Chapitre 2 : Mildevion

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Eleden est mon foyer, même si elle n'a pas toujours été clémente.

Mildevion est ma ville natale, l'une des trois villes les plus étendues et 12ème plus peuplée d'Eleden.
Je marche de longues minutes devant les grandes maisons de son quartier Ceresos, plutôt aisé, au milieu de la blancheur des planches synthétiques des riches habitations. Toutes ont au moins un étage et une sorte de petite tour circulaire sur l’extrémité, Sud ou Ouest, selon l’orientation. En y vivant, on se rend compte que ce quartier est vide et qu'il n'y a rien à y faire à cause du zone du divertissement concentré en majorité dans les centres de loisirs.

Chacune des habitations dôtées de toits en verre de fibre solaire noire. Ces toitures sont exclusives à ces édifices et produisent assez d’énergie pour les rendre autonomes. Elles nécessitent aussi d'assez peu d’entretien, soit à peine un nettoyage et polissage par an. Pour compléter le tout, un grand garage pour trois navettes dirigé vers la route et un grand jardin ceinturant le tout. Les habitations de ce quartier sont toutes des copies les unes des autres.

Je n’aime pas spécialement ce quartier, sûrement à cause des bâtiments trop propres et identiques, enlevant ce côté personnel et unique trouvable dans les autres quartiers mais peut-être aussi un peu à cause de l’esprit, trop individualiste de ses habitants. Même si principal inconvénient pour moi est surtout la distance qui me sépare de mes amis, qui habitent chacun à seulement quelques minutes de notre point de rendez-vous, alors que moi, j’ai une bonne quinzaine de minutes de marche rapide.

Après cinq petites minutes, j’arrive au quartier des affaires, communément appelé les "Hauteurs" un endroit très spécial commun à toutes les villes d’Eleden.
Ici, aux heures de pointes, les gens se bousculent sur les trottoirs pour atteindre leur lieu de travail auprès des milliers de collègues, la seule zone plus étendue verticalement qu'horizontalement. Certains bâtiments s’étendent sur plus de cent étages ! Chaque bâtiment étant constitué plus ou moins de la même façon : le rez-de-chaussée contenant l’accueil, les trois premiers étages sont des parkings pour les véhicules de services alors qu’aux six sous-sols, s’étendent les parkings pour navettes personnelles.
Les dix étages suivants sont d’énormes entrepôts équipés pour charger les transporteurs automatiquement et contenant tout le nécessaire pour le bon fonctionnement du gratte-ciel.
Enfin les étages suivants sont principalement des bureaux entre lesquels sont placé jusqu’à trois salles de pauses et cafétérias toutes équipées. Si toutes les villes d'Eleden disposent de ce quartier, c'est en vérité l'ensemble des villes de l’Empire qui en disposent mais c’est sur Eleden la principale marque de l'influence impériale, tout de même majoritaire sur Eleden.

Une fois les Hauteurs de la ville passées, j’arrive à la Voie, la plus grande route de la planète sur laquelle les navettes ont le droit de fuser à près de 3000 km/h sur douze couloirs dans chaque sens. La Voie rejoint la grande capitale de la planète Kayork au Grand Hub, servant aussi bien de spatioport principal que d’échangeur géant pour la Voie.
Tout ceci étant une autre partie de l’empreinte qu’a laissée la pré-colonisation d’Eleden par l’Empire et sa politique de centralisation des infrastructures. Même si cette façon d'administrer ne se retrouve qu'au niveau planétaire, les systèmes stellaires les plus importants de l'Empire étant établis de manière assez homogène sur son territoire, eux même entourés par des systèmes secondaires.

En passant au-dessus la Voie par la passerelle, je me dis que, si je pouvais emmener mes souvenirs et mes amis avec moi, ma vie ne changerait peut-être pas tant que ça.
Malheureusement, c’est impossible et je vais devoir m’y résoudre, ou trouver un moyen de ne pas partir...
Mais il faut aussi que je réfléchisse à comment l'annoncer à mes amis...

Enfin, le quartier étudiant. Il me faut une bonne dizaine de minutes en trottinant pour m’y rendre, centre de tous les apprentissages, que ce soit scientifique, artistique, militaire ou même sportif.
Tout se trouve dans ce quartier et même si les écoles plus spécialisées se trouvent à la capitale, il y a largement ce qu’il faut ici. Les grands bâtiments sont séparés par des grandes rues, le long desquels, sont alignés des places de parking pour les nombreux parents amenant leurs enfants.
Les étudiants qui ont déjà leurs licences de conduite, obtenu dans ces mêmes établissements, s'y garent aussi. Je passe devant mon école, évidemment, la plus éloignée et la dernière avant la limite avec les quartiers Valériens et Holiens.
Le premier est constitué de maisons au look mi-Steampunk, mi-moderne donnant une impression de faille temporelle.
Effet renforcé par de grandes cheminées et des tuyaux sortant d’un peu partout, dont certains n’ont probablement qu’une utilité esthétique.
L’on peut tout de même retrouver le blanc, quoique salit, des maisons de mon quartier. Les maisons sont en revanche plus grandes mais avec un jardin moins conséquent et ne s’étendant que sur l’arrière de la propriété.

Pour le quartier Holien, les maisons ont une architecture basée sur le déconstructivisme, donnant des maisons très différentes les unes des autres et créant une véritable opposition. Les autres quartiers, tous basés sur une structure plutôt angulaire alors que les maisons Holiennes sont bien plus circulaires et de toutes couleurs, jaunes, bleues, vertes, roses, fuchsia, et même d’un noir profond. Je suis toujours partagé entre l’émerveillement du changement que procure ces bâtiments et la vision horrible qu’offrent les couleurs très flashies de certains.

En m’approchant de notre point de rencontre, je repense aux, finalement nombreux, évènements de mon quotidien qui risquent de changer sur Helyon : est-ce que je continuerai d’aller à l’école pendant 6 jours et demi par dizaines (semaines de dix jours du calendrier annuel) de l’aube à la fin d’après-midi ? Ou vais-je me retrouver à y aller tous les jours seulement le matin ? Je sais que chaque école à ses propres horaires. Certaines se font même de nuit ou en horaires décalées pour habituer dès le plus jeune âge les personnes à changer d’horaires tout le temps.
Cela ne donne pas une bonne réputation à l’établissement, en revanche, les résultats sont souvent à la hauteur des conditions, pour le court et moyen terme du moins.

 J’arrive enfin à notre point de rendez-vous : le parc du Petit Millénaire.
En me retournant, je peux encore voir les immenses tours du quartier des affaires, lesquelles je dois encore lever la tête presque à la verticale pour en voir le sommet. Le grand arbre, symbole de ce parc, est doté d’un tronc d’un diamètre de plus de six mètres pour une hauteur d’à peine une quinzaine.
Ses feuilles sont tellement épaisses et ses branches étendues, que la ville a dû placer des lampadaires en dessous pour y voir.
Contrairement aux autres arbres, le bois est d’un marron assez clair, le même que l’on pourrait utiliser, petit, pour dessiner un arbre avec des feutres, et les feuilles sont d’un vert éclatant aux extrémités très blanches.

Le parc en lui-même s’étend au sommet d'une solide et massive paroi rocheuse d’environ une centaine de mètres de long et une soixantaine de large. Formant un allongement suspendu à environ cinquante mètres du bas de la falaise.
On peut y apercevoir des jeux de tous âges, de nombreux bancs, tables, des tyroliennes, parcours d’escalades. Il y a même une cabane de jeux vidéo que l’on peut louer pour faire des LANs avec ses amis (pratique revenant régulièrement à la mode entre différents krashs de l'industrie vidéo-ludique). Et c’est évidemment derrière cette même cabane que je rejoins mes amis. Où l'on parle, joue et nous préparons nos coups farfelus d'adolescents, ou simplement pour nous connecter aux prises, supposément pas en libre accès, pour jouer côte à, certains des premiers jeu connus.

— Pour une fois que ce n’est pas toi qui est le dernier, entendis-je derrière moi. Je connais cette voix lente et cette façon de toujours mettre le plus de mots possibles dans la phrase.

Même pas besoin de me retourner pour deviner que c’est Xino, couramment appelé Xi, derrière moi. Sa maison est collée au parc.
Il arrive presque toujours juste avant moi à cause du temps qu’il met à se préparer et de sa lenteur générale assez extrême. Même si il peut rapidement se réveiller et devenir une véritable flèche et tous nous dépasser à la course.

— Je parie qu’on est sorti de notre maison en même temps, dis-je en explosant de rire en voyant sa tête naturellement dépitée.

— Tu es très drôle, mais je suis sûr que je peux arriver avant toi là-bas, répliqua-t-il en se mettant à courir.

— Pas cette fois, Xi ! Furent les derniers mots avant cette course. Il traversa la dizaine de mètres qui nous séparaient le temps que je m’élance, mais il me fut impossible de le rattraper sur les trente mètres restants.

— Eh bah, trop lourd pour le battre ? Commença Ellie, une très petite blonde aux yeux bleus. Elle est originaire d’une riche famille Valérienne dont l'héritage est marqué par sur tous ses membres, remplacés à sa naissance par des membres de métal, comme le veut la tradition de Valer.
Elle ne put même pas s'y opposer, de même que pour son frère, Elliote, encore plus petit que sa sœur jumelle mais avec la même couleur de cheveux et d’yeux.

Elle est toujours très expressive et il est impossible pour elle de cacher ses sentiments, ce qui devient très enfantin (et parfois insupportable) lorsqu’elle essaie.

— Dit celle qui a toujours la flemme de se lever pour quoi que ce soit ? Répliquai-je.

— Gnié gnié gnié, je n’ai jamais la flemme, grand fou, je ne suis pas riche pour rien, dit-elle en se retournant et en croisant les bras, faisant mine de bouder.

— Tu le sais que cela ne fonctionne plus du tout avec nous depuis très longtemps Ellie, continua Xi en se moquant.

—Pfff, j’essaie, pt’être que ça refonctionnera un jour.

— Ton frère, il n’est pas encore arrivé là ?

— Hééé non ! il va arriver plus tard : il doit adapter ses prothèses aujourd’hui.

— Christy, n’est pas là non plus ? Elle arrive tout le temps avant nous habituellement.

— Oh, J’espère que ses parents ne sont pas encore sur son dos avec leurs histoires…

— Je vais aller voir. on se rejoint après, furent les paroles avec lesquelles je terminai avant de partir vers l’extérieur du parc, en direction du quartier Holien.

Le quartier Holien était tout proche du parc du Petit Millénaire et en m’approchant de la maison de Christy, je vis que la navette de ses parents, n'était pas là. Je m’avancai donc vers la porte, et toquai. Après plusieurs essais infructueux, je tentai de la contacter par un lien ionique que nous nous sommes créés pour communiquer quand on veut, enfin presque, ça reste difficile et assez long pour envoyer un message clair.

— Christy, Je suis devant chez toi, tu ne nous rejoins pas ?

Quelques longues minutes plus tard,

Je suis près de l’école, à la sortie Nord, viens.

Après ces paroles, je ressentis un malaise, mais ce n'était pas à cause de la fatigue mais parce que la différence entre un mode de communication normal et un lien ionique, c’est que les émotions passent en même temps dans le flux, mais sans la moindre barrière, comme si l’on incrustait des émotions directement au fond de l'inconscient, et là, ce n’était pas l’amour qui nous liait que je ressentais, mais de l'angoisse.

Sans réfléchir, je me mis à sprinter le plus vite possible vers l’école, à deux pas de chez elle.

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