa voix. Je jurerais que ça l'a mis mal à l'aise que l'on puisse nous imaginer ensemble lui et moi. Peu importe, je n'ai pas le temps de ressasser tout ça puisqu'il pose à nouveau sa main sur le bas de mon dos pour me faire avancer. Ma tête n'arrive plus à se concentrer sur autre chose que la paume de sa main qui me réchauffe agréablement les reins. Je me surprend encore une fois à apprécier un peu trop ce contact, c'est la troisième fois qu'il me touche de cette façon aujourd'hui. Je ne bouge pas de peur qu'il retire sa main un peu trop vite. Il se retourne à nouveau vers ses employés.

-Mes invités sont-ils déjà installés au carré VIP ?

C'est un des serveurs qui lui répond.

-Oui. J'ai déjà apporter un magnum de GREY GOOSE et des softs pour les demoiselles.

-Parfait. Rajoutez moi une bouteille de RUINARD Rosé et un verre de BLANTON'S GOLD. Mademoiselle Moreau se transforme en vraie petite comique quand elle goute aux bulles.

Il se retourne vers moi et m'offre un petit sourire en coin que je suis la seule à voir. Je lui retourne en lui tirant la langue en prime.

-Très marrant.

Bien sur que ça l'est. J'adore qu'il me taquine sur ça. C'est comme si nous avions un petit secret tous les deux. Par contre il ne doit en aucun cas remarquer que sa petite plaisanterie a fait mouche. C'est pour ça que je change immédiatement de sujet.

-C'est quoi le GREY GOOSE ?

-LA GREY GOOSE. C'est de la vodka. Je trouve personnellement que ça a un gout affreux mais ils raffolent de ça par ici.

-Laissez moi devinez, vous êtes plutôt Bourbon. C'est pour ça que vous leur avez demandé un verre de BLANTON'S. C'est pour vous. Ça vous correspond bien je trouve, c'est puissant et sec mais aussi doux et poivré.

-Vous êtes très perspicace Charlie. C'est étonnant que vous connaissiez aussi bien les arômes de ce Whisky.

Je hausse les épaules l'air de rien.

-Et donc vous me trouvez puissant et doux ? Son regard et remplis de curiosité.

Je ne prends pas la peine de rentrer dans son jeu en répondant à cette question. J'aurais dû me taire, quelle imbécile. Je préfère détourner la conversation pour ne pas avoir à me justifier sur mon petit commentaire.

-Mes frères préfèrent les alcools bruns alors j'ai appris les différentes nuances chez le caviste lorsque j'allais leur chercher une bouteille pour leurs anniversaires. Certaines m'ont d'ailleurs coûter la peau des fesses.

Il me pousse délicatement pour me faire avancer tout en riant de ma petite histoire. Il m'indique de sa main libre un coin entouré de barrière en cordes grenat ou de grands canapés rouges sont placés en cercle autour d'une table couleur bronze. Plus précisément, il me montre un homme du bout du doigt. Pas très poli ça pour un gentleman. Puis il me confit dans le creux de l'oreille, suffisamment fort pour couvrir le bruit de la musique :

-Vous voyez le type avec le costume bleu au carré VIP ? C'est Marc Durafour. C'est un trader parisien avec qui nous avons collaboré étroitement Ashton et moi. Il a également un bureau ici. Il se débrouille pas mal dans son domaine mais il a de gros problèmes avec la boisson et les produits illicites. Et c'est aussi un gros pervers. Ne vous approchez pas de lui sans que je ne sois la. Il pourrait facilement promener sur vous ses vilaines mains baladeuses. Je ne veux pas avoir à le sortir par le col pour avoir oser vous toucher un peu trop. Et puis j'ai encore besoin de lui pour certaines affaires alors je ne veux pas me le mettre à dos, sauf si vous m'y obliger. Ce qui serait vraiment fâcheux.

J'opine du chef. MARC. Ça doit être lui avec qui Julian parlait ce matin. Hors de question que je le laisse ne serais-ce que poser un seul doigt sur moi. Par contre ce qui est sur c'est qu'il va regretter de m'avoir insulter de la sorte.

-Alors c'est lui le fameux Marc ?

Je pose la question le plus innocemment possible.

-Et je peux savoir comment vous le connaissez ?

Il fronce les sourcils. Visiblement il ne s'attendais pas à ce que je sache qui il est. Il va être encore plus surpris quand il va apprendre à quel moment j'ai entendue parler de lui.

-Je ne le connais pas encore, je vous ai juste entendu parlé tout à l'heure. Vous savez, au téléphone, lorsque nous sommes sortis du magasin M&M's.

Ses yeux s'ouvrent en grand et manque de sortir de leurs orbites. Il voit très bien de quel moment je veux parler mais il n'a pas le temps de répondre quoi que ce soit puisque nous arrivons devant le carré. Un videur nous détache le cordon de l'entrée. Marc nous aperçoit puis vient à notre rencontre en tendant la main à Julian. Il lui serre avec un mouvement exagéré et se retourne vers moi. S'il pense que je vais être chaleureuse avec lui il se trompe. Je compte bien lui faire ravaler son sourire ultra bright.

-Nice to meet you Miss, I'm Marc.

Je prends bien soin de ne pas le toucher mais lui retourne quand même un sourire forcé.

-Enchanté de même Marc. Je suis Charlie.

Je me tape sur le front avec la paume de ma main dans un geste un peu trop théâtrale.

-Mais que je suis bête, vous devez savoir qui je suis puisque vous connaissez mon grand frère Ashton. Et puis il me semble que vous avez parlé de moi avec Julian aujourd'hui, vous savez la petite grosse de la soirée.

Son visage se crispe. Il a l'air extrêmement mal à l'aise et un peu confus. Je crois que j'ai fais mouche. Bien joué ma fille !

-Et oui, j'ai cru comprendre que c'était le surnom charmant que vous m'aviez donné ! Ne vous en faite pas je ne dirais rien à Ashton. Ça serait regrettable qu'il vous pende par ... attendez, quoi déjà ?

Je me retourne vers Julian pour l'interroger du regard. Ma petite mise en scène n'a pas l'air de lui plaire mais je m'en moque, je compte bien continuer mon petit sketch quoi qu'il puisse en penser. Je porte à nouveau mon regard sur Marc.

-A oui ! "Par les bijoux de famille". Ne craignez rien, votre joujou est en sécurité avec moi. Enfin tant qu'il reste bien tranquillement au chaud dans votre pantalon. Mon petit doigt m'a dit que vous aimiez bien tripoter les filles. Mais j'imagine que je ne risque rien, vous ne devez surement pas vous intéresser aux grosses ! Sur ce, monsieur, je vais aux toilettes des dames. J'ai extrêmement envie de vomir en vous regardant de si près.

Je tourne les talons et sort de là sans un regard en arrière. J'y suis surement aller un peu fort. Mais je dois dire que je suis fière de moi ! Je me suis trop laissé faire dans le passé, je compte bien changer à partir de maintenant. Et puis, ce n'était pas désagréable de le voir virer au cramoisie.

Charlie = 1, Marc le connard = 0.

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