Nuit du mardi 5 au mercredi 6 janvier. Visite nocturne.

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Elle marchait depuis plus de vingt minutes quand elle la remarqua.

L'ombre.

Elle en était sûre maintenant. Elle ne connaissait que trop bien cette désagréable sensation d'être suivie. Ne pas se retourner. C'était une des premières choses qu'on lui avait enseignée. Une proie affolée se retourne, s'agite, se précipite, renforçant le prédateur dans sa position de force. Ou incitant le pisteur à redoubler de précautions. C'était tout simplement contre-productif.

Mais là, elle n'eut aucun doute. Au détour d'un carrefour, elle avait clairement pu distinguer l'ombre allongée projetée sur le sol par une lune paresseuse, encore basse sur l'horizon. Une ombre immense.

Bobette poursuivit sa course, les sens en alerte, sans toutefois laisser transpirer son inquiétude. Elle referma ses doigts sur la lame dissimulée dans sa poche intérieure gauche. Plus loin, elle avisa une ruelle sombre et étroite. S'y engouffra.

L'endroit puait l'urine. Elle attendit, tapie dans l'ombre, les yeux fixés sur la rue.

Une minute.

Trois minutes.

Près de dix minutes maintenant.

Rien.

Telle une féline à l'affût, elle avança prudemment vers l'angle de la rue, rasant le mur, prête à bondir. Coup d'oeil rapide. Rien. Analyse systématique. Elle parcourut le découvert du regard, n'omettant rien. Les angles morts, les fenêtres des bâtiments, les zones d'ombre. Toujours rien. Au bout d'un temps qu'elle jugea suffisant, elle se remit en route.

Elle n'en avait plus que pour dix minutes tout au plus.

Si elle parvint sans encombre jusqu'à l'appartement qu'elle louait en banlieue, elle pesta quand elle découvrit la porte entrouverte.

***

La pièce était sens dessus-dessous. Ils avaient tout fouillé, tout retourné, ne laissant rien au hasard. Les coussins éventrés jonchaient le sol, ses vêtements étaient taillés en pièces, doublures décousues, ses chaussures étaient déchiquetées.

Elle pesta en se précipitant vers sa chambre.

Elle dût s'y prendre à deux fois pour ouvrir la porte empêtrée dans les débris. Frappa violemment du poing sur le mur.

Face à elle, un trou béant. On avait décelé et emporté le coffre, au moyen de plusieurs burins jugeat-elle au regard des traces.

— Misère, marmonna-t-elle tout bas. Le relais ...

Le relais disparu, elle perdait tout contact avec sa base. Bien sûr, il lui restait le câble, ou la Poste royale, mais ces méthodes n'étaient pas sûres et surtout, dans le meilleur des cas, il lui faudrait des heures pour faire parvenir un message à Paris, et autant pour en recevoir une réponse.

Elle dût se rendre à l'évidence. Elle était seule désormais.

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