Le deuil

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Un éclaireur était parti annoncer la nouvelle et une haie de visages endeuillées escortèrent la petite troupe jusqu’aux portes de la cathédrale. Nul n’osait s’approcher car la tension qui régnait parmi les gardes était presque tangible. Avoir ainsi échoué à protéger la duchesse les rendaient nerveux et un moindre faux pas pouvait être à l’origine d’un carnage. Les centaines de bougies qui éclairaient la nef effaçaient les ombres.

Le prêtre avait préparé à la hâte un autel afin que la duchesse puisse y être déposée.

— Sire…

— Je veux que nul ne la touche ou l’approche. -Il déposa sur son corps sa cape de velours bordée de queues de loutres.- Allez me chercher son diadème et mon fils.

— Oui, Sire.

— Faites sonner le glas. Réveillez les sœurs du couvent, qu’elles viennent veiller mon épouse. Je veux que l’on chante des psaumes jusqu’au matin pour accompagner son âme vers notre Seigneur.

Willem s’affaissa plus qu’il ne s’agenouilla sur le marbre glacé et se mit à prier pour le salut de sa femme comme si sa propre vie en dépendait.

Le prieur s’avança et saisit le bras du Conseiller avec fermeté. Ce dernier avait rejoint le groupe à l’annonce de la nouvelle et veillait à ce que chacun exécute les ordres.

— Conseiller, on ne peut pas laisser la duchesse Loria dans cet état. Il faut la préparer pour être mise au caveau. Il faut organiser des funérailles afin que chacun puisse lui rendre hommage.

Le Conseiller n’aimait pas spécialement le prieur, un peu trop prompt à donner des ordres, mais son duc aurait besoin de tous ses amis autour de lui et rester soudés semblait la seule façon d’aider au mieux le duc. Contenant une remarque désobligeante, il lui répondit d’un ton affable mais sans réplique.

— Dès demain notre duc va chercher les responsables. Il aura besoin d’assouvir au plus vite sa soif de vengeance. J’ai bien peur qu’on ne réussira pas à lui faire entendre raison avant que cela ne soit fait. En attendant, le mieux que l’on puisse faire est de le seconder du mieux que nous le pouvons et que nous empêchions les voyeurs de pénétrer au sein de la cathédrale.

L’assassinat de la duchesse dans de si étranges et violentes conditions ne présageait rien de bon pour la paix du duché et surtout pour les territoires de la côte. Le Conseiller devait au plus vite recueillir des renseignements susceptibles d’apaiser la souffrance du duc.

Le jeune Americk arriva ensommeillé et ébouriffé. On l’avait visiblement tiré du lit sans ménagement.

Il s’approcha sans bruit de son père et posa sa petite main sur son épaule pour lui signifier sa présence. Son père sursauta et se retourna violemment. Americk recula devant le regard meurtrier de son père.

Il lui fallut quelques secondes pour réaliser que c’était son fils qui était près de lui.

— Approche fils.

Il le prit dans ses bras et l’amena à l’autel où gisait son épouse.

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