2017 – Ce Cancrelat

2 minutes de lecture

« “Désolé, mais je suis cancre.” ?
Ton excuse est toute trouvée
en cas de truc voilé… »

Pepito Resk – Scribay, 2017

Il m’arrive, comme tout le monde je crois, de me vanter. Parfois.

Il est en revanche peu fréquent de le faire au sujet de ce qui semble, de prime abord, être un défaut. C’est ce que je fais pourtant, en mettant en avant mon statut de cancre. Certains tentent d’y voir une façon de m’excuser. Une facilité.

« “Désolé, mais je suis cancre.” ? Ton excuse est toute trouvée en cas de truc voilé… »

Certainement pas !

Celle-ci est une défense, une excuse pour ne rien faire, celle des cancres (êtes-vous sûr ?) qui m’indiffèrent, que je ne représente pas. De ceux-là, pensez comme bon vous semble, mais de moi… Houlà ! Vous mettriez les pieds dans un endroit — comment vous dire ? — sensible ? Mon cancre à moi ne défend pas. Il attaque. Il s’attaque. Il s’y met. S’y remet. Il va de l’avant, son bonnet d’âne bien enfoncé, quelques coups de crayons de couleur y dessinent de jolies fleurs pour bien montrer qu’il est là, se veut personnalisé, personnifié, et conscient, et affirmé.

Mon cancre ne répond pas, non. Il se présente. Il devance et il questionne. « Bonjour, je suis cancre. Vous êtes prévenus ? C’est bon ? Alors maintenant, j’ose vous dire “ça”. Est-ce stupide ? À vous de dire. Justifiez-vous, expliquez-moi, cancre n’est pas idiot. Je comprendrai. Il comprendra. Si, si, Cancre peut comprendre, veuillez admettre “cela”. Mais, vous, comprenez-vous pourquoi Cancre dit “ça” ? »

Presque rhétorique, ce Cancrelat ! Presque.

Car j’ai quelques raisons de le brandir. Il n’est ni fiction ni invention. Il existe bel et bien, mon cancre. Pourquoi ? Sans doute à cause des lois dites du plus grand nombre, du troupeau de ceux qui s’adaptent, s’attablent devant un bon repas d’apprentissage savamment préparé. Combien, de ce nombre, bouffent pour ensuite vomir — à la demande, s’il vous plaît — puis partent s’endormir, tranquilles, repus d’avoir bien fait ? Bien fait pour mon cancre. Lui n’avait pas faim, pas ce jour-là, ou pas du ragoût à cette sauce-là. Fainéantise ? Si vous le dites ! L’ai-je entendu ! La paresse des uns mange à la cantine des autres. Le cancre est là, lui, quand il faut s’échiner aux urgences du prochain. Tiens, tiens. Fainéant, mais présent. Jusqu’à l’épuisement s’il le faut. Surprise et consternation dans les rangs. Paresse, avez-vous dit ? Oui, mais enfin, paresse de quoi ? Voilà ma bonne question. Y répondre m’apprendrait pourquoi je ne salivais pas devant le buffet alors que l’appétit ne manquait pas.

« Désolé, mais je suis cancre », comme un « Non merci, très peu pour moi » ?

Non merci. Très peu pour moi.

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