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Une minute de lecture

Viendra un jour où il faudra lâcher ta main, il vient un jour, je le devine, il se dessine peu à peu, j’en sens les contours, où il faut lâcher ta main, je devrais dire que je m’habitue à l’idée, mais ce n’est pas tout à fait vrai, je ne m’y habitue pas, je me mens à moi-même en me disant que je m’y habitue, en imaginant ce que je ferai des jours sans ta main dans la mienne, coquilles vides que je vais avoir du mal à habiter. Je fixe les souvenirs dans les phrases, j’ai une mémoire photographique des phrases, je n’ai pas de mémoire du monde, ou seulement de ce dont, le regardant, j’ai cherché la formule linguistique et syntaxique, mais sinon je n’ai pas de mémoire du monde. Ces phrases qui ont traversé mon silence intérieur, de me souvenir visuellement d’elles, comme elles auraient été écrites, raturées, reprises, même si elles ne l’ont pas été, parfois si même elles ne l’ont pas été, déclenche dans mon cerveau la ligne mélodique qu’elles sont, qu’elles furent, qu’elles seraient, et les impressions sensibles du monde redeviennent.

Présence pure de toi lorsque ta joue s’appuie contre la mienne, alors je fixe les souvenirs dans les phrases, pour le jour où tu lâcheras ma main, pour les jours plus lointain, mais ils viendront aussi, où ma mémoire sera devenue plus fragile, où plus de nuit m’aura recouvert et envahie, pour que tu saches aussi, sans l’ombre d’un doute, ce que tu es pour moi, en dehors de toute temporalité.

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