Chapitre 12 - Premier repas et premier choix

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Thomas et Alicia quittèrent le cours de mathématiques, quelques peu affamés, et se dirigèrent d’un pas décidé vers le réfectoire. Arrivé dans le hall principal, Thomas n’eut qu’à suivre Alicia pour trouver son chemin. Tous deux empruntèrent un escalier, et se retrouvèrent au milieu des tables et des chaises. Thomas jeta un rapide coup d’oeil à la rambarde où il se trouvait quelques heures auparavant. De l’endroit où il était désormais, il pouvait mieux apprécier la décoration, ces fanions suspendus et cette large bande rouge au sol qui s’étendait jusqu’à l’extérieur.


— Tu veux manger quoi, demanda Alicia. Hamburger ? Pizza ?

— Va pour une pizza, répondit Thomas.


Après avoir pris leur plateau, une bouteille d’eau, une grosse part de pizza et un cookie chacun, Thomas et Alicia se mirent en quête d’une table libre. Il se posèrent à l’une d’elle, situé dans un recoin à l’abri du raffut environnant. Ainsi, ils pourraient discuter sans être dérangé.


— Alors, raconte-moi ta matinée, dit Alicia une fois installée.

— J’ai beaucoup aimé les cours optionnels, ça change vraiment de ceux auxquels j’avais l’habitude en France. J’ai plus ou moins tout compris, mais je ne me sens pas encore de participer pour le moment, répondit Thomas.

— Tant mieux, marmonna-t-elle tout en mordant dans sa large part de pizza. Enfin je veux dire, tant mieux que tu aies plus ou moins tout compris.

— Et toi ? Ça s’est bien passé ?

— Pas trop mal. J’ai retrouvé certains profs plutôt sympa que j’avais l’année dernière.

— Cool, répondit Thomas avec politesse, avant d’être rapidement interrompu par Alicia.

— Mais parlons plutôt de toi, s’exclama-t-elle. Tu sais quelle activité tu vas prendre ?


Les derniers mots d’Alicia résonnaient désormais dans la tête de Thomas. Il n’avait aucune idée de l’activité culturelle ou sportive qu’il allait choisir. D’ailleurs, il n’y avait pas réfléchi depuis que le proviseur l’avait évoqué dans l’auditorium. Il avait bien essayé de se renseigner, mais tout cela lui paraissait tellement abstrait qu’il n’avait pu y jeter un oeil concentré. Devant son hésitation visible à l’immobilité de son expression faciale, Alicia reprit la conversation.


— Sinon tu peux venir t’inscrire avec moi au club photo.

— Et vous y faites quoi au club photo ? demanda Thomas.

— Bah, on apprend quelques techniques pour prendre des belles photos, l’histoire de la photographie aussi, même si je t’avoue que j’y vais surtout parce que c’est assez tranquille. Et puis ça permet d’avoir des points facilement.

— Ouais, ça peut être pas mal, je suis pas très sportif en plus donc ça me conviendra sans doute mieux que du basket ou du foot.

— En plus le prof, M. Spillman, il est sympa. Bon, c’est pas le prof le plus énergique du lycée, mais il était cool avec nous l’année dernière.

— M. Spillman ? s’étonna Thomas, visiblement surpris d’entendre ce nom. C’est mon prof d’Art de la communication.

— Drôle de coïncidence, dit Alicia tout en terminant la croûte de sa pizza. Et alors, il est comment en cours ?

— Pas très énergique en effet, plutôt sage, mais il a cette manie de piétiner dans la salle tout en nous faisant cours…

— Exactement ce que je me suis dit la première fois que je l’ai vu, renchérit Alicia


Thomas était ravi d’apprendre que M. Spillman dirigeait le club photo. Il n’avait pas particulièrement d’appétence pour cette pratique en particulier, mais savoir qu’Alicia en faisait partie, et que M.Spillman l’encadrait, le réjouissait d’avance. Et puis, si c’était l’occasion d’avoir des points facilement, il n’allait pas s’en priver.


— Et comment on s’inscrit ? demanda Thomas.

— Finis ta pizza et viens avec moi.


Alicia prit son cookie entre les dents, prit son sac à dos et déposa son plateau au-dessus d’un meuble prévu à cet effet. La voyant s’activer, Thomas se dépêcha de finir sa part de pizza, puis prit son cookie dans un main, son plateau avec l’autre, et glissa son épaule droite dans la bretelle rembourrée de son sac à dos. Une fois son plateau déposé, il suivit Alicia qui se dirigea vers l’extérieur du réfectoire.

Arrivé au niveau des grandes portes vitrées donnant sur l’extérieur, Thomas en entendit un bruit provenant du fond du réfectoire, il se retourna et vit un petit attroupement d’élèves, mais n’y prêta pas plus d’attention.

Dehors, Thomas sentit une forte chaleur à laquelle il ne s’était pas totalement habitué. Même s’il était en Floride depuis quelques jours déjà, le contraste de température avec la France avait eu raison de son […]. Le soleil dardait ses rayons sur une pelouse fraîchement tondue, où les rares espaces ombragés provenait de grands palmiers. Oubliant le cadre dans lequel il évoluait, et regardant la cime de ces arbres et le ciel bleu qui s’étendait devant ses yeux, Thomas aurait pu facilement croire être au bord de la plage. Seules les absences du sable autour de ces pieds, du chant des oiseaux et du bruit de la mer trahissait que l’endroit où il se trouvait actuellement n’avait rien de vacances idylliques.

À mesure que Thomas et Alicia marchaient sur le chemin enrobé, celui-ci observait avec attention l’extérieur du campus. Il remarqua tout d’abord la forêt à proximité d’un des bâtiments, ainsi que le lac attenant, puis son regard se posa devant lui, en contrebas. Un imposant bâtiment qui ressemblait comme deux gouttes d’eau à un gymnase était érigé à côté d’un terrain de baseball. Ils descendirent quelques marches et se trouvèrent rapidement dans une allée où de nombreuses petites tonnelles étaient accolées sur les côtés.


— C’est l’allée principale qui mène au gymnase, expliqua Alicia. Aujourd’hui, tous les clubs ont chacun mis en place un stand pour les inscriptions, et ça arrive que les profs passe une tête pour voir comment ça se passe.


Avançant dans cette allée aux allures de marché, le regard de Thomas était attiré de tous les côtés. Chaque petite tonnelle avait été décorée suivant le thème du club, rappelé par un écriteau suspendu, au cas où celui-ci n’avait pas été assez mis en évidence. Le club d’échec arborait une décoration minimaliste faite de carrés blancs et noirs, le club de musique avait collé des notes dorées aux quatre pieds de sa tonnelle, tandis qu’une file d’attente s’étendait sur plusieurs mètres, empêchant parfois l’accès à certains stands. Marchant à côté de celle-ci et en arrivant au bout, Thomas aperçu des ballons orange et des maillots sans manches qui ne laissait aucun doute sur la nature du club tant convoité. Le message de Jim Bucks avait visiblement été très entendu car que de nombreux étudiants attendaient de pouvoir inscrire leur nom sur une feuille afin de participer aux sélections. Thomas sourit en pensant qu’il n’aurait de toute façon pas pu rivaliser avec cette concurrence ultra-motivée à se faire une place dans l’équipe, et qu’il avait certainement fait le bon choix de se tourner vers le club photo, où il retrouvera un semblant de confort avec la présence d’Alicia et la perspective de points facilement acquis, à en croire la jeune fille.


— Nous y voilà, s’exclama Alicia, arrêtée devant l’une des dernières tonnelles de l’allée.


Devant Thomas se trouvait une tonnelle décorée de dizaines de photos accrochés et suspendues. Des clichés en couleurs et en noirs et blancs, montrant les plages ensoleillées de Floride ou la froide atmosphère d’une tempête de neige. Un élève était silencieusement assis derrière une table, et comme dans beaucoup d’autres stands, il était seul.


— Salut, moi c’est Mike, annonça le jeune homme.

— Salut, je m’appelle Thomas, répondit-t-il timidement, essayant de cacher son accent tant bien que mal. Ravi de te rencontrer.

Soudain, un homme vint se poster à côté de Mike, et jeta un oeil à la feuille posée sur la table.

— Combien y-a-t-il d’inscrits ? demanda-t-il.

— 12 pour le moment, répondit Mike.

— C’est bien, c’est toujours deux de plus que l’année dernière.


Thomas leva les yeux de la feuille, dont il essayait de déchiffrer les différents noms écrits dessus, et remarqua que l’homme n’était autre que M. Spillman. Lorsque leurs regards se croisèrent, celui-ci entama la conversation.


— Bonjour, vous venez vous inscrire ?

— Oui tout à fait, répondit Thomas.

— Vous êtes un élève étranger, n’est-ce pas ? demanda M. Spillman sur un ton instigateur.

— Oui, dit Thomas visiblement surpris par cette question. Mais comment le savez-vous ?

— J’ai reconnu un léger accent, que vous cherchez manifestement à cacher, s’amusa M. Spillman.


Troublé par cette remarque, Thomas tenta de cacher sa timidité et son stress par un léger sourire.


— Ravi de vous revoir, rajouta-t-il en s’adressant à Alicia. Je vous laisse, je dois filer en salle des professeurs. On se voit donc la semaine prochaine.


M. Spillman salua Thomas, Alicia et Mike d’un geste de la main puis remonta l’allée en direction du bâtiment près de la forêt. Alicia prit le stylo posé sur la feuille d’inscription et écrivit son nom, puis elle le tendit à Thomas qui en fit de même. Désormais, il n’y avait plus d’ombre dans son emploi du temps.

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