Mahoré 3 : Mesures de rétorsion

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Des coups intempestifs à la porte rompirent la douce quiétude de la barge. Baby sortit de sa chambre. Matéo et Gibraltar échangèrent un regard inquiet avant que ce dernier ne se décide à ouvrir. Érick, tout essoufflé, rouge d'une course qui l'avait manifestement épuisé, attendait en se cramponnant à la rampe.

— Entre Érick !

Le colosse, dans sa précipitation trébucha sur une marche. Matéo lui tendit un verre d'eau qu'il avala d'un trait. Le calme extérieur de ses deux hôtes le rasséréna peu à peu. Il demanda un second verre d'eau.

— Ah ! Ça fait du bien, réussit-il enfin à articuler.

— Que t'arrive-t-il, demanda Matéo. Tu as vu un fantôme ?

— Pire ! Je voulais vous avertir...

Il déglutit avant de reprendre. Matéo ne comprenait pas ce qui avait pu mettre dans un tel état un grand gaillard comme Érick que rien n'affectait d'habitude.

— Je suis parti dans la forêt vérifier les quelques pièges que j'avais posés comme vous me l'aviez appris. J'ai entendu beaucoup d'agitations. Je me suis approché pour voir. Près de la cascade, celle où se trouvent les trois chênes, des centaines de soldats. Ils achevaient des fossés autour de leur camp. J'ai reconnu leur chef qui inspectait les systèmes de défense : c'était notre Intendant.

— Tu veux dire que c'est Mahoré ? intervint Gibraltar.

— Oui, c'est bien lui. Il dirigeait l'invasion il y a quinze ans. Il a séjourné quelques semaines pour élaborer le nouveau plan du village. Difficile de l'oublier !

— Quand on l'a vu une fois, difficile en effet de l'oublier, reprit Matéo qui se rappela l'épisode de la forêt. Merci Érick pour cette information. S'il te plaît, prends des provisions pour quelques jours, mets-toi à l'affût et surveille les mouvements des troupes. S'il se dirigent vers le village, viens nous prévenir. Merci d'être venu.

Après le départ d'Érick, Matéo s'assombrit et devint pensif.

— Je m'inquiète aussi. Tout ça ne me dit rien qui vaille. Mais il fallait s'y attendre, expliqua Gibraltar. Je crois qu'on a mangé notre pain blanc comme diraient les ancêtres.

Matéo se tourna vers Baby qui le dévisageait avec une expression à la fois angoissée et suppliante.

— Je crois que nous avons un petit homme qu'il faut rassurer. Va trouver Bégonja et explique-lui la situation. Elle avertira le village de la présence des troupes... Viens près de moi Baby.

Ils s'installèrent sur le canapé. Matéo mit tendrement le bras autour des épaules du garçon, le regard farouche, perdu dans le vide. Baby voyagea loin dans ses souvenirs. Le sanctuaire n'avait pas guéri que sa cécité, mais aussi les traumatismes de sa jeune vie. Il pouvait à présent regarder en face les événements terribles dont il avait été témoin ou victime. Les souvenirs restaient encore douloureux mais tout à fait gérables, même pour un petit garçon de son âge. Le cerveau a cette faculté salvatrice d'amoindrir, reléguer dans les brumes de la mémoire les souvenirs traumatisants et rendre lumineux et nets ceux qui nous construisent. Baby tourna des yeux humides vers Matéo qui lui arrangea une mèche rebelle.

— J'ai peur, Matéo ! murmura-t-il.

Le Shiloh resserra son étreinte. Il déversa sur lui tout l'amour et la tendresse que méritait le petit chat apeuré que Mahoré avait si profondément écorché.

— Ne t'inquiète pas ! On s'en est toujours sorti jusqu'à présent non ? Je ne permettrai jamais qu'il te fasse du mal. Tu le sais ça ?

— Oui, je le sais, affirma avec une confiance sans faille le garçon qui plongeait son regard dans celui de son protecteur. Mais j'ai peur quand même.

— Je vais te dire un secret Baby. Je comprends que ce soit angoissant pour toi qu'il soit là. Mais je crois que c'est un bien aussi dans une certaine mesure. Ne le laisse pas te terroriser et te faire du mal toute ta vie. Je sais que c'est difficile, mais surmonte ta peur ! Tu verras alors que celui qui te fait si peur n'est qu'un homme comme un autre. Il domine les gens par la terreur, mais il ne peut plus te dominer si tu surmontes ta peur. Tu vois ce que je veux dire ?

— Un peu !

— N'oublie pas ! Je suis le Shiloh. Souviens-toi que mon père t'a béni. Tu es plus fort qu'avant et tu n'es plus seul.

— D'accord !

Le lendemain, vers le milieu de la matinée, une troupe nombreuse envahit le village. Les soldats pénétrèrent dans les maisons et rassemblèrent les villageois sur la grande place. D'autres contournèrent les habitations et fermèrent la route menant à la plage et au port. Matéo et ses compagnons se mêlèrent à la foule. Le soleil joyeux ne semblait pas participer à la morosité ambiante.

Mahoré s'avança, entouré de ses deux adjoints, une armée de casques bien alignés derrière lui. Il s'écarta pour laisser passer Érick qu'il poussa contre les premiers rangs. Pi apparut derrière l'Intendant, un sourire triomphant sur le visage.

— Ceci est à vous, il me semble, lança Mahoré, hochant la tête en direction d'Érick.

Bien protégé par les militaires du premier rang qui pointaient leur fusil à plasma vers la foule, Il toisa les villageois d'un air méprisant. Baby serra un peu plus la main de Matéo qui se mit à son niveau.

— Tu vois cette tour ? murmura ce dernier. Monte là-haut. Tu seras en sécurité.

— Et toi ?

— Ne t'inquiète pas pour moi. Je suis le Shiloh. Mon père me protège tout comme il te protège. Ne pose plus de question et va te réfugier là-haut ! Ne te fais pas repérer !

Baby savait très bien se faufiler dans une foule sans se faire remarquer jusqu'à la tout. Il se cacha derrière le parapet du campanile, laissa dépasser une tête pour voir Mahoré et se rassit aussitôt. La respiration courte, il se couvrit le visage de ses bras et chercha à contrôler les tremblements qui l'agitaient. S'il ne voyait plus son tortionnaire, il l'entendait.

— Que se passe-t-il à Paname ? Quand je suis venu, vous étiez seuls, isolés, ne pouvant comptant que sur vous-même et les petits moyens pour survivre au jour le jour. J'ai développé votre activité de pêche et l'ai ouverte sur le monde. Je vous ai permis d'atteindre une prospérité que vous n'avez même jamais rêvée. Je vous ai apporté la sécurité contre une participation minime. J'ai nommé dans ce but un administrateur compétent et compréhensif qui travaille sans compter sous ma direction bienveillante. Je suis conscient que les rigueurs de l'hiver ont gâché votre saison de pêche. Il est juste que je vous demande un effort supplémentaire pour compenser le manque à gagner. Soit je baisse le prix d’achat, soit j’augmente les taxes.

— Vous augmentez les taxes quand ça va mal. Vous les augmentez quand la pêche est bonne, cria quelqu'un au milieu de la foule d'où monta un murmure.

Mahoré jeta un regard froid et dur : la situation était pire qu'il ne le pensait : ils osaient lui répondre à présent.

— Quand nous sommes en crise, l’effort doit être collectif. Quand vous avez fait une bonne pêche, vous augmentez vos capacités contributives. J’augmente donc les taxes car vous devez contribuer en fonction de vos capacités. C’est cela, la justice. Comment pouvez-vous vous plaindre ? Que voulez-vous de plus ?

— Nous voulons simplement vivre de notre travail, ne plus trimer pour payer toujours plus, s'élevèrent plusieurs voix.

— N’avez-vous pas honte d’un tel égoïsme ? Notre Suprême Leader Slau a conçu un projet d’une grandeur qui nous dépasse tous, le projet d’instaurer la paix, la sécurité et la justice. C’est notre devoir de coopérer avec lui. Un refus ou des revendications sont des actes anti sociaux, un rejet de la prospérité que chacun est en droit d’attendre d'un gouvernement juste. C'est aussi fissurer l’unité et la cohésion de notre société. Vous avez bien changé depuis ma dernière visite, il me semble. Que se passe-t-il à Paname ?

Un silence pesant fit écho à la question.

— L’explication ne se trouve-t-elle pas dans le fait que vous hébergez deux terroristes qui ont jeté la confusion dans votre esprit et vous ont incité à ce comportement subversif ? Je vous pardonne parce, dans votre naïveté, vous avez été manipulés par ces individus infâmes. Montrez votre bonne foi en me les livrant et je vous épargnerai les conséquences de votre égarement.

— Quoi ? On est cinq cents pour arrêter deux types ? s'étonna David.

Un remous parcourut les rangs des jeunes recrues. Dans la foule, personne ne bougea. Mahoré adopta un ton autoritaire.

— Très bien ! Pour limiter l'influence délétère de ces anarchistes destructeurs de notre société, je décrète à partir de ce jour un couvre-feu du coucher au lever du soleil. Afin de récompenser les bons citoyens qui ont le désir de coopérer, seuls ceux qui ont un certificat de civisme pourront pêcher. Les autres devront s’acquitter quand même des taxes et locations habituelles ainsi que d’une compensation pour les pertes occasionnées par leur manque d’activité.

La foule s'agita comme un seul homme que la menace des fusils à plasma modéra. La colère ne se manifestait pas mais grondait intérieurement.

— Comment pourrons-nous faire si on ne peut plus pêcher ?

— C’est votre problème. Sans régularisation de votre dette au bout d’un mois, les contrevenants seront transférés dans un camp de travail afin de payer leur dû.

Les soldats s’avancèrent d’un pas et ramenèrent le calme sous la menace de leurs fusils.

— Je répète une dernière fois : livrez-moi les terroristes.

Une minute interminable s’écoula sans que Mahoré n'obtienne satisfaction.

— Si ce sont des terroristes, pourquoi les défendent-ils ? demanda Jon.

— Il a raison, c'est bizarre, marmonna un soldat.

Les recrues se posaient la même question et se demandaient si le beau discours dans la salle de briefing quelques jours plus tôt n'était pas qu'une habile opération de manipulation. Leur méfiance de l'autorité qu'ils avaient cultivée au Centre refit surface.

— Très bien ! Soldats, prenez au hasard dix personnes et amenez-les-moi.

— On vous a donné un ordre, vociféra l'un des officiers.

— On va le faire, se proposa Jon qui avait quitté les rangs, suivi par David.

Mahoré les firent mettre à genoux. Il dégaina son arme.

— Pour la dernière fois, livrez-moi les terroristes !

— C’est la deuxième dernière fois si je compte bien, murmura David, debout avec son compagnon entre la foule et Mahoré.

— C'est vous qui l'aurez voulu. Je suis innocent du sang de ces hommes, cria-t-il en pointant son pistolet sur le crâne de l'homme le plus proche.

— Arrête !

Mahoré leva la tête. David et Jon se retournèrent. La foule s'écarta : Matéo apparut.

— C... C'est toi ? balbutia l'Intendant, reculant de plusieurs pas.

Matéo s'immobilisa devant les dix hommes toujours à genoux et leur demanda de rejoindre les autres.

— Hé ! C'est pas le type qu'on voit sur les infocrans que Slau a décapité ? s'exclama Jon.

— Si c'est pas lui, il lui ressemble beaucoup. Mais vu que Mahoré l'a reconnu...

Les autres soldats se firent la même réflexion. Une timide agitation parcourut la troupe.

— Silence dans les rangs ! Les troupes sont perturbées Monseigneur. Les hommes commencent à douter.

— Je vais les ramener dans leurs certitudes, murmura le commandant.

— L'autre terroriste c'est moi, cria Gibraltar qui fendit la foule pour rejoindre son compagnon non armé.

Mahoré se demandait malgré tout si la partie n'était pas perdue, ne sentant pas de taille à affronter un mort, mais il ne voulait pas repartir sans un trophée sans ses bagages.

— Je ne sais pas par quel miracle tu es encore en vie, mais je t'épargne si tu me livres Baby. Il est à moi.

— Tu lui as fait assez de mal comme ça.

Baby, du haut du campanile observait la scène. Il se baissa aussitôt, les mains sur les oreilles. Puis il se souvint des paroles de Matéo et, se raisonnant, se leva pour affronter la vue de son tortionnaire.

— Tu risquerais ta vie pour lui ? Ce n'est qu'un esclave insignifiant qui ne vaut pas la nourriture qu'il mange.

Matéo ne répondit pas. Gibraltar serra les poings.

— Tu es comme cette foule maudite. Tu l'auras voulu.

Mahoré leva son arme vers le Shiloh. Aussitôt Gibraltar visa son adversaire.

— Tu tires et je te tuerai, avertit le jeune homme qui se mit entre l'arme et son ami.

Mahoré et Gibraltar se jaugèrent, le visage fermé, farouche, observant le moindre signe chez l'autre pour faire feu. Ce fut un moment électrique qui mit les nerfs des villageois et des jeunes recrues à cran.

— C'est ça, les terroristes qu'on doit abattre ? Il se fout de nous, s'insurgea (REVOIR VERBE) David.

Une chose incroyable se produisit, qui mit fin à cette guerre des nerfs. Un projectile atteignit Mahoré à la tête d'où s'écoula un filet de sang. Il tituba, recula de plusieurs pas pendant que les officiers entourèrent leur commandant. Il leva la tête et aperçut une petite tête blonde en haut du campanile. Baby fit tournoyer sa fronde et envoya un second projectile sur sa cible.

— C'est toi, sale gosse. Tu vas le regretter, sauvageon.

— Sauvageon, ça nous rappelle quelque chose, commenta David, pensée que la plupart des jeunes recrues partageaient. On dirait qu'il lui a fait la même chose qu'à nous.

Mahoré fit signe et un soldat monta chercher Baby.

— Je n'ai pas peur de toi, cria le petit garçon. Laisse Matéo tranquille !

Les recrues levèrent la tête et admirèrent le courage du jeune garçon au tempérament bien trempé qui n'était pas sans rappeler le petit garçon qu'ils furent avant que les punitions et les violences leur apprennent la soumission.

Le soldat parti chercher le frondeur le fit taire et quelques instants plus tard le traîna jusqu'aux pieds de Mahoré. Matéo et Gibraltar se précipitèrent mais les officiers les arrêtèrent dans leur élan. Baby frappa Mahoré avec sa fronde, lui mit un coup de pied dans le tibia et réussit à rejoindre ses deux protecteurs.

— Ça va mal finir pour le petit. Je ne peux pas laisser faire ça, s'inquiéta David qui, avec Jon faisaient face au commandant.

— Vous deux, exécutez ce terroriste !

— Il n'a rien fait commandant, s'insurgea Jon. Il voulait juste protéger le petit.

— Le commandant vous a donné un ordre. Ne discutez pas ! Exécution, soldats !

— Au Centre, on nous a appris à obéir sans discuter, clama David. Nous ne sommes plus au Centre ici.

— Nos tortionnaires vous ont obéi sans discuter, rétorqua Jon. Si l'un d'eux avait discuté vos ordres, on en aurait moins bavé.

Une rumeur s'éleva de la troupe.

— J'en ai marre de ce morveux. Je vais en finir une bonne fois pour toute, vociféra Mahoré.

Il s'élança brusquement, bouscula les deux officiers qui le protégeaient, pointa son arme sur Baby et tira un jet mortel de plasma. David s'interposa entre Mahoré et le petit garçon. Il ne se releva pas.

— Non ! hurla Jon qui se pencha sur son compagnon d'arme. Bro, mon bro ! Que t'a-t-il fait ? Mahoré ! Salaud ! T'es qu'un pourri !

Il se pencha sur son compagnon et vit le trou béant dans la poitrine. Les soldats quittèrent les rangs et s'approchèrent du blessé.

— Pourquoi a-t-il tiré sur l'un des nôtres ? se demandaient les recrues.

— Tuez-les tous, ordonna le commandant en s'enfuyant vers sa barge.

Pi suivit son Intendant. Quand il voulut monter dans le véhicule, il fut repoussé sans concession.

— On fait quoi maintenant ? demanda l'un.

— Tais-toi ! répliqua sèchement une voix.

— Il ne méritait pas ça, déclara Jon. Il a connu que des saloperies dans sa vie. Et maintenant qu'il avait une chance d'être libre... Il n'a rien connu d'autre que des pervers comme ce salaud !

David bougea légèrement et entrouvrit la bouche. Il cherchait à lui dire quelque chose.

— Regarde-moi ! Ne t'endors pas ! Reste avec moi. Bro ! Tiens le coup, s'il te plaît. Tiens bon ! Tu vas guérir...

Soldats et villageois gardèrent un silence de circonstance. Baby posa la main sur le bras de Matéo et leva les yeux vers lui avec la conviction qu'il ferait quelque chose.

Le Shiloh s'approcha du blessé. La tête de David s'affaissa lentement, son bras devint mou. Les forces l'abandonnaient. L'énergie quittait le corps.

— Non ! Non ! désespéra Jon.

Il tâta le cou et sentit une faible pulsation sous la peau.

Matéo s'agenouilla et mit la main au-dessus de la blessure béante. Il déversa une partie de l'incommensurable énergie que Esprit avait stockée dans ses cellules quand il était avec son père dans le sanctuaire. La lueur électrique qui entourait sa main généra un cri de stupéfaction. Un flux pénétra la plaie et enveloppa le corps inerte d'une belle fluorescence bleutée. Quelques instants plus tard, la poitrine du blessé se souleva dans une profonde inspiration. David ouvrit les yeux.

Matéo l'aida à se relever et le remit à son compagnon.

— Occupe-toi de lui s'il te plaît. Il est encore très faible.

Les villageois comme les premiers rangs de soldats surent ébahis.

— Qu'est-ce qui s'est passé ?

— Il l'a guéri.

— Qui l'a guéri ?

— C'est le Shiloh tiens !

— C'est lui le Shiloh ? Il n'est pas un peu jeune ?

Matéo les laissa débattre et profita du brouhaha suscité par cette guérison pour s'esquiver sans bruit en compagnie de Gibraltar et de Baby.

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