Chapitre 13

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Je me réveillai dans la même position, assis dans le siège de la soucoupe des Autres. De petits cris montaient du dehors. Je me levai lentement, les membres encore engourdis, et regardai le désert.

Il y avait des Affamés, encore plus décharnés que ce que j’avais pu voir jusqu’alors. Ils reniflaient la soucoupe, tels des animaux curieux. Le cadavre de Mesint avait disparu, sans doute dévoré.

Corentin s’approcha de moi et nous regardâmes en silence la meute d’Affames s’affairer devant la soucoupe.

  • Le retour à la nature, lâchai-je.
  • On pourrait utiliser l’arme des Autres, suggéra Corentin. Tu sais, celle à plus grande action.
  • Non, dis-je. Si nous faisions ça, nous serions comme les Autres.
  • Mais ce ne sont pas des êtres humains ! protesta Corentin. Juste des animaux.
  • C’était des êtres humains, corrigeai-je durement. C’est ce qui fait toute la différence.
  • Qu’est-ce que tu veux faire, alors ? demanda Corentin. Qu’est-ce que propose notre grand génie, s’il ne veut pas tuer ces animaux ? Attendre qu’ils partent ?
  • Si ce sont vraiment des animaux, ils devraient avoir peur de nos armes, dis-je en ignorant les nombreux sarcasmes de Corentin. Donc utiliser les armes des Autres et tirer à côté d’eux devrait les faire fuir.
  • Pas mal, admit Corentin. Je vais tester ça.

Il alla fouiller dans mon sac à dos, et revint avec deux armes. Il me tendit la première, et brandit la deuxième vers les Affamés.

  • Ça ne passera pas à travers le métal, dis-je. Tu risques juste de nous tuer en faisant ça.
  • Qu’est-ce que tu veux que je fasse alors ? s’énerva Corentin.
  • Sors de la soucoupe, dis-je simplement.
  • Ils vont me sauter dessus ! protesta Corentin.
  • Ne vous énervez pas, dit Cléa, que nos cris avait réveillé. Les Autres avaient un moyen pour ouvrir le rebord, non ?
  • Si tu crois que je suis ingénieur inter-galactique, c’est faux ! cria Corentin. Je ne sais même pas comment on met en marche cet engin, alors comment ouvrir le toit !
  • Ça serait dommage, dis-je calmement. On pourrait aller plus vite.
  • On se ferait repérer tout de suite, dit Cléa.
  • Essaie tous les boutons, suggérai-je à Corentin.
  • Au risque de nous faire exploser ? gronda-t-il. Non merci. Je vais descendre par la corde, et on verra bien.
  • Si on entend des cris, on saura que tu seras en train de te faire manger, ironisai-je.

Corentin n’apprécia pas la blague, et il me lança un regard noir tout en déroulant la corde à l’extérieur, par un petit trou que je n’avais pas remarqué jusqu’alors.

  • Vous avez réussi à escalader ça ? demandai-je, incrédule.
  • On s’est débrouillé, répondit Cléa.
  • Pendant que tu somnolais, il a bien fallu que certains agissent ! lança Corentin en descendant.

Cléa le regarda descendre prudemment tandis que j’allai chercher nos sacs.

Arrivé en bas, Corentin poussa un grand cri, puis tira sur plusieurs Affamés, qui furent réduits en miettes. Son action eut l’effet escompté, car les autres Affamés fuirent sans protester.

  • C’est bon ! cria Corentin une fois les Affamés partis. Vous pouvez descendre !

Je consultai Cléa d’un regard, et elle acquiesça. Je poussai un soupir et descendis l’échelle de corde. Corentin posa sur moi un sourire satisfait et dit :

  • Tu vois, il n’y a pas besoin de cartes pour vaincre une troupe !
  • Tu as utilisé les armes des Autres, répliquai-je.
  • Ce ne sont pas les cartes.
  • C’est grâce à moi que tu as eu ces armes, dis-je. Sans les cartes, nous n’aurions jamais pu vaincre les Autres.
  • D’accord, dit Corentin en reniflant dédaigneusement. Tu veux tirer l’honneur sur toi, quoiqu’il en coûte ? Très bien. On a compris que tu étais le chef, pas besoin de te la ramener.
  • Je n’ai jamais dit que j’étais le chef ! protestai-je.
  • A chaque fois que l’on tente de te contredire, soit tu t’enfuis…
  • La seule fois que je me suis enfui, c’était de ta faute, dis-je. Je ne tue pas pour le plaisir. Toi par contre, tu n’étais pas obligé de tuer autant d’Affamés. Tu étais juste sensé leur faire peur.
  • …soit tu nous menaces, poursuivit Corentin, m’ignorant ostensiblement.
  • Je ne vous ai jamais menacé de mort ! m’offusquai-je. Même si vous êtes parfois énervants, je n’ai jamais dit que…
  • Tu as songé plusieurs fois à te débarrasser de nous, dit Corentin.
  • Oui, mais je pensai vous laisser continuer seuls.
  • Et nous laisser à la mort ?
  • Donc, tu crois que je suis essentiel au groupe, en conclus-je, victorieux.
  • Tu vois ! Tu nous fais comprendre que tu es le plus fort.
  • Stop ! cria Cléa. Vous commencez vraiment à me fatiguer et à m’énerver, tous les deux.

Corentin repoussa Cléa sans ménagement et s’approcha de moi, à tel point que nos deux têtes se touchaient presque. Il me murmura :

  • Tu crois être le plus fort, pas vrai ? Et bien, je crois que ça va changer. Ton règne décline, Matt, et ça sera moi le prochain roi !
  • Tu es complètement fou.
  • Fou ? Non. Jaloux ? Peut-être. Mais haineux, ça c’est sûr.

Il se retourna brusquement et marcha quelques pas avant de dire :

  • Ton heure a sonné, Matt Misouran !

Et il partit à grande vitesse. Je marchai à sa suite, tout en restant à bonne distance. Cléa me rattrapa et me demanda :

  • Qu’est-ce qu’il t’a dit ?
  • Rien d’important, dis-je. Mais il faut le surveiller. Je crains que les choses ne dégénèrent rapidement.
  • Vous me faites peur, à vous disputer comme ça.
  • Je pense qu’il va passer au stade suivant.
  • C’est-à-dire ?
  • Le meurtre, dis-je simplement. Et c’est pour ça qu’il faut le surveiller. S’il te plaît, ne le lâche jamais des yeux. Ça pourrait m’être fatal, et peut-être pour toi aussi à long terme.
  • Corentin est mon ami ! protesta Cléa. Il ne me ferait jamais de mal, même si je faisais partie des méchants !

Je lui adressai un regard sceptique, auquel elle répondit par :

  • Je lui fais entièrement confiance.
  • Comme tu veux, soupirai-je. Mais méfie-toi de lui, d’accord ?
  • D’accord…

Je lui souris, puis me concentrai sur la journée de marche à suivre.

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