Chapitre 4 - Un nouvel horizon

6 minutes de lecture

Le décor étant devenu bien monotone, Thomas sortit la tête du hublot et commença à inspecter davantage autour de lui. L’homme assis à ses côtés feuilletait tranquillement un magazine sportif, des lunettes au bout de son nez. Thomas découvrit en face de lui un écran incrusté sur le dossier du siège, mais il n’y prêta guère plus d’attention. Il saisit le sac à dos qu’il avait placé sous son siège, ouvrit la fermeture éclair, mit la main dedans et en sortit une petite brochure rouge.

Sur la couverture de la brochure apparaissait ce qui s’apparentait à un logo. Un disque doré en arrière-plan d’un tigre bondissant qui semblait tenir entre ses pattes les initiales « HB ». Avec l’inscription « Home of the Panthers » juste en dessous. Le logo était si imposant par rapport à la taille de la brochure que Thomas ne vit qu’après le texte embossé « Harvey Benjamin High School - Presentation Booklet ».

Il fit défiler les pages une à une et en lit attentivement le contenu. Il apprit que le lycée devait son nom à Harvey Benjamin, ancien gouverneur de Floride qui militait pour une école publique de qualité ainsi que pour l’ouverture à l’international et l’accueil d’élèves du monde entier. Une photo en noir et blanc accompagnait le texte et montrait un homme au visage légèrement barbu, aux cheveux mi-longs et qui affichait un large sourire. Quelques pages plus tard, Thomas découvrit des photos de son lycée.

Il avait voulu se garder la surprise jusqu’au dernier moment et n’avait donc pas souhaité faire des recherches au préalable. Il fut ravi de voir pour la première fois le cadre idyllique dans lequel il allait pouvoir étudier. Le campus se trouvait près d’un grand lac où quelques arbres dessinait ce qui devait être une forêt toute proche. Les bâtiments semblaient immenses et bien plus imposants que ceux dont il avait eu l’habitude en France. Pourtant, un sentiment de sérénité et de légèreté émanait des photos, certainement grâce aux nombreux espaces verts qui permettait d’apporter de la finesse à l’ensemble. C’était exactement comme Thomas se l’était imaginé.

Soudain, les mots commencèrent à danser sur la page et à s’estomper par intermittence. Thomas comprit alors qu’avec la pression qui était retombée, c’était désormais le sommeil qui commençait à le gagner. Il n’avait que très peu dormi la nuit dernière, alors un peu de repos lui ferait le plus grand bien. Il remit la brochure dans son sac puis glissa celui-ci sous son siège. Il posa tout son dos au fond du dossier, ferma les yeux, et n’eut que peu de temps à attendre avant de tomber dans les bras de Morphée.

Thomas fut réveillé par la lumière intense du soleil qui se reflétait sur les nuages. Il baissa le store du hublot dans l’espoir de pouvoir se rendormir, mais il se rendit compte qu’il n’en avait pas tellement envie. Il n’avait aucune notion de l’heure qu’il était, du temps qu’il lui restait avant de poser pieds aux États-Unis, mais il était en forme et reposé. Il vit l’écran en face de lui et décida de l’allumer. Il appuya sur un bouton et aussitôt l’écran commença à s’illuminer. Une carte apparut peu de temps après, survolée par une icône d’avion qui semblait se déplacer légèrement sur une ligne blanche. En haut à gauche était indiqué « Temps restant : 2h20 » et Thomas en déduisit que l’avion représentait sa position GPS en temps réel. En haut à droite de l’écran, Thomas toucha une icône représentée par trois barres horizontales et où figurait juste à côté le mot « Menu ». Il sélectionna « Films » qui venait de s’afficher, et de nombreuses affiches de films apparurent soudainement devant ses yeux. En faisant défiler les différentes affiches au bout de son index, Thomas se rendit compte que le catalogue proposé était immense. Par chance, son « teen movie » préféré était dans la liste. Un film sur un jeune garçon féru de musique qui vient d’intégrer un nouveau lycée où un grand concours de rock catalyse toutes les passions, et qui va malgré lui se retrouver à la tête d’un groupe censé représenter le lycée. Un film qu’il avait déjà vu des dizaines de fois, mais dont il adorait les messages. La découverte d’un nouvel horizon, le saut dans l’inconnu que cela représente, la culture de l’amitié sans étiquette ou encore l’amour inattendu. Le voir une nouvelle fois ne le dérangeait pas le moins du monde, et cela permettrait de faire passer le voyage un peu plus vite.

Lorsque le générique de fin défila sur l’écran en face de Thomas, celui-ci mit fin à la vidéo et l’affichage revint à l’écran d’accueil. Désormais, le petit avion s’était considérablement rapproché de sa destination finale et le temps restant indiqué n’était plus que de 30 minutes. Thomas monta le store du hublot et jeta un oeil à travers. Les nuages avaient laissé place à d’infinies étendues de terres parsemées de lacs et de points d’eau comme des trous dans un gruyère. Il voyait désormais de ses propres yeux l’environnement qui sera le sien durant quelques mois. Du moins, il l’apercevait vaguement, car l’avion n’avait pas encore entamé sa descente.

Quelques minutes plus tard, le commandant de bord prit la parole au micro et demanda à tout le monde de bien conserver sa ceinture attachée, indiquant que l’atterrissage était imminent. Les hôtesses de l’air et stewards passèrent dans les rangs afin de vérifier une dernière fois le bon respect des consignes de sécurité.

À mesure que l’avion se rapprochait de l’aéroport et commençait à descendre, Thomas apercevait de mieux en mieux les alentours, principalement marécageux. De petites turbulences bousculèrent quelque peu les passagers, mais elles n’étaient pas la cause de l’angoisse que Thomas commençait à ressentir. Dans quelques minutes, il sera officiellement sur le sol américain, face à toutes ses incertitudes et lâché dans la foule. Mais il avait hâte de rencontrer les membres de la famille Walker, qui seront certainement ses seuls visages familiers pour les mois à venir.

L’avion atterrit sans encombre puis se déplaca lentement en direction d’un bâtiment où était inscrit en grand « Hub 4 ». Thomas fut surpris de ne pas avoir à prendre de navettes pour rejoindre l’aéroport. Au lieu de ça, il passa par une passerelle pour se rendre directement au hub. Heureusement pour lui, la signalétique était omniprésente et il n’eu aucun mal à se diriger. Il prit la direction des contrôles de sécurité, et se rendit vite compte qu’ils n’avaient rien à voir avec ceux des aéroports français. Il présenta ses papiers à la personne chargée du contrôle, répondit à quelques questions et passa un contrôle biométrique, puis celle-ci lui tendit ses papiers en lui indiquant qu’il devait récupérer ses bagages au terminal B. Après un bref remerciement dans lequel Thomas mit son meilleur accent américain, il se dirigea vers ce qui lui semblait être une ligne de métro.

Il n’eut pas beaucoup de temps à attendre avant l’arrivée d’une rame. Son sac sur le dos, il monta à bord, s’assit à une place libre et regarda le paysage à travers la vitre qui lui faisait face. Les portes se fermèrent et la rame démarra. Le décor n’était pas très différent de ce qu’il avait aperçu lors de la descente de l’avion, le véhicule sur rails traversa un grand plan d’eau et très vite Thomas arriva au terminal B.

Il était époustouflé par la grandeur de l’endroit. Il n’eut que quelques mètres à parcourir pour se rendre compte que la lumière du soleil, qui traversait l’immense toit en verre, illuminait les nombreuses tables en contrebas. C’était à la fois grandiose et magnifique. Comme prévu, il attendit sa valise devant les tapis roulants. Après un petit temps d’attente, dix minutes tout au plus, sa grande valise bleue apparut. Une fois celle-ci récupérée, Thomas se dirigea vers les portes de sortie. Il emprunta un escalator pour descendre à l’étage inférieur et rejoindre la sortie donnant sur le parking, comme un panneau le luit avait indiqué. Alors qu’il descendait sans effort, comme de nombreux voyageurs devant et derrière lui, il vit au loin une foule massée devant des portes transparentes. Il commença à chercher du regard un signe de sa future famille, scruta un à un les groupes de personnes qui attendaient, puis ses yeux s’arrêtèrent soudainement sur une grande feuille blanche.

« THOMAS DUVAL » y était écrit au feutre noir.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Julien Beaulieu ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0