L'appel du vide [DEFI]

de Image de profil de SophiamSophiam

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J'avais tenu 174 jours. 174 jours, 8 heures et quelques secondes encore. Elle m'avait fait tenir. Dans mes moments de doute, elle m'avait convaincu que j'étais assez fort. Et pour un temps, je l'ai crue.

Elle était arrivée comme dans un rêve. Lumineuse. Quand elle m'avait retrouvé, j'étais à peine encore un homme. Poupée de chiffon tremblante, délaissée sur un trotoir sordide. Les jours étaient pour moi comme les nuits. Brouillard de moments flous, à peine ponctués par la faim et le froid.

Elle m'avait ramassé là. Et m'avait bercé un moment. Par ces gestes et ces caresses, j'ai retrouvé sous ses mains la chaleur d'une existence que je croyais perdue. J'ai émergé de mon sommeil. Je me souviens des premiers jours. La torpeur qui laisse place à la honte. C'était presque pire. Car sans la drogue, le filtre de mes faiblesses était levé. Et je voyais pour la première fois ce que j'étais devenu. Mon ombre. Mon pire ennemi dans ce regard émacié et fuyant.

Pas une seul fois elle ne m'avait jugé. Pas une seule fois elle ne m'avais fait le moindre repproche. Pendant les nuits de grand manque, elle s'asseyait à côté de moi. Elle posait ses lèvres sur mon front en sueur et me berçait dans ses bras. Comme si nous reprenions tous les deux là où la vie nous avait séparés. Moi, l'enfant tremblant dans le noir et elle, la mère qui n'avait jamais cessé de m'aimer.

174 jours. Presque 25 semaines. Et, elle a réussi à me cacher sa maladie pendant les 21 premières. Mais un jour, je l'ai trouvée sur le sol. J'ai appelé une ambulance. Il était trop tard. Alors j'ai compris. Elle m'avait ramené pour me dire au revoir. Juste pour voir une dernière fois que j'étais toujours moi.

Je rentre du cimetière et je suis seul. La maladie et l'addiction ne vous font pas d'amis. Le salon de la maison qu'elle m'a laissé est vide. Je monte dans la chambre et me laisse tomber sur le lit. Sans même y penser, ma main se glisse entre le sommier et le matelas. Quand je la ressors, je tiens une petite poche en plastique. Et dans le plastique, une poudre blanche. Machinalement, je la dispose sur la table de nuit en lignes bien délimitées. Comme je l'ai fait des centaines de fois. Et mon regard tombe sur la photo. Elle et moi, un jour de soleil, un nouveau vélo.

Alors, je me lève, je fais glisser la poudre dans la main et ouvre la fenêtre. Je tends ma paume ouverte et dans un souffle de vent, je suis libre.

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Table des matières

En réponse au défi

Une nouvelle chaque dimanche...#37

Lancé par Lilas :)

Hello ! ça fait déjà 37 semaines que je propose ce défi, ça passe vite ! Je l'adore et je remercie les fidèles scribayens qui le relève chaque dimanche ;)

Pour ceux qui débarquent, je vous présente ce défi :

Il s'agit d'écrire une histoire, une nouvelle ou micro-nouvelle de la longueur que vous voulez (mais pas trop long non plus) dans un temps donné. J'active le défi dimanche et le désactive le dimanche prochain, ce qui vous laisse donc une semaine pour y répondre. Le but est simple. Je vous donne une liste de mots que vous devez impérativement placer dans le texte (dans l'ordre ou pas, pluriel ou pas, conjugués ou pas...) et je vous donne un thème sur lequel vous devez écrire.

Vous devez mettre ces mots en gras, ou en italique pour que je puisse les réperer.

***

Je vous donne du 06/02/2022 au 13/02/2022. Après ça, je le désactive pour en mettre un nouveau. Le thème de cette semaine est "espoir anéanti".

Voici la liste de mots :

Brouillard

Lèvre

Poupée

Souffler

Rêve

Doute

Bon courage !!

Commentaires & Discussions

L'appel du videChapitre5 messages | 2 ans

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