Chapitre 1 : Rebecca - Quel est donc ce pouvoir ?

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Ma blonde voisine faisait courir avec légèreté ses gants de rose sur mes muscles tendus par ses approches tactiles. Elle voulait jouer. Soit. Jouons.

Nous retournions tranquillement dans notre quartier. Le regard de Rebecca se promenait de manière vagabonde, tantôt toisant les passants d’avoir à son bras un homme providentiel, tantôt essayant d’infiltrer mes pensées et déshabiller mon âme. Elle se détachait de moi, m’éconduisait, me piquait la cigarette, prenait un peu d’avance puis prenait des poses suggestives non sans jeter un œil par-dessus l’épaule, afin de vérifier l’effet produit. Au jeu de l’allumeuse, elle savait y faire.

Je me prenais à aimer ses égarements. Ses exhibitions perdaient petit à petit de leur pudeur initiale. Sa candide immoralité volait un peu plus en éclats à mesure qu’on se rapprochait de chez elle. Ou de chez moi. Qu’importe, l’issue venait d’être scellée quelques quarts d’heure plus tôt. De semblants de danses magnétiques en approches érotiques, elle n’avait laissé présager aucune autre fin.

Mais je l’avais amené sur mon aire de jeu, un dédale voluptueux, fait de portes dérobées, où le désir devenait nécessité. Un safari sensuel où ses demandes seraient suppliques. Car elle s’était fait déborder par ma patience voulue.

Nous étions arrivés au pied de l’immeuble. Les larges escaliers qui menaient à son immense appartement résonnaient de nos pas. Avec une intense émotion, entre deux paliers, je la plaquais contre le mur. La mèche longue en bataille sur son visage, elle riait. Elle aimait cette brutalité improvisée.

— Tu es très belle quand tu désires. Tu transpires la baise, lui murmurais-je à l'oreille.

Elle s’était figée. À cet instant, je l’avais prise en otage de ma virilité. Et, visiblement, elle appréciait cette marque de puissance. La bouche entrouverte, sa respiration devenait plus haletante. Elle écarta les cuisses comme une invitation à la goûter, à l’explorer et elle chercha un baiser que je lui refusai. Les relents d’alcool et les effluves érotiques électrisaient plus encore la scène. Puis je la libérai lentement de mon étreinte murale. Elle s’était découvert une fébrilité insolite tant mon attitude l’avait malmené. Mais elle n’abdiquait pas. Une morsure de lèvres témoignait de sa ténacité.

— Tu me troubles. Comment peux-tu être si patient ? Ce n’est pas très poli de faire attendre une dame. Je suis tout feu toute flamme.

La bouche carnassière, le sourire animal, je lui répondis.

—Je le sais.
—Tu as le chic pour allumer les brasiers.
—Crois-moi, il n’est pas près de s’éteindre celui-là !

Ses yeux s’écarquillaient d’émotions. Et, sûr de moi, je répliquais.

—Tu ne le sais pas encore, mais je suis un démon habillé d’ange. Je trouve mon plaisir dans le maniement des mots, dans le langage corporel, et dans la fièvre érotique.

—Mais j’aime tout ça ! S’impatientait Rebecca avec une voix martyrisée par ses envies.
—Tu sais, nous pourrions être déjà nus là maintenant...
—Et ?
—Je préfère que tu dévoiles de manière progressive.

Le geste sûr et le pas décidé, je continuai la montée des marches. Médusée par le poids de mes mots, elle était là, huit marches plus bas, à me regarder longuement du bleu de ses yeux. Je lui souriais avec un petit air taquin. Elle m’avait finalement rejoint et cherchait mes lèvres, entre frustration et léger agacement.

Les clés dans la serrure, elle m’accablait d’un tendre sourire. Ses yeux, eux, me disaient qu’elle allait me dévorer. Une fois à l’intérieur, Rebecca jeta le trousseau, puis se dirigea vers sa chambre. Elle devait avoir marmonné quelque chose, mais je ne l’écoutais pas. À contretemps, je réfléchissais à la situation. Comment en étions-nous en étions arrivés là ? J’avais du mal à me concentrer sur ses paroles. Je répondis oui sans savoir ce qu’elle avait dit. Il était temps de mettre fin à l’innocence et à la désinvolture.

Elle me redemanda. Quoi ? Je répondis oui. Mais à quoi ? Elle se rapprocha alors de moi, se pencha et m’embrassa. J’aimais cela. Ses lèvres douces et chaudes m’invitaient à plus. J’entamai alors avec une dévotion intense un effeuillage délicat.

Elle laissait mes mains la parcourir, sans fébrilité aucune. La découverte de ses lignes si féminines présageait une exploration bien plus torride. Coupable d’un magnétisme sous-jacent, redoutable de patience, je métamorphosais cet exode préliminaire en exploration hardie et hasardeuse. Je jonglais avec ses sensations. Je guidais ses baisers vers ma nuque parfumée tandis que mes doigts inspirés activaient des ondes délictueuses qui la faisaient chavirer avant de la laisser plonger dans ses abysses.

Ses lèvres se mirent alors à s’égarer sur mon torse débarrassé de sa chemise. Elles épousaient à merveille chaque courbe dévoilée au fur et à mesure de leur dépouillement, chaque pli et repli des pectoraux dessinés par un entretien régulier du corps.

Rebecca avait les yeux pleins de malice et la bouche gourmande. Elle trouvait fort à son goût la saveur et la texture satinée de ma peau, cette peau parfumée de désir et d'audace. Et, moi, j’aimais cette silhouette élégamment vêtue de dentelle. Son corps souffrait de quelques imperfections qui la rendaient encore plus sexy. Elle était vraiment piquante.

Elle s’exhibait sans pudeur, affichant dans un suspense épicé des seins généreux, parfaitement maintenus. Puis elle fit volteface, présentant à mon regard friand, une paire de fesses rebondies, qui accapara toute mon attention. A cette vue, quelques mots s’échappèrent de ma bouche.

—Montre, montre-moi comme tu es belle et désirable !
—Montre-moi, explique-moi ton désir, tes fesses, ta cambrure…ta taille si fine…
—Mais ! Lâcha-t-elle avec une pointe de fausse pudeur.
—Fais-le… Fais-le pour moi !

Elle s'était inexplicablement laissée abandonner à cette requête. Avec la complicité de la musique ambiante, Rebecca improvisa un ballet solitaire, une sorte d'ode à la féminité pour une incantation à la fébrilité.
—Tu es très belle lorsque tu danses ! Tu es juste belle parce que tu donnes l'impression de danser juste pour toi, comme si tu étais seule. Je suis sûre que tu danses seule comme cela dans ton appartement.

Son sourire rendait hommage à mon voyeurisme du début de soirée. J’étais un voyeur espiègle, qui cherchait à exprimer ses talents de séducteur. Mes yeux couvraient d’un halo sensuel l'évolution évocatrice de ma déroutante partenaire. Friponne, elle reprenait sa grandiose sérénade. Tout était harmonie dans sa chorégraphie amoureuse, voluptueuse et sans ostentation. La musique lancinante se calquait sur ses mouvements souples. Le trouble de son bleu regard inspirait tendresse et douceur ne luttant plus contre désirs et bestialité.

Et, son déhanchement envoûtant finit d’abaisser mes dernières défenses. Redoutable d’agilité, je me glissai derrière elle, puis stoppai violemment sa mise en scène. Le souffle animal au bord des lèvres, j’embrassai puis mordillai sa nuque tandis que mes mains prirent possession de ses lourds joyaux, les caressant doucement, les pétrissant, les chérissant. La féline ne résista pas à l'attaque surprise. Proie docile, délicieusement lascive, elle se laissa malmener par cette bouche affamée tout autant que par ces mains de vaurien qui la parcouraient. Elle désirait tant et était désirable. Impudique, déchaînée, elle frottait ses fesses contre moi, réveillant mon arme virile.

Ma main déclina vers les quelques grammes de dentelles désormais inutiles, et les doigts glissèrent avec dextérité sous l’étoffe ciselée, et capturèrent le nectar de ses cuisses brûlantes. Ils la fouillaient plus encore et elle se tendit et s’empala comme pour aller chercher au plus profond de son être un plaisir sans fin.

—Encore… Suppliait-elle.

Elle était définitivement amante à savourer, courbes à dévorer, plaisir à renouveler. Elle était aguichante et prometteuse. Et j’osais, entre nos caresses, nos griffures et nos joutes buccales, la torturer de plaisir à coups d’audaces. Entre les souffles entrecoupés, le regard à la fois amoureux, et implorant elle chuchotait.

—Prends-moi… Qui sait demain nous ne serons plus voisins, nous ne savons pas si nous nous reverrons. Je ne te connaissais pas hier encore, mais je te veux maintenant !

Cette femme était mon heureux hasard. Je ne l'attendais pas. Je ne l'espérais pas. Mais je m'estimais bien chanceux de l'avoir rencontré.

Ses lèvres carmines violaient sans répit ma bouche. Elle était sans artifices et entière dans ses ardeurs. Et moi, brûlant d’une impatience qui tranchait avec mon attitude pacifiste du début de soirée, j’étais prêt à la goûter et l’honorer d’une divine raideur. Elle se serra contre moi. Nos fragrances se mêlèrent. On s’enivrait l’un de l’autre. Trop pressés, trop excités, on se fouillait dans nos préludes, on s’embrassait sauvagement. Une de ses jambes s’agrippa à ma taille tandis qu’elle m’ébouriffait d’une de ses mains. Elle était intraitable tant son envie était insatiable. Je la portai et l’attirai implacablement vers le lit. Alors que je la déposai, elle riposta en me basculant pour se retrouver à califourchon. Ses doigts flirtaient avec les incurvés de mon corps. Elle voulait exercer son emprise sur mes sens.

—A moi de jouer…

Lascivement, le rictus coquin mais appréciateur, elle passa ses mains sur mes pectoraux, comme pour me rappeler les offrandes qui m'attendaient. Son besoin d'appartenance semblait évident. Sa poitrine se soulevait au rythme de sa respiration. Elle soupesa ses seins bombés dont les pointes dures méritaient inéluctablement baisers et délicates morsures. Elle me dominait à cet instant dans cette position. Son regard, chargé de passion, me couvait. Mes mains sur ses hanches évasées passèrent dans son dos et se promenèrent le long de son échine. Elle se cambrait avec insolence puis glissa le long de mon corps, mélangeant nos peaux tiédies par nos volcans intérieurs.

Elle me humait et captait la quintessence de nos épidermes, tandis que mes complaintes jusque-là silencieuses s'exprimaient dès lors sous forme de gémissements.

—J'aime ta peau cuivrée. Elle est si douce...

Je voulais qu'elle m'embrase de sa bouche. Ma doléance fut entendue. Elle descendit plus bas encore et relevait la tête : un regard peuplé de déclarations, de mots impossibles à exprimer, puis un souffle coupé quand elle sentit mes tremblements incontrôlés. Avec une dévotion certaine, elle prit ma virilité entre ses lèvres et mesura l'ampleur de mon désir d'elle. Elle exerça son pouvoir amoureux sur une raideur luisante de salive, qu'elle enroula d'une langue agile. J'étais à la merci de sa gourmandise et tandis qu'elle retirait sa bouche, elle contempla avec satisfaction la dureté du membre palpitant puis passa un doigt sur les nervures mises en valeur par la peau tendue, avant de le déguster à nouveau.

L'instant était exquis et mes mains se mêlèrent dans ses soyeux cheveux, comme si je pouvais dicter la cadence. Mais c'est la belle qui avait pris le contrôle. C'est elle qui m'accordait cette emprise sur sa chevelure. C'est elle qui, au rythme de mes pulsations, pouvait accélérer ou freiner les chamades de mon cœur.

Je me crispai, les yeux plein de fureur à sa cadence démoniaque. Je voulais qu'elle continue et en même temps, je la voulais entière. Synchronisme parfait. Elle retira ses lèvres humides, puis vint embrasser mes joues, ma tempe puis me mordit furieusement la lèvre et posa son souffle chaud au creux de mon oreille, et prononça mon nom sous forme de plainte licencieuse.

—Alessandro...

**********
Certaines rencontres sont dans la vie comme le vent. Certaines vous effleurent juste la peau, d'autres vous renversent. Et, en guise de renversement, je l'avais retournée et pris le contrôle des opérations. Ma langue descendit le long de son dos. Chaque lapée, succion, pression épousait la courbe de ce pays de langueur et ses gémissements répondaient d'un écho favorable au traitement que je lui administrais. Sa bouche s’entrouvrit quand elle sentit un souffle chaud parcourir son échine. Elle devenait tremblante sous quelques frôlements exquis, puis feu et folie. Elle se retourna, prit mon visage entre ses mains puis susurra.

—Je veux te sentir... Viens...

Sa détresse lubrique m'avait convaincu de la prendre en cet instant. Ses cuisses brûlantes s’écartèrent, m'invitant à l’empaler. Frémissante, elle accueillit toute entière ma turgescence dans son puits d'amour. Ses mains s'agrippèrent à mon dos tandis qu'elle laissa s'échapper un cri de contentement. Ses ongles devenus serres se plantaient dans la chair tendre marquant leur passage. Et moi, je voguais sur ses bordures chaudes et trempées, puis dérivais, sans contrôle dans ses charmes poisonneux.

Elle quémandait, suppliait à coups d’encore pour que cela dure une éternité. Ses aveux résonnaient comme une dérive malsaine. Ses paroles persiflaient des lubricités comme on injecte un venin. Elle s'était infiltrée dans mes veines. Sa voix frémissante était une douce drogue et créait peu à peu mon addiction.

Tandis qu’elle laissait s’exhaler tous les mots de l’amour, mes sauvages pulsions déchiraient son intérieur à coups de va-et-vient. Nos nudités s'harmonisaient sans artifices et nos vacarmes exprimaient nos vices. Nos corps se substituaient en désordres lascifs et obscènes dans des cadences ardentes. Nos yeux révélaient nos lubricités enfouies depuis trop longtemps... Nous révélions nos énigmes érotiques au rythme de nos enchevêtrements, à la fois sincères et maladroits, les coiffures ébouriffées de nos ébats acharnés.

Nous récréions l'art du délice amoureux. Le temps s'était arrêté le temps d'une nuit. Pour nous. Pourquoi ? Que sais-je ? Nous effacions nos tourments passés à coups d'étreintes torrides. Nous cicatrisions nos blessures à coups de reins. Et cette femme, j'aimais l'aimer physiquement. J'aimais ses insanités chuchotées à mon oreille meurtrie de ses morsures. J'aimais sa fureur d'aimer désespérément. J'aimais la fragilité de notre entrevue coquine.

Et Rebecca était là, avec moi, et je l’enflammais, la culbutais sans ambages. Elle se retourna m'offrant à cet instant des fesses frémissantes d'envie. Elles méritaient mes plus sombres dévotions. Elles étaient une récompense à mes yeux. Je les embrassais, pétrissais, humais avant de m'enfoncer une nouvelle fois dans son brasier ardent. C’était elle qui dictait la cadence, danse hypnotique sur un sexe en feu qui ne demandait que la délivrance. Ses fulgurantes accélérations finiraient par m'achever, mais elle ne voulait pas que cela finisse comme cela.

Une subtile volte-face plus tard, nous nous retrouvions face à face. Les cheveux collants de moiteur laissaient apparaître ses éclats qui me fixaient de manière insistante. Assise sur moi, elle ondulait du bassin, à la recherche de ma jouissance. Je l'étreignis passionnément, goulûment, tout en accompagnant son allure effrénée. L'accord charnel était si parfait, une rare symbiose qui nous amena à libérer dans le plus grand vacarme nos plaisirs mélangés. D'intenses secondes aux allures d'éternité.

Mon corps tremblait encore de nos étreintes. Rebecca se colla à moi pour me remercier de cet entracte sensuel. Je l'embrassais tendrement et des spasmes parcoururent mon corps entier quand elle pianota sur mon torse de ses doigts délicats. Mes muscles se relâchèrent petit à petit tandis que l'étau se desserrait et devenait plus câlin.

—Oh my god ! C’était éblouissant ! Toutes ces sensations m’avaient manqué ! Me remercia t'elle, tout en m’embrassant passionnément.

J'avais adoré notre étreinte. Elle m'avait guéri de mes maladies d'amour. Et, moi, je l'avais soigné de tous ses chagrins du passé. Et nous savions que nous pouvions enfin recommencer à chérir. Je me redressai puis allai fumer la cigarette d'après l'amour sur sa terrasse, en signe de contentement, à moitié nu. Le ciel s'invita à cette nuit salvatrice sous forme de douce pluie qui me vivifia le corps. Rebecca me rejoignit, le corps enroulé de drap. Elle m’embrassa dans le haut du dos, caressa mes cicatrices, puis passa ses mains autour de ma taille, visiblement satisfaite de la tournure des événements.

Et, sous la pluie qui devenait battante, un ultime baiser scella notre jardin secret... Nous connaissions l'issue déchirante de notre rencontre. Car je devais repartir tôt ou tard à New-York. Cela nous laisserait peut-être du temps pour nous revoir. Mais le souvenir resterait vivace et si nous croisions nos routes, nul doute que nous nous offririons un rappel à cette torride cicatrisation. Car nous avions été le point de départ de notre futur épanouissement respectif.

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