Chapitre 3 - Paré au décollage

5 minutes de lecture

Thomas était désormais seul, livré à lui-même, en train de déambuler dans les couloirs à la recherche de sa porte d’embarquement. Il regarda une nouvelle fois sa carte d’embarquement pour être bien sûr de ne pas se tromper. Porte D37.

Alors qu’il repéra un panneau de direction non loin au-dessus de sa tête, il décida de se diriger vers les boutiques « Duty Free » afin d’y acheter de quoi grignoter durant le long vol qui l’attendait. Après tout, son vol n’était que dans un peu moins d’une heure. Il avait encore le temps. Il prit alors un sachet de bonbons gélifiés en forme de crocodiles de différentes couleurs et se dirigea vers la caisse. La boutique était remplie de vacanciers profitant de l’absence de taxe pour acheter alcools et cigarettes à moindre prix, tandis que d’autres lorgnaient sur des parfums qu’ils n’auraient jamais acheté sans cet appât de la réduction, affichée en grand à tous les rayons. Thomas ne dut patienter que quelques minutes avant d’arriver devant la caissière, uniquement précédé dans la file d’attente par un homme en t-shirt bleu et pantalon blanc. Il devait certainement avoir lui aussi comme destination un endroit chaud. Lorsque ce fut à son tour de payer, Thomas sortit de son sac un petit porte-monnaie en cuir noir et attrapa quelques pièces. C’était la dernière fois qu’il utiliserait des euros pendant un long moment.

Sorti de la boutique « Duty Free », Thomas suivit la direction indiquée par le panneau qu’il avait repéré auparavant et mit ensuite peu de temps à trouver la porte D37. Le vol n’était prévu que dans une heure à peine, mais déjà les fauteuils de la salle d’attente avaient été pris d’assaut. Thomas se résolut alors à devoir attendre debout. Il posa son sac à dos à ses pieds et prit en main son téléphone. Il ouvrit l’application Messages et pianota. « Je suis dans la salle d’attente, il y a déjà énormément de monde. On devrait se diriger vers l’avion dans quelques dizaines de minutes je pense. Je vous aime ».

Puis il se mit par terre, les genoux pliés et le dos contre le mur. L’attente serait quand même plus agréable assis que debout pendant de longues minutes. Thomas fixa machinalement un point au sol, entre ses deux chaussures, et c’est à cet instant qu’un sentiment de solitude l’envahit.

Il ne sera pas seul pendant très longtemps, il le savait. Dans quelques heures, il découvrira la famille Walker, chez qui il passera une grande partie du temps durant ces prochaines semaines. Et il venait à peine de dire au revoir à ses parents. Mais la solitude qu’il ressentait à cet instant était tout autre, et Thomas se posait énormément de questions. Est-ce que cette famille d’accueil sera sympa ? Vont-ils être heureux de m’accueillir ? Vais-je réussir à m’intégrer dans mon nouveau lycée ? Tout cela va-t-il vraiment se passer comme je l’ai imaginé ? Vais-je être déçu de mon rêve américain ?

Toutes ces questions se chamboulaient dans sa tête. Il avait eu le courage de foncer, mais la peur le tenaillait toujours au ventre. Que faire une fois là-bas, si rien ne se déroule comme il l’avait espéré ? S’il se retrouve tout seul au beau milieu de toute cette agitation ? La solitude est certainement pire lorsqu’on est entouré.

Environ une demi-heure avant l’heure du décollage, une des hôtesses présentes en salle d’attente fit une annonce au micro qui résonna dans toute la pièce et sortit Thomas de ses pensées.

— Bonjour à tous. Le vol DY7059 en direction d’Orlando partira dans quelques minutes. La navette est prête à vous accueillir pour vous permettre d’embarquer par petits groupes. Lorsque votre nom ainsi que votre numéro de billet seront appelés, je vous demanderai de bien vouloir patienter devant la porte à ma gauche. Une personne vous ouvrira en tant voulu pour que vous puissiez monter dans la navette et embarquer tranquillement. Merci pour votre écoute, et bon voyage.

Puis l’hôtesse récita le même message dans différentes langues. À en juger par le nombre de passagers qui patientaient comme lui dans la salle d’attente, Thomas se dit que l’avion serait sans doute très imposant. Durant les minutes qui suivirent, la salle d’attente se vida petit à petit. Thomas fut appelé pour le troisième passage de la navette. Comme demandé, il se plaça sagement devant la porte transparente qui avait été indiquée. Un homme se tenait de l’autre côté, il ouvrit la porte deux minutes à peine après que tous les passagers pour le troisième passage furent alignés devant celle-ci.

— Bonjour à tous. Veuillez me suivre s’il vous plaît.

L’homme répéta son annonce en anglais puis se retourna et prit la direction de la navette. Thomas, premier passager de la file qui s’était créée, le suivit d’un pas décidé. Tout le monde n’eut qu’à marcher quelques dizaines de mètres pour rejoindre la navette, un véhicule à mi-chemin entre le bus scolaire et le mini-van.

— Merci de bien vouloir monter par l’avant de la navette et vous asseoir dès que vous apercevez une place libre. Merci également de bien vous asseoir au fond de votre rangée pour qu’il nous soit plus facile d’identifier les places inoccupées. Je vous souhaite un bon voyage.

Une nouvelle fois, l’homme traduisit son message en anglais pour les passagers étrangers. Une fois que tout le monde fut installé, il sortit du véhicule et donna deux légères tapes sur le pare-brise. Le conducteur actionna un bouton, les portes se fermèrent, puis la navette démarra.

Le trajet fut de courte durée, et très vite Thomas se retrouva devant l’imposant avion où il s’apprêtait à monter. Tous les passagers descendirent de la navette et se mirent en file indienne devant l’escalier d’embarquement. Lorsque plus personne ne se trouvait dans la navette, celle-ci redémarra et se dirigea vers de la porte D37. L’hôtesse au pied de l’escalier autorisa ensuite la montée, tandis que le reste de l’équipage de cabine était déjà à l’intérieur de l’avion, et se tenait prêt à accueillir chacun des passagers. Une fois à bord, Thomas se rendit à sa place, côté hublot. Il essaya tant bien que mal de se mettre à l’aise, alors qu’un passager vint rapidement s’asseoir à ses côtés.

Quelques minutes plus tard, alors que l’heure du décollage était toute proche, un steward demanda au micro l’attention de tous. Il se fit un grand silence, et le steward reprit la parole. Tandis qu’il annonçait les consignes de sécurité, deux hôtesses placées dans les rangs en faisait la démonstration.

Le commandant de bord annonça le décollage imminent peu de temps après. Thomas avait bien pensé à boucler sa ceinture, et il avait écouter les consignes de sécurité avec attention. Il tourna sa tête vers le hublot pour apercevoir une dernière fois l’aéroport et le ciel de Paris. Alors que l’avion commença à bouger et se diriger vers la piste de décollage, Thomas inspecta les environs à travers la petite lucarne du hublot. Il ne détacha pas son regard lorsque l’avion prit de la vitesse et commença à s’envoler. Très vite, le décor rapetissa et l’immense aéroport, où Thomas se trouvait encore quelques minutes auparavant, n’était désormais guère plus grand qu’une pièce de monnaie. Tout devenait plus flou et brumeux, et l’avion traversa les nuages. Désormais, Thomas ne pouvait observer qu’un paysage cotonneux s’étendant à perte de vue.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 3 versions.

Vous aimez lire Julien Beaulieu ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0