Fallen God

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J'ouvre les yeux et j'inspire une grande goulée d'air. Dans le même élan, je me redresse. Une douleur me scie le crâne et je grogne en portant la main à ma tête. Je reste assis, tentant tant bien que mal de passer outre l'élancement que je ressens. Je me force à l'ignorer et je regarde autour de moi. Peu à peu, ma vue retrouve sa netteté et je perçois finalement des formes dans ce monde de couleur. De la mousse, des branches, des buissons et de l'écorce.

Je suis dans une forêt. Comme si elle avait attendu que j'analyse en premier mon environnement pour ne pas me submerger d'un trop-plein d'informations, mon ouïe revient. Je peux alors entendre des oiseaux gazouiller non loin, le chant du vent dans les feuilles et plus généralement, tous les bruits d'une forêt.

J'attends encore quelques instants que mon mal de crâne passe pour me relever. Je m'appuie sur l'arbre derrière moi – je sens son écorce sous mes doigts – pour ne pas tomber. Les senteurs de la nature agressent mes narines et font ressurgir mon mal de crâne. Trois minutes de plus sont nécessaires pour que je me sente apte à marcher. Prudemment, je fais un pas après l'autre. Je remarque alors que je suis pied nu. Mes orteils s'enfouissent dans l'humus. Tout est sombre et je sens l'humidité transpercer mes os. Je lève la tête : à travers le feuillage dru des arbres, je peux apercevoir la silhouette de la lune. Ne sachant où je suis exactement, je décide d'avancer, les rayons de l'astre parviennent tout juste à éclairer le chemin. Avec un peu de chance, je rejoindrais un sentier et je finirais bien par trouver un village.

Après de longues minutes de marche les yeux rivés sur le sol pour ne pas trébucher, mes oreilles captent le son de l'eau qui courent. Prenant conscience de ma soif qui m'irrite la gorge, je dévie de ma trajectoire. Je débouche alors sur un petit ruisseau. Là, la lune m'inonde de ses rayons. Je reste quelques instants ainsi, la tête relevée, le regard dans le ciel étoilé. Puis, je m'approche du ruisseau. Je m'agenouille et récupère un peu d'eau dans mes mains en coupe pour me désaltérer. Je bois goulûment, jusqu'à ce que mon corps soit rassasié.

Pris par une pulsion, je me penche au dessus de l'eau claire. À côte de la lune, l'image d'un jeune homme aux cheveux bruns se reflète sur ce miroir naturel. Je fronce les sourcils. Je ne le reconnais pas. Je porte mes doigts à mon visage et je vois mon double faire de même. C'est... moi ?

Soudain, je remarque je suis entièrement nu, à l’exception d'une léger tissu marron qui ne couvre que mes parties intimes. La peur et l'angoisse me prennent à la gorge. Que se passe-t-il ? Où suis-je ? Je force mon cerveau à se plonger dans ses souvenirs, à se rappeler. En vain. J'ai la vague sensation que je devrais savoir qui je suis et ce que je fais. C'est comme lorsqu'on a le mot sur le bout de la langue mais qu'on n'arrive pas à le retrouver. J'ai mes souvenirs dans un coin de mon cerveau mais une barrière m'empêche d'y accéder.

Je me relève, essuie l'eau qui a dégouliné sur mon menton et me remet en marche.

Le temps file et je ne sais toujours pas où je vais. Je marche, tous mes sens en alerte, à la recherche d'une trace quelconque qui indiquerait que j'approche d'un village. Mais au moment où je commence à décourager de sortir de cette forêt, j'atteins une vaste clairière. Au centre, trône un gigantesque chêne millénaire. Il faudrait cinq hommes pour enlacer entièrement son tronc. J’aperçois alors des petites lumières flottaient au-dessus du sol. Je déduis que ce sont des lucioles, qui nichent dans les grosses branches de l'arbre, abritées par ses feuilles.

Mu par une envie soudaine, et parce que l'endroit et la présence du chêne m'apaisent et m'attirent en même temps, je m'approche doucement. Au fur et à mesure que j'avance, je peux voir une espèce de forme géométrique briller sur le tronc. Arrivé, je suis de mes doigts les contours qui semblent fait d'or. Je me rends compte que c'est une étoile à dix branches entremêlée dans un cercle. Ce symbole me dit quelque chose... Je l'ai déjà vu auparavant.

Soudain, une lumière aveuglante s'échappe de la forme, me forçant à me cacher les yeux avec mon bras d'être aveuglé. Lorsque la lumière s'adoucit, j'ouvre les yeux. Au centre du symbole, des lettres d'or sont gravées. J'écarquille les yeux de stupeur et d'effroi. La mémoire me frappe de plein fouet, et avec elle, toutes les conséquences de mes choix. Je me souviens de tout maintenant. Père m'a damné.

Mon nom est Ἀπόκισσος. Et j'étais un dieu.

***

Il est possible de trouver dans ce récit des références à plusieurs mythes (un en particulier). Bien entendu, ce n'est qu'une source d'inspiration, il n'y aucune vérité ni aucun réel lien entre lui et ce texte. Je vous encourage à tenter de le trouver ;).

PS : Ceux·celles qui arrivent à déchiffrer le nom du personnage ont toute ma reconnaissance ;). Petites aides : c'est un nom formé à l'aide de deux autres. Bien entendu, le nom est en lien avec le/les mythes.

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