La ville nous appartient

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Nous ressortons du MAC main dans la main. Cette première rencontre a tenu ses promesses et il nous reste une bonne partie de l’après-midi pour profiter l’un de l’autre. Nous décidons de boire un verre un peu plus loin dans la rue Sainte Catherine. Nous y reprenons nos interminables discussions sur l’art autour de deux sangrias blanches. Olivia me dit qu’elle connaît un endroit à quelques minutes seulement qui regroupe une multitude de galeries dans un seul bâtiment , d’ateliers d’artistes et dans lequel elle a pas mal traîné ses guêtres quelques années plus tôt. Nous nous mettons donc en route aussitôt les cocktails terminés. Quelques minutes de marche plus tard, nous parvenons au pied d’un imposant bâtiment gris, dans la pure tradition architecturale de la côte Est d’Amérique du Nord. De larges pierres grises, quelques ornements de façade, des bas-reliefs. Le hall est gigantesque lui aussi. En entrant, le visiteur tombe nez à nez avec un imposant escalier qui dessert tous les étages. L’ambiance dans le bâtiment est particulière, comme une ruche. A certains égards, cela me rappelle un peu les lieux autogérés de Berlin ou de Turin que j’ai pu voir dans ma jeunesse. Les petites entreprises de mode ou de design y côtoient les galeries d’art, les ateliers d’artistes ou les associations. De longs couloirs industriels blancs débouchent sur des locaux, un peu tous taillés sur le même modèle, industriels, avec du béton brut, de la brique peinte en blanc, des piliers massifs en béton et de très larges fenêtres qui rendent le tout très lumineux. Sur chaque porte se trouve un petit écriteau indiquant qui occupe le local.

Nous visitons une première galerie d’art interactif et multimédia. Des sons se déclenchent à notre passage devant des capteurs, placés à proximité des œuvres. L’esthétique est résolument tournée vers les univers de SF des années 70, c’est kitch, pop. Là encore, Olivia est intarissable sur la composition des œuvres, des matières utilisées etc.

Sauf que nous ne sommes pas très concentrés et nos regards se croisent sans cesse en train de se scruter l’un l’autre avec des intentions que nous avons bien du mal à se dissimuler. Après quelques hésitations que j’ai devinées, Olivia me murmure qu’elle est très dissipée et qu’elle voudrait me remercier pour le traitement administré au musée. Surpris autant qu'excité par la tournure très inattendue que prend cette journée culturelle, je passe ma main derrière sa nuque et lui murmure à mon tour de me montrer le chemin. Je remarque que la jeune étudiante qui tient l’accueil de la galerie nous regarde discrètement avec un trouble perceptible sur le visage. A-t-elle entendu notre conversation ? Notre langage corporel était-il si bruyant ? Je ne le saurai jamais.

En sortant, je suis Olivia qui se dirige sans hésitation au quatrième étage. Arrivés dans le couloir, elle pousse l’une des portes sans écriteau puis me fait un clin d’œil pour m’indiquer de la suivre. Le local est semblable aux autres, avec son architecture industrielle, ses briques blanches. Il est entièrement vide, à l’exception d’un immense canapé noir en tissu, posé à proximité de la grande baie vitrée. La tenant par les deux bras, je l’amène aussitôt vers ce sofa si propice aux jeux amoureux. Nous n’échangeons pas un mot, la même lueur mutine et suppliante a de nouveau pris possession de son regard, je remarque qu’elle se mordille légèrement la lèvre inférieure. Debout, devant le canapé, face à moi, la tête baissée, elle commence à se déshabiller pour ensuite déposer un par un tous ses vêtements à mes pieds. Elle se tient là, entièrement nue, les bras croisés dans le dos, les pieds à même le sol en béton. La vue qui nous observe est sublime, le centre de Montréal s’offre à nous. Il sera témoin du feu qui consume l’instant.

Je soulève le corps si léger d’Olivia et la porte en position allongée, mes mains sous son dos. Je m’assois sur le canapé pour la déposer sur mes genoux. Offerte, les mains au-dessus de la tête, je vois son ventre et ses seins se soulever à chaque inspiration. Ma main gauche se pose à plat sur son sexe tandis que la droite atterrit sur son ventre. Mes ongles commencent à griffer sa peau, dessinant des traces rouges régulières à mesure qu’elle remonte. Quatre petites rivières pourpres serpentent de son pubis jusqu’à la naissance de son cou en passant par la vallée étroite entre ses petits seins dressés. Elle gémit et me fixe intensément du regard. Ma main se déplace désormais sur sa poitrine, ferme et arrogante. Je vois son grain de peau se transformer à l’approche de la caresse, elle a désormais la chair de poule et ses tétons ont doublé de volume. Je peux sentir chaque détonation de son cœur et il me semble même que l’onde de choc est visible à la surface de sa peau. Ma main gauche rejoint sa sœur et de concert, elles agrippent fermement ses seins. Olivia se cambre sur mes genoux, inspire bruyamment et dans un demi souffle me supplie : “plus fort“. Mes mains se mettent à empoigner sans ménagement ses seins pour serrer toujours plus. Elle se tord de plaisir en gémissant pour m’inviter à aller plus loin. Je me penche en avant sur son corps puis commence à mordre avec gourmandise la pointe de ses seins en les étirant bien au-delà de leur limite naturelle. Ce petit jeu de supplice dure quelques minutes puis, me saisissant à nouveau du corps d’Olivia, je la retourne sur le ventre, les fesses au niveau de mes genoux. Sa peau est encore fortement marquée de notre précédente séance, je me dis que celle-ci va être particulièrement intense. Sans plus attendre, ma main droite s’abat en claquant sur sa peau. Chaque impact lui arrache un râle exquis. Je me dis qu’elle est particulièrement bien placée pour sentir mon émotion qui bat sous son ventre. La pièce vide fait résonner chaque détonation et chacun de ses gémissements. Mon trouble est à son paroxysme. Je sens ses mains qui se faufilent sous son corps pour venir le vérifier. Elle jette un regard en arrière pour demander l’autorisation de changer de position, je l’autorise sans mot.

Olivia descend du canapé pour se mettre à genoux, par terre, entre mes jambes. De nouveau elle baisse la tête au sol en n’oubliant pas de me lancer un regard par en-dessous. Je me penche vers elle, lui soulève le menton fermement pour l’embrasser longuement puis je me rassois dans le large sofa. Elle se redresse sur les genoux et entreprend de défaire mon pantalon. Je décide de la regarder faire, sans l’aider mais en lui caressant le visage. Elle me retire les chaussures, puis finalement le boxer. Sans jamais me quitter des yeux, sa langue explore chaque recoin de mon sexe en érection. Elle le lèche délicatement puis le suce énergiquement avec l’aide de sa main droite. J’envoie ma tête en arrière sans arrêter de la dévisager. Mes mains se dirigent alors vers ses seins que je pince fermement pendant qu’elle s’affaire en poussant de petits cris d’excitation. Olivia sent mon plaisir monter. Appliquée, elle redouble d’intensité. Un râle de ma part la prévient de l’imminence de l’orgasme, elle ne bouge pas et continue sa fellation avec dévotion. Je jouis dans sa bouche, elle continue à me masturber pendant quelques secondes puis repose ses fesses sur ses talons et s’agrippe avec tendresse à mes jambes. Je me penche vers elle, l’enlace en l’invitant à s’assoir sur mes genoux. Nous restons là, enlacés sur le canapé, moment de calme, de pure tendresse après le tumulte rugissant de deux animaux qui se rencontrent et se domptent.

Cette parenthèse dure de longues minutes, nos regards se perdent sur le panorama que nous offre la baie vitrée qui luit désormais des lumières de fin de journée d’un été indien. Les bruits des passants et de l’activité dans les couloirs nous ramènent à l’instant présent. Olivia me dit qu’elle doit partir pour prendre un bus, elle habite dans une petite ville à trente minutes environ de Montréal. Nous nous rhabillons, Olivia part pour la gare routière. Je décide, de mon côté, de prolonger mon exploration de ce bâtiment qui m’inspire. Je visite trois autres galeries et l’atelier d’une artiste photographe qui m’explique en détail son travail sur les lieux urbains abandonnés, repris en main par la nature. Ses photos en noir et blanc sont apaisantes et - est-ce mon état d’esprit qui est encore troublé ? – je les trouve étrangement érotiques. Cette maison en pierres éventrée par un puissant chêne, cette usine désaffectée dont le sol est recouvert de fleurs et de mousse, autant de lieux dans lesquels mon esprit vagabonde en y imaginant des scènes d’amour charnel.

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