Elidwenn ne comptait plus les jours où, telle une anguille, le chaos s'était faufilé jusqu'à sa porte. Il attendait qu'elle baisse sa garde, que le bonheur l'étreigne, pour enfin lui décocher un coup de massue. Il guinchait avec ses entrailles, infectait son corps de cet éther qui l'affaiblissait, chaque jour un peu plus. Elle faisait partie de ceux qui pensaient que rien n'arrive jamais par hasard. Que dans chaque chaos on trouve cet espoir, nous permettant de renaîitre tel le phoenix.

Elle aimait à penser que cette ombre noire qui planait au-dessus d'elle avait fini de sucer les parties de son âme encore assez tendres pour pouvoir la nourrir. ÀA moins que la vie, pour une fois, ait décidé de la prendre en pitié, libérant son courroux sur une autre personne.

Le soir, le sommeil ne la prenait pas vraiment, trop occupée à dialoguer en secret avec ces fantômes qui la pourchassaient. Flottant entre les heures d'absence et de réveil, elle aimait à penser qu'ils avaient fait un pacte avec Morphée, ou avec Ares afin de l'empêcher de sombrer. Chacun ayant son heure d'apogée, par intermittence tel un phare guidant les bâteaux en pleine tempête.

Trois ans,... trente-six mois, mille quatre-vingt quinze jours que le sort avait décidé de faire tourner cette fichue roue. Vingt-six mille deux cent quatre vingt heures que le chaos s'était avoué vaincu, à moins que celui-ci ne se soit simplement mis en sommeil.