Chapitre 9

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La sonnette de la porte d’entrée retentit à plusieurs reprises martelant mon cerveau encore endormi.

- Je vais la tuer avant la fin du séjour… je maudis Alix en peinant à descendre ma lourde valise fleurie.

- Je t’aiderais à dissimuler son corps. m'encourage mon père en me prenant des mains cette dernière pour la descendre lui-même.

- Vous éviterez d’enterrer les restes dans notre jardin, elle trouverait le moyen de nous hanter vitam aeternam. Avise ma mère en passant dans l’entrée, en prenant soin de ne pas ouvrir.

- Bonne remarque.

J'appuie sur la poignée métallique à contre coeur et laisse entrer une Alix endimanchée.

- Tu comptes porter ça dans l’avion ?! je m'étrangle presque en examinant sa robe de matière rigide raillée noire et blanche aux manches bouffantes.

- Bien entendu. C’est à la fois confortable, class et sexy. Tout pour attirer l’œil du beau steward qui sera à mon service et lui faire croire que je suis une jeune et belle héritière pleine aux as.

- A quoi bon ? tu ne le verras que pendant le vol, et ce n’ai pas ton style de donner ton vrai numéro de téléphone.

- Pour m’envoyer en l’air dans tous les sens du terme.

- T’es pas croyable…

- Par contre j’espère que toi tu vas retirer tes guenilles et enfiler autre chose qui soit au moins présentable…

- Non, mon sweat et mon legging me conviennent très bien.

- On va voyager en première classe, fais un petit effort bon sang!

- Ouah tu as même changé ton langage pour l’occasion, tu m’impressionnes. je me moque ouvertement.

- Bouge ton cul et montes te changer, le chauffeur va bientôt arriver. gronde Alix en déposant sur le palier sa seul et unique valise, ce qui m'étonne.

- Hors de question. je réplique en prenant sur la commode de l’entrée mon masque de nuit hibou afin de l’enfiler en serre tête.

- Tu sais qu’il en donne dans l’avion ?

- Oui mais ils n’ont pas ces mignons petits yeux brodés et ces oreilles toutes choux…

- Tu es irrécupérable… Je souris faussement en papillonnant des yeux.

Après un au revoir larmoiement et les recommandations de sécurité de ma mère, un chauffeur en costume noir trois pièces arriva dans une berline grise clinquante. Il nous salue poliment et prend nos valises pour les mettre dans la voiture avant de nous ouvrir la porte pour nous faire rentrer.

La voiture démarre et Alix commence à m'énumérer les lieux touristiques incontournable que l'on allaient devoir visiter sans même demander mon avis. Je l'écoute à moitié assise dans mon siège de cuir chauffant en regardant par la fenêtre les champs de vigne défiler devant mes yeux. La voiture s’immobilise après une vingtaine de minutes. Je prends l’initiative d’ouvrir la portière et comprends au regard du chauffeur que j’aurais dû attendre qu’il le fasse lui-même. Il nous indique ensuite le chemin d’un salon privé réservé à la première classe pour nous permettre de patienter le temps qu’il s’occupe de l’enregistrement de nos bagages. Je m’en réjouie, me rappelant soudain, ces longues files d’attentes interminables que l’on peut trouver dans les aéroports…

Nous nous retrouvons devant une imposante porte de deux battants en marbre polie noire, gardée par deux agents de sécurité. Je n’avais jamais remarqué cet accès auparavant malgré mes nombreux passages dans cet aéroport, pourtant elle était là, criarde, exposait aux yeux de tous mais accessible qu’a une petite minorité. Je me sent alors privilégiée d’avoir l’opportunité de découvrir ce qui se cache de l’autre côté.

Je m’avance jusqu’au contrôleur qui me dévisage de la tête au pied avec aversion avant de prendre mon billet, suivie par Alix.

- Bon séjour parmi nous mademoiselle. Dit-t-il poliment en poussant sur l’imposante poignée au design dorée.

Les rayons du soleil passant au travers du plafond de verre m’éblouissent quelques secondes, le temps pour mes yeux de s’habituer à la lumière naturelle plutôt qu’aux allogènes. Je suis à pas lent le long tapis rouge et noir menant jusqu’au comptoir en observant ce lieu. Je me sens comme dans un de ces magasins d’articles naturels où l’ergonomie de la pièce est savamment étudiée pour satisfaire tous les sens.

Décoration luxueuse, musique, parfum d’ambiance... Tout est réuni dans une parfaite harmonie ; j'approche d'un salon ou un buffet de collations des plus appétissant est à la disposition de tous gratuitement ainsi que des fauteuils de relaxation et des livres d’auteurs… Je longe ensuite des Boutiques de luxe, un SPA ou les services proposés inscris sur le mur en lettre dorée, regorge d’innovation, satisfaisants des besoins hors du commun des personnes lambda ;

J'observe alors les gens qui me paraissent apaisés, calmes puis me focalise sur leur apparence soignée me faisant me sentir quelque peu mal à l’aise.

- Avoue que tu regrettes de ne pas m’avoir écouté sur ta tenue. Me surprend Alix en me dévisageant.

- Non, mentis-je, il y a une autre femme en sweat-shirt entre la fontaine et le palmier là-bas.

- Il n’y a pas une grosse tête de Mickey sur le sien.

- Deux fers à cheval ce n’est pas mieux.

- C’est un Chanel… dit-elle consternée.

- Ouais mais Mickey est plus riche que Chanel, na !

Une hôtesse vint à notre rencontre et nous installe sur un sofa afin de régler les formalités liées au vol en prenant soin de nous offrir une flute de champagne pour le désagrément occasionné. Je me demande bien lequel.

- Maintenant que tout est réglé, je vous invite à profiter de notre salon, une voiturette viendra vous chercher pour vous emmener directement à votre porte d’embarquement.

Une fois dans l’avion, on nous indique l’emplacement de nos sièges et reste stupéfaite. Celui-ci en valait douze en classe économique et mon écran de télévision faisait la taille d’au moins six des leurs. Mon espace privatif regroupe deux fauteuils, quatre hublots et une tablette me permettant de pouvoir manger à mon aise. Sans compter sur le rideau occultant présent afin de pouvoir préserver totalement mon intimité.

Je ne pensais pas que cela existait, dans mon esprit l’avion était synonyme d’inconfort partagé avec une centaine de personne dans un espace confiné.

- Voici vos espaces attitrés, vous bénéficiez d’un large choix de prestations que vous découvrirez tout au long de votre vol. Je vous laisse vous installer confortablement et reviendrai vers vous dans un petit moment. Nous espérons que votre vol sera à la hauteur de vos attentes, et nous sommes à votre disposition pour toutes autres demandes.

- J’ai une question, profite Alix,

- Je n’ai vu aucun steward à bord. Je m’efforce de ne pas rire.

- En effet… confirme l’hôtesse perplexe.

- Quand n’est-il de la parité homme femme ?

- En réalité, cela devait être une surprise annoncée pendant le décollage, mais comme vous l’avez remarqué vous serez les premières à être au courant... l’équipage, pilotes inclus, est entièrement féminin en l’honneur de la journée de la femme qui se trouve être aujourd’hui. C’est une première ! Se réjouit l’hôtesse avec fierté.

- Super ! s’exclame Alix avec un sourire des plus hypocrite, et vous n’auriez pas pu faire l’inverse ? Vous reposez en cet occasion et laisser les pilotes masculin et steward travailler à votre place…

- Le message n’aurait pas eu le même impact… assure la belle blonde coiffée à quatre épingles.

- Évidement. Répond Alix d’un air mielleux.

Je souffre en silence empêchant mon corps tout entier de ne pas exploser de rire. Cependant mes yeux ne peuvent mentir et s’emplirent de larmes, Notre hôte esquisse alors un sourire prévenant de qui doit sûrement penser que cette histoire m’a ému. J’attends qu’elle tourne les talons et s’éloigne pour enfin pouvoir m’esclaffer.

- Non mais tu le crois ça, pas un mec pour la journée de la femme !

- Personne ne pourra venir te faire ta fête. je me moque et rie de plus belle.

Après mettre battue avec Alix et gagné haut la main le siège près des hublots, je regarde le tarmac à travers l’un d’eux en me disant que la semaine était passée à une vitesse folle. Je n’ai pas parlé d’Adrien à Alix de peur qu’elle ne gâche mon amitié avec lui, par jalousie ou autre raison valable uniquement pour elle. Cette relation m’allait très bien ainsi et je ne voulais en aucun cas qu’elle aille plus loin qu’un rapport amical ; avoir un ex ou un ennemi comme voisin n’est jamais de bon augure, même si quelque part… non.

Je tourne la tête vers Alix lors de l'annonce du décollage pour m'assurer qu'elle vive bien son premier vol et lui demande:

- Ca va?

- Comme quelqu'un qui se rend compte qu'elle est dans un putain de suppositoire géant d'une centaine de tonnes, avec des ailes, et que si celui-ci venait à s'écraser, il ferait très mal au cul.

- T'inquiète pas, ça va aller. Je la rassure jubilant de voir l’initiatrice de ce cirque paniquer.

Je cherche alors quelque chose pour la distraire quand la vision du menu qui nous attendais au diner m'envoute soudain. Mon premier repas gastronomique cuisiné par un grand chef étoilé et tout cela servit en plein ciel, au-dessus des nuages. L'avion s'élance sur la piste et décolle pour mon plus grand plaisir.

- Ca va mieux?

- Ouaip.

Alix sirote avec frénésie son saint-émilion faisant remarquer au personnel, que la bouteille est vide. Tout cela était de sa faute, et même si ce qui en découlait était divin et délectable, pour autant je ne pouvais pas m’empêcher de penser qu’il y aurait des conséquences et que ce serait à moi qu’adviendrait la lourde tâche de recevoir et de refuser cette note salée…

Je lance un regard médisant à mon amie assise juste en face de moi qui récéptionne sa nouvelle bouteille.

- Quoi ? il n’y a pas un mec à l’horizon j’ai bien le droit de picolait un peu, surtout quand son gout est jouissif.

- C’est pas ça… j’ai l’impression d’être une voleuse.

- Arrête un peu tes simagrées… et profite un maximum !

- Tu as raison… après tout c’est toi la voleuse pas moi.

- C’est vrai, tu n’es que ma complice et le visage de mes méfaits.

- Tu iras en enfer.

- Amen. Réplique-t-elle d’un sourire maléfique avant de porter le verre à ses lèvres.

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