Contempler l'orage

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Quand le temps ne suffit pas ? On te répondra probablement qu'il faut courir, le plus vite possible. Ou bien au contraire, aller très, très lentement... en arrière, pour chercher ce qu'on a pu faire par le passé, ne pas le répéter, le réparer, peut-être. Aller tout aussi lentement en avant, pour observer, prendre tout son temps voire... s'arrêter, pourquoi pas ? On n'en serait pas à une folie près. On ne peut pas faire comme si c'était ordinaire, cette histoire de temps qui manque, on ne peut pas rester au milieu, avancer ou reculer... moyennement, sans avis, sans visage. On ne peut pas rester au sec, il faut se mouiller. Il faut trancher, être avide, aviser, décider. Décider ce qui est le plus important : en faire le plus possible, ou bien alors faire du mieux que l'on peut. Ce n'est pas évident, mais c'est indispensable. Décider...

Je l'ai bien vu, là, que le temps ne jouait pas avec moi. C'est de ma faute, c'est moi qui l'ai laissé passer et, quand je l'ai compris, j'ai essayé de courir après le train, évidemment, qui ne le ferait pas, mais bon... On se doute bien que, si on pouvait rattraper un train en courant, on n'aurait pas eu à les inventer. Ils font bien leur travail de train. Ils vont vite... et moi pas. Alors j'ai regagné ma maison, le corps frissonnant de pluie. J'ai remplacé la fraîcheur du dehors par un cocon douillet. J'ai pris une glace dans le congélateur et tourné mon fauteuil favori vers la fenêtre, une couverture douce comme un chat sur les genoux et puis maintenant, je contemple avec une satisfaction douloureuse l'orage qui gronde et j'attends que se déchaîne mon apocalypse. C'est beau d'abandonner, aussi, parfois. Quand tout est trop gros, trop grand, quand la vie presse et oppresse, quand le cœur s'emballe, mais dans du cellophane. Quand tu es fatigué·e à force d'essayer. Quand elle part et que tu n'as rien pu faire. C'est beau de savoir s'affranchir de l'instinct, un instant, de ne pas céder à l'impulsion animale et vaine de courir. L'animal en toi, il veut s'échapper, ne pas laisser le temps le dépasser, bien sûr, bien sûr qu'il veut courir dans le désordre et hurler. Rejoindre la meute apeurée. Mais toi, tu le vois bien, que ça ne sert à rien, parfois. Qu'il faut juste se demander ce qu'on veut vraiment sur le moment. En profiter en souriant, pendant l'effondrement.

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