Choix 7

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L’autre me tire encore un peu. Je finis par lever un pied hésitant, me décide à le suivre. Dès que je me mets en marche, il me lâche pour prendre de l’avance. J’entends un fin rire, amical, féminin. C’est donc une femme ? Cédant à la curiosité, je lève un regard pour découvrir une jolie dame portant une longue robe blanche. Ses cheveux sont aussi noirs que les miens, mais ce sont les ailes accrochées à ses omoplates qui attirent l’essentiel de mon attention.

On dirait un ange.

Suis-la, petite pensée.

D’autres anges viennent m’accueillir. Tous ont des visages de femmes, me sourient, m’invitent à avancer vers les arbres. Elles me ressemblent tellement. L’une sèche mon corps d’un battement d’aile. Les blanches plumes chatouillent mon nez, me font éternuer. Une autre caresse mes cheveux. Une dernière me tend quelque chose devant la bouche, ça a l’air délicieux. Elles s’amusent de ma présence, me manipulent comme une poupée. Pour finir, les deux dernières m’habillent d’une longue robe blanche, semblable à la leur. Un léger poids dans mon dos se fait sentir, un regard en arrière m’informe que deux écharpes ont été accrochées à la robe, au niveau de mes omoplates. Elles m’ont donné des ailes de tissu.

Enfin, nous atteignons l’orée de la forêt. Je me sens en sécurité ici. Dès que je pose le pied sur l’herbe fraîche, elles s’envolent à l’unisson, me laissant seule devant un homme, grand, rassurant. Il me sourit, écarte les bras, comme une invitation. Je ne comprends pas. J’hésite. Quelque chose me frappe dans le dos, me fait tomber contre lui qui m’enserre tendrement. Me voilà capturée comme un oiseau dans sa nouvelle cage. La chaleur de son corps me réchauffe, me rassure. Etrangement, je m’y sens à l’abri, protégée. Il bouge la tête, farfouille à travers ma chevelure pour atteindre mon cou. Ses lèvres en caressent tendrement la peau, je frémis en me collant un peu plus à lui. Ses mains remontent lentement mon dos, ma respiration s’accélère.

Petite pensée, es-tu à moi ?

Je suis pétrifiée, n’ose répondre. Cela semble lui suffire. Il remonte doucement mon cou, embrasse ma joue. Ses poils de barbe me piquent. Je ne remarque tout cela que vaguement, concentrée sur la chaleur naissante de ses mains. Ces dernières ont fini leur remontée à la base des deux longues écharpes. Il appuie dessus pour les coller à ma peau, de plus en plus fort. Je commence à sentir une douleur, comme si mon dos était appuyé contre un four en train de chauffer. Je commence à me tortiller, mais sa poigne est irrésistible. On dirait qu’un feu me dévore la peau ! Je crie, mes ongles griffent son torse. Son sourire s’accentue, il me force à le regarder dans les yeux. Je me fige sur ses iris couleur émeraude. Il en profite pour m’embrasser sauvagement. Il m’a totalement en son pouvoir, je pleure de douleur, ne peut rien lui refuser. Je ne sens plus mon dos, la douleur me fait divaguer.

Enfin, il me relâche. Il s’éloigne totalement de moi, me laissant seule. Je n’ai même plus mal, la douleur est partie aussi vite qu’elle est venue.

Tu es magnifique, mon ange.

Il sourit, je ne comprends pas. J’analyse la situation, me sens… étrange… différente. Je détecte un fin bruissement dans mon dos, un son régulier. Je tourne légèrement la tête, apeurée à l’idée de tomber sur le monstre, mais à la place, ce sont deux longues ailes faites de plumes que je découvre. Je me fige, surprise, elles font de même.

Je suis perdue. L’homme me pince le gras du bras droit, je pousse un cri surpris en même temps que l’aile droite. Il continue à me pincer un peu partout, j’essaye de l’en empêcher en riant, comprenant peu à peu comment fonctionne mes nouveaux membres.

Enfin, il me tend la main, m’invite à l’accompagner.

Je me sens si calme. Confiante, j’enserre ses doigts des miens et le suis sans hésiter. Nous nous envolons vers le soleil vert au-dessus de nos têtes.

Te voilà chez toi, mon ange.

Son corps commence à disparaître, comme un mirage. Non, je ne veux pas qu’il parte. Je me colle derechef à lui, l’embrasse passionnément en lui suppliant de rester. Il rit, amusé de mon attachement. Il cesse de s’éloigner, le temps de me calmer, avant de doucement me pousser du plat de la main dans le dos vers les anges qui volettent autour de l’astre solaire.

Je me sens si heureuse d’être ici. Je réalise quelques cabrioles, ne pense plus à rien. Je me plais à voler.

Je perds toute notion du temps. Parfois, d’autres femmes ailées apparaissent. Elles semblent accompagnées d’un homme. Je vais les accueillir comme mes congénères. Parfois, je regarde vers le bas, vers la forêt et la mer qui la borde.

Tout cela me rappelle quelque chose… mais, quoi ?

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Mes amours,

Soyez heureuses, ici.

Je suis navré, je ne peux rester en votre douce présence.

Il me reste tellement de pensées, de toutes petites pensées, à attraper.

Commençons.

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