Chapitre III - Loin du froid de décembre... (4/4)

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Minuit. L’accueil avait été plus chaleureux de ce côté-ci du salon. Grâce à la gouvernance et la discrétion de Rosa, le moment était agréable. Victor parlait chiffres avec Louis, dont la promiscuité avec Lily m’avait sautée aux yeux, alors que cette dernière repassait la soirée dernière en revue avec Eugenia et une de leur amie nouvellement venue. Blair, elle, ne levait pas les yeux de son mobile. Je jetais un coup d’œil au mien.

Aly, appels manqués (6).

– Gabriela, s’enthousiasma Victor, installé sur un accoudoir. Que dirais-tu d’une petite partie de billard ?

L’entendre m’adresser la parole m’étonnait plus que sa seule proposition.

– Pourquoi pas ? me laissais-je tenter.

– Ho, non ! J’aurais préféré un poker.

Eugenia parût dépitée.

– C’est un cul-terreux. Avec quoi veux-tu qu’elle joue ? Des cailloux ?

Mon sourire s’effaça alors que Blair avait toutes ses dents dehors. Tous pouffaient tandis qu’une tension nerveuse parcourait dangereusement mon échine. La méchanceté gratuite de la jeune femme me laissait sans voix ni répartie, inconsciemment repostée sur mes deux jambes.

– Ne t’adresses pas à ma sœur comme tu t’adresserais à une idiote, Blair.

Le ton du frère Pierce s’était durci. Il en cassa les billes et signa le début de la partie. Les binômes se formaient quand la sonnerie de mon téléphone portable se fit entendre. C’était une bonne chose, étant en nombre impair suite à la disparition soudaine de Lily et Louis.

– Maman s’inquiète, Cendrillon ? railla Blair.

Tournant le dos, je pensais avoir atteint les limites de ma patience avant de chuter lourdement, le front frôlant l’angle du billard, mes mains rentrant brutalement en collision avec le sol à la réception, et mon cellulaire glissant sur plusieurs mètres vers l’avant. C’est en voyant le pied tendu de la fille Evans que je réalisa que l’incident n’en était pas un.

J’étais probablement d’un rouge aussi intense que celui de ma jupe, mais de colère cette fois-ci.

– Tout va bien, mademoiselle ? s’inquiéta Rosa en pressant difficilement le pas dans ma direction en raison de son grand âge, sortie de nul part. Vous auriez pu vous faire très mal.

Je me relevais, désapprouvant l’idée d’alimenter d’avantage l’animosité environnante.

– Je vais bien, merci, lui assurais-je. Il n’y a que l’ego qui est touché.

Récupérant le rectangle métallique qui gisait en plusieurs morceaux non loin de là, ainsi que mon manteau, je quittais les murs à la recherche de la sortie. Je misais sur l’air frais pour me libérer de ma colère et de l’étouffante odeur d’alcool. J’étais vexée comme un poux, les yeux humides, et si je l’avais pu, je me serais cachée dans un trou. Je regrettais profondément de m’être laissée attirer dans ce nid de vipères et encore plus d’être à des kilomètres de chez moi.

Aveuglée par la colère, je peinais à prendre la bonne direction lorsque des rires étouffés résonnèrent dans la pièce. Parsemés sur le tapis, j’en reconnaissais certains vêtements et ceux-ci ne pouvaient appartenir qu’à Miss Dark, à demi-nue sur le bureau, les jambes enroulées autour de la taille de son amant.

– Pardon, m’excusais-je, confuse.

Ma découverte ne paru pas perturber le couple qui s’était amusé de mon embarra sans en défaire son étreinte. Fort heureusement, une porte-fenêtre à proximité se substituait à une issue de secours. Je l’empruntais.

A ma surprise, une vue imprenable sur les jardins s’offrait à moi. C’en était troublant et d’une beauté folle. Depuis la route, aux abords de la Gated Community, cette partie du domaine était cachée des regards. C’en était son plus beau joyau et il y régnait une paix totale. Au centre, une imposante fontaine avait gelé, préservée elle aussi, mais par un épais labyrinthe en guise de rempart.

Je fixais le ciel comme dans si j’étais dans l’attente d’une réponse. A cet instant, un premier flocon termina sa course sur ma joue. Il n’avait pas neigé depuis des années dans la région et ce spectacle avait tristement manqué aux fêtes de fin d’année. Dès lors, je m’aventurais dans les ténèbres.

Au fur et à mesure que je la distançais, la bâtisse perdait de son importance. Le gravillon, lui, s’étouffait sous mes pieds et la neige, tantôt timide, donnait une âme nouvelle au lieu à chaque seconde. Je ne pu résister à l’envie de capter une image du tableau lorsqu’une mélodie brisa le seul bruit du vent.

Une bourrasque rendit ses notes perceptibles lorsqu’elle les porta jusqu’à moi. Tchaikovsky. Il n’était qu’à quelques mètres de là, sifflotant et imperturbable.

Nicholas.

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