Chapitre 17

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Un homme haut et large se tenait dans l’encadrement qui peinait à le contenir. L’air sévère, il nous toisa en long en large et en travers. Ne bougeant pas d’un millimètre, je le pris d’abord pour un garde du corps avec ses manières de videur de boite de nuit avant qu’il n’ouvre sa large bouche pour geler mon être rien que par le ton de sa voix que je reconnus sur le coup.

- Qu’est-ce que tu fais la ?! Gronda le Père d’Adam d’un air médisant

- Ton invitation si chaleureuse de ce matin m’a donnée envie de vous rejoindre à la fête. Répondit Adam avec sarcasme.

- Je t’avais dit que tu pouvais t’abstenir.

- C’est vraiment très gentil à toi de te préoccuper de mon emploi du temps chargé mais j’ai pu me libérer. Adam sortit son plus faux sourire.

Les deux hommes rageaient tant à l’intérieur, que l’on pouvait ressentir leurs hargnes à des kilomètres. La bille dans mon ventre grossit un peu plus.

- Les Escortes ne sont pas invitées, c’est une réunion familiale. Lança-t-il à mon attention sans même me regarder.

- J’ai téléphoné à grand-mère et elle a gentiment accepté que ma fiancée se joigne à nous. Je retiens mon souffle laissant le trac de ce rôle absurde et inattendu m’envahir.

- Ta fiancée ! se moqua ouvertement l’homme, riant aux éclats. Il me regarda en grimaçant.

- Je ne te permets pas. Grogna Adam

- Combien il vous a payé mademoiselle pour l’accompagner ? je double la mise si vous me dites la vérité. Je sentis le cœur d’Adam augmenter de rythme contre ma main. Il a donc un point faible pensais-je. Je relevai la tête.

- Rien du tout Monsieur, en fait c’est moi qui l’ai encouragé à m’y emmener. Je voulais connaitre sa famille et ne comprenait pas pourquoi il était si réticent à me la présenter. Je comprends mieux maintenant… dis-je en le regardant de haut en bas à mon tour.

- On n’est pas dans un de tes films, ici c’est la réalité, et si tu crois que je vais te laisser embobiner ta… grogna l’homme à son fils

- Adam ! se réjouis une voix aiguë derrière le roc.

- Joyeux anniversaire grand-mère. Lança Adam contenant sa joie.

La vieille femme aux cheveux mi- longs nacrée s’approcha de son petit-fils et lui modela les joues comme à un enfant avant de lui déposer un baiser sur le front. Je mordais mes lèvres pour m’empêcher de rire.

- Merci mon grand, je suis heureuse que tu es pu te libérer dit-elle enjouée avant de se retourner vers son fils pour le gronder, je t’interdis de les embêter toi ! et de se tourner finalement vers moi, C’est donc toi la fiancée de mon petit garçon ?

- Oui. Hésitais-je en reprenant le bras d’Adam comme pour me protéger des futures questions auxquelles j’allais devoir faire face.

- Tu es belle à croquer pas comme ces pimbêches profiteuses qui ont laissé tomber mon trésor. Je ris intérieurement sachant que l’inverse était plus crédible. Je feignais alors la tristesse à l’égard d’Adam en rentrant progressivement dans mon personnage. Il plissa les yeux taquins en lisant dans mes pensées.

- Tu as raisons, elle n’a rien à voir avec ces filles grand-mère et pourrait même devenir la mère de tes arrière petits enfant. Je m’étouffai presque. Tu vas trop loin la !

- J’en serais ravie ! mais rentrez dont ne restez pas plantés dans l’entrée.

La grand-mère d’Adam salua de nouveaux invités fraichement arrivés, j’en profitai alors pour mettre aux points les choses avec mon fiancé imaginaire en l’entrainant à l’écart du monde.

- Ta fiancée ?! sérieusement ! chuchotais-je

- Tu oublis future mère de mes enfants ! s’amusait-il

- Tu es peut-être un excellent comédien mais tu ne trompes personne ici.

- Si tu y mets du tiens je suis sur qu’on arrivera à les convaincre.

- Pourquoi tu tiens tant à leur mentir en simulant une vie dont tu ne veux même pas.

- Quitte à passer une journée de merde autant s’amuser un peu.

- Je ne sais pas mentir, et je n’aime pas ça.

- Tu n’auras pas à le faire.

Adam retira la fine alliance argentée qu’il portait à son petit doigt avant de prendre ma main gauche dans la sienne.

- Oriane, veux-tu devenir ma fiancée pour la journée ?

- Je euh… je restai estomaquée.

- Ce n’est qu’un jeu de rôle rien de plus. Reprit-il voyant ma réticence.

- Pour toi peut-être mais pour moi c’est… plus compliqué

- Ce n’est pas plus compliqué qu’un enfant jouant à se marier dans la cour de récréation.

- Oui mais on est plus des enfants. Tu deviendras l’homme qui m’a mis la bague au doigt pour la première fois et je repenserai surement à ce moment le jour de mes vraies fiançailles. Comme si tu m’avais marqué à vie.

- L’idée me plait assez mais si tu continues à être aussi sage et étroite d’esprit, personne ne voudra te mettre quoi que ce soit quelque part et tu finiras vieille bonne sœur aigrie. Alors tu joues le jeu ou pas !? demanda Adam avec aplomb.

- Oui je le veux… soufflais-je sans réfléchir, bizarrement amusée moi aussi.

Je regardais les doigts d’Adam faire glisser l’anneau lentement le long de mon annulaire. Elle allait parfaitement comme taillée sur mesure. Je la contemplais un instant avant de sourire quelque peu confuse lorsque Adam me prit par la taille et me serra contre lui. Je relevai la tête et n’eut pas le temps de me demander pourquoi que ses lèvres étaient déjà sur les miennes. Il s’écarta aussitôt et d’un sourire satisfait susurra à mon oreille :

- C’est la tradition. Avant de s’éloigner cruellement.

Ma frustration était à son comble, comment pouvait-il arriver à me faire ressentir tant d’émotions contraire en l’espace de quelque secondes… je le haispensais-je sur l’instant.

Haletante, je décidai de trouver une salle de bain sur le champ pour m’isoler et me calmer mais en voyant le père d’Adam dans le couloir je préférai suivre l’homme portant un plateau emplit de coupe de champagne se dirigeant vers l’extérieur de la propriété par une grande baie vitrée, regrettant mon choix d’être venue ici alors qu’il aurait été plus agréable de marcher sur Broadway avec des chaussures remplit d’aiguilles.

Je subtilisai discrètement une des flutes quand on me la vola des mains sur le champ.

- C’est mal élevé de boire avant de trinquer à la santé de l’hôte. Sortit Adam avant d’en avaler une gorgée.

- Tout comme d’abandonner une fille que l’on vient d’embrasser.

- Je suis allé saluer mon petit cousin. Il a six ans, c’est un grand fan et est la seule personne dans cette famille à ne pas me juger. Mais si tu y tiens je peux recommencer…

- Non ça ira. répondis-je en reprenant mon verre et en buvant à mon tour remarquant au même moment des personnes choquées en me voyant faire, je fronçais les sourcilles de quoi je me mêlepensais-je. J’oubliai presque que mon cavalier était une star internationale épié par nature.

- Ils te détestent autant que moi maintenant, bienvenue dans le club des parias. Je lui remis le verre.

- Adam ! s’exclama une voie masculine.

- Patrick. Répondit Adam froidement.

- Je ne m’attendais pas à te voir, dit-il amèrement dans son costume guindé. Tu es venu gâcher la fête ?

- Non pas aujourd’hui, ironisa Adam, je suis venu vous présenter Oriane, ma fiancée. Annonça-t-il. Son frère rit sournoisement.

- Je ne m’y attendais pas à celle-là. Excusez-moi mademoiselle mais je ne m’attarderai pas à vous saluer en sachant que vous n’êtes rien de plus qu’un de ces leurres pour attirer un peu plus l’attention qu’il a déjà. Justifiait-il d’un air hautain à mon égard.

- Et vous un homme jaloux qui refuse de saluer une jeune femme qui se trouve juste devant lui sous prétexte qu’il l’a jugé hâtivement d’usurpatrice. Vous ne valez pas mieux que ce que vous pensez de votre frère.

- Si tu veux bien m’excuser, j’ai mieux à faire que d’entrer dans ton petit jeu. Termina Julian prenant les voiles avec ses grands airs m’ignorant au passage.

- Mais quel connard ! lâchais-je sans retenue.

- Ravie qu’on ait le même avis, il est l’ainé et aime se sentir supérieur, j’avoue prendre plaisir à le rabaisser.

- Je t’avoue avoir aimé ça aussi. dis-je d’un air espiègle.

Le tintement du cristal nous ramena à la réalité, un serveur nous proposa un verre de champagne au moment où la grand-mère d’Adam éleva la voix.

- Merci à tous d’être venus pour fêter mon soixante-dixième anniversaire. Cette année encore j’ai été gâtée comme je peux le voir non seulement par votre présence à tous mais aussi par vos nombreux présents. Dit-elle en regardant la montagne de cadeaux débordant de la table ronde prévue à cet effet. Je portai mon attention sur un immense paquet rectangulaire dominant tous les autres.

- Je parie que le tiens c’est le plus gros. Affirmais-je en chuchotant à l’oreille d’Adam.

- Elle m’a dit un jour que sa télé marchait mal… avoua-t-il d’un sérieux irrationnel.

- Tu es désespérant. M’amusais-je

- Je suis ébloui par toutes vos attentions et heureuse de passer cette journée en votre compagnie. Je tenais à remercier en particulier mon petit-fils Adam et sa charmante fiancée d’avoir pu se libérer pour l’occasion.

A ces mots, Julian se tourna et lança un regard grincheux dans notre direction, Adam ne manqua pas de le saluer avec style. Je cachai mon visage contre le bras de mon fiancé et ne pus m’empêcher de m’esclaffer.

- A une longue et heureuse vie, finit-elle en levant son verre, Santé à tous ! l’assemblé suivit et la musique de l’orchestre retentit alors.

- Tu n’as pas peur de lire l’annonce de tes fiançailles demain dans les journaux ? demandai-je inquiète moi-même d’y paraitre.

- Non, ma grand est très gentille mais prudente. Personne ne parlera je te le garantis.

- Ok…

Rassurée, je pris soudain conscience de sa notoriété et de ce que cela impliquait pour lui mais aussi pour moi. Je ne voulais en aucun cas devenir une bête curieuse aux yeux du monde. Tout allait bien trop vite, je n’avais pas le temps de regarder en arrière que le futur me réservait déjà des surprises auxquelles je ne m'étais en aucun cas préparée. Dérivant peu à peu de ma petite vie ordinairement sous contrôle vers l’inconnu.

Je décidai alors de lui faire part de mon ressentis mais mes lèvres restèrent figées lorsque son regard se lia au mien, faisant disparaitre le doute et la crainte de continuer à dériver aux risques même de couler…

- Tu veux danser ? m’invita Adam

- Pour ça il va me falloir plus de champagne… Adam me proposa son verre encore plein.

- Tu ne bois pas ?

- Pas aujourd’hui, j’aimerais garder les idées claires pour une fois. Je lui pris son verre des mains sans hésiter et le finis d’un trait.

- Pas moi. Adam sourit et je remarquai pour la première fois un éclat de sincérité dans ses yeux ou peut-être est-ce juste le champagne qui m’en donna l’illusion.

Il m’emmena sur la piste de danse vide, je refusai dans un premier temps ne voulant pas être le centre de l’attention plus que l’on ne l’était déjà mais son pouvoir d’intimidation était bien plus fort. Je le suivais donc avec pour seul assurance mes dix-huit années de danse et mon taux d’alcoolémie modéré.

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