Chapitre 9 - Visite express

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— Suis-moi, dit Alicia. On a pas beaucoup de temps.


Arrivé trop tard en Floride pour participer à l’Orientation Day, cette visite aux premières lueurs du jour était une opportunité unique pour Thomas de visiter son nouveau lycée, seul avec Alicia, qui connaissait déjà parfaitement l’établissement.


— On a une trentaine de minutes devant nous avant que tout le monde arrive.


Sur ces mots, Alicia saisit la poignée d’une porte vitrée sous l’arche et l’ouvrit. Une fois entré, Thomas découvrit un grand hall à la hauteur sous plafond démesurée. Face à lui, de longues phrases, telles des devises, figuraient en italique sur un gigantesque mur rouge à l’aspect arrondi, . À sa base, deux imposantes double-portes laissait filer de légers traits de lumières et Thomas, intrigué, s’approcha. À l’intérieur, des bruits stridents se faisaient entendre. Alicia ouvrit doucement l’une des portes et lui montra la raison de ce vacarme.


— Ici, c’est l’auditorium. C’est là qu’il y a les représentations de théâtre, de chant, mais aussi tous les discours.


En jetant un coup d’oeil par dessus l’épaule d’Alicia, Thomas remarqua un petit groupe de personnes affairées à la mise en place de tabourets hauts sur l’estrade de l’auditorium, ainsi qu’à la configuration de plusieurs micros.


— On verra mieux tout à l’heure quand on sera à l’intérieur pour le discours du principal.


Thomas ne répondit pas et se contenta d’écouter attentivement ce que lui disait Alicia. Celle-ci referma discrètement la porte puis continua la visite.


— Pas sûr qu’on ait le temps de tout voir, dit-elle. Et puis de toute façon je ne pense pas que tu retiendras tout du premier coup.

— Oui, j’ai connu ça dans mon ancien lycée, répondit Thomas.

— Et c’était comment ?

— À première vue, ici c’est beaucoup plus grand.


Plus loin, Alicia s’arrêta devant une rangée de vitres et de portes transparentes.


— Ici c’est l’administration, indiqua-t-elle. Un conseil, mieux vaut ne pas te retrouver dans l’un de ces bureaux. En général, on y va que pour des mauvaises raisons.


Thomas acquiesça. Quelques mois auparavant, M. Malraux lui avait demandé de faire bonne impression et d’avoir une attitude irréprochable. Il était hors de question de le décevoir.


— Mais si tu as besoin d’une info, tu peux demander au secrétariat juste ici, dit-elle en montrant du doigt une porte où figurait l’inscription « Secretary ».


Alicia se dirigea ensuite vers une grande double-porte couleur bois. Arrivé à sa hauteur, Thomas pu lire « Library » écrit au-dessus. Tout autour, le mur était peint de la même couleur rouge que l’entrée de l’auditorium.


— La bibliothèque n’est pas encore ouverte à cette heure là, je te ferais visiter plus tard dans la semaine.


Thomas jeta un coup d’oeil à travers la vitre incrustée dans la porte mais son regard échoua sur une seconde double-porte quelques mètres devant. Il décolla alors sa tête de la porte et vit Alicia, sur sa gauche, devant un long couloir. Au loin, la lumière du soleil levant trahissait la présence de grandes fenêtres ou de grandes vitres, probablement même sur le toit. L’architecture du lycée Harvey Benjamin était moderne, épurée, et tout y était plus grand que dans son lycée en France.

Tandis qu’il s’approchait d’Alicia, Thomas remarqua l’énorme portrait d’un homme sur l’un des murs jouxtant la bibliothèque. Le visage légèrement barbu de l’homme était dessiné à même le mur, dans un style qui rappelait à Thomas la photo en noir et blanc qu’il avait aperçu dans le livret de présentation remis par M. Malraux quelques semaines avant son départ. Il comprit alors que Harvey Benjamin se tenait devant lui.

Soudainement, Thomas entendit un bruit derrière lui, et se retourna. Il aperçut une autre entrée, composée de portes vitrées que quelques élèves venus en avance étaient en train d’ouvrir. Il se retourna une nouvelle fois, et croisa le regard d’Alicia.


— Suis-moi, je vais te montrer où sont les casiers.


Il rejoignit Alicia à la hâte, et tous deux se dirigèrent vers ce long couloir éclairé de la lumière du jour. Thomas remarqua la présence d’une rambarde quelques mètres plus loin sur sa gauche. Arrivé à la hauteur de celle-ci, il vit avec surprise un grand nombre de tables et de chaises en contrebas.


— C’est la cafétéria, c’est là où on mangera le midi.


Thomas releva la tête, et contempla la décoration. Une large bande rouge au sol traversait l’espace jusqu’à des portes vitrées ouvertes sur l’extérieur. Au-dessus, un mur de verre fait de larges vitres lui permettait d’apercevoir à l’extérieur des tables et des chaises ainsi que de grands palmiers. Thomas jeta un nouveau coup d’oeil à l’intérieur du bâtiment et remarqua la présence de nombreux fanions suspendus, tous ornés du logo au tigre bondissant, qu’il avait vu sur le livret de présentation.

Alicia lui fit signe, et ils se remirent en marche pour continuer la visite. Ils arrivèrent très vite dans l’un des nombreux couloirs du lycée, où se trouvaient collés aux murs des casiers longilignes portant la même couleur rouge que Thomas avait aperçu tout au long de son parcours. Ils s’enfoncèrent dans le couloir et Alicia montra à Thomas les différentes salles de classe. Il hochait machinalement la tête à chaque fois qu’elle se retournait et croisait son regard, mais il avait la tête ailleurs.

Un sentiment bizarre l’envahit, Thomas connaissait cet endroit. En fait, il ne le connaissait pas parfaitement, et l’aide d’Alicia ne serait pas de refus pour s’acclimater. Il lui faudrait quand même apprendre son nouvel emploi du temps et plein d’autres petits éléments d’organisation. Mais il connaissait le fonctionnement d’un lycée américain, du moins c’est ce qu’il pensait. La cafétéria, le grand gymnase, les salles de cours, les élèves populaires du lycée, footballeurs et cheerleaders, et même ces casiers. Tout lui revint d’un coup à la tête comme un souvenir retrouvé, le rêve américain qu’il avait contemplé des heures durant devant des « teen movies » s’étendait désormais juste devant ses yeux.

Arrivé au bout du couloir, Alicia et Thomas firent demi-tour. À mesure qu’ils revenaient sur leurs pas, du bruit se faisait entendre de plus en plus, un bruit au départ énigmatique que Thomas perçu petit à petit comme une cacophonie de conversations. Arrivé à la sortie du bâtiment, il tourna la poignée de la porte donnant vers le couloir central et laissa Alicia passer avant lui.


— Merci, dit-elle simplement.


Revenu dans le couloir central, Thomas assista à un décor qui n’était plus le même que quelques minutes auparavant. Le long couloir était désormais rempli de petits groupes d’élèves en pleines discussions. Au milieu de toute cette agitation, Thomas retrouva Alicia, le regard dans le vague.


— Bon, pour la suite de la visite on attendra, ironisa-t-elle.

— Oui, je crois bien.


Tout à coup, un bruit légèrement strident se fit entendre, qui mit fin à toutes les conversations autour.


— Salut les Panthers ! Désolé pour cette entrée en matière.


Thomas, qui cherchait d’où pouvait bien provenir cette voix, leva les yeux et découvrit de nombreux haut-parleurs disposés au plafond.


— Rendez-vous tout de suite dans l’auditorium pour le discours du principal. Si vous ne savez pas où c’est, un conseil : suivez la foule ! Bonne rentrée à tous !


Une fois que la voix éteignit le micro, les personnes amassées dans le couloir central se dirigèrent plus ou moins vite vers l’auditorium. Thomas et Alicia suivirent le mouvement d’un pas pressé.


— Il faut pas qu’on traîne pour pouvoir être devant, dit-elle.


Arrivé à hauteur de l’auditorium, Thomas aperçut les deux double-portes grandes ouvertes et un flux incessant d’élèves y entrer. Par chance, surtout pour Alicia car Thomas n’avait aucune idée de pourquoi elle préférait être devant particulièrement, des places restaient libres aux premiers rangs. Ils s’installèrent, et Thomas se délesta de son sac à dos qu’il posa à ses pieds. Désormais, il put admirer la salle dans laquelle il se trouvait, et remarqua la présence d’épaisses plaques de mousses disposées sur les murs. Au plafond, une structure en vague étaient suspendues. Devant lui, Thomas pouvait observer l’estrade, qui avait maintenant plutôt l’air d’une grande scène, où deux épais rideaux rouges étaient présents de part et d’autre.

Les bruits de pas se firent entendre pendant quelques minutes puis, peu de temps après que le silence soit revenu dans l’auditorium, de nombreuses personnes apparurent sur la scène depuis les coulisses. Micro à la main, elles vinrent s’asseoir une à une sur les tabourets haut mis à disposition. Enfin, un homme ferma la marche et vint se mettre au centre, debout sur la scène entre les élèves spectateurs et les nouveaux arrivés bien plus âgés. Il frappa deux légers coups sur le micro qu’il avait en main pour vérifier son bon fonctionnement, et l’approcha de sa bouche.


— Bonjour à tous

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