5. AirBnB

3 minutes de lecture

Je lui envoie un sms avec l'adresse de mon AirBnB, qui n'est pas très loin de chez lui (hasard ?). Je me décide quand même à bouger. Je n'ai même pas encore vu l'appartement. Je suis arrivée directement de l'aéroport ce matin. Je passe donc récupérer ma petite valise (oui, petite... les femmes aussi savent voyager léger !) à la bagagerie de la gare et je file vers l'appartement qui est au rez-de-chaussée. La propriétaire m'avait prévenu que les clés étaient chez une voisine et que les instructions étaient sur la table de la cuisine. Pas mal l'appartement ! Cuisine ouverte sur le salon, terrasse couverte (avec un divan, deux tables gigognes et un jaccuzzi) et un petit jardin. Les couleurs sont chaudes, je m'y sens bien. Tellement bien que je me réveille en sursaut sur le transat du jardin. Mon téléphone s'est mis à vibrer dans ma poche. Nouveau sms reçu : "19h."

19h ? Il me reste une heure pour être présentable. Je doute qu'il ait prévu de venir avec l'apéro. Je me dépêche d'aller chercher du vin et des chips à la superette d'à côté... on ne sait jamais. Le vin aidera à la discussion et, au pire, je finirai la bouteille pour oublier. Pour les chips : c'est bien connu, il ne faut pas boire le ventre vide ! Après ces petites courses, le vin blanc au congélateur et la douche rapide, je suis fin prête. Je n'attends plus que lui.

19h ! Il sonne à la porte. Je suis toute fébrile mais je vais ouvrir avec la plus grande assurance. Je le laisse entrer. Nous sommes tous les deux un peu mal à l'aise. Je ne sais pas trop ce qu'il est venu faire là, lui non plus apparemment. Je crois que je vais devoir briser la glace.

- Tu veux à boire ? Il y a du vin blanc.

- Oui, je veux bien un verre.

Je n'ai jamais été très douée pour ouvrir les bouteilles de vin. Mais ces quelques minutes à me battre avec le bouchon m'apaiseront peut-être. Ha non, j'ai pris une bouteille avec l'ouverture facile. Le répit fut de courte durée.

- Tiens ton verre. Bon... alors, qu'est-ce que tu fais là ? Qu'est-ce que tu as dit à ta femme ?

- Que j'allais voir un pote pour jouer à la console. Elle devait sortir avec des copines ce soir de toute façon.

32 ans et il joue toujours avec des potes sur des consoles ?! Heureusement qu'ils n'ont pas d'enfant. J'ai envie de lui mettre une grande baffe et pourtant il m'excite à mort. Il n'a rien fait, il est là dans son sweat à capuche et me regarde comme si j'étais un bonbon à dévorer. Il n'a plus l'air aussi mal à l'aise qu'au début. Je tente ma chance et je me rapproche de lui. Il est assis dans le divan de la terrasse et moi sur une des petites tables en face de lui.

Nous sommes si proches que nos genoux se touchent, imbriqués les uns dans les autres. Sa main droite se pose sur ma cuisse gauche, très délicatement. Est-ce qu'il s'attend à ce que je le repousse ? Ce contact me fait frisonner. Je ferme les yeux, penche mon buste en arrière et je m'avance au maximum entre ses cuisses pour que son genou droit vient buter entre les miennes. Je bouge légèrement mon bassin et ressens de l'électricité au plus profond de mon ventre. J'ai besoin de plus. Je me lève et vais m'assoir à califourchon sur lui. Au renflement dans son pantalon, je comprend que je ne le laisse pas indifférent. Ses lèvres ne sont pas charnues comme je l'avais imaginé mais il a bien le goût du tabac froid. Pendant que ma langue se fraye un chemin entre ses lèvres, ses mains aggrippent mes fesses sous ma jupe. Je me frotte sur la bosse formée dans son jean. Pendant que mes mains essaient d'ouvrir sa ceinture, les siennes viennent stopper d'un coup mes tentatives infructeuses et sa langue quitte ma bouche.

- Je suis désolé. Je ne peux pas faire ça.

Allumeur ! Je sais que tout le monde à le droit de dire "non" à n'importe quel moment. Et c'est bien normal. Mais là, j'ai les entrailles en feu et ma peau est électrique.

- Va t'en alors !

Je n'attends pas ses excuses, toujours les mêmes. Je le connais par coeur : "Tu me troubles mais j'aime ma femme. Dans des circonstances différentes, on aurait pu être ensemble." Je claque la porte de la salle de bain, qui se réouvre aussi sec. Tant pis, au moins je l'entendrai fermer la porte d'entrée.

Annotations

Vous aimez lire Léa Labranche ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0