Chapitre 115

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LELIA

Cette journée a été la plus pénible de ce petit séjour, j'aurai pensé que ce soit celle d'hier mais aujourd'hui bat son record. La pluie ne s'est pas arrêtée de la journée et les orages se sont enchaînés nous empêchant de profiter de notre avant dernier jour. Ajouté à ça, tempête Lou a encore frappée ! Notre fille nous a fait multiples crises de pleurs et je sens Matt sous tension depuis hier et moi au bord de la crise de nerfs.

Vingt-trois heures le film Pearl Harbor à commencé depuis cinq minutes, je suis en train de passer à côté de mon film favorit et d'un moment en famille pour aider Matt à endormir Lou. Matt tient notre bébé dans ses bras, la berce contre lui et je tapote le petit buste de notre fille pour essayer de la calmer.

Ses larmes cèssent enfin, notre bambin nous observe attentivement pendant qu'on la caresse tendrement et qu'on la rassure. Je n'ai pas la certitude que mes effleurements la détende bien car à travers ceux-ci on ressent tout mon agacement. La petite brune reprend ses pleurs, ses râles en les faisant monter crescendo jusqu'à heurter la sensibilité de mes tympans. Ses yeux clairs sont baignés de larmes et de la chaleur émane de son corps comme à chaque fois qu'elle pique une colère.

  • Mais faites que ça cèsse ! Dis-je désespérée. Lou ça suffit tu te tais maintenant ! C'est l'heure de dormir !

Je sens l'énervement monter en moi et cela fait que je me suis mise à secouer légèrement notre petite fille. Je sais que ce n'est pas quelque chose à faire mais je suis à cran de toutes ces nuits sans fin. Notre fille est en train de s'esquinter la gorge à hurler comme ça et ma patience s'est fait la malle.

  • Mais merde tu veux quoi à la fin Lou ?! Je ne comprends pas, on a tout essayé avec papa ! Le biberon tu n'en veux pas ! Doudou non plus ! Sussu encore moins ! Nous sommes désamparés ! Les bras ça ne te calme pas, que faut-il de plus ?!

  • Lélia, doucement s'il te plaît, ne la secoue pas comme tu es en train de le faire... murmure Matt en entourant mes épaules de ses bras. Cette petite de base, on ne l'a pas aidée, il faut accepter qu'elle ne soit pas bien avec tout ce qu'elle a vécu depuis la grossesse... Elle finira par faire ses nuits, je n'en doute pas mais tout ce qu'elle recherche actuellement c'est du réconfort de ses parents et ce n'est pas en lui gueulant dessus que ça marchera ! Souviens-toi de ce qu'à dit Manon, Lou a besoin d'une présence continue ! Mets la dans mes bras, je vais essayer de la consoler !

  • Mais Matt, ça fait une heure qu'on essaye de la calmer ! Regarde là ! Est-ce que ça a l'air de fonctionner ? NON ! Soulignai-je. Je te préviens, je vais devenir folle si je ne dors pas une nuit de plus !!!!

Lou sanglote entre des cris plus perçants les uns que les autres, les larmes roulent sur son visage alors que son regard est plongé dans le mien. Matt se penche au dessus d'elle pour bécoter son front et lui caresse la joue avec doudou, on ne peut pas dire que ce soit efficace ! Je crois qu'on va lui reprendre une séance d'ostéo chez Charline, si elle peut nous foutre la paix une paire de nuit, je prends volontiers !

Mes yeux s'embuent au fil des pleurs de ma princesse, je vais péter un câble si ça continue.

  • Non en effet mais que veux-tu qu'on fasse de plus ? Déclare Matt sur un ton agacé. Mais franchement regarde toi bébé, tu es à deux doigts de pleurer ! Tu es dépressive Lélia.

  • Mais non enfin ! Je ne le suis pas ! Juste je suis à fleur de peau de ne plus avoir droit au sommeil ! Crie-je. Ne me dis pas que tu es bien toi aussi de passer tes nuits à bercer Lou car elle a décrété qu'on ne fermerait pas l'oeil ! J'en ai ras le cul !

  • Mouais c'est pareil ! Ben wui je suis fatigué moi aussi mais j'aime notre fille Lélia, c'est la vie qu'on a choisi : d'être parents !!!! Personne ne nous y a obligé alors j'en prends les reponsabilités tu vois ! Dit-il sur un ton qui commence à monter, Lou est inconsolable.

  • Qu'est ce que t'es zaubette Lou ! Ta schness enfin ! (Je grogne en arpentant la chambre, mon bébé dans mes bras). BOUCLE LA !!!!!!!!! (Ma fille hurle d'avantage et moi aussi). MAMAN VA TE METTRE A LA DDASS !!!! STOP !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! STOOOOOOOOOOOOOOOOOOP !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! ÇA VA ÊTRE RADICAL ! TOUJOURS A TE FAIRE REMARQUER !!!!!!!!!! MAIS PAPA MAMAN SONT LA LOU !!!!! ILS SONT LA !!!!!! ALORS TA GUEULE !!!!!!!!!!!!! PT'AIN J'EN PEUX PLUS !!!!!!! TU ME CASSES LES OREILLES !!!!! ET LES COUILLES !!!!!!!!!!!! J'EN AI RAS LA CASQUETTE !!!!!!!!!! ASSEZ !!!!!! ASSEZZZZZZZZZZ !!!!!!!!!! (Ma voix finit par se casser et les larmes se mettent à inonder mon visage).

  • Chérie arrête de crier comme ça.................... Murmure Matt en venant se positionner derrière moi pour me serrer contre lui dans ses bras. Tu ne te rends pas compte à quel point c'est violent pour nous et le vocabulaire que tu emploies... Je comprends que tu sois fatiguée mais calme toi Lélia !

Je repose Lou dans son berceau d'une manière brusque avant de me mettre à hurler sur mon mari, à présent c'est moi qui perce les murs de mes cris. Enervée je tappe un grand coup dans le mur et martèle le sol avec mes pieds déchargeant ma colère dans de grands cris à m'en user les cordes vocales. Je bouillonne les cheveux plaqués contre mon front plein de sueur et perds totalement mon contrôle que ce soit au niveau de mes paroles ou de mon schéma corporel. J'ai besoin d'extérioriser et ça se passe maintenant. Matt reste figé me regardant à la fois surpris avec de grands yeux comme ceux d'un hibou et je perçois aussi de la colère, voir de la tristesse dans le fond de ses iris vertes.

D'un coup il revient m'entourer de ses bras pour tenter de me calmer mais le fait d'être encerclée est pire qu'il ne l'aurait pensé. Je suis en train d'exploser en plein vol m'étouffant quasiment à force de crier. Mes sanglots sont mêlés à ma respiration saccadée, j'halète et siffle quasiment comme une personne souffrant d'asthme. Je me fiche d'être en train de choquer Matt car oui je crois qu'il ne m'a jamais vu comme ça. J'écarte ses bras de ma poitrine lui ordonnant de me lâcher, je tombe au sol à genoux ressentant une vive douleur dans ceux-ci ainsi que dans mon coeur comme si je frisais la crise cardiaque. L'impression d'étouffer, de manquer d'air.

Je ne prête pas attention aux pleurs de mon enfant, dans ces moments là, il n'y a que moi qui compte ! Rien à foutre si je suis en train de détruire Matt.

  • LELIA, TU ES HYTERIQUE !!!! Crie Matt. FAUT TE FAIRE SOIGNER MA PAUVRE !!!!! J'EN AI PLUS QUE MARRE DE T'ENTENDRE HURLER CONSTAMMENT ET C'EST D'AUTANT PLUS DUR QUAND C'EST SUR NOTRE FILLE QUE TU PASSES TES NERFS !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! PUTAIN !!!!!!! CE N'EST PLUS POSSIBLE DE VIVRE COMME ÇA DANS LES HURLEMENTS ET LA DEPRESSION !!!! DE SE FAIRE DU MAL EN PERMANENCE !!!!!!!!!!!!!!!!! JE NE TIENDRAI PAS PLUS !!! JE FAIS TOUT POUR T'AIDER, T'EPAULER MAIS JE VOIS BIEN QUE CE N'EST PAS EFFICACE !!!! JE VAIS ME BARRER LELIA !!! ME BARRER TANT QUE TU NE TE SERAS PAS FAIS AIDER PROFESSIONNELLEMENT !!!!!!!!!!

La voix grave de mon mari couvre la mienne, de temps en temps on m'entend piailler dans les aigus. La porte s'ouvre mais je ne vois pas réellement Anaïs entrer dans la pièce pour venir prendre mon bébé dans ses bras et l'extraire de la pièce pour la mettre à l'abri de notre engueulade. Tout ce que je vois en face de moi, c'est mon mari en train de disjoncter, tout ce que j'entends ce sont ses paroles déchirantes et sa peine. Mes parents nous ont rejoint demeurant interdits ne sachant pas quoi faire pour nous.

Avec l'énervement les veines bleutées de mon homme ressortent sur ses bras tout comme ses muscles qui se gonflent sous la tension qui s'est emparée de son corps.

  • FRANCHEMENT TU ME FAIS PEUR QUAND T'ES COMME ÇA LELIA !!!! TES REACTIONS DEMESUREES J'EN AI MA CLAQUE ! Dit-il cinglant.

Ses sourcils bruns lui donnent un air mauvais et l'espace de quelques secondes ses yeux luisent légèrement avant de reprendre leur teinte habituelle. Je m'époumonne de nouveau tirant sur mes cheveux de toutes mes forces en poussant un cri rauque qui résonne dans la chambre. Les plaintes fusent entre nous, cela m'épuise plus que je ne le suis déjà.

La cage thoracique de mon beau brun se soulève beaucoup trop vite, d'un coup Matt pivote pour se diriger vers la porte de la chambre afin de sortir de la pièce d'un air furibond. Sa dernière volonté est l'envie de se fracasser le poing dans le mur en pierres, mon père l'arrête de justesse et encadre le buste de Matt de ses bras l'accompagnant dans le salon.

Je ne peux pas rester insensible face à une réaction aussi violente de mon chéri, cela me fait pleurer de nouveau et je frissonne en ressentant les mains douces de ma maman se poser sur mes épaules, les caressant tendrement.

La voix de mon père me vient aux oreilles essayant d'apaiser Matt, mais je ne comprends pas ce qu'il est en train de lui dire.

XAVIER

Ça me déchire le coeur de voir ma fille et mon gendre vriller violemment comme ce qui vient de se passer. J'ai fais asseoir de force mon petit gendre dans le canapé et lui ai ordonné de se calmer immédiatement. Les coudes enfoncés dans ses cuisses et la tête lourdement enfouie dans ses mains, Matt respire encore fort tout comme ses jambes qui flagellent n'ayant pas posé ses pieds à plat. Craquer lui ferait sûrement du bien mais rien ne se passe. Je masse virilement son épaule ce qui secoue le haut de son corps sous ma poigne. Ses trapèzes sont tendus à l'extrême et son corps tremble nerveusement de nouveau comme une feuille d'automne prête à tomber de son arbre. Son expiration est toute saccadée, je ne sais pas quoi faire pour qu'il se calme.

Jade parle à notre fille dans la pièce d'à côté prenant sur elle pour ne pas fondre en larmes mais je perçois à sa voix qu'elle n'en est pas loin. Ma femme a toujours été très investie auprès de nos filles et prend tout à coeur. Moi je ne suis pas doué pour le dialogue alors ma main masse toujours mon gendre, j'espère qu'il se livrera à moi.

  • Est-ce que tu te rends compte dans quel état tu te mets ? Demande Jade à Lélia.

Matt relève la tête pour fixer le mur juste en face de lui. Il doit regretter de s'être laissé emporter, je le comprends de par son regard et ses expressions faciales. Il pousse un profond soupire avant de me regarder avec un air embarrassé, je tapote son épaule.

  • Ça va mon garçon ? T'es-tu ressaisis ?

  • Wui Xavier, c'est bon finit-il par formuler. Je suis à peu près calme... Je me sens mal que notre dispute ait pu prendre une telle ampleur. Ces derniers temps c'est dans l'excès et là j'ai perdu le contrôle. J'aime Lélia, Xavier. Mais je persiste à penser qu'elle doit consulter un professionnel et suivre un traitement léger atténuant toutes ses émotions. Ça lui gâche la vie, ça la ronge et je suis arrivé à un stade où je ne peux plus l'aider. C'est dur à admettre pour moi, tu sais.

  • Et je te soutiens complètement dis-je. Je sais que tu es très amoureux de ma fille et que tu veux le meilleure pour elle, comme toi je pense qu'il lui faut quelque chose de plus fort que l'homéopathie.

  • Où est Lou ? Me demande t-il inquiet.

  • Ne t'en fais pas mon garçon, Anaïs et Clément s'en occupent. On va donc pouvoir règler le problème. Ce qu'il faut c'est que ta femme se calme et ensuite qu'on la prenne entre quatre yeux afin qu'elle réagisse et surtout qu'elle comprenne qu'elle a besoin d'une aide différente de celle qu'on peut lui apporter ! Enfin le plus dur n'est pas qu'elle comprenne mais qu'elle accepte.

  • Bien évidemment confirme t-il. Mais pour ça, j'ai besoin de vous, Jade et Xavier ! Tout seul je n'y arrive pas, je me dis qu'il y a plus de chances qu'elle vous écoute vous.

Nous nous retournons, Matt se lève du canapé et Jade apparaît en tenant délicatement les épaules de notre fille. Lélia à la mine dévastée, mon coeur me pince, ce pic de douleur est des plus désagréables.

  • Vas lui faire un petit câlin lui chuchote Jade. Ça vous fera du bien à tous les deux, Matt a besoin de toi en ce moment et présente lui tes excuses, parle lui comme tu viens de le faire avec moi.

Lélia s'avance vers son chéri mi-honteuse mi-larmoyante, tenant ses petites mains jointes l'une contre l'autre les yeux baissés tout penauds. Je guette la réaction de Matt chez qui les traits du visage s'adoucissent.

Ma fille finit par entourer la taille de mon gendre et poser sa petite tête contre le torse de celui-ci. Matt soupire à ce contact et ses dents se plantent dans sa lèvre inférieure.

  • Matt, on doit se parler. Toi et moi, des excuses j'ai envie de t'en présenter mais ça ne vaut pas grand chose... Chuchote t-elle en pleurant. Je sais que tu attends bien plus que des excuses ! Plutôt des preuves, viens on va s'asseoir, j'en ai justement une qui va nous permettre d'avancer. (Nous prenons tous place dans le canapé et les fauteuils du salon). Tu as raison, j'ai été hystérique avec toi et là encore tu as raison, je dois me faire soigner...

  • Ecoute, mes mots ont dépassé ma pensée. C'était super méchant de les formuler de cette manière. Je ne me suis pas contrôlé et ...

  • Laisse-moi finir ... (Elle murmure en posant son index sur les lèvres de son copain). Matt, tu as raison et même mes parents ou bien Manon pensent comme toi. Je dois être aidée et ça je l'ai compris en voyant comment tu as réagis durant l'engueulade, ça m'a fait comme un électrochoc ! Je ne veux plus te mettre aussi mal ! Je sais que c'est une accumulation de souffrances, de douleurs que je te cause. Je ne suis pas mauvaise Matt mais dès qu'on sera rentré, j'aimerai que tu fasses la démarche de m'accompagner chez le docteur ! Je vais prendre un rendez-vous sur doctolib ! Vous avez raison, il me faut un petit traitement pour que je me sente mieux ! Mais j'avais au fond de moi une grosse peur, cela me terrifiait et je me suis protégée... Je n'ai pas envie d'entrer dans un cercle médicamenteux où je vais devenir dépendante ! Ni passer pour une malade atteinte de troubles psychiatriques... Je ne veux pas entrer dans cet engrenage, ça me fait peur !

  • Bébé, rien ne peut t'arriver tant que je suis à tes côtés murmure Matt en embrassant la joue de ma fille. Je te protégerai quoi qu'il arrive et non tu n'auras pas l'air d'une folle, ce sera un traitement très léger on regardera ensemble.

Lélia se blottit contre le buste de Matt et se soulève sur la pointe des pieds pour venir poser ses lèvres dans le cou de mon gendre.

  • Maman, papa nous sommes désolés pour ce remue ménage marmonne ma fille.

  • C'est pardonné dis-je avec le sourire. Le tout c'est que vous ayez pu vous dire ce que vous aviez sur le coeur ! Allons dans le salon à présent !

Nous nous dirigeons tous les quatre vers le canapé où Anaïs est assise contre le dossier de celui-ci avec Lou endormie à plat ventre contre sa poitrine. Anaïs caresse d'un toucher léger la petite tête de ma petite fille, de temps en temps ses joues ce qui lui fait faire des mimiques de bébé.

  • Comment est-ce possible ? S'exclame Lélia étonnée la bouche grande ouverte.

  • Le calme Lélia, elle aime le calme confirme Anaïs. Lou aime beaucoup être installée dans cette position, j'ai l'impression. Et tata ne crie pas surtout ! Matt s'est calmé ?

  • Pose moi directement la question, je suis là répond l'intéressé. Mais wui on s'est expliqué ça va aller mieux maintenant ! Tu viens Naïs, on va aller la coucher !

Lélia prend place à mes côtés dans le canapé, je la ramène contre mon épaule et frotte la sienne avec ma grosse paluche. Un quart d'heure après, je me rends compte que mon aînée s'est endormie contre mon épaule, je pense que de dormir un moment lui fera du bien.

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