J'aime plus les miroirs, tu sais.

3 minutes de lecture

Tu me diras un jour, comment c’est, là où tu es ? Tu m’écriras ? Tu me le crieras ?

J'espère qu'aujourd'hui, il n'y a plus rien entre toi et la suite. Que tu as pu faire le vide comme tu voulais, oublier pour toujours ce qui t'a poussé à partir, pour mieux ne pas revenir. Que rien ne te retient.

J'espère, aussi, que tu te dis que ça valait le coup de faire le trajet. J'y suis jamais allée, moi, parce que le voyage est trop fatigant, alors j'espère qu'au bout t'as eu gain de cause.

J'espère qu'on ne te manque pas, j'espère que tu penses à nous.

J'espère qu'il y a la chemise que je t'ai offerte, dans le sac que tu as emporté. Moi je l'ai toujours, si tu veux.

Mais tu peux plus revenir maintenant, tu ferais peur à tout le monde. Ils ne comprendraient pas. Moi je me suis demandée, je pense que j'aimerais ça, que tout le monde aie peur. Sauf moi.

J'espère que tu vas cesser de me manquer et d'être là tout le temps. Que ce putain de trou immense dans mon gros cœur tout pathétique va se combler tout seul. De plein, de vide, de rien. J'espère en garder l'écho. Entendre le vent de toi chanter en moi.

J'espère te remplacer. Mais tu es irremplaçable. Ce que tu as fait, personne pouvait le faire à part toi.

J'espère ne jamais t'oublier. J'espère devenir insensible à la présence de ton absence.

Je veux continuer à presser mon cœur comme un citron sucré, à me cramer les yeux quand je pense à toi.

Je voudrais ne plus jamais évoquer ton souvenir, faire comme si tu n'étais pas là. Ça brûle toujours, quand je t'entends dire, que tu guériras jamais si tu restes là. Je sais bien que tu avais raison, je peux je pouvais je pourrais rien faire pour toi, et c'est le plus dur, pour moi, d'embrasser mon impuissance puisque je peux plus t'embrasser toi.

Il y a des soirs où je sens ta main sur ma joue. Je sais que tu es là, pas besoin de me toucher, c'est plus facile sans ta main, là. Je sais et je veux te toucher et je veux que tu partes et que je veux que tu reviennes. Je sais pas, ce qui est le mieux pour toi.

Pour moi.

Tu peux pas rester, ni attendre, ni revenir. T'es plus là et t'es quand même resté.

Je croyais qu'on se verrait avant que tu prennes le large, et puis la vie, on pense pas à quel point tout peut devenir très urgent tout d'un coup, on oublie de regarder ce qu'on voit et voilà.

Quand je te vois, comme toujours, tu as le charme inaltérable de ce qui est altéré. Je peux plus faire un pas sans avoir ta main dans la mienne, quand mes yeux sont fermés, alors je marche dans le noir dans la rue. Je trébuche, le sourire brisé bien accroché.

Tout le monde m'a demandé où tu étais. J'ai répondu que tu étais sur répondeur et que le message, c'était du bruit blanc. La vie des fois c'est trop bruyant, alors mieux vaut ça.

J'espère que tu penses à toi. Moi je pense à toi pour toi. Ça je sais faire quand même.

Depuis que tu es parti, j'ai envie de péter tous les miroirs dans lesquels je croise mon reflet. Mon reflet qui fait comme si le miroir était déjà cassé alors que non. Mon reflet plein des morceaux avec lesquels tu t'es barré. Que je récupérerai jamais. De toute façon je les veux pas. Ils sont à toi. Ils sont grâce à toi.

J'aime plus les miroirs, tu sais. Je me regarde tout le temps.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Oiseaunirique ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0