Moulay Ali

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Par sa fenêtre, Moulay Ali ben Rachid pouvait voir les mille teintes du ciel qui se colorait déjà, s’apprêtant à accueillir l’astre nocturne. Ses pensées, par contre, étaient ailleurs. Son regard était vitreux et ne trahissait aucune émotion. Il écoutait attentivement les hommes qui se balançaient des palabres à droite et à gauche devant lui, ses doigts jouant machinalement dans sa barbe.

Depuis qu’il avait fondé Chaouen il y a de là trente ans, en 1472, et qu’il s’y fit proclamer émir et seigneur, les vipères empoisonnèrent son entourage. Il ne bâtit la citadelle, la kasbah de Chaouen, que pour une seule et unique raison : en faire un centre essentiel pour la lutte contre les portugais qui venaient tout juste de s’emparer de la ville de Tanger l’année précédente. Chaouen était perché à six-cent mètres dans la montagne, loin des dangers des mécréants, et protégée par dessus tout par les cimes qui l’entouraient.

Tant d’hommes animés par leurs ambitions sans limites et leurs milliers d’aspirations tournaient autour de lui comme des fauves. Mais, se disait Moulay Ali, il fallait avoir la capacité de voir plus loin, de voir plus large. Ces hommes lui seraient essentiels un jour, comme d’autres avant eux l’avaient été aussi. Et donc, au milieu de leur chahut, Moulay Ali décida de mettre fin à cette conversation stérile qui ne méritait pas un mot de plus.

  • Cessez de parler, voulez-vous bien ?

L’émir se leva, droit comme un mur. Il avait un visage gagné par les rides, mais qui n’inspirait que confiance. Ses yeux, d’un noir de jais, étaient à peine percevables sous ses paupières qui tombaient comme incapables de soutenir le poids des jours dont elles avaient témoignés. Malgré ses soixante années de vie, il avait la vigueur d’un trentenaire et l’esprit d’un enfant.

Les trois hommes, assis devant Moulay Ali, lui étaient tous aussi importants les uns que les autres, ce fut la seule réflexion qu’il eut quand il leur sourit en les invitant à le rejoindre, au bord de la fenêtre, en disant :

  • Venez, chers amis. Le Créateur nous guidera.

Le coucher de soleil était à son zénith. Les couleurs se mélangeaient et dessinaient une vue spectaculaire de Chaouen. Au premier plan, la place publique s’empoussiérait des couleurs du coucher, et eut soudainement l’air d’un océan en or liquide ; à sa droite, le quartier périphérique de la kasbah, dont les ruelles étaient étroites et montaient la montagne en escaliers taillés ; à sa gauche, une immense mosquée au minaret rose qui se perdait dans les nues.

Le premier homme qui accourut prendre sa place à côté de l’émir était l’imam Hamza ben Mohammed des Beni Zejel, une des plus grandes tribus de la confédération des Ghomaras, dont les terres flanquaient Chaouen à l’est. Hamza était leur plus grande autorité religieuse et, par conséquent, un des plus importants acteurs de l’ombre, qui contrôlaient et manipulaient et en sortaient toujours gagnants. Et, comme si cela n’était pas assez, il était aussi le beau-frère de Moulay Ali par son épouse Lalla Meryem, qui était morte il y a de là quelques années. Un mariage qui, en effet, était venu sceller le pouvoir de l’émir, et légitimait sa cause sainte entre les tribus des Ghomaras.

Le deuxième était un cousin de Moulay Ali, Hassan Ben Hussain, qui était arrivé il y a une semaine seulement. Hassan fuyait les castillans et arrivait de Grenade, une épouse et une jeune fille sous sa garde. À vrai dire, Chaouen avait connu un bon flots de morisques fuyant la reconquête catholique. Moulay Ali continuait de les accueillir et les abriter, misant sur ce qu’une communauté ainsi soudée par un objectif commun, et une promesse ancestrale, pouvait faire pour atteindre ses buts.

Le troisième personnage était une source de conflits pour l’émir de Chaouen. Il n’arrivait pas à cerner ses ambitions avec l’exactitude qu’il aurait aimé. Il s’appelait Al Mandari et était, avec toute vraisemblance, un des hommes les plus mystérieux qu’il avait été donné à Moulay Ali de fréquenter. Al Mandari, qui était dans les cinquantaines de son âge, avait autrefois été un des gouverneurs les plus estimés du royaume de Grenade, dans une province du nord-est de la terre perdue. Vaincu, il préféra fuir les castillans, cherchant refuge chez le roi wattasside de Fès, il y a presque un an.

Depuis, il jouit de l’amitié du roi mais aussi de son oreille. Les derniers chuchotements qui étaient arrivés de Fès prétendaient qu’Al Mandari avait reçu l’autorisation absolue et exclusive du roi Mohammed Cheikh de rebâtir la cité de Tittawin et d’en faire usage pour attaquer les mécréants et libérer les ports du nord de leur emprise. Les ambitions d’Al Mandari et du roi, jusque là, semblaient s’aligner. C’était pourquoi Moulay Ali, à l’arrivée de l’ancien gouverneur il y a quelques heures, fut rongé par la suspicion. Ses doutes se matérialisèrent encore plus quand Al Mandari fit sa demande étrange.

Les rumeurs d’un certain gouverneur grenadin qui fuyait la perte de son pouvoir et terres avaient atteint Moulay Ali bien avant qu’Al Mandari n’arrivât au palais du roi à Fès. Ainsi donc, quand il arriva à la kasbah de Chaouen, Moulay Ali l’accueillit en ami et fit préparer en son honneur un festin digne de rois. C’était pourquoi l’émir fut choquée quand Al Mandari fit sa demande quelques minutes plus tôt. Mais il n’en laissa rien paraître sur son visage, il arborait le même demi sourire qu’on arrivait péniblement à discerner sous sa moustache épaisse.

  • Mon seigneur, si vous me le permettez, j’aimerais discuter du sujet de ma venue.

Al Mandari tâchait à arborer un respect absolu face à Moulay Ali, bien qu’il soit un ancien gouverneur grenadin et que l’émir, en toute évidence, n’était en fin de compte que le seigneur d’un bon vieux village perché dans la montagne.

Il y avait deux raisons pour lesquelles une certaine hiérarchie tacite s’imposa durant cet échange entre les deux hommes. Premièrement, même en n’étant que le seigneur de cette terre inutile, supposément, Moulay Ali était un chérif descendant du prophète lui-même, un privilège de lignée qu’il brandissait comme une arme. Deuxièmement, il se trouvait que la terre qu’Al Mandari convoitait tant appartenait, de droit ou de force, à l’émir de Chaouen.

  • J’aimerais vous demander des hommes, mon seigneur, pour rebâtir et fortifier les ruines de la cité de Tittawin, commença Al Mandari.

Moulay Ali, qui regardait en ce temps-là le coucher du soleil, ne détourna pas les yeux de la fenêtre. Son regard était aussi vitreux que jamais, mais il entendait et écoutait ce qui se disait. La voix d’Al Mandari l’atteignait claire et nette. Le ton de voix de ce dernier laissa penser qu’il y avait une suite. Sans prononcer un mot, Moulay Ali lui fit signe de continuer, un sourire espiègle toujours aux lèvres.

  • Et pour vous attester de ma bonne foi, continuait Al Mandari, j’aimerais aussi demander la main de votre fille afin de sceller l’union de nos familles et nos villes contre les mécréants !

Si ces derniers propos eurent offusqué Moulay Ali, il n’en laissa rien paraître. Malheureusement, ce ne fut pas le cas pour l’imam qui, glissant dans sa peau de défenseur de la famille, ne tarda point à exprimer son refus catégorique face à cette union qui n’aidait ni n’avançait la cause des Beni Rachid.

L’Imam Hamza s’offensait pour des raisons complètement naturelles. Al Hurrah, la petite fille de Moulay Ali, n’avait en effet que sept ans et voilà qu’un homme de cinquante ans son aîné venait demander sa main. La pratique n’était pas si extraordinaire en elle-même et était même coutumière, mais Al Hurrah était de descendance chérifienne et son mariage devrait être la convoitise de tous les hommes.

Quant à Moulay Ali, il voyait les choses différemment. Ce fut donc pour d’autres raisons qu’il trouvait les propos d’Al Mandari non seulement intéressants, mais courageux et peut-être même un peu négligents. En effet, Al Mandari ne demandait pas seulement la main d’Al Hurrah, mais avec elle une attestation dure qu’il pouvait de ce fait établir ses quartiers à la place des ruines de Tittawin en toute indépendance de la principauté de Chaouen.

Le prince cinquantenaire avait assez vu et vécu pour savoir que des opportunités pareilles ne croisaient pas votre chemin tous les jours. De surcroît, il comprenait parfaitement qu’il avait ici la main forte, et que lui seul détenait le pouvoir de faire de cet échange une opportunité précieuse pour son jihad, sa guerre sainte, contre les mécréants.

Les hommes ne manquaient pas, forts et capables de se battre, il pouvait donc se permettre d’en donner quelques uns à Al Mandari. Mais, et là était le bijou convoité de toute cette affaire, il était hors de question que Tittawin soit une cité indépendante. Moulay Ali ne savait que très bien que cela revenait à donner au roi wattasside de l’appui au nord. Qu’ils aient des objectifs en commun contre les portugais était vrai, mais là s’achevait la liaison tacite de Moulay Ali et Al Mandari.

Voilà bien une vingtaine d’années que Moulay Ali avait commencé cette affaire qu’était Chaouen. Son pouvoir et son territoire avaient augmenté, ses alliances s’étaient doublées, et il avait certainement plus de ressources. Mais ses ressources n’ont jamais été assez ! Bien qu’il eût réussi à imposer son autorité en tant qu’émir sur une grande majorité des tribus, par sa descendance mais aussi son génie politique, il n’avait toujours pas réussi à reprendre Sebta et n’a, de ce fait, pas encore réalisé un succès réel. Avoir une base de pouvoir à Tittawin changerait complètement le jeu, pensa Moulay Ali. Mais cela devait se faire selon ses conditions.

Quand les trois hommes se placèrent tous à ses côtés, Moulay Ali leur donna un instant pour savourer entièrement la scène divine qui s’offrait à leurs yeux. Il se répéta encore et encore qu’il avait besoin d’eux, qu’ils avaient tous un rôle à jouer. Il tourna sur ses talons, les pans de sa robe voletant derrière lui, et alla se rasseoir. Les trois hommes se retournèrent donc en même temps, dévisageant Moulay Ali d’un regard interrogateur.

  • Nous ne trouverons pas un meilleur prétendant à la main de notre fille, cher ami, commença Moulay Ali en regardant Al Mandari fixement. Mais, la patience est une vertu.

Al Mandari, souriant, éleva un sourcil. Il s’y attendait, bien sûr. Il aurait été stupide de croire que Moulay Ali allait simplement lui donner ce qu’il désirait. Il inclina légèrement la tête, attendant la suite.

  • Notre précieuse Al Hurrah a sept ans, et son éducation est de la plus grande importance pour sa mère et nous. Nous sommes prêts à vous donner sa main dans huit ans, en bonne femme éduquée, c’est notre moindre devoir en tant que parents.

Moulay Ali disait vrai. Il veillait personnellement à l’éducation de ses enfants, Al Hurrah et Moulay Ibrahim, et faisait souvent appel aux meilleurs maîtres de sciences et de langues pour les éduquer.

  • Entre-temps, nous donnerons réponse à votre appel et vous enverrons les hommes dont vous avez besoin. Et, de ce fait, vous nommons Gouverneur de Tittawin.

Cette fois-ci, le sourire d’Al Mandari se dissipa et laissa place à une expression blême. Moulay Ali savait que cette petite addition allait bouleverser l’ancien gouverneur. Le sous-entendu était, bien évidemment, que l’une n’allait se faire sans l’autre. Al Mandari ne pouvait prétendre à la main d’Al Hurrah, sans accepter que Tittawin soit une cité vassale de Chaouen. Accepter cette proposition lui donnerait plus de pouvoir que jamais, mais il perdrait probablement le support du roi wattasside. Refuser serait pratiquement renoncer à Tittawin et le pouvoir qu’elle recelait.

  • Nous discuterons de votre réponse demain, cher ami. Hassan vous guidera à vos quartiers, nous espérons avoir été de bons hôtes, lança Moulay Ali en riant.
  • Vous êtes bons et généreux, Moulay, répondit Al Mandari en suivant Hassan hors de la chambre.

L’imam se tenait toujours au bord de la fenêtre. Le soleil était déjà couché, et les étoiles brillaient partout sur le firmament. Au dessous d’elles, tout autour de la kasbah des Beni Rachid, les lueurs des bougies illuminaient les fenêtres une à une. C’était une belle et claire nuit. Une brise rafraîchissante faisait le tour de Chaouen, donnant de l’espoir à une terre bâtie sur l’espoir.

  • Mon seigneur ?

Moulay Ali leva doucement la tête vers Hamza, qui s’était maintenant retourné et lui faisait face. L’imam vint s’asseoir devant l’émir et, d’une voix clairement gagnée par le doute, lui dit :

  • Êtes-vous sûrs de placer votre confiance en cet homme-là, Moulay ? Que sait-on de lui ?
  • On sait qu’il a de l’argent, du pouvoir, et qu’il désire écraser les portugais autant que nous, si ce n’est plus. Il est dans notre intérêt qu’il nous fasse confiance.
  • Mais sans les ressources du wattasside, il ne pourra rebâtir Tittawin ... même avec nos hommes.

Hamza relevait un point de la plus grande importance. Si les ambitions d’un port nordique sont en effet ceux du roi, originellement, et non d’Al Mandari, il était presque certain que le wattasside promettait aussi à l’ancien gouverneur grenadin des hommes à son tour, peut-être même plus que Moulay Ali ne pourrait jamais promettre. Mais, ce qui était plus crucial et important, Tittawin ne verrait jamais le jour sans l’autorisation explicite de Moulay Ali. Il fallait donc trouver un moyen de rendre le support royal non obsolète, mais de second degré.

Cette nuit-là, Moulay Ali eut de la peine à dormir. Sous les lueurs d’une chandelle, il passait ses doigts sur un bout de parchemin contenant une carte du nord d’afrique qu’il avait lui-même dessinée. Il trouvait dans la géographie une certaine beauté, et la considérait comme une des sciences essentielles. Il partageait souvent cette petite passion avec Al Hurrah, sa petite fille, qui s’amusait à nommer les tribus sur la carte et retracer leurs histoires.

Quelque part au fond de lui, il savait et était presque certain que sa fille avait un rôle à jouer dans les événements qui venaient. Aussi jeune soit-elle, elle avait hérité de son intelligence et son esprit vif. Il ne savait pas quand ou comment, mais dans son coeur naquit la conviction d’un futur glorieux pour sa descendance. Il dormit donc avec une vision de Tittawin et son port entre les yeux, Sebta qui l’accueillait et Tanger qui ouvrait largement les bras à son fils Moulay Ibrahim.

Le lendemain, après la prière de l’aube, il fit appel à son déjeuner puis son épouse, dont l’opinion à propos des tourments de l’émir serait tranchante. Lalla Zahra, le nom qu’elle commença à porter quand elle se convertit à l’islam, était une belle femme d’origine espagnole. Elle venait d’un petit village qu’on surnommait Vejer de la Frontera et était, avant d’être l’épouse du seigneur du nord, une prisonnière que ses hommes avaient ramené d’une de leurs razzias sur Sebta. Moulay Ali tomba instantanément sous son charme, et tomba proie à sa beauté et volupté divines. Ce fut sa conversion en islam qui scella l’affaire, poussant l’émir à la libérer puis à la prendre en épouse.

Quand elle fit son entrée dans la chambre où, hier seulement, quatre hommes discutaient du destin de sa fille, elle prit son temps et le fit avec une extrême sensualité. Remarquant que Moulay Ali ne semblait pas intéressé par ses avances et qu’il avait les yeux collés à un bout de parchemin, elle accéléra la démarche et alla s’installer à ses côtés. L’émir caressait toujours du doigt le même parchemin de la veille, en retraçant les bordures côtières de l’ouest à l’est, s’arrêtant là où Tittawin est supposée être.

  • Qu’en est-il, mon seigneur ?

La voix de Zahra était une mélodie à arrêter le temps. Les mots sortaient comme des chansons de ses lèvres fines rougies par le froid matinal. Moulay Ali leva la tête et se permit le plaisir d’errer dans la profondeur de ses yeux, dont la couleur noisette claire lui rappelait tendrement les automnes de son enfance en Andalousie.

  • Al Mandari m’a fait une proposition, ma reine.

Il adorait l’appeler ainsi, ma reine. Il savait qu’elle en dérivait du plaisir, que leur amour pour le pouvoir était la première qualité qu’ils s’étaient découverts l’un en l’autre. Il prit sa main et l’embrassa, s’attardant autant que possible dans l’action. Quand il leva de nouveau la tête, elle lui sourit et lui fit mine de continuer, encourageante.

  • Il demande des hommes pour rebâtir Tittawin et la repeupler, annonça Moulay Ali. Et avec elle la main de notre fille pour, selon ses dires, renforcer l’union entre les deux villes.
  • Indépendamment de Chaouen?
  • Indépendamment de Chaouen.
  • Et qu’a été ta réponse ? s’empressa de demander Lalla Zahra.

Il tapa de l’index le point de la carte qui représentait Tittawin. Tout se jouait autour de cette cité maintenant, Tittawin la reine du nord. Il lui expliqua donc la proposition qu’il avait à son tour faite à leur invité. Lalla Zahra, contrairement à ce qu’il attendait d’elle, trouva l’idée bien calculée, et extrêment intelligente. Mais il y avait un point faible, tout plan avait un point faible.

  • Al Hurrah, commença Zahra, lui donner une telle position à Tittawin n’est pas sans risques. Quand le moment viendra, et si notre invité accepte les termes, il faudra lui envoyer non seulement une femme éduquée, mais une femme habituée au pouvoir et la responsabilité qui vient avec.

Moulay Ali en était complètement conscient. Depuis ce matin, il calculait déjà combien lui coûteraient deux nouveaux maîtres en géographie et en politique pour ses enfants. Au rythme dont allaient les choses, tous les deux allaient se voir attribuer plus de pouvoir qu’ils ne pourraient manier. L’affaire se révélait risquée, mais le chemin de la gloire était toujours risqué.

Des temps étranges se préparaient, ne put s’empêcher de penser Moulay Ali. Bien qu’il ait dû convaincre par plusieurs méthodes les tribus du nord qui, exceptées quelques unes qui voulaient garder une autonomie totale, n’auraient pas refusé d’entrer sous la protection et tutelle du roi wattasside si l’émir n’avait pas été rapide et clair dans les propositions qu’il leur avait faites, il ne pouvait faire confiance les yeux fermés. La diplomatie que forçait sa position n’avait jamais été aussi traître et perfide.

Lalla Zahra, quant à elle, examinait de près tout ce que Moulay Ali venait de divulguer. D’autres femmes auraient essayé de protéger leur descendance et auraient naturellement refusé de telles propositions, mais Lalla Zahra y voyait une gloire future pour ses enfants et un pouvoir plus qu’elle ne saurait jamais peser. Elle était donc exaltée des nouvelles, et songeait déjà à aller prier pour le succès de cette affaire.

Ainsi donc, et avant que la journée n'eût commencé, Moulay Ali n’avait de réflexion que deviner la réponse tant attendue d’Al Mandari. La réponse de l’homme allait changer quelque pilier fondamental dans l’existence de la maison des Beni Rachid. Quand Lalla Zahra quitta la chambre, l’émir était ligoté par mille chemins possibles, mille futurs probables. Il reprit donc la carte et se mit de nouveau à la caresser. Il était prêt.

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