Chapitre 1 – Disparition

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La City de Londres, un condensé d'intérêts financiers concurrents liés par l’appât du gain et l’absence totale de morale. Un confetti de terre indépendant et intouchable regroupant banques, assurances et grandes entreprise le tout enfermés dans quelques grattes-ciel orgueilleux ramassés sur à peine moins de 3km carré.

Allan était souriant, il venait de conclure une opération particulièrement lucrative pour Strike Asset Management, le fond de placement qu'il dirigeait. Il marchait d'un pas rapide sur Cheapside, le front arrogant, l’œil étincelant, une mèche blonde s'échappant de ses cheveux mi-longs parfaitement plaqués en arrière, un sourire satisfait sur ses fines lèvres. Il était vêtu d'un magnifique complet trois pièces « so british » et portait sous son bras un parapluie plié. Il avait bien l'intention de fêter ce contrat et il avançait d'un pas rapide vers son pub favoris. Mais il se connaissait et il savait parfaitement que ce n'était que le prologue, juste quelques bières, ensuite il irait s'amuser. Il se rendrait à la Fabric pour se soûler à coup de musique, de coke et de filles. Allan se sentait particulièrement bien, il était excité, remonté à bloc. Il avait le vent en poupe, son petit fond de placement avait dépassé son premier milliard de dollars. Lui qui avait créé son affaire avec seulement 1 million de sterling que lui avait accordé Opportunity Capital Management, un hedge fund lié à sa famille.

Il poussa la porte patinée du pub en arborant un sourire carnassier, il chercha des têtes connus et trouva assis devant le comptoir deux « collègues » de la City. Il se dirigea d'un pas lent jusqu'au bar et s'assit sur un tabouret aux cotés de Todd et Walter. Todd était un trader travaillant pour Man Group, il était typique du métier, un jeune homme ambitieux, vif et sans scrupules. Il portait comme à son habitude un costume de grande marque parfaitement taillé et d'une propreté impeccable. Walter lui était un « vieux de la vieille » à 36 ans, il avait travaillé pour plusieurs grosses boites, il était divorcé, blasé et n'avait clairement plus le feu sacré pour son travail. Il était vêtu d'un costume dont le veston était ouvert et la cravate à demi-dénouée sur une chemise froissée.

Todd se tourna vers Allan qui venait de s’asseoir, il remarqua immédiatement son sourire ostentatoire.

«Hey! Toi tu as fait un gros coup. »

Allan savoura cet instant et laissa le temps à Walter et Todd de le dévisager.

« Vous n'imaginez pas ! The big one ! »

Walter pris une gorgée de sa pinte puis essuya la mousse de ses lèvres. Todd trépignait sur son grand tabouret de bar.

« Accouche ! Nous fait pas attendre putain ! »

Allan sourit en grand à ses camarades avant de leur annoncer LA nouvelle.

« Vous parlez à un milliardaire les gars ! »

Walter parla de sa voix grave laissant pointer ce sentiment de tristesse permanent.

« Tu as dépassé le milliard, bravo petit mais prend garde de pas le perdre aussi vite que tu l'as gagné. »

Todd se tourna telle une girouette vers Walter.

« Arrête avec tes sermons Walt. » Todd se retourna vers Allan en souriant nerveusement. « Et tu as fait comment Allan ? Marché actions ? Spéculation monétaire ?»

Allan commanda une pinte, puis il sourit de toutes ses dents et sur le ton de l'évidence apporta sa réponse.

« No ! La bouffe les gars.. la bouffe! »

Todd haussa un sourcil.

«La bouffe!? »

« Ouaip tous ces cons ils sont bien obligé de manger. »

« Et alors ? »

Allan éclata de rire.

« J'ai spéculé sur les céréales. C'est comme un marché captif, y aura toujours des acheteurs surtout chez les crèves la faim. Putain ils se sont arrachés mon stock. »

L'air dégoûté Walter détourna le regard et termina sa pinte d'un trait, Todd regardait Allan avec un mélange d'admiration et de jalousie.

« Tu t'es fait combien ? »

Allan avala une gorgée avant de répondre.

« Presque 700. »

« Chapeau, tu nous offre ta tournée alors ? »

Allan hocha la tête sans se départir de son sourire, il fit signe au barman de resservir les trois hommes.

Allan offrit trois tournées à ses compagnons avant de leur proposer d’aller à la Fabric. Les trois hommes sortirent à 23h du Pub passablement grisaient. Ils se dirigèrent vers la boite de nuit. Ils avançaient d'une démarche nonchalante le pied mal assuré et le verbe haut. Ils prirent d'abord par Fleet Street, puis par Farringdon Street deux rues particulièrement empruntées même à cette heure tardive. Ils parlaient fort de leurs voix guillerettes et leurs éclats de rire déviaient de leur chemin certains passants qui les évitait ostensiblement. Néanmoins conscient de leur état et des regards désapprobateurs aux alentours ils décidèrent de couper par des rues moins fréquentés, ils coupèrent par W Smithfield puis tournèrent sous E Poultry Avenue.

Subitement, alors qu'ils passaient à coté d'une camionnette stationnée, la porte sur le coté du véhicule s'ouvrit à la volée révélant deux hommes vêtu de noir portant gants et cagoules. Ils descendirent précipitamment et tentèrent d’attraper Allan. Celui-ci, malgré son état fit preuve d'une surprenante vivacité, il se dégagea facilement des deux hommes. Todd et Walter protestèrent sans comprend ce qu'il se passait, Todd attrapa la manche d'un assaillant et reçu en réponse un violent coup de poing dans le nez qui le projeta au sol. Walter se baissa vers Todd dont le nez ensanglanté semblait cassé. Allan frappa le deuxième assaillant et le toucha dans la mâchoire, Allan ressentit le choc dans sa main et la secoua de douleur. Alors qu'il pensait pouvoir s'en sortir Allan sentit deux piqûres dans son dos suivit d'une puissante décharge qui fit tressaillir tout son corps. Un troisième homme avait eu le temps de faire le tour et de prendre à revers Allan. Ce troisième assaillant utilisait un taser, deux petites aiguilles mordaient dans le beau costume trois pièces d'Allan et lâchaient leur venin électrique. Cette décharge était bien suffisante pour neutraliser n'importe qui mais Allan n'était pas n'importe qui.

Allan saisit d'une main les fils de l'arme électrique et les arracha d'un geste vif. Il se retourna avec une rapidité surprenant pour faire face au troisième assaillant et le poussa violemment pour le faire chuter en arrière. L'un des deux assaillants du coté de la camionnette tenta à nouveau de l'agripper, Allan l'esquiva sans fournir d'effort apparent. Allan évalua alors la situation, deux des agresseurs étaient au sol le troisième était trop lent, Allan pouvait s'enfuir. A cette instant une sirène retentit et des feux clignotèrent sur une voiture de police. Les assaillants se précipitèrent tant bien que mal dans leurs camionnettes. Allan les regarda, haussa les épaules et décida de les laisser s’enfuir. La camionnette démarra en trombe. La voiture de police ralentit pour finalement s’arrêter à hauteur de Walter, Todd et Allan. Deux agents de police descendirent du véhicule matraque à la main. Voyant Todd le visage ensanglanté et les trois hommes de la City dans leurs beau costumes les policiers rangèrent leurs armes. L'un des deux agents rentra dans la voiture alors que le deuxième s'avança vers les trois hommes.

« Bonsoir messieurs, vous allez-bien ? »

Todd se releva avec l'aide de Walter et répondit d'un ton agressif.

« J'ai l'air de bien aller connard ? »

L'agent sera la mâchoire.

« Pardon ? Vous voulez que je m'occupe de votre cas... »

Allan se dépêcha de répondre avant Todd.

« Euh, non merci. Il y a eu plus de peur que de mal. »

L'agent regarda alternativement les trois hommes.

« Je vais vous demander de nous accompagner pour prendre votre témoignage au commissariat. »

Allan répondit amicalement, d'une voix douce et particulièrement agréable, presque mielleuse.

« Ce ne sera pas nécessaire monsieur l'agent, nous allons rentrer chez nous. »

Mais Todd fit la grimace.

« Tu rigole Allan, il m'a bousillé le nez le type qui m'a frappé, je veux porter plainte. »

Walter parla lui aussi de sa voix grave et traînante.

« C'est une vrai agression Allan, ça aurait pu être grave, il faut témoigner. »

Allan secoua la tête déçu que sa soirée soit gâchée mais il accepta d'accompagner ses compagnons pour témoigner.

La voiture de police roulait à vive allure les feux clignotants aux rythme de ses embardés. Allan en avait marre d'être secoué par ce conducteur et pourquoi roulait-il si vite ? Cela ne semblait pas déranger Walter qui s'était endormit, il cuvait tranquillement sa bière la bouche légèrement entrouverte un filet de bave au coin des lèvres. Todd ne cessait pas de gindre et de se plaindre, son beau profil ruiné, le coût de la chirurgie plastique, trouver un bon spécialiste, et puis comment ferait-il pour ses rendez-vous etc.

Subitement Allan se rendit compte que la voiture quittait le centre ville. Allan regarda les alentours, la voiture se dirigeait dans le South West du grand Londres. Allan interpella le conducteur mais ne reçu aucune réponse, pire, une étrange odeur se rependait à l'arrière du véhicule, du Gaz ! Allan agrippa la poignée de la portière et tenta d'ouvrir, le verrou était mit. Allan utilisa sa force surhumaine pour essayer d'ouvrir, la poignée se déforma sous sa poigne, la portière gémit sous la contrainte. Mais Allan sentait le gaz faire son effet, sa vue se brouilla et il perdit connaissance.

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