Chapitre 6 - Affectation

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Alistair m'embrassait tendrement alors que nous nous enlacions au bord du lit. Nous avions enfin quelques jours de permissions, nous étions à Cherbourg et nous attendions de connaître notre affectation, bientôt nous allions devoir partir chacun de notre côté. Nous avions passé la journée à flâner avec Alistair puis nous avions pris une chambre d’hôtel. Maintenant nous étions enfin seuls, seuls au monde nous pouvions retirer nos vêtements et découvrir nos corps nus à la pleine lumière du jour. Deux êtres nues, sans artifices, prêt à se réunir dans la simplicité de l'amour. J'admirais le corps athlétique d'Alistair, ses muscles longs et saillants, ses abdominaux ciselés. Il me contemplait le sourire aux lèvres, je savourais ce moment d'intimité et de tendresse partagé. Alistair était peut-être plus jeune que moi, et bien moins expérimenté, mais il avait cette douceur et cette habileté innée. Alistair caressait mon corps avec une attention particulière, attentif à mes moindres frémissements. Puis il m'embrassa sur les lèvres et s'occupa avec soin de mon intimité. Lorsque l’excitation fut à son comble je l’appelais et nos corps s'unirent. Alistair imprima des mouvements de va-et-vient au rythme de nos respirations haletantes. Le plaisir était si intense, si puissant, après un an d’abstinence, un an de souffrance, un an de peur, un an de colère réprimée, un an à se tourner autour et à se désirer dans l'ombre.

C'était la fin de matinée, je me rhabillais et je regardais Alistair couché sur le lit de ce modeste hôtel. Il me regardait avec un air béat, il souriait benoîtement.

« Tu ne veux pas rester encore un peu ? »

« Désolée mais j'ai promis à Eva de l'accompagner pour faire les boutiques. »

« Dommage. »

Enfin habillée je m'approchais de lui pour déposer un baiser sur ses lèvres.

« On se retrouve ce soir. »

« A ce soir. »

Eva était au pied de la statue de Napoléon, elle était radieuse avec ses yeux verts pétillant d'excitation et ses courts cheveux bouclés. Elle était vêtu d'un jean usé, d'une chemise à carreaux noué devant, laissant ainsi voir son ventre ferme, et elle avait des converses au pieds. A cet instant c'était une ado comme les autres qui accordait une grande importance à son look. Et comme je l'avais fait quelques heures auparavant dans les bras d'Alistair, elle semblait avoir oublié les années d’entraînements et de souffrances. Je l'embrassais sur les deux joues et je la serrais un moment dans les bras. Elle rit et se dégagea doucement pour m’emmener dans sa suite à la découverte des boutiques du centre-ville.

Malheureusement, la beauté de la ville ne pouvait pas cacher les nombreux magasins fermés, à l'abandon. J'étais déçu pour Eva, mais elle ne se rendait pas compte de cela et pour elle c'était un émerveillement, tant de choses à voir et à faire après des années de contraintes. Pour ma part j'avais connu une autre vie à Helsinki, j'avais connu la liberté. Nous passions l'après-midi à visiter les lieux, les monuments, les boutiques et nous terminions à un café pour boire un thé. Nous discutions de fringue, des mecs et d'autres futilités.

Plus tard nous nous retrouvions tous autour d'une table d'un restaurant. Eva, Kim, Alistair et moi. Notre équipe qui allait bientôt être séparés. Ils avaient reçu leurs affectations, j'étais la seule encore dans l'ignorance. Eva et Kim rejoignaient le service des opérations de la garde des ombres. Alistair allait faire partie du service de sécurité destinée à protéger les demeures et l'entourage du seigneur Charles d'Harcourt. C'était une fonction de prestige au sein de la garde, J'étais contente pour Alistair, il l'avait mérité, Il c'était montré dévoué, et même parfois héroïque, tout au long de la formation.

Après ce dernier repas nous nous séparions, Kim et Eva partirent de leur cotés. Alistair et moi retournions à notre hôtel pour passer une dernière nuit ensemble.

Le Lendemain je me rendais en taxi au camp d’entraînement de la garde, sur un terrain privé dans l'arrière-pays normand.

Comme à son habitude le Capitaine Vinter hurlait, il criait à plein poumons sur un groupe d'aspirants. L'un d'eux était au sol quelques mètres derrière ses compagnons qui courraient sur le terrain d'obstacles. Ils étaient en treillis vert, beige et marron, un gros sac sur le dos et des armes en bandoulière. Le groupe arrêta sa progression alors que le chrono du capitaine continuait à tourner. Deux aspirants du groupe se positionnèrent armes à la main alors que les deux autres revinrent sur leurs pas. Ils arrivèrent au niveau du retardataire, il gisait au sol inconscient. Ils l'attrapèrent sous les aisselles et repartirent vers leurs camarades en faction. Le groupe se reforma au pied d'un long bassin remplit de boue.

Je détournais la tête pour chercher Ingrid du regard, elle était avec le rare public composé de gardes des ombres et des nouveaux aspirants de dernière année. J'en avait enfin fini avec le Capitaine Vinter, j'allais bientôt connaître mon affectation. Ingrid dut sentir mon regard car elle tourna la tête vers moi. Je lui souris et fis un geste de la main pour l'appeler. Elle hocha la tête et quitta le spectacle pour m’accompagner à l'écart. Une fois suffisamment éloignée des spectateurs et des hurlements du capitaine je parlais à Ingrid.

« Ingrid, ça fait maintenant un an que je te connais et je voulais te dire que... enfin bon je te remercie de tout ce que tu as fait pour moi. »

Ingrid me souriait d'un air franc.

« Bah tu sais c'est mon job ! »

« Non je tiens vraiment à te remercier, tu m'as tellement aidée, sans toi je crois que j'aurais mis fin à tout ça, d'une façon ou d'une autre. »

Son sourire s'effaça un peu, l'air inquiète.

« Et maintenant ça va ? Tu veux me dire quelque chose ? C'est Kim qui te fais encore chier? »

« Non, non, laisse-moi finir s'il te plaît ! »

« Oui excuse-moi va y. »

Je sortais alors de ma poche un petit paquet soigneusement emballé et je le tendais à Ingrid.

« Tiens c'est pour te remercier. »

Elle fit la moue et fronça les sourcils.

« Je ne le mérite pas ! Je n’ai fait que mon devoir. »

« Prend le c'est trois fois rien. »

Devant mon air obstiné elle prit le paquet d'une main et le fourra sans ménagement dans sa poche.

« Bon voilà je l'ai pris… Autre chose ? »

« Tu ne l'ouvre pas ? »

Tout dans son attitude me montrais qu'elle était mal à l'aise, ennuyée.

« Plus tard. »

Je tentais de la dérider.

« Ne t’inquiète pas, c'est pas une grenade. »

Elle me dévisagea avant de rire.

« Ok, ok. »

Elle tira le paquet de sa poche et l'ouvrit délicatement. C'était un médaillon qui s'ouvrait, à l'intérieur se trouvait deux photo, l'une de moi et l'autre d'Ingrid. Je ne comptais pas vraiment qu'elle le porte mais c'était un clin d’œil à notre première rencontre lorsqu'elle m'avait dit que l'on se ressemblait tellement que l'on pouvait nous prendre pour des jumelles. Mais je ne m'attendais certainement pas à sa réaction, quelques larmes roulèrent de ses yeux qu'elle s’empressa d'essuyer. C'était la première fois que je ne la voyais pas maître d'elle-même, mais cela ne dura qu'un bref instant. Si bien que je me demandais même si je n'avais pas imaginé sa réaction. Son visage était redevenu aussi calme qu'à l'accoutumé.

« Moi aussi j'ai quelque chose pour toi. »

Ingrid me tendit une enveloppe scellée, le sceau formait un CH, Charles d'Harcourt ! Nul autre que le Big Boss ! J'ouvrais rapidement pour sortir une feuille sur laquelle j'étais invité auprès du Seigneur Harcourt pour prendre connaissance de mon affectation.

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