Le secret

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Le secret

 

Comme presque tous les jours pendant que le jeune Prince étudiait dans la pièce voisine, Ania brodait en chantonnant. Assise près de la fenêtre pour profiter de la lumière printanière, elle semblait particulièrement songeuse. Si rapide d’habitude, elle n’avait pas terminé le motif qu’elle avait commencé un peu plus tôt, perdue dans la contemplation des jardins.

— Ania ?

La jeune femme posa son tambour sur le petit guéridon près d’elle et sourit à Loria.

— Oui ma Dame.

— Vous avez l’air rêveur aujourd’hui.

La Duchesse assise à son bureau devant plusieurs gravures et enluminures, se tenait au fond de la pièce près de la cheminée.

— Non ma Dame, je suis juste fascinée par le spectacle que nous offre la nature à cette saison. Il me suffit de fermer les yeux pour sentir le parfum des roses, du muguet et du jasmin.

La Duchesse soupira et se frotta les yeux fatigués d’avoir contemplaient si longuement les minuscules détails des reproductions qu’on lui avait amenées. Elle tenait à ce que chaque feuille, chaque fleur soit reproduite à l’identique afin que l’on ait l’impression d’être dans un jardin et non dans un livre.

— Je crois que le Duc doit récupérer la leçon d’histoire et de géographie qu’il a dû manquer hier. J’en profite pour partir le reste de l’après-midi et m’étourdir moi aussi de ces fragrances.

— Bien. Souhaitez-vous que j’avertisse le Duc ?

— Non, ce ne sera pas nécessaire. Ainsi il ne s’inquiétera pas inutilement. Je le trouve si préoccupé ces derniers temps. Il passe de longues heures enfermées avec le Conseiller Harland.

— Il parait qu’il a de plus en plus de trouble sur la côte.

— Oui, je sais… Ania, quand tu as accepté de me suivre, avais-tu des liens qui te manquent encore aujourd’hui ?

— Ma Dame ?

— Oh, je sais bien que tu es d’humeur égale et que tu ne te plains jamais, mais là-bas tu devais bien avoir un ami, un fiancé peut-être ?

Ania rougit. Depuis bientôt cinq ans qu’elle était la fidèle compagne de Loria et la responsable du futur Duc, la Duchesse lui avait fait toutes sortes de confessions mais ne lui avait jamais posé de question aussi intime.

— J’avais un ami oui. Nous étions inséparables depuis l’enfance.

— Oh, ma pauvre. J’ai été insensible de te rappeler ainsi le passé. Puisqu’on en est aux confidences, elle s’approcha et s’assit près d’Ania, moi aussi j’avais un amoureux. Il a été pendu peu de temps avant que Willem vienne demander ma main.

Les yeux rivés sur les jardins, elle semblait revivre cet instant douloureux où elle avait vu la vie quitter le corps gracile de son aimé se balançant au bout d’une corde.

— Quand je quitte le château, je vais près du lac asséché. Non loin des marécages, j’y ai découvert une vieille pierre de serment abandonnée.

Elle hésita longuement avant de poursuivre son discours cherchant dans le regard d’Ania un signe de compréhension. Cette dernière semblait impassible, comme si elle écoutait une conversation anodine.

— J’ai appelé les esprits, continua-t-elle en murmurant. -Elle s’assura que son fils ne pouvait pas entendre leur conversation avant de poursuivre.- Ils m’ont répondu. Il m’attend, il est là j’en suis sûre. Juste de l’autre côté du voile. J’ai l’impression que quand je tends ma main, il m’effleure.

— Ma Dame, je ne suis pas certaine que vous devriez me confier ce secret.

La duchesse lui prit une main entre les siennes implorant son aide du regard.


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