Chapitre 3 - Anya

19 minutes de lecture

Ce soir-là mon oncle Gustav devait passer me voir. Il ne m'avait pas indiqué la raison de cette visite, lui que je ne voyais que rarement. Il était cependant le propriétaire de l'établissement que je dirigeais, une boite de nuit du nom de Uneton Yö dans le quartier branché d'Helsinki. Mon oncle Gustav m'avait cédé un peu moins de la moitié des parts de cette affaire très rentable et je ne pouvais donc pas éviter cette rencontre. Uneton Yö était devenu la boite la plus réputée d'Helsinki depuis que j'en avais pris la direction. Mais il y avait eu du boulot, j'avais du tout refaire, de l'intérieur à la façade, recréer une ambiance propre à satisfaire la jeunesse d'aujourd'hui, recruter un bon disc-jockey et rebaptiser l'établissement avec un nom qui claque : Uneton Yö, Nuit Blanche. Aujourd'hui l'établissement marchait à plein, si bien que nous refusions du monde à l'entrée, et qu'il me permettait de vivre confortablement à seulement 25 ans. J'étais anxieuse à l'idée de voir mon oncle, nous n'avions jamais été très proche et pourtant il avait toujours pourvu à mes besoins après le décès de mes parents.

C'était la fin d'après-midi, à l'extérieur la froide nuit d'hiver était déjà tombée et la boite de nuit était remplit par la jeunesse Finlandaise venue se réchauffer en ses lieux enivrants. J'avais encore deux heures à attendre avant la venue de mon oncle, j'avais fait l'ouverture avec mes employés et j'attendais maintenant dans un salon calme que j'avais décoré moi-même. Un lieu feutré que j'appréciais tout particulièrement, lumière tamisé, murs lambrissés, parquet sombre, le tout divisée en alcôves par d'épaisses tentures. Dans chaque alcôve se trouvait une banquette en U et en son centre une table ronde. J'étais ainsi perdue dans mes pensées, enfoncée dans l'obscurité d'une des alcôves, confortablement assise dans la banquette à fumer une cigarette. C'est ainsi que je me rendis qu'un homme s’avançait vers l’alcôve, il ne semblait pas m'avoir vu et dans cette pénombre je ne discernais qu'une vague silhouette clair, il avançait à tâtons et s'assit pesamment dans la banquette en face de moi. Il ne me voyait pas, je souris et je repris une bouffé de cigarette. J'entendis alors la voix chaleureuse de cet étranger.

« Bonjour, je croyais que cette place était libre... » me dit-il dans un anglais raffiné.

Je n'avais pas envie de répondre et je me contentais d’expirer ma bouffée de cigarette. L'homme insista avec une voix calme.

« Si je vous dérange je peux partir ? »

Je prenais une nouvelle bouffée de cigarette avant de répondre. Après tout j'avais quelques heures à tuer. Je répondais d'une voix engageante.

« D’où venez-vous ?»

Il parla avec une voix toujours aussi douce et chaleureuse.

« France. »

J'étais intrigué, j'aurais cru à un britannique en l'entendant parler si parfaitement l'anglais. Je me penchais en avant pour écraser ma cigarette dans le cendrier au centre de la table ronde.

« Et que faite vous ici ? »

Il s’avança dans la lumière pour répondre et je découvrais son visage. Il avait la peau claire, de courts cheveux blonds, une barbe de trois jours et des yeux d'un gris d'acier. Son visage était agréable et son regard avait quelque chose, il était particulièrement dur et pourtant il y avait comme une sorte de mélancolie.

« En Finlande ? Pour les affaires et dans cette boite ? Parce que mes partenaires m'ont invité, et dans cette pièce pour me reposer les sens. » puis il ajouta avec un sourire espiègle,

« Mais et vous pourquoi êtes-vous la seule dans la solitude de cette alcôve. Une si belle femme ne devrait pas être seule... »

J’esquissais un sourire ironique devant ce piètre séducteur et j’eus envie de m'amuser un peu. Je plaisantais avec lui pendant quelques instants avant de lui dire que j'étais la propriétaire des lieux. Il fut légèrement mal à l'aise et j'en profitais pour le déstabiliser un peu plus en l'invitant à me suivre dans mon bureau. Mais contrairement à ce que je pensais il ne se dégonfla pas et me suivit. Sans être gênée j'étais tout de même étonnée, mais je l'avais invité et je ne pouvais plus revenir en arrière.

Il entrait après moi et j'allais à mon bureau, je l’observais alors qu'il fermait la porte. Il était grand et athlétique, pourtant ses gestes semblaient particulièrement mesurés, maîtrisés, il avait des chaussures en cuir montantes aux pieds, un pantalon marron ample genre cargo et une chemise grise. Je commençais à lui trouver un 'je ne sais quoi' qui me plaisait. Il se mit à regarder mes portraits de familles et je m’avançais vers lui alors qu'il était de dos. Je me plaçais à ses côtés, je lui proposais à boire tout en lui indiquant que c'était des photos de famille. A peine ces mots quittaient ma bouche que mon regard se posait sur une photo en particulier. Une photo de mes parents et de moi alors que je devais avoir 7 ans. Ce simple coup d’œil eu l'effet d'une douche froide et j'eus la gorge serrée. La voix de cet inconnu me tira de mes tristes souvenirs. Il accepta mon verre d'eau et je lui demandais son nom, Thomas Mauclerc me dit-il en riant chaleureusement. Je me présentais également et je lui proposais de se tutoyer. Nous nous asseyons côte à côte dans le canapé et nous discutions plus librement dans l'intimité de cette pièce. J'étais maintenant décidé a en savoir plus sur lui.

« Alors Thomas que fais-tu comme travail ? »

« Je suis journaliste, reporter indépendant, freelance. »

« Et c'est quoi le sujet qui t'amène à Helsinki ? »

« Un reportage sur la vie nocturne des jeunes Finlandais. »

« Et ça intéresse quelqu'un ? »

« J’espère bien ! Parce qu'il faudra que je vende mon reportage ! »

« Ok »

« Et toi… dit-moi comment une si jeune et si jolie femme est devenue propriétaire d'une boite de nuit ? »

« En fait elle appartient surtout à mon oncle, il m'en a cédé un peu moins de la moitié. »

« Donc tu n'es pas vraiment la propriétaire ? »

« Oh c'est tout comme, il me laisse complémentent gérer l'affaire. »

« Et il ne vient jamais pour voir ce que tu fais ? »

« En fait si, d'ailleurs il doit venir ce soir, dans un peu moins d'une heure maintenant. » dit-je en regardant l'horloge accrochée au mur.

« Bon si tu gère cette boite alors… j'ai une remarque concernant la musique Madame la directrice ? » dit-il avec un grand sourire taquin.

« Quelle remarque ? »

« Le volume est bien trop fort et le style il faudrait revoir ça, cette musique électronique je ne mis ferais jamais... »

« Pfff, on dirait un vieux, c'est cette musique qu'aime les jeunes Finlandais Monsieur le Grand Reporter ! » Nous rigolions ensemble et je me sentais bien, comme je ne m’étais pas sentit depuis bien trop longtemps. Je le regardais, son sourire, ses yeux clair et pétillant de vie, plein de malice et je sentais une chaleur grandissante naître au creux de mon ventre. Mais c'est alors qu'il brusqua les choses, il se pencha vivement et tenta de m'embrasser, je me détournais et il ne toucha que m'a joué. Je le repoussais avec force et il me regarda étrangement.

« Euh je suis désolé je pensais que tu, enfin que... »

Je ne savais que lui dire, mais je n'avais plus envie... et mon oncle devait bientôt arriver. Je me débarrassais de lui promptement en lui promettant de le revoir le lendemain à 17h.

***

Une grosse berline s’arrêta dans une ruelle derrière le Uneton Yö, un homme de haute stature en descendit, il portait un grand manteau sombre aux cols relevés et une chapka noire enfoncée sur la tête, si bien qu'il était impossible de distinguer ses traits. Il entra par une porte de service dans l’établissement nocturne. Avec une démarche assurée il parcouru les couloirs. Il salua le personnel qu'il croisait et monta un escalier, il suivit encore un couloir et s’arrêta devant une porte marquée 'Direction'. Il frappa.

***

Thomas était à peine parti que l'on frappa à la porte, je fus déçue et énervée de le voir insister de la sorte. J'allais à la porte bien décidée à le réprimander vertement mais lorsque j'ouvris je découvris mon Oncle Gustav. Il était toujours égal à lui-même, toujours aussi impressionnant, un colosse. Il avait son manteau sous le bras, sa tête découverte laissait voir se visage dur dont la longue barbe blonde n'arrivait pas à dissimuler la mâchoire angulaire. Il avait des cheveux blonds, très courts et largement éclaircit sur le dessus du crâne par une calvitie avancée. Malgré cela l’âge n'avait pas l'air d’avoir d’emprise sur lui, je l'avais toujours connu ainsi. Les yeux de mon oncle étaient deux prismes azuréens intimidants enfonçaient sous deux larges arcades et surmonté de sourcils sévères. Sa bouche n'était qu'un trait barrant sa morne face, il ne semblait sans servir que pour émettre de rares mots, je ne l’avais jamais vu sourire, rigoler ou se bâfrer. Je frémis malgré-moi en le voyant planté là. Malgré l’âge et nos liens familiaux il me faisait toujours peur.

« Bonsoir » dit-il d'une voix caverneuse et froide.

« Bonsoir oncle Gustav, comment va-tu ? » dit-je en le faisant entrer. Il passa le seuil et ausculta la pièce quelques secondes avant de répondre.

« mmh »

« Eh bien moi ça va Oncle Gustav ! Et que viens-tu faire ici ? » Il attendit que la porte soit fermé pour me planter son regard de glace dans les yeux et me répondre.

« Rien de bon j'en ai peur. » dit-il sinistrement.

« Mais vient t’asseoir oncle Gustav. » dit-je en allant m'installer dans le canapé. Il s’avança pour se planter devant moi, de l’autre côté de la table basse, mais il resta debout. A cet instant il avait l'air vraiment triste, je ne l'avais jamais vu comme cela auparavant.

« Je veux d'abord te dire que je suis désolé ma nièce, je n'ai pas été un bon tuteur. Je n'ai jamais eu la fibre paternelle et lorsque tes parents sont morts je n'ai pas su prendre soin de toi comme il aurait fallu. Mais sache que j'ai de l'affection pour toi Anya. » J'étais éberluée, mon oncle ne m’avait, pour ainsi dire, jamais autant parlé et encore moins pour s'excuser ou parler de sentiments ! Alors que j'allais répondre en souriant il fit un signe de la main pour m’arrêter.

« Attend, laisse-moi parler, je n’ai pas beaucoup de temps à te consacrer. » mon oncle redevenait lui-même, toujours à diriger. Je me taisais donc en l'écoutant.

« Je vais devoir partir et tu dois m'accompagner. » Je répondais étonnée.

« Pardon ?! C'est quoi cette histoire ?»

« Nous devons quitter Helsinki et la Finlande, j'ai tout organisé, tu dois venir avce moi. »

« Et pourquoi donc ? »

« Je ne peux pas t'expliquer. Maintenant viens ! » me dit-il sur un ton autoritaire en me tendant sa main gantée de noir.

« Tu n'es pas sérieux, j'ai ma vie ici. »

« Je ne te le dirais pas une autre fois vient avec moi. » Il parlait d'un ton sec avec sa voix grave. Oubliant ma peur et rejetant son autorité je me mettais en colère devant son attitude. Il me traitait comme si je n'avais rien à dire !

« Je ne suis plus une petite fille, je fais mes propres choix ! Je reste ici ! » Il esquissa un sourit en me voyant m’énerver.

« Bon, comme tu veux, mais la voie que tu empreinte est dangereuse. Alors prend ça, tu en auras besoin. » il sortit une enveloppe qu'il posa sur la table. Il continua à parler sur un ton grave.

« Il faut que tu sois prudente, surtout dans les prochains jours. Ne sort pas et reste chez toi, délègue ton travail quelques temps. » J'étais intriguée et je ne savais pas quoi répondre mais il se chargea de terminer la conversation, ou plutôt son monologue.

« Je dois partir. Que les dieux soient avec toi Anya. » Il serra sa mâchoire carrée et il partit sans même un regard en arrière.

« Au revoir oncle Gustav !» dit-je alors que la porte se refermait en claquant. Je regardais longuement l'enveloppe sur la table avant de la prendre d'une main hésitante. Elle était cachetée à la cire avec le sceau des Fersen. Je brisais le sceau et je retirais le contenu de l'enveloppe : Une lettre et une clef. La lettre était ni plus ni moins qu'un lègue de tous les biens appartenant à mon oncle et la clef était celle d'un coffre à la banque. J'étais sidérée et prenant conscience que quelque chose de terrible allait se passer j'essayais de rattraper mon oncle, je courais jusqu'à la sortie de service, et je débouchais dans la ruelle alors que la voiture partait en trombe. Je regardais le véhicule disparaître dans la pénombre nocturne, j'allais rentrer lorsque je cru apercevoir une ombre sur un toit. Je haussais les épaules et je rentrais, je retournais à mon bureau et j'essayais d'appeler mon oncle mais sans succès. Je finis par m'endormir sur le canapé plein d'interrogations et de remords.

***

Je dormais difficilement, je pensais à mes parents, à mon oncle et alors que je plongeais dans un véritable sommeil mes rêves dérivèrent, l'image de Thomas s'imposa à mon esprit dans des songes enivrants. Je me réveillais tard dans la matinée. Dès que je recouvrais mes esprits, que je me débarrassais de mes derniers fantasmes oniriques j'appelais mon oncle. Seule la voix du répondeur fit écho à mon appel, je raccrochais dépitée et inquiète. J'allais prendre un petit déjeuner frugale accoudée au bar de ma boite de nuit. Les femmes de ménages s'affairaient encore pour remettre l'établissement dans un état impeccable. Je ruminais cette affaire en me demandant ce qui pouvais être aussi grave pour expliquer le comportement de mon oncle ? Était-il malade ? Je terminais mon café en essayant de me rassurer et je haussais les épaules par dépit.

J'éloignais de mon esprit ces histoires de famille et je pensais à Thomas, j’hésitais à me rendre au rendez-vous fixé. Après tout je ne le connaissais pas vraiment et mon oncle m'avait dit d'être prudente... d'un autre coté je ne pouvais nier qu'il me faisait de l'effet, il était beau garçon, il avait le sens de l'humour et pour la prudence et bien j'avais toujours aimé prendre des risques et transgresser les interdits. Je prenais donc la décision de ne pas lui poser un lapin et de le voir, d’ailleurs j'en avais besoin, cela me viderait la tête de ma triste vie et me ferais du bien. Je n'avais pas eu d'homme depuis longtemps, trop de travail.

J'avais encore du temps avant le rendez-vous et je décidais donc de me rendre à la banque pour voir quel coffre ouvrait la clef donnée par mon oncle. Je rentrais dans un vaste bâtiment protégé par des grilles en acier, l'entrée possédait un sas sécurisé et de nombreuses caméras scrutaient les lieux. J'allais jusqu'à un comptoir et une femme m’accueillit avec déférence. Je parlais, je lui indiquais le numéro d'un coffre. Cette employée de la banque m'amena jusqu'à une salle isolée avant d'aller chercher le coffre. Une fois revenu elle posa le coffre sur l’unique table métallique de la pièce et sortit en m'indiquant de l'appeler lorsque j'aurais terminé. Je faisais jouer la clé dans la serrure et lorsque le verrou fut dégagé j'ouvrais le coffre. A l'intérieur je découvrais une liasse de billets, euros et dollars, le sceau de famille des Fersen, de vieux parchemins jaunis couverts de runes incompréhensibles, une épaisse enveloppe scellée, un billet d'avion Helsinki-Paris et un passeport, ce document qui paraissait officiel contenait à l'intérieur une photo de moi mais avec une identité différente ! Je ne comprenais rien, de l'argent, des faux-papiers et un billet d'avion… Mais que se passait-il ? Je haussais les épaules et je ne prenais que les euros et le sceau des Fersen que je glissais dans ma poche.

Lorsque je sortais il était déjà 15 heures et je devais retrouver Thomas à 17h à son hôtel, j'avais à peine le temps de repasser chez-moi pour me préparer. Je me dépêchais donc de rejoindre mon petit appartement. Ce logement dans lequel je ne passais que peu de temps car je préférais souvent rester dans ma boite de nuit, plus grande et dans laquelle je me sentais mieux. Je pris une douche et je m’habillais chaudement, je pris mon beau manteau de fourrure et ma chapka blanche avant de sortir dans le froid de ce mois d'hiver finlandais.

J'arrivais un peu en avance dans le hall du Haven, le plus luxueux hôtel de la ville, à plusieurs milliers d'euros la chambre je me demandais comment un simple journaliste freelance pouvait se payer ça. Je me présentais à l'accueil en demandant à voir Monsieur Mauclerc. J'attendais en admirant les décorations de cristal et d'or de la grande salle.

Je n'entendis pas plus que je ne vis Thomas approcher et pourtant il se tenait là devant moi. Je retrouvais avec soulagement son visage grave, son sourire chaleureux et ses yeux d'un gris mélancolique. Je n'eus pas le temps de dire quoi que ce soit, il posa délicatement deux baisés sur mes joues.

« Bonjour ou Bonsoir Anya. »

« Bonsoir Thomas. »

Je guidais Thomas à travers les belles avenues enneigées d'Helsinki, je lui faisais découvrir quelques monuments et l'architecture de la ville tout en l’emmenant au musée national. Je n'avais malheureusement pas eu de meilleure idée, et puis je ne voulais pas me montrer trop facile ou superficielle. Je menais la visite et nous discutions tout en regardant les meubles, les peintures ou les objets dans les vitrines. Nous passions presque deux heures dans le musée, Thomas sembla fortement intéressé par l'histoire et la culture Finlandaise. Chaque fois que je me tournais vers lui il me souriait, j'étais contente de moi, c'était après tout une bonne idée de l'avoir amené là.

Après cette agréable visite je l'invitais dans un bon restaurant pour conclure sur une note plus romantique. C'était un bel établissement riche de boiseries et d'une atmosphère rétro très 'cosy'. Thomas ne mangea presque rien, j'étais un peu gênée, mais je n'osais rien dire. De plus, après cet après-midi je me sentais bizarre, j'étais maintenant tellement attiré par cet homme que je me sentais intimidé. Thomas ne disait pas grand-chose non plus, il était visiblement perdu dans ses pensées et lorsqu'il me regardait c'était avec un étrange regard de prédateur. Je frémis à cette idée et je finis rapidement mon désert.

Nous sortions à peine du restaurant après ce repas surréaliste, où nous n'avions échangé que quelques mots, un dîner froid, lorsque Thomas me demanda avec brusquerie.

« Tu viens à mon hôtel ? »

Je refusais vivement lui rappelant maladroitement mon travail. Thomas grimaça mais insista cependant pour me raccompagner jusqu'à ma boite de nuit. J'étais pris d'un certain remord sur le chemin, je le regardais à mes côtés, il avait l'air si calme et si bon. Avant de me quitter il m'embrassa. Je sentais ses lèvres se poser sur les miennes et une chaleur étonnante m’envahis lorsque sa langue caressa la mienne. Jamais je n'avais ressenti cela auparavant, pourtant j'avais connu quelques hommes, je fondais en sentant cette douce chaleur me pénétrer. A cet instant j'aurais voulu qu'il m’emmène, cette chaleur en avait éveillé une autre au creux de mon ventre. Pourtant ses lèvres quittèrent les miennes et il me dit au revoir, je restais là quelques minutes alors que le froid de ce début de nuit commençait à reprendre ses droits sur moi, je frémis et je rentrais en soupirant dans le brouhaha de ma boite de nuit.

***

Gustav se trouvait dans son bureau, dans cette luxueuse propriété sécurisée. Il rangeait des papiers dans une mallette puis ferma son ordinateur portable avant de le mettre dans une sacoche. Alors qu'il vérifiait une dernière fois ses tiroirs il entendit un léger grincement. Il leva vivement la tête mais ne fût pas assez rapide. Une ombre c'était jetait sur lui, il se débattit mais son assaillant se plaça derrière lui et plaça une lame sous sa gorge. Gustav déglutit avant de parler.

« Qui es-tu ? »

« Il n'est pas nécessaire que tu sache qui je suis... Par contre j'ai quelques questions à te poser. » dit la voix de mon assaillant, je reconnu cet accent britannique caractéristique, ce ton hautain, un membre de la 'très estimée' famille Beaumont.

« Que fait-tu là ? »

J'entendis un petit rire derrière moi.

« Je suis là pour te tuer. »

***

Je m'étais encore endormit dans mon bureau, blottis dans le canapé en me couvrant de mon épais manteau de fourrure. J’avais eu beaucoup de mal à m'endormir après l'excitation qu'avait fait naître en moi Thomas et même dans mes rêves il n'avait eu de cesse de me caresser, de m'embrasser et de m'étreindre. J'étais dans ses bras et nous faisions l'amour lorsqu'un bruit résonna et interrompis mon rêve érotique. C'était mon téléphone, j'allais le prendre les yeux encore plein de sommeil. Je voyais le numéro, c'était lui ! J'étais subitement réveillé par l'excitation et je décrochais.

« Bonjour Anya. » En entendant sa voix je ressentais la chaleur de son baisé.

« Bonjour Thomas. »

« Ça va ? On peut se voir aujourd'hui. » Je réfléchis un instant, j'étais épuisé et dans quel état ! Je ne pouvais pas me montrer ainsi ! Je devais avoir une mine affreuse !

« Désolée Thomas mais j'ai eu une nuit épuisante, je ne pourrais pas aujourd'hui. »

« Ah, mais tu sais, je ne pourrais pas rester encore longtemps à Helsinki. Je vais devoir partir. »

Partir ! Je reçu ce simple mot comme une gifle qui me réveilla complètement.

« Tu restes encore combien de temps ? »

« Je peux retarder mon départ d’un ou deux jours. Mais je devrais partir avant la fin de cette semaine. »

Je devais prendre une décision, je sentis un frisson me parcourir le corps alors que ma respiration s'accélérait malgré moi.

« Je peux venir à ton hôtel ? » dit-je avec un empressement dans la voix que je ne pus retenir.

« Maintenant ? »

Il n'était plus temps d'hésiter.

« Si tu dois bientôt partir nous n'avons plus de temps à perdre, non ? »

« Sans doute, je t’attends. »

Je me ruais éperdue vers lui, je pris un taxi, je courais dans l'hôtel et j'arrivais devant la porte de la chambre de Thomas haletante et déjà réchauffée. Je frappais et la porte s'ouvrit. Je me jetais sur Thomas, je l’attrapais et je l'embrassais dans l'espoir de retrouver cette sensation unique que j'avais découverte avec lui. Il se décolla de moi, ferma la porte d'entrée et me guida jusqu'à la chambre. Je regardais ces yeux gris, son visage ferme, il m'embrassa dans le cou puis sur les lèvres, sa chaleur m’envahit de nouveau et quel délice ! S’éveilla en moi un désir sauvage de luxure que je ne connaissais pas, je mordais ses lèvres et je le poussais sur le lit. Je lui arrachais sa chemise, je découvrais son corps athlétique, je caressais son torse musclé, mes doigts se mirent à le griffer, j'embrassais ses plais. J'abdiquais devant cette pulsion bestiale et après avoir retirés précipitamment nos pantalons je le couchais brutalement sur le dos pour l'enfourcher vigoureusement. Après cette chevauchée sensuelle et sauvage je m'effondrais sur lui, l’oreille contre son torse, encore haletante. Quelques secondes s'écoulèrent j’entendais son cœur battre à tout rompre.

« Thomas ? C'est étrange ton cœur ? »

« Je sais. » dit-il en me caressant les cheveux.

« Il bat si vite ! »

« C'est une anomalie cardiaque sans gravité. »

Je trouvais ça bizarre mais à cet instant je préférais m'abandonner à cette sensation de plénitude. Nous restions là silencieux et je m'assoupis. Lorsque je me réveillais je sentais cette forte chaleur émaner de tout son corps et le battement si rapide de son cœur. Sa voix se fit douce et il me parla tendrement.

« Anya j'ai quelque chose à te dire. »

« Oui. »

« Je crois que je vais rester à Helsinki. »

Je me redressais surprise.

« Je m'était juré de ne plus jamais dire ça mais … je t'aime. »

J'étais vraiment stupéfaire devant cette déclaration, c'était comme dans un rêve bien trop beau pour être réel.

« Tu te fiche de moi, on ne se connais que depuis quelques jours… ce n’est pas marrant. »

Je me relevais et le drap glissa, je frémis en sentant la fraîcheur de la pièce.

« Non je suis très sérieux. Je… j'espérais que toi aussi tu. »

« Ce qui est certain c'est que je reste moi aussi à Helsinki mais pour la suite… je ne sais pas… tu ne te fout pas de moi au moins ?»

Je le regardais sans vraiment comprendre, jouait-il avec moi ?

« J'ai déjà aimé et je sais que je t'aime même si j'aurais préféré ne plus jamais ressentir cela. »

J'étudiais attentivement son visage mais il avait l'air honnête.

« Mais pourquoi tu dis cela ? C'est terrible de ne plus vouloir aimer ? »

« J'ai perdu celle que j'aimais, je ne voulais plus connaître la même détresse. »

« Je comprends. Laisse-moi un peu de temps... et reste à Helsinki s'il te plaît. » J'avais tellement envie d'y croire, de croire à notre histoire. Il fallait qu'il reste !

« Ne craint rien je reste. Mais il y a.… »

« Quoi ? »

« Rien, ce n'est pas facile pour moi. Ça va aller ne t'en fait pas. » Je lui souris et le l'embrassais amoureusement. Je me levais pour aller jusqu'à la salle de bain. Je rentrais dans la douche et je faisais couler l'eau chaude sur ma peau, je me lavais puis je sortis de la cabine de douche couverte de buée. Thomas pris ma place dans la douche, je regardais son corps mince, musclé et si pâle.

Je mis une serviette autour de mes cheveux et je quittais la salle de bain à la recherche de quelque chose à boire, j'avais besoin de me désaltérer après cette chevauchée torride. Je trouvais un mini-bar dans le salon de la suite et je l’ouvris. Je hurlais en découvrant une tête, une tête que je connaissais, mon oncle ! Je sentais alors un violent choc et je m'effondrais.

***

Thomas retira la tête et les poches de sang du réfrigérateur, il les plaça dans une glacière marquée par un symbole de risque bactériologique. Il sortit la glacière sur le balcon et la recouvrit de neige. Thomas retourna ensuite à la chambre, il alla à côté du lit et se pencha au-dessus du corps d’Anya, il vérifia le pouls et fut rassuré. Il tira une chaise à côté du lit et s'assit. Il croisa les bras et réfléchit à la situation, comment expliquer à Anya. Elle allait probablement le haïr maintenant. Il attendait qu'elle se réveil.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Guillaume Etuy ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0