Chapitre 4

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Une fois hors de portée, Corentin se laissa tomber à terre. Je m’approchai de lui et lui donnai un coup de pied, ce qui l’envoya rouler plusieurs mètres plus loin. Il se releva en grognant et cria :

  • Pourquoi tu fais ça ?
  • Tu voulais nous vendre aux Affamés ! Sale traître !
  • Mais on risquait de mourir, geignit Corentin. J’ai agi sur le coup de la peur et...
  • Rien du tout ! Sale traître ! répétai-je. Tu mériterais que je te laisse ici sans nourriture !
  • Calmez-vous, intervînt Cléa en s’interposant entre Corentin et moi. Ça ne sert à rien de vous entretuer.
  • Il a failli nous vendre ! rugis-je en écartant Cléa, plus ou moins doucement.
  • Mais c’était plus fort que moi ! plaida Corentin. C’était mon instinct de survie qui m’a dit de faire ça !
  • Ton instinct m’aurait écouté ! criai-je en fonçant vers Corentin.

Je le poussai contre une dune de toutes mes forces. Corentin atterrit une nouvelle fois sur la sable, mais il se releva plus vite :

  • D’accord , je suis un lâche, mais ce n’est pas une raison pour me brutaliser !
  • Je te donne la bonne correction que tu mérites !

Je m’arrêtai un moment, car ce que je venais de dire me rappelait étrangement quelqu’un. La voix de Corentin me tira de cette brève rêverie :

  • Si tu veux te battre, je t’attends !
  • Arrêtez ! hurla Cléa.

Mais nous ne lui prêtâmes pas attention, et je me jetai sur Corentin en le plaquant à terre. Nous nous battîmes pendant plusieurs minutes, échangeant coups de pied et coup de poing, jusqu’à ce que je prenne le dessus.

Je tordis le bras de Corentin et le maintins couché par terre. J’allai le frapper lorsque je sentis le canon d’une arme se poser contre ma tête. Cléa dit, d’une voix tremblante :

  • Arrête, ou je tire.

Ne me sentant pas d’humeur à discuter, je lâchai le bras de Corentin, qui gémit de douleur, et me relevai. Cléa cria :

  • Vous croyez vraiment que c’est le moment de vous entre-tuer ! On a besoin de cohésion ! De cohésion, bon sang !

Corentin roula sur le côté, révélant sa joue ensanglantée. Je lâchai, sans la moindre trace de compassion :

  • Ça t’apprendra ! La prochaine fois, tache de me faire confiance, c’est compris ?
  • Pourquoi es-tu comme ça ? demanda Cléa.
  • Parce que si je n’avais rien, fait, ce lâche nous aurait donné aux Affamés, en croyant que ceux-ci l’épargneraient !
  • Mais...
  • Tais-toi ! Tu es un bel imbécile, pour parler comme ça !

Je me détournai, et ramassai mes affaires, qui étaient tombées durant ma lutte contre Corentin. Je dis :

  • Maintenant, allons-y !
  • Comment peux-tu être aussi cruel ! Est-ce que tu vois dans quel état tu l’as mis ? Il peut à peine se lever !
  • Et je suis trop fatigué de toute façon, grogna Corentin, qui se levait petit à petit.
  • Les Affamés peuvent encore revenir ! contrai-je. Et nous n’avons plus de munitions pour les fusils !
  • Si, avoua Cléa. Dans la maison, il y en avait posé à côté, six en tout. Je les ai pris, et j’ai bien fait.
  • Les Affamés n’en ont pas eu assez, avec tes six gars ? demanda Corentin.

Il essayait de paraître naturel, mais on sentait bien qu’il était exténué, meurtri, et en colère contre moi. Je n’en tins pas compte et répondit :

  • Ils ont faim depuis plusieurs jours ! Et tu as vu combien ils étaient ? Six corps, ça ne va pas leur suffire.
  • Mais ils vont se bagarrer entre eux ! protesta Cléa. Nous avons le temps.
  • Marchons au moins le temps de trouver un abri plus sûr, maintins-je.

Un hurlement venant des Affamés retentit à ce moment. Corentin et Cléa échangèrent un regard inquiet dans cette direction puis s’entre-regardèrent. Corentin acquiesça :

  • Ok. On marche une demi-heure et on s’arrête.
  • C’est d’accord.

Alors que nous nous mettions en marche, Corentin me chuchota :

  • Je te le ferai payer. Un jour.

Je lui lançai un regard mauvais et nous partîmes. Nous marchâmes en fait une heure avant de poser notre campement. Corentin s’endormît immédiatement, et Cléa ne tarda pas à faire de même.

Ne me sentant plus fatigué, l’adrénaline ayant fait son effet, je me posai sur le sommet de la colline et surveillai les environs. Au bout d’un moment, je vis que Corentin et Cléa parlaient en me regardant.

  • Ils parlent de moi. Tant mieux. Qu’ils décident quelque chose.

Cléa secouait souvent la tête négativement et Corentin faisait de grands gestes avec les bras. Puis ils prirent conscience que je les regardai, et ils semblèrent se taire.

Plus tard dans la soirée, alors que je distribuai les rations, quelque chose illumina le ciel nocturne. Nous levâmes les yeux juste à temps pour voir une traînée lumineuse passer au dessus de nous et atterrir un peu plus loin.

Corentin se réveilla en sursaut et cria :

  • Qu’est-ce que c’était ?
  • Une comète, peut-être, suggérai-je en me levant.
  • Un nouveau cataclysme ? demanda Cléa d’un air effrayé.
  • Je ne pense pas. Nous serions déjà morts. Le mieux est d’aller voir ce que c’est.
  • Tu es malade ? s’insurgea Corentin. Tu veux nous faire tuer ?
  • C’est la meilleure solution ! Nous aurons peut-être un moyen de survivre si nous allons là-bas ! Soyons curieux.
  • Je suis d’accord, dit Cléa. Allons voir.

Corentin grommela quelque chose et nous rangeâmes notre campement. Puis après avoir inspecté les alentours une dernière fois, nous partîmes dans la direction de la chose lumineuse.

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