Chapitre 7

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J’ouvre la porte de la maison, déchausse mes ballerines et dépose mon imper sur un tas de vestes déjà suspendus au porte manteaux en me demandant comment celui-ci pouvait encore tenir debout.

- Y’a quelqu’un ?!

Personne ne répond, pourtant il me semblait avoir aperçu leur voiture dans l'allée. J’ouvre alors la porte d’entrée pour vérifier et constate qu'elle y est bien. Je referme la porte inquiète lorsque j'entends des bruits sourds venant de l’étage, mais toujours pas de réponse…

- Maman ?!

- Oui deux minutes… lance-t-elle soudain en me faisant sursauter.

- Tu fais quoi là-haut ?

- Je finis de ranger les habits d’hiver. Bafouilla-t-elle

- Tu veux un coup de main. Dis-je en me penchant vers la cage d’escalier.

- Non ! crie-t-elle, j’ai presque fini. sa voix se fait plus douce.

Inquiète, je décide de monter les escaliers, ma mère apparait aussitôt et dévale les marches un grand sourire aux lèvres.

- J’ai terminé. Dit-elle d’un air ravit

Je remarque alors son chemisier blanc débraillés et ses cheveux en bataille.

- Tu t’es battu avec les pulls ? je l'interroge sceptique.

- Ils n’ont eu que ce qu’ils méritaient. plaisante ma mère.

- Ça a eu du mal à rentrer ?

Ma mère se figea soudain et me regarde comme si je lui parlé dans une langue inconnue. Je traduis:

- Les vêtements ? dans la malle ?

- Oh, oui je suis bête. Ils ne m’ont pas résisté longtemps. S’amuse-t-elle en rougissant.

- Salut ma puce ! surgit mon père en haut des escaliers.

- Salut papa…

- J’aide ta mère à ranger les manteaux.

- Tu veux parler de ceux-là ? je demandes en pointant du doigt la montagne de doudounes et autres vestes chaudes tenant comme par enchantement.

- Je vais faire du café. Enquille ma mère en disparaissant dans la cuisine.

- Bonne idée. Suivie mon père en disparaissant lui aussi. Évinçant ainsi la conversation.

Je les rejoins quelque peu écœurée faisant mine de ne pas avoir compris leur petit manège…

- Comment c’est passé ta journée ? demande ma mère.

- Alors par où commencer… dis-je en me servant un verre d’eau, j’ai rencontré un garçon.

- Oh ! Se réjouit-elle.

- Exécrable.

- Ah…

Elle déchante aussitôt et détourne son attention sur la cafetière.

- Je me suis affalée sur le sol fesses premières juste à côté de lui et de mon bus plein à craquer. Alix s’est ensuite pointée en plein cours de psychologie et à réussit à m’en faire exclure car je suis l’amie d’une folle furieuse irrespectueuse, le tout moqué par ce type de l’arrêt de bus qui à apparemment décidé de me talonner.

- Il t’a suivi ?

- Non il est toujours là où je dois être mais deux minutes avant moi…

- Donc c’est toi qui le suis. Conclut ma mère avec perspicacité.

- Non ! il me devance sur tout comme s’il s’était approprié mon environnement… il est absolument partout… Ajouté à ça ma nouvelle prise de tête avec Alix qui m’a avoué que la vente de ma virginité, « à mon insu », avait grimpé pour atteindre les quatre millions de dollar, ma mère en recrache son café, l’empêchant d’annuler l’enchère car elle n’a pas les moyens de payer les vingt pourcent pour la retirer ; Du coup maintenant je me sens obligé d’aller à ce fichu rendez-vous pour rencontrer ce pervers millionnaire à qui je vais de vive voix, devoir expliquer pourquoi je décline son offre plutôt généreuse… je déblatère sans m’arrêter avachie sur la table en fixant ma tasse de café fumante.

Ma mère resta bouche bée un instant avant de reprendre son souffle.

- Combien ? s’étrangla-t-elle

- C’est tout ce que tu as retenus ?

- C’est une plaisanterie ?

- J’aurais préféré…

- Tu vas accepter ?

- Le devrais-je ?

- Non je veux dire… c’est une somme non négligeable qui pourrait faire basculer pas mal de monde du côté obscur.

- Maman…

- Non je soutiens à cent pour cent ton abstinence, mais là ce n’est quand même pas rien, et je ne te jugerais pas si tu décidais d’accepter…moi-même...

- Tu me tromperais pour quatre millions de dollars ? demande mon père avec réprobation en levant le nez de son smartphone.

- Je n’en demanderais pas tant… Le pique ma mère en plaisantant.

- Tout ça pour dire qu’il en est hors de question, fin de la discussion.

- Dommage… Adieu la piscine et le terrain de tennis chérie, charrie mon père

- Et avec Alix ? demande ma mère.

- J’y suis allée un peu fort avec elle mais ce n’est que justice.

- Tu as tenu tête à Alix ? jubile ma mère.

- Plutôt oui… je souffle ses mots pensive.

- Elle s’en remettra… rien ne peux l’atteindre, je me demande même si elle n’est pas un robot.

- Elle n’était pas bien une fois que je lui ai tout déballé…

- Tu es donc sa kryptonite… intéressant. Persifle-t-elle

- Et pourtant elle gravite continuellement autour de moi.

- Et ce garçon il vient d’où ?

- Un nouveau voisin je suppose…

- Ce doit être le neveu de la voisine d’en face, Lidia je crois...

- Il vit chez sa tante ?

- Oui elle est venue l’autre jour me prévenir de son arrivé.

- Tu la connais bien ?

- Non pas plus que ça… ça m’a même étonné de la voir derrière ma porte. Elle m’a dit qu’elle préférait me prévenir pour pas que je m’inquiète de ses allers venus.

- Génial mon insupportable camarade de classe est aussi mon voisin…

- Tu devrais essayer d’être plus sympas avec lui, il vient de perdre ses parents dans un accident de voiture… sa tante l’héberge pour qu’il puisse finir ses études de médecine.

- Oh… émie-je désolé.

Mon sang se gela sous l’effroi, je sentis la culpabilité envahir tout mon être faisant fondre mes problèmes comme neige au soleil. Quelle peste j’ai été avec lui

Les frasques d’Alix m’ont transformé en une personne que je ne suis pas ; je repense aussitôt à nôtre dispute, en particulier au moment où je faisais remarquer à ma meilleur et seule amie qu’elle était un boulet abandonné par sa famille.

Mon épaule me gratta subitement, comme si l’ange logé sur celle-ci me faisait signe que je ne le méritais pas.

- Je vais aller à ce rendez-vous… je décide cela sur un coup de tête.

- C’est vrai ?! s’étonne ma mère.

- Ai-je vraiment le choix ? Et puis, ma vie est plus productive qu’une usine mais n’as pas vraiment d’attrait. C’est peut-être l’occasion de me remettre en question.

- Tu vas… aller jusqu’au bout ? sa question m'offense.

- Non ! Je vais juste aller voir mon voisin pour m’excuser, sauver les miches d’Alix et voir à quoi ressemble un vrai millionnaire. Changer un peu les codes de ma vie quoi…

- Ok… si c’est ce que tu souhaites vraiment...

- Oui ne t’inquiètes pas.

Sur ces mots, je quitte la pièce et monte dans ma chambre. Une fois allongée sur mon lit, je prends mon téléphone et appelle Alix à contre cœur.

- Oriane… ? s’étonne-t-elle

- Je ne pardonne en rien tout ce que tu as fait mais je tiens quand même à m’excuser pour avoir été aussi dur avec toi. Ce n’est pas dans ma nature mais tu m’as mise à bout, j’espère que tu en es consciente. Dis-je froidement.

- Ce n’étais pas mon intention.

- Ce n’est jamais ton intention mais tu recommence à chaque fois.

- Je sais je suis allé trop loin, je suis… désolé… ce dernier mot sortit difficilement.

- Tes excuses ne me feront pas oublier ce que tu as fait… et temps que cette histoire ne sera pas réglée, elle restera en travers de ma gorge.

- Je sais…

- J’ai décidé d’aller à ce rendez-vous. je souffle ces mots avec amertume.

- C’est vrai ? On va aller à New York ?!

- Quoi ?!

- Je ne t’en ai pas parlé… ? dit-elle la voix légèrement crispée.

- Non ! je grogne pour la énième fois en enfonçant mes ongles dans la paume de main pour m’empêcher de lui hurler dessus.

- Lorsque j’ai clos l’enchère, l’acheteur a demandé à ce que le rendez-vous se déroule dans un cabinet d’avocat à New York étant donné qu’il y vit. Il s’est bien sûr proposé de payer tous les frais, c’est-à-dire une semaine entière « all inclusive ».

- Et comment tu as pu oublier de m’en parler !

- Je ne sais pas, ce n’est pas important. C’est comme avoir deux orgasmes d’affilé, tu ne t’y attends pas vraiment mais quand il arrive alors…

- Alix…

- C’est vrai tu ne sais même pas ce que c’est d’en avoir un… dit-t-elle d’un air blazé.

- Et toi la définition du mot décence.

- C’est bon… je n’ai pas pu t’en parler vu que tu m’as hurlé dessus ce matin. Dis-toi seulement que c’est un voyage gratuit entre amie avec une légère formalité...

- Il te paye aussi le voyage ?

- Oui je l’ai exigé et il a accepté.

- T’es pas gonflé…

- Opportuniste c’est le mot juste.

- Profiteuse je dirais plutôt. La contredis-je sans ménagement.

- Peut-être un peu, mais toujours pour la bonne cause.

- Oui, la tienne.

- Et la tienne, c’est pas moi qui rafle les quatre millions.

- J’aurais préféré éviter tout ce manège ridicule et inutile.

- Et louper New-York ?!

- J’ai l’impression de voler ce voyage.

- Tu ne voles rien, il t’est offert généreusement par un bourgeois en manque.

- Et tu crois qu’ils vont accepter comme ça que je refuse ?

- Ils n’auront pas le choix. Il n’y a que ce rendez-vous qui est obligatoire le reste est sous réserve que tu acceptes.

- Et pour mes études ?

- J’ai fixé le rendez-vous dans une semaine, on sera en vacances donc aucun problème.

- Je te jure Alix… si tu me refais un coup pareil…

- Je sais, tu me renieras pour toujours…

A ces mots, je raccroche afin de lui faire comprendre que je ne plaisantais pas.

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