10. RIRES.

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Le soleil avait guerroyé pendant de longues heures et avait fini par vaincre les nuages. Les vagues dansaient fougueusement avec le sable fin. Les galets, satinés des caresses de l'océan, tournoyaient dans le ressac et des coquillages, vide de vie, glissaient dans la mousse de l'écume.

Les paupières d'Elise étaient closes, pourtant elle ne dormait pas. Elle tendait l'oreille.

- Vous écrivez un nouveau roman ?

La jeune femme leva le bras et plaça un doigt sur sa bouche.

- Chuuuuut.

Alex se tut.

- Ecoutez, reprit-elle.

- Que j’écoute quoi ?

- Chuuuuut. Vous n’entendez pas ?

- Non rien du tout.

Elle se leva.

- C’est une voix.

- Je n’entends rien.

- Chuuuuuut ! C’est un homme, il dit qu’il va revenir et qu’il ne faut pas pleurer.

Elise se tourna vers Alex. Ses grands yeux bleus le fixèrent intensément.

- Pourquoi êtes-vous venu à Anaïta ?

Alex sourit.

- Parce que j’y suis né.

- Non ! Donnez-moi la vraie raison.

Le vieil homme parut gêné.

- Je suis venu retrouver un rêve.

- Vous l’avez beaucoup aimé ?

- Vous n’imaginez pas à quel point.

- J’ai beaucoup d’imagination. Comment savez-vous que vous l’avez aimé ?

- Quelle question bizarre ! ?

- Faites-moi plaisir, répondez-moi.

Alex poussa un soupir.

- En fait je ne l’ai pas su, je l’ai senti.

- Vous savez Alex. Parfois j’entends des choses, je vois des choses que les autres ne voient pas et vous savez pourquoi ?

- Sûrement parce que vous êtes bizarre.

- C’est possible en fait je prends le temps.

- Vous prenez le temps ?

- Oui je prends le temps d’écouter, de regarder, de sentir, de toucher. Je prends le temps.

Elle sourit.

- J’ai compris, vous êtes une de ces personnes qui prône la passivité.

- Vous me trouvez passive ?

- Non mais…

- Non en effet je ne le suis pas.

Sa voix s’était durcie.

- Je ne voulais pas…

- Que vouliez-vous alors ? !

- Désolé de vous avoir énervé.

- C’est déjà oublié. Vous avez eu peur un instant ? !

- Vous êtes vraiment…

- Bizarre ? Vous l’avez déjà dit.

- Je vais vous laisser Elise.

- Non.

- Comment non ?

- J’ai dit non, nous n’avons pas fini.

- Fini quoi ?

- Vous ne m’avez pas raconté.

- C’est sans intérêt.

- Mais non, allez dites moi.

Alex poussa un soupir

- Tout a une fin, en particulier les histoires de coeur. Nous nous sommes aimés puis elle a disparu.

- Disparu ? Elle vous a quitté ?

-Non, elle a disparu. Un matin je me suis réveillé seul, elle n’était plus là.

- Elle n’était plus là ?

- Oui, elle n’était plus là. Envolée.

- Envolée ?

- Vous allez répéter chacune de mes fins de phrases ?

- Non, non mais c’est une des plus étranges et tragique histoire que j’ai entendu.

Elle sourit.

- Merci Elise, ça m’aide beaucoup

- Je suis désolé Alex mais c’est tellement…Enfin comme ça hop elle a disparu ?

- Oui.

L’écrivain sans encre pour écrire se mit à rire, l’homme au vieux visage se mit à rire et la petite fille sans papa se mit à rire.

Alex et Elise regardèrent Tess rire, elle riait tellement que des larmes coulaient le long de ses joues. Ils se regardèrent et rirent encore plus fort. Eux aussi pleuraient. Le soleil se couchait qu’ils riaient encore.


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