Déchéance

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Son coeur fit une descente en piqué dans un ciel subitement gris et vide.

Tout commença avec les mots : "J'ai besoin de te parler." et se termina par "Et comme ma fiancée commence à se poser des questions, je crois qu'il faudrait moins nous voir."

Il ajouta qu'ils étaient bons amis et estimait qu'elle était adorable et gentille, mais qu'il n'avait jamais eu l'intention de pousserait pas les choses plus loin.

"Je ne savais pas que tu avais une petite amie." dit-elle platement.

"Anne voyage beaucoup pour son travail et n'est pas souvent à la maison depuis six mois. Mais elle vient d'obtenir une promotion et les choses vont revenir à la normale."

Le prénom cristallisa la réalité. Le froid s'installa dans sa poitrine, puis le reste de son corps. Elle en perdit la voix et ne trouva rien à dire quand il s'excusa et expliqua qu'il regrettait profondément de l'avoir induite en erreur.

Elle se rappela comment elle avait eu le coup de foudre, comment il lui était apparu comme un ange auréolé de lumière, comment elle s'était sentie vivante en tombant amoureuse.

Et il ne l'aimait pas en retour? Comment était-ce possible? Après tout ce qu'ils avaient partagé? Ils avaient ri et pleuré, ils s'étaient confiés de petits secrets et des rêves, ils étaient si complices, si proches, si bien ensemble! Est-ce qu'il ne confondait pas le devoir et l'habitude d'être fiancé avec le véritable amour?

À une époque, elle aurait baissé les bras. Mais elle refusa d'être privé du bonheur. Mathieu se trompait. Il l'aimait. Il ne reconnaissait pas ce qu'il éprouvait, mais c'était vers elle qu'il s'était tourné durant tous ces mois. Il était fiancé, mais ça ne voulait pas dire qu'il était marié. Il pouvait encore changer d'idée et comprendre qu'elle était parfaite pour lui. Cette Anne, pour l'avoir abandonné durant des mois, ne le méritait pas.

Elle décida de le lui faire comprendre. Il nia. Elle insista. Et quand il se recula légèrement pour s'adosser à la banquette et adopta une expression neutre devant son ton passionné (ou implorant), elle comprit qu'elle avait échoué. Il la prenait pour une folle.

Elle se reprit, s'excusa et ils se séparèrent maladroitement après qu'il ait insisté pour payer l'addition.

Les semaines passèrent et la passion que Mathieu lui inspirait ne diminua pas. Ils se rencontraient à l'occasion dans l'ascenseur, mais elle refusa les rendez-vous proposés. Quand il en fit la remarque, elle se fâcha un peu : "Tu ne peux pas me demander de moins t'aimer. J'ai ouvert la porte de mon coeur tout grand et je ne peux pas la refermer pour me contenter de la simple amitié."

De temps en temps, elle le haïssait. Il aurait dû se rendre compte qu'une femme ne passe pas six mois de sa vie avec un homme de cette façon sans une intention autrement plus qu'amicale. Elle regrettait surtout d'avoir perdu ce miroir qui la faisait sentir belle et vivante, qui enrichissait et colorait sa vie de tant de façons.

Elle se sentait stupide d'avoir inventé une histoire amoureuse avec quelqu'un qui ne partageait pas ses sentiments. Est-ce qu'il riait avec cette Anne au sujet de cette petite femme qu'il avait traînée dans la moitié restaurants de la ville depuis quelques mois?

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