Chapitre 14 - Homecoming Ball partie 2

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Une file de voitures contraint James à attendre patiemment quelques minutes avant de pouvoir se garer sur le parking du lycée. Des ballons et des lumières rendaient compte de l’effervescence autour de cet événement annuel de la vie lycéenne. À la vue de toute cette installation, l’excitation de Thomas fit un bond et il commença à sentir de plus en plus son rythme cardiaque accélérer. Une fois la voiture arrêtée, James coupa le contact et se tourna vers Thomas et Alicia.


— On passe vous récupérer à minuit. On va profiter de votre absence pour se faire un ciné et un restau en amoureux.

— Amusez-vous bien, ajouta Tracy.


Alicia fut la première à sortir de la voiture, suivit rapidement par Thomas. Tous deux firent un geste de la main à James et Tracy, puis la voiture redémarra et quitta le parking. Les deux adolescents se dirigèrent vers l’entrée principale du lycée, guidés par deux rangées de piquets lumineux qui balisaient le chemin.

Thomas regarda tout autour de lui, et fut émerveillé par l’ambiance qui se dégageait déjà aux abords du parking. De nombreux adolescents sortaient des voitures, tous habillés avec beaucoup d’efforts. Certaines tenues loufoques et autres combinaisons douteuses le faisaient sourire, alors que d’autres l’impressionnaient. Chacun s’était mis sur son 31, suivant sa propre définition de « se mettre sur son 31 », et tous avait visiblement hâte d’assister à cette soirée. Thomas vit un groupe de jeunes filles s’enlacer, tandis que leurs cavaliers rigolaient entre eux, ainsi que des gens qui se congratulaient ou s’embrassaient. Ce qu’il avait désormais sous les yeux dénotait complètement avec sa situation. Non pas qu’il était en mauvais terme avec Alicia, mais l’amour qui planait au loin était bien différent de l’amitié presque fraternel qui existait entre elle et lui.


— T’es content ? demanda Alicia.

— Euh… ouais, mais pourquoi tu me demandes ça ?

— Je t’ai entendu au téléphone avec tes parents tout à l’heure dans ta chambre. T’avais l’air excité par cette soirée.

— Ouais c’est vrai. C’est la seule soirée à laquelle je pourrais participer alors j’espère pouvoir en profiter à fond.


Alicia sourit puis ouvrit l’une des portes vitrées de l’entrée principale. Elle la poignée après le passage de Thomas et dit à celui-ci :


— Je sais pas à quoi tu t’attends ce soir, mais en tout cas t’as mis le paquet sur la tenue… et sur le parfum.

— Ça sent si fort que ça ?

— À mon avis t’en as sans doute un peu trop mis, répondit Alicia. Mais d’ici à ce qu’une fille vienne te demander un slow, le « trop » sera certainement parti.


Alicia et Thomas traversèrent le hall principal, descendirent à la cafétéria puis se dirigèrent vers l’extérieur du campus, suivant le chemin qu’une rangée de ballons multicolores semblaient indiqués. Dehors, le spectacle était encore plus magique que sur le parking. Les mêmes piquets lumineux étaient installés de part et d’autres de l’allée et des lanternes gonflées à l’hélium flottaient au-dessus, chacune simplement retenue par un fil accroché au piquet. Le gymnase éclairé était facilement visible dans la nuit sombre. Thomas n’en finissait pas d’écarquiller les yeux devant la beauté de toute cette installation.

À mesure qu’il s’approchait du gymnase, Thomas pouvait entendre l’ambiance qui s’en dégageait. Un mélange de sonorités rock, de chant et de cris s’échappait de l’édifice et emballa le coeur de Thomas. Il n’avait pas encore eu l’occasion de découvrir le gymnase durant sa première semaine de cours, il ne l’avait qu’aperçu lors de son inscription au club photo. Dans la sombritude de la nuit, il ne pouvait en inspecter les détails extérieurs, mais la lumière qui s’échappaient de grandes portes vitrées lui permettait d’en distinguer l’entrée.


— Après toi, indiqua Alicia.


Thomas prit alors en main la poignée de la porte qui lui faisait face et l’ouvrit. Aussitôt, la musique se fit plus forte et il se rendit compte que, même si la fête venait à peine de commencer, des élèves étaient déjà au centre du gymnase à enflammer la piste de danse. Thomas remarqua les gradins latéraux, illuminés par intermittence par des faisceaux lumineux disposés au plafond. Quelques élèves y étaient assis, et attendaient visiblement quelque chose. En levant la tête, Thomas vit au plafond des fanions suspendus aux couleurs de l’équipe de basket du lycée, et comprit par les inscriptions présentes dessus que l’histoire du lycée dans ce sport était faste.


— Ici, le basket, c’est une institution, dit Alicia.

— Je vois ça, c’est impressionnant.


Au fond du gymnase, une scène avait été montée et des musiciens finissaient d’installer leurs instruments. Près de là, des membres du personnel s’activaient derrière des tables recouvertes d’une grande nappe rouge. Tandis que certains sortaient des bouteilles de grands sacs, d’autres mettaient en place des rangées de verres jetables avec une minutie militaire. Soudain, la musique baissa jusqu’à ne plus être audible, et tout le monde gagna les gradins. Thomas suivit le mouvement et vint s’installer au premier rang, à côté d’Alicia.

M. Washington apparu quelques instants plus tard, un micro à la main. Comme à son habitude, il tapota celui-ci de quelques légers coups, et vint se tenir au milieu du parquet. Les lumières complètement rallumés dans le gymnase, Thomas put distinguer le logo au tigre bondissant sur le rond central, sous les pieds de M. Washington.


— Bienvenue à tous ! annonça-t-il. Ravi de vous voir tous si bien apprêté, j’espère que vous me trouverez au moins aussi élégant que vous l’êtes ce soir.


De légers rires se firent entendre des gradins, auxquels le principal sourit. Le costume trois pièces qu’il portait était un brin classique, mais était de circonstances.


— Cette soirée est l’occasion pour nous tous de fêter cette nouvelle année, mais aussi de partager quelques moments avec les élèves de dernière année. Je ne ferais pas plus long, je vous laisse profiter de la piste de danse et des cocktails offert généreusement par notre cher personnel. Merci à M. Morrison et à son club de musique de nous faire le plaisir de jouer pour nous ce soir.


Le principal entama des applaudissements, vite repris par quelques groupes dans les gradins, visiblement impatient que le club de musique se mette à jouer. M. Morrison, un homme proche de la quarantaine aux cheveux roux et bouclés, salua le principal d’un geste puis s’installa derrière la batterie. Il fut ensuite rejoint par 3 élèves, un guitariste, une chanteuse et un pianiste. Dès que les baguettes firent trembler les cymbales, de nombreux élèves se ruèrent sur le parquet pour s’enivrer de la musique rock qui remplit aussitôt l’endroit.


— Tu viens danser ? demanda Thomas à Alicia.

— Oh tu sais, je ne suis pas trop danse, indiqua-t-elle. Mais vas-y, amuse toi, moi je vais aller me chercher un verre.


Thomas prit alors son courage à deux mains, et descendit les escaliers des gradins pour se retrouver sur le parquet, seul au milieu des groupes d’élèves qui dansaient. La timidité le reprit et l’empêcha de faire le moindre geste. Cloué au sol autour de toute cette agitation, ce n’est qu’après quelques secondes qu’il prit une grande inspiration et commença à mouvoir ses bras, essayant tant bien que mal de suivre le rythme cacophonique des différents masses de personnes qui se déhanchaient. Il tenta de faire abstraction, se concentra sur le décor du lieu plutôt que risquer de croiser le regard des autres élèves. Il voulait profiter de ce moment à fond, ne penser qu’à ça et ne pas faire attention au reste.

Pourtant, la bulle qu’il commençait à ériger éclata d’un coup. En une fraction de seconde, Thomas s’arrêta. Il n’avait pourtant pas croiser le regard de quiconque, mais ce qu’il venait de voir lui avait coupé les jambes et bloqué les bras. Il se tenait là, figé comme quelqu’un qui aurait vu Méduse. Au loin, la vision de cette jeune fille, vêtue d’une robe bleu pastel aux pans légèrement transparent, lui fit le même effet. Thomas ne pouvait discerner son visage mais remarqua sa longue chevelure blonde foncée qui tombait sur son dos nu, juste au dessus d’un corset orné de pierres qui brillaient de milles feux à la lumière des projecteurs. Un court instant, l’un des élèves en train de danser obstrua le champ de vision de Thomas. Lorsque la vue fut à nouveau dégagée, la jeune fille avait disparu.

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