Chapitre 6

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Je fonce vers Alix et lui attrape le bras pour l’attirer vers une porte menant à l’extérieur du bâtiment. Je la serre si fort que j’ai l’impression de n’empoigner que l’os de son bras frêle.

Une fois dehors, plus rien ne me retiens.

- Arrête ! Tu vas me l’arracher ! crie-t-elle avant de me repousser vivement.

- Tu es devenue folle ! je me suis fait virer du cours par ta faute !

- Si tu répondais à mes messages, ça ne serait pas arrivé !

- Je n’en avais pas envie ! j’hurle, les yeux exorbités, comme si cela pouvait aider Alix à mieux me comprendre.

- Et de toute évidence, c’est pour cela que je suis ici ! manifeste-t-elle en prenant ses grands airs.

- J’espère que quelqu’un est mort Alix pour le sale coup que tu viens encore de me faire car sinon c’est notre amitié qui risque d’être enterrée !

- Pour avoir essayé de te prévenir de quelque chose d’important ?

- Non, pour avoir ruinée ma réputation aussi bien scolaire que personnelle !

- De quelle réputation tu parles…

- Ne commence pas… je la menace avec une méchante envie de lui en collée une.

- Ok on passe, ce n’est pas important tout ça, ce qui l’est en revanche, c’est le montant de l’enchère…

- Je t’ai déjà dit de retirer cette putain d’annonce ! je m'énerve, au bord de la crise de nerf.

- Et moi, je te répète que je ne peux pas l’enlever.

- Tu n’as qu’à payer les vingt pourcents de ta connerie.

- Je veux bien, mais cette salope de carte bancaire refuse catégoriquement...

- Il fallait réfléchir avant de faire une chose aussi stupide!

- Oriane je t’en prie, pour une fois je suis sérieuse… supplie Alix en baissant les yeux au sol.

- Combien il faut rajouter ?

- Une somme que toi et moi ne pourrons jamais rassembler.

- Combien Alix !

- Huit-cent mille dollars.

- Tu veux dire que ma virginité vaudrait huit-cent milles dollar ?! je prends un air faussement amusée tant tout ceci devient grotesque.

- Non, je veux dire qu’elle en vaut quatre millions de dollars et que la somme pour la retirer des enchères s’élèverait à huit-cent mille dollars américain soit à peu près sept cent dix mille euros. VOILA ce que je voulais dire.

- Et tu as cru que j’allais avaler tout ça !

- Il n’est pas question d’avaler quoi que ce soit.

Je sors mon smartphone, et capture son visage impassible. la photo s’affiche et je remarque ses cernes noirs et son teint blafard.

- Je suis sérieuse Oriane.

- C’est bon je te dis ça devient lourd, je te promets de sortir plus pour essayer de trouver quelqu’un si ça peut te rassurer…

- Grand bien te fasse, mais là il va falloir que tu me croies si tu ne veux pas que je me prostitue pour payer à vie ma connerie…

Je la regarde un long moment en essayant de trouver la vérité à travers elle… je veux tellement que tout ceci ne soit qu’une très bonne blague de mauvais goût, tout effacer de ces dernières vingt-quatre heures et repartir sur les bases de ma vie. Mais les ongles anormalement rongés de ma soit disant amie raconte une toute autre histoire. je sens soudain ce rêve apaisant s’évanouir et la dure réalité revenir comme une gifle en pleine figure.

- Tu es en train de me dire que je dois me vendre pour te sauver ?

- Non je te demande d’aller à ce foutu rendez-vous et de décider par toi-même si tu veux devenir millionnaire ou pas. Me sauvant au passage…

Je restais là un moment sans parler, cherchant une porte de sortie magique ou rien de tout ça n’avait jamais existé, ma vie aurait été tellement plus simple sans cette foutue amitié rocambolesque.

- Alors ? ralle Alix avec son indéfectible impatience.

- Je vais y réfléchir…

- Quoi ?! tu hésites à me jeter sur le trottoir ?!

- Tu m’as bien mise en enchère ! Et je ne t’y jette pas Alix, tu t’y envois toute seule ! je lui lâche cette vérité avant de lui tourner le dos.

- Non tu pourrais m’éviter ça si tu te préoccupais un petit peu plus de mon sort et non pas toujours de toi et de tes problèmes insignifiants.

- C’est toi qui crées tous mes problèmes !

- Non je bouscule ton existence, ce n’est pas pareil. Tu ne laisses aucune place à l’aventure dans ton quotidien et encore moins dans ton lit. C’est tellement triste…

A entendre ces mots mon sang ne fait qu’un tour.

- C’est toi qui es triste Alix, être obligée de contrôler ma vie pour ne pas avoir à prendre en main la tienne ! j’en ai marre de réparer tes innombrables erreurs ! je guérie tes cuites, rompt avec tes « conquêtes » en ton nom car tu as peur de t’engager plus d’une journée avec l’un d’entre eux ; je fais tes devoirs, supporte tes humeurs lunatiques, et je dois aussi payer tes factures ?! tu mérites ce qu’il t’arrive. Grandis un peux et assumes. J’en ai marre de subir à ta place et de tout te laisser passer sous prétexte que tu n’as jamais eu d’éducation ni de vraie famille ! Tu m’étouffes ! j'explose en sortant tout ce qui aurais dû être dis depuis bien longtemps avant de me diriger vers l’entrée pour mettre un maximum de distance entre elle et moi.

Je pousse la poignée avec rage et entre en trombe. La porte rebondit contre le ralentisseur et se referma aussitôt derrière moi en claquant avec fracas, les élèves de ma classe sont déjà sortis et s’afférent à aller déjeuner. Seul le nouveau reste adossé contre le mur près de la porte, cherchant quelque chose dans son sac avant que le claquement de la porte ne dévie son attention.

- Il aurait pu y avoir quelqu’un derrière cette porte. Me fait-il remarqué pour m’énerver.

- Comme toi ? Je réponds avec aplomb sans m’arrêter ni même le regarder.

Je me dirige au snack pour déjeuner ; prends une pizza quatre fromages et une pâtisserie remplit d’une crème bien épaisse au lieu de ma salade habituelle. Ces dernières vingt-quatre heure m’avaient épuisées moralement ; j’avais besoin de réconfort et il faut avouer que la nourriture bien grasse aide pas mal au lieu de l’amertume de leurs salades défraichies. Je m’assois sur un murer à l’ombre d’un arbre pour déguster mon repas. Quatre millions de dollars… je détache une part de pizza avant de la dévorer avec avidité tout en replongeant dans mes pensées, certaines perdraient leur virginité pour le premier venu après le simple regard d’un mec qui ne sera surement pas leur dernier, et moi, je vais la garder jusqu’à… ce que mort sans suive. Je pourrais faire de grandes choses avec tous cet argent ; Aidez la famine la pauvreté partir en mission humanitaire… Avoir mon propre logement, devenir indépendante… non comment je fais pour même y songer je réfute ces pensées en secouant la tête, je ne me rabaisserai jamais à l’argent.

Je clos ainsi mon débat avec moi-même sur le sujet. Mon repas terminé, j’assiste aux deux cours de l’après-midi et rentre chez moi dans le même bus qui m’avait emmené, ignorant totalement mon hypothétique nouveau voisin assis deux sièges derrière moi. Le bus s’arrête alors dans la rue des oliviers et je descends sur l’air de « something just like this » de Coldplay en ignorant volontairement la voix lointaine qui m’interpelle derrière moi...

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